L'opposante bélarusse Tikhanovskaïa demande l'aide de l'ONU pour poursuivre son «combat»

Figure de proue de l'opposition bélarusse, candidate à l'élection présidentielle de 2020, Svetlana Tikhanovskaïa est arrivée dimanche à Genève (Photo, AFP).
Figure de proue de l'opposition bélarusse, candidate à l'élection présidentielle de 2020, Svetlana Tikhanovskaïa est arrivée dimanche à Genève (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 08 mars 2021

L'opposante bélarusse Tikhanovskaïa demande l'aide de l'ONU pour poursuivre son «combat»

  • «Le régime a réussi à arrêter toutes ces manifestations de grande ampleur à l'aide des armes, de la répression, de la torture», a déploré Mme Tikhanovskaïa
  • Se sent-elle en danger en Europe? «Il y a un risque minimum mais cela ne va pas m'arrêter dans mon combat»

GENEVE: La cheffe de file de l'opposition bélarusse Svetlana Tikhanovskaïa n'a pas l'intention d'arrêter son «combat» malgré la demande d'extradition faite par le Bélarus, et demande l'aide de l'ONU, a-t-elle déclaré dimanche.

«On est convaincus qu'à un moment donné ce régime va tomber, parce que la pression qu'il subit vient aussi bien de l'intérieur que de l'extérieur. A un moment donné, il ne pourra pas éviter de commencer à négocier pour sortir de cette énorme crise», a estimé celle qui a été contrainte de se réfugier en Lituanie pour son rôle dans le mouvement de contestation post-électoral de 2020.

Figure de proue de l'opposition bélarusse, candidate à l'élection présidentielle de 2020, Svetlana Tikhanovskaïa est arrivée dimanche à Genève, notamment pour participer à un débat sur son pays organisé par le Festival du film international sur les droits humains (FIFDH), aux côtés d'autres opposants, dont Olga Kovalkova, une responsable en exil du Conseil de coordination de l'opposition au Bélarus.

Mme Tikhanovskaïa, dont le mari a été emprisonné l'année dernière après avoir tenté de se présenter à la présidentielle, reste stoïque malgré la demande d'extradition à son encontre rendue publique vendredi par Minsk, immédiatement rejetée par la Lituanie.

Se sent-elle en danger en Europe? «Il y a un risque minimum mais cela ne va pas m'arrêter dans mon combat», a-t-elle assuré, très calmement.

Appel à l'aide

Entourée d'un impressionnant service de sécurité, l'opposante, âgée de 38 ans et mère de deux enfants, s'est même fendue d'un bain de foule à son arrivée à Genève, devant le siège des Nations unies, où l'attendaient plusieurs dizaines de sympathisants.

Sa venue à Genève, en Suisse, est d'ailleurs l'occasion d'un appel à l'aide lancé à l'ONU.

Car même si le Conseil des droits de l'homme (CDH) a déjà organisé en septembre un débat en urgence sur le Bélarus, Mme Tikhanovskaïa espère que les Nations unies continuent à l'aider à sortir son pays de la «répression».

Elle doit d'ailleurs rencontrer ces prochains jours deux experts indépendants de l'ONU et souhaite que les 47 Etats membres du CDH, qui tient actuellement sa 46e session, adoptent une résolution sur le Bélarus.

«On aimerait que, dans cette résolution, soit mentionné le Rapporteur spécial sur le Bélarus pour qu'il puisse avoir accès aux prisons et aux détenus et qu'il puisse se rendre compte par lui-même de la situation absolument déplorable dans les lieux de détention», a-t-elle plaidé.

Elle demande également que la résolution prévoie l'établissement d'un groupe d'experts chargés d'enquêter sur la situation des droits humains dans son pays.

Car l'opposante ne se fait guère d'illusions: «On a très bien compris qu'il n'était pas possible d'avoir des négociations directes entre la société bélarusse et le régime.»

«Renforcer la pression»

«Il faut renforcer la pression», a-t-elle insisté.

Elle espère ainsi pouvoir amener les autorités bélarusses à établir une «plateforme de dialogue», par le biais de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

«On aimerait que ces négociations, ces discussions soient aussi ouvertes et transparentes que possibles, et qu'y participent les pays voisins mais aussi d'autres pays démocratiques», a-t-elle ajouté.

Le régime du président Alexandre Loukachenko, soutenu par la Russie, réprime depuis l'année dernière un mouvement de contestation historique né de la réélection controversée en août du chef de l'Etat, aux commandes de cette ex-république soviétique depuis 1994.

«Le régime a réussi à arrêter toutes ces manifestations de grande ampleur à l'aide des armes, de la répression, de la torture», a déploré Mme Tikhanovskaïa. 

