Exportations: l'Algérie face au défi de la diversification

Une vue générale du port d'Alger, le 6 décembre 2017 (Photo, AFP)
Une vue générale du port d'Alger, le 6 décembre 2017 (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Samedi 06 mars 2021

Exportations: l'Algérie face au défi de la diversification

  • L’Algérie souhaite diversifier ses exportations afin de réduire sa dépendance aux ventes d’hydrocarbures
  • «Du point de vue interne, il y a eu des avancées, notamment avec la création d'un bureau de promotion des exportations et des investissements», explique Adel Bensaci

PARIS: L’Algérie souhaite diversifier ses exportations afin de réduire sa dépendance aux ventes d’hydrocarbures, qui génèrent la quasi-totalité de ses recettes en devises (98%). «Il faudra augmenter les exportations hors hydrocarbures à 5 milliards de dollars (4,2 milliards d’euros) d’ici à la fin de l’année 2021, contre 2 milliards actuellement, a estimé le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, au mois d’août dernier.

Ce dernier avait annoncé la mise en place de mesures incitatives en faveur des entreprises exportatrices comme la création des couloirs verts pour certains produits, l’amélioration de la relation entre le ministère des Finances et l’administration fiscale et le renforcement de la diplomatie algérienne dans la promotion des produits algériens à l’étranger. Selon l’Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), les produits agricoles, le ciment, les ronds à béton et le verre plat figurent parmi les produits les plus exportés actuellement. Selon la même source, les exportations du groupe Cevital, par exemple, sont estimées à 300 millions de dollars (248 millions d’euros) pour le sucre et à plus de 50 millions de dollars (41 millions d’euros) pour le verre plat issu de sa filiale Mediterranean Float Glass (MFG). De son côté, la direction du complexe sidérurgique Tosyali de Bethioua, dans la wilaya d’Oran, a affirmé, dimanche 28 février, avoir exporté 27 000 tonnes de ronds à béton vers les États-Unis d’Amérique. Le complexe industriel a programmé d’autres opérations d’exportation: près d’un million de produits sidérurgiques (acier, ronds à béton, fils métalliques, etc.), dont 4 000 tonnes de béton rond vers le Sénégal et le Bénin ainsi que 82 000 tonnes vers la Grande-Bretagne et les États-Unis.

Abdelwahab Ziani, président de la Confédération des industriels et des producteurs algériens (Cipa), a estimé que l’objectif des 4 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures était envisageable sous réserve de l’assainissement de l’environnement de l’entreprise. 

 

Assainir l’environnement

Pour ce faire, la Confédération des industriels et des producteurs algériens, des experts et des professionnels du secteur comme la société Tasdir, filiale de la Safex, dédiée à l’export, et Logistrans, une société spécialisée dans le transport terrestre et la logistique, ont participé ces dernières semaines à plusieurs réunions avec le ministère de tutelle. «Nous avons choisi de commencer par l’existant, puis de nous agrandir», indique Abdelwahab Ziani.

Les participants à ces rencontres ont également évoqué la possibilité de créer des zones franches afin de permettre l’organisation des activités liées aux exportations. Ainsi, il a été proposé que la société Tasdir soit classée en zone franche, devenant ainsi, tout au long de l’année, une vitrine de tous les produits exportables en Algérie. Il est aussi question de mettre en place des espaces de stockage ainsi qu’un guichet unique qui rassemble les banques, douanes et services phytosanitaires. 

Selon la direction de la Cipa, l’organisation a entamé le travail d’indentification de tous les exportateurs en activité et de tous ceux qui ont pour projet d’investir dans cette filière. «L’outil et le savoir-faire existent, pour peu que soient levées les lenteurs bureaucratiques, qui brident toutes les initiatives des investisseurs», fait savoir Abdelwahab Ziani. Le producteur qui désire exporter pourra se contenter d’acheminer sa marchandise vers ces zones. Le reste du travail sera effectué dans ces zones franches par d’autres personnes, et le transport vers le pays de destination sera assuré par Logistrans», explique le président de la Cipa.

 

Encourager le potentiel de production des entreprises algériennes

Sollicité par Arab News en français sur le potentiel de développement de la production des entreprises algériennes, Adel Bensaci, président du Conseil national de concertation et de développement de la PME et PDG de la société Somemi, une société spécialisée dans la mécanique de précision et la maintenance industrielle, nous explique que, malgré la crise, beaucoup de secteurs tels que l’énergie, les hydrocarbures, le ciment et beaucoup d’autres sont aujourd’hui de grands consommateurs de pièces, d’équipement et de services. «La substitution à l’importation est très importante et pourrait jouer un rôle de locomotive dans le cadre de la relance industrielle.»

