Irak: la visite du pape en cinq étapes

Le temple de la Grande Ziggourat dans l'ancienne ville d'Ur est illuminé, avant la visite du pape François en Irak, dans la province méridionale de Dhi Qar, à environ 375 kilomètres au sud-est de la capitale Bagdad, le 3 mars 2021. Asaad NIAZI / AFP
Le temple de la Grande Ziggourat dans l'ancienne ville d'Ur est illuminé, avant la visite du pape François en Irak, dans la province méridionale de Dhi Qar, à environ 375 kilomètres au sud-est de la capitale Bagdad, le 3 mars 2021. Asaad NIAZI / AFP
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Publié le Vendredi 05 mars 2021

Irak: la visite du pape en cinq étapes

  • Le pape François a vu les choses en grand avec un programme fourni pour sa visite historique en Irak à partir de vendredi
  • Au menu notamment des sites parmi les plus emblématiques du pays. Visite guidée

BAGDAD : Le pape François a vu les choses en grand avec un programme fourni pour sa visite historique en Irak à partir de vendredi. Au menu notamment des sites parmi les plus emblématiques du pays. L'AFP vous propose une visite guidée.

Bagdad, la forteresse

La cathédrale Notre-Dame du Perpétuel secours, à Bagdad, le 14 novembre 2010. SABAH ARAR / AFP
La cathédrale Notre-Dame du Perpétuel secours, à Bagdad, le 14 novembre 2010. SABAH ARAR / AFP

Vendredi, le pape prononcera un discours en la cathédrale Notre-Dame du Perpétuel secours dans le quartier central de Karrada à Bagdad.

Le 31 octobre 2010, des jihadistes d'Al-Qaïda y avaient mené la prise d'otages la plus sanglante contre des chrétiens d'Irak: 44 fidèles, deux prêtres et sept membres des forces de sécurité avaient été tués.

Aujourd'hui, les vitraux ont été remplacés par des plaques de verre portant les noms des victimes et au-dessus de l'autel un message proclame: "Où est donc ta victoire, la mort?".

Les fidèles y sont de moins en moins nombreux, et les portes sont cachées derrière d'énormes blocs de béton. 

Pour la venue du pape, ces derniers ont été repeints aux couleurs du drapeau irakien et d'immenses portraits du souverain pontife s'y étalent.

Najaf, la sainte

Le mausolée de l'Imam Ali dans la ville de Najaf, au centre de l'Irak, le 18 mars 2020. Haidar HAMDANI / AFP
Le mausolée de l'imam Ali, à Najaf, le 18 mars 2020. Haidar HAMDANI / AFP

Dans une nouvelle main tendue à l'islam, le pape François visitera Najaf, à 150 km au sud de Bagdad.

Vieille de 1.230 ans, la ville est l'un des lieux les plus saints du chiisme car elle abrite le mausolée au dôme doré de l'imam Ali, gendre du prophète Mahomet et figure fondatrice de l'islam chiite.

Sous contrôle ottoman jusqu'en 1915 puis sous mandat britannique malgré les révoltes des clercs, la ville n'a renoué avec ses scènes spectaculaires de pèlerinage et de deuil qu'après l'invasion américaine de 2003. Avant, le président Saddam Hussein interdisait ces rassemblements.

Samedi, Najaf sera l'hôte d'une rencontre au sommet: le chef des 1,3 milliard de catholique du monde, le pape François, 84 ans, sera reçu par le grand ayatollah Ali Sistani, plus haute autorité religieuse de la plupart des chiites d'Irak et de nombreux chiites du monde, 90 ans.

L'homme, frêle et à la longue barbe blanche, n'a jamais été vu en public et ne reçoit que de très rares dignitaires dans sa maison spartiate.

De quoi rendre cette "visite personnelle" plus solennelle et exceptionnelle.

Pèlerinage d'Abraham

Ur
Ur vue du ciel, le 22 février 2021. Asaad NIAZI / AFP

C'est le moment le plus spirituel et la raison pour laquelle le pape François tenait tant à venir en Irak: Ur, lieu de naissance du patriarche Abraham selon la Bible, est nommée "Ur des Chaldéens" dans le livre saint.

Dans cette ville située dans la province méridionale de Zi Qar, le pape priera samedi avec des musulmans, des Yazidis et des Sabéens, deux monothéismes nés avant la chrétienté.

La cité aujourd'hui en ruines a été fondée au 6e millénaire avant Jésus-Christ avant de devenir une des villes majeures de la Mésopotamie sumérienne --Ur signifie d'ailleurs "ville" en sumérien.

Son principal monument est la "ziggurat", structure pyramidale à plusieurs étages découverte dans les années 1930.

Mossoul et Qaraqoch, après l'EI

Qaraqosh
Vue aérienne de Mossoul, le 13 février 2021. Zaid AL-OBEIDI / AFP

La province de Ninive (nord) est le berceau des chrétiens d'Irak. Le chef-lieu de cette province, Mossoul, est resté pendant trois ans, jusqu'à 2017, sous le joug du groupe jihadiste Etat islamique (EI).

A Mossoul, le pape François visitera dimanche l'église al-Tahira. Les premiers écrits la concernant remontent au XVIIe siècle mais selon certains historiens l'église aurait été construite jusqu'à 1.000 ans plus tôt.

Les combats pour déloger les jihadistes en 2017 ont emporté son toit mais la porte royale à colonnades et les entrées latérales ont survécu.

L'Unesco la rénove actuellement, ainsi que plusieurs autres églises et mosquées du Vieux Mossoul.

Le pape se rendra le même jour à Qaraqoch, à quelque 30 km plus au sud. Cette localité, dont l'existence remonte à d'avant la chrétienté, est aujourd'hui majoritairement peuplée de chrétiens qui parlent une forme moderne d'araméen.

En grande partie détruite par l'EI, la ville est aujourd'hui sous tension en raison de la présence de nombreux groupes armés, rattachés à l'Etat.

Erbil, le refuge

citadelle d'Erbil
La citadelle d'Erbil, le 29 octobre 2020. SAFIN HAMED / AFP

Pour le pape François, Erbil, la capitale du Kurdistan irakien dans le Nord, sera peut-être l'une des plus agréables étapes. Dimanche, il y présidera une messe en plein air dans un stade pour laquelle des milliers de fidèles se sont inscrits.

Même si la ville d'Erbil est un bastion kurde, donc musulman, elle avait ouvert grand ses portes aux centaines de milliers de chrétiens, mais aussi de Yazidis et de musulmans, fuyant l'EI.

Carrefour urbain sous les empires sumérien et assyrien, Erbil est née il y a plus de 4.000 ans.

Sa citadelle, imposante structure anciennement fortifiée en haut d'une colline surplombant le souk de la ville, a été inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco en 2014.


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

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  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.