Afin de réaliser cet objectif, Adel Bensaci plaide pour la mise en place des cycles de formation au profit des salariés, y compris les managers. Une approche qui permettra aux entreprises algériennes d’intégrer les normes de qualification et certification. «Mais cela doit se faire par étapes, nous explique le PDG de Somemi. Il faudra commencer par les entreprises les plus matures et en faire des champions nationaux qui se serviront du marché interne comme levier de croissance avec l'exportation pour développer et pérenniser l'activité.»

 

L’adoption des normes internationales 

Interrogé sur les contraintes réglementaires entravant le développement des exportations algériennes, Adel Bensaci relate les contraintes sur le plan externe en précisant que les partenaires du marché libre, des zones comme l’Union européenne ou les États-Unis d’Amérique, exigent des normes auxquelles certaines entreprises algériennes ne peuvent répondre pour le moment. «Les normes internationales représentent des barrières d’entrée, d’où l’importance de la certification et de la labellisation des entreprises pour les accompagner à développer leurs activités à l’exportation», nous explique -t-il. 

«Du point de vue interne, il y a eu des avancées, notamment avec la création d'un bureau de promotion des exportations et des investissements. Un grand pas vers une diplomatie économique plus offensive», explique Adel Bensaci à Arab News en français. L’industriel évoque la mise en œuvre récente du décret qui avantage les petites et moyennes entreprises (PME) dans le domaine de la sous-traitance. «Les PME seront exonérées de droits de douane et de TVA sur les intrants comme les matières premières et les outillages de production, ce qui va de facto augmenter leur compétitivité industrielle, où qu'elles se situent sur le territoire.»

Concernant les actions prioritaires, fiscales et organisationnelles à mettre en œuvre pour favoriser les exportations algériennes sur les marchés régionaux et internationaux, Rafik Boussa, président du cabinet Grant Thornton Algérie, souhaite la mise en œuvre «d’une politique volontariste pour l’export au profit de tous les acteurs économiques, qu’il s’agisse de personnes physiques ou morales, pour les produits ou les services».

Rafik Boussa explique à Arab News en français qu’«il faut des dispositifs plus soutenus, comme la définition de filières prioritaires, l’identification des marchés cibles, la création de zones franches, la création d’une team export au niveau institutionnel comme les chambres de commerce, les sections business au niveau du réseau consulaire à l’étranger». 

En outre, le PDG de Grant Thornton Algérie met en avant l’apport de l’exportation des services qui, selon lui, sont marginalisés. Or, précise -t-il, «ces derniers représentent déjà 50% du revenu mondial et 70% des emplois; ils deviennent également un élément important du commerce international. Les exportations de services, qui comptent pour près d’un quart de l’ensemble des exportations, jouent désormais un rôle central dans l’économie mondiale, en grande partie grâce aux progrès de la technologie».

 

Développer les échanges avec l’Afrique de l’Ouest

Pour développer ses exportations, l’Algérie vise les pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) avec lesquels elle détient 1% d’un chiffre d’affaires estimé à près de 400 milliards de dollars, soit 332 milliards d’euros. «Notre but, dans un premier temps, est de réaliser au moins 5 à 10 % de ces statistiques au sein de la Cedeao», souligne le président de la Cipa, en précisant que, grâce à ces zones franches du Sud, l’Algérie peut toucher des pays comme le Mali, le Tchad, le Niger, le Nigeria, la Mauritanie et la Libye. Pour ce faire, la direction de la société Logistrans affirme être en mesure de mobiliser 170 camions, dont 50 réfrigérés, afin d’assurer le transport des marchandises vers ces marchés.

 


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Short Url
  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
Short Url
  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.


Les bénéfices du CAC 40 en baisse sur fond de guerre commerciale

Cette photographie montre les informations financières de l'indice CAC40 (en bas à gauche), l'indice français qui suit les 40 plus grandes valeurs françaises, affichées sur un immeuble de bureaux dans le quartier financier de La Défense à Paris, le 7 avril 2025. (AFP)
Cette photographie montre les informations financières de l'indice CAC40 (en bas à gauche), l'indice français qui suit les 40 plus grandes valeurs françaises, affichées sur un immeuble de bureaux dans le quartier financier de La Défense à Paris, le 7 avril 2025. (AFP)
Short Url
  • Les disparités sont fortes au premier semestre pour les entreprises du CAC 40, qui ont globalement vu leurs bénéfices nets reculer sur fond de guerre commerciale
  • Pour les 37 entreprises sur 40 qui ont publié leurs résultats semestriels jusqu'à jeudi soir inclus, le bénéfice net cumulé tombe à 45 milliards d'euros

PARIS: Automobile et luxe à la peine, aérien, défense et industrie en progression: les disparités sont fortes au premier semestre pour les entreprises du CAC 40, qui ont globalement vu leurs bénéfices nets reculer sur fond de guerre commerciale, d'après un décompte réalisé jeudi par l'AFP.

Pour les 37 entreprises sur 40 qui ont publié leurs résultats semestriels jusqu'à jeudi soir inclus, le bénéfice net cumulé tombe à 45 milliards d'euros, en baisse de 32% par rapport au premier semestre 2024 pour ces mêmes entreprises.

Cette somme des bénéfices nets part du groupe ne prend pas en compte d'éventuels résultats ajustés publiés par les entreprises et exclut Pernod Ricard, dont l'exercice comptable est décalé et donc pas comparable.

Le chiffre d'affaires cumulé est de 725 milliards d'euros, en légère baisse de près de 2%.

La première moitié de 2025 a été marquée par l'incertitude sur les droits de douane imposés par Donald Trump sur les produits européens, et a vu l'euro s'apprécier fortement par rapport à plusieurs devises, notamment face au dollar.

"C'est plutôt l'incertitude qui a pesé" avec le risque "qu'il y ait une guerre commerciale", souligne auprès de l'AFP Lionel Melka, gérant à Swann Capital.

Mais "globalement, (...) les résultats sont plutôt solides", avec, d'un côté, "les secteurs où les attentes étaient basses" comme le luxe ou la consommation, et, de l'autre, "les secteurs qui vont bien — défense, banque — là c'est bon comme prévu".

- Les banques résilientes -

Ce semestre "reste décevant", notamment en comparaison avec la situation américaine, juge pour sa part Christopher Dembik, conseiller en investissement pour Pictet AM: "il y a ce décrochage français et européen qui est perceptible".

D'autre part, "en début d'année, vous aviez un enthousiasme qui était indéniablement exagéré sur les actions européennes. (...) La réalité c'est qu'on n'est pas sur une période de résultats qui est mirobolante", ajoute-t-il.

Les entreprises de l'aérien et de la défense tirent leur épingle du jeu, portées par les tensions géopolitiques: Airbus a vu ses bénéfices bondir de 85%, Safran de 11%.

Les banques s'en sortent bien également et "sont sur des bonnes dynamiques depuis déjà deux, trois ans", relève Christopher Dembik.

Ensemble, BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale réalisent au total 13,5 milliards d'euros de bénéfices, une hausse de 12%.

En face, le secteur automobile se casse la figure. Renault, notamment, enregistre une lourde perte de plus de 11,2 milliards d'euros, due à l'évolution comptable du traitement de son partenaire japonais Nissan et ses mauvais résultats.

Son concurrent Stellantis a lui publié une lourde perte nette de 2,3 milliards d'euros au premier semestre et son nouveau directeur général, l'Italien Antonio Filosa, a prévenu qu'il faudrait prendre des "décisions difficiles" pour "accélérer" fin 2025.

Le luxe a également souffert, avec un bénéfice net en chute de 46% pour Kering (Gucci, Yves Saint Laurent, Balenciaga, ...) et de 22% pour LVMH (Louis Vuitton, Dior, Celine...).

Le plus gros bénéfice revient d'ailleurs à BNP Paribas, qui vole la vedette à TotalEnergies et LVMH, duo en tête au premier semestre 2024.

- Risque de taux de change -

L'incertitude reste forte pour les troisième et quatrième trimestres, en raison notamment de la force de l'euro qui devrait peser sur les entreprises françaises.

Christopher Dembik table plutôt sur "un risque de taux de change, qu'un risque de droits de douane", et cela "va beaucoup plus se matérialiser dans les résultats à venir", dans les investissements, les importations, etc.

Concernant les droits de douane, malgré les questions en suspens, les entreprises avaient anticipé, "on savait que ce serait un tarif douanier important, donc elles avaient quand même prévu les choses", ajoute l'analyste.

Le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont mis fin à l'attente dimanche, en annonçant un accord prévoyant que les produits européens exportés aux États-Unis soient taxés à 15%.