«Les gens continuent à descendre dans la rue, mais ce sont des petits groupes qui sont complètement dispersés à travers toute la ville, parce que le niveau de violence et de répression est tel que les gens cherchent des moyens de manifester qui les exposent moins au risque d'être arrêtés et mis en prison», a-t-elle relaté.

Svetlana Tikhanovskaïa est poursuivie dans son pays depuis l'automne 2020 pour «appels à des actions portant atteinte à la sécurité nationale», un crime passible de trois à cinq ans de prison.

Les sacrifices personnels qu'elle endure en valaient-ils la peine? «Pour ma part, je referais ce chemin, mais je n'aime pas voir les sacrifices qu'a fait la population, toutes les victimes de la répression.»


Vents violents en Grèce: mort de deux touristes vietnamiens, trafic maritime perturbé

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  • L'observatoire national d'Athènes a averti dans un communiqué qu'il existait un "risque très élevé d'incendies de forêt en raison du vent", en particulier dans l'est et le sud du pays
  • Le maire d'Athènes a également fermé les parcs de la capitale dont le jardin national dans le centre après qu'un arbre est tombé dans l'une des artères commerçantes les plus fréquentées de la ville, manquant de peu des passants

ATHENES: Deux touristes vietnamiens sont morts sur l'île de Milos en mer Egée, en Grèce, où des vents violents vendredi ont perturbé les liaisons maritimes avec les îles en pleine saison touristique, a-t-on appris auprès de la police portuaire.

"Un homme et une femme ont été retrouvés inconscients dans la mer" près de la plage de Sarakininiko à Milos, île des Cyclades, et "ont été transportés au centre de santé local", a indiqué à l'AFP une responsable de la police portuaire grecque.

"C'était des touristes vietnamiens faisant partie d'un groupe de croisière. La femme est tombée à l'eau et l'homme a apparemment essayé de la sauver, tous les deux sont morts", a-t-elle ajouté sans donner plus de détails sur la cause de cet accident. Des médias locaux ont rapporté que les victimes s'étaient noyées.

Les accidents maritimes et les noyades sont fréquents pendant l'été en Grèce où de nombreux touristes visitent les îles et les plages de Grèce continentale.

Les vents violents qui soufflent depuis vendredi matin surtout en mer Egée (est) ont contraint certains ferries à rester à quai au Pirée, grand port près d'Athènes, selon la police portuaire.

"Des ferries n'ont pas pu partir ce matin en raison de vents violents, surtout ceux desservant les îles des Cyclades ou du Dodecannèse", selon la même source.

Ainsi, certaines liaisons avec les Cyclades, dont les îles très touristiques de Mykonos et de Paros, ainsi que la Crète ont été annulées, empêchant les déplacements de nombreux touristes, au pic de la saison.

En fin de matinée au moins trois ferries sont finalement partis pour les Cyclades - plus particulièrement pour Paros et Santorin - ainsi que pour la Crète tandis que les itinéraires vers les îles du Dodecannèse (sud-est) prévus en fin d'après-midi, seront effectués, a assuré la police portuaire.

Les liaisons maritimes avec les îles proches d'Athènes, dans le golfe Saronique - Egine, Hydra, Poros ou Spetses - ainsi que celles avec les îles en mer Ionienne (ouest) n'ont en revanche pas été annulées, selon la même source.

Le vent fort du nord, appelé "meltem", est habituel en mer Egée surtout en août, entraînant souvent des annulations de liaisons maritimes.

"Très fort risque d'incendie" 

Par ailleurs, après une réunion d'urgence, le ministère de la Protection civile a placé certaines régions du pays, surtout l'Attique - agglomération d'Athènes -, l'est du Péloponnèse et la Crète, "en vigilance rouge" en raison d'"un très fort risque d'incendies".

Selon le service météorologique national (EMY), les rafales vendredi devraient atteindre 88 km/h.

L'observatoire national d'Athènes a averti dans un communiqué qu'il existait un "risque très élevé d'incendies de forêt en raison du vent", en particulier dans l'est et le sud du pays.

Le maire d'Athènes a également fermé les parcs de la capitale dont le jardin national dans le centre après qu'un arbre est tombé dans l'une des artères commerçantes les plus fréquentées de la ville, manquant de peu des passants.

Située en Méditerranée orientale, très exposée au changement climatique, la Grèce est chaque année touchée par de graves incendies.

De nombreux incendies ont eu lieu depuis juin dans le pays, dont un sur l'île de Chios (nord-est de l'Egée) qui avait dévasté plus de 4.000 hectares, et un autre dans l'ouest de Péloponnèse en juillet, plus de 1.000 hectares.

Il y a une semaine, à la suite d'une canicule prolongée avec des températures ayant dépassé les 45°C, de nombreux incendies s'étaient déclarés à travers le pays, dont l'un près d'Athènes, qui avait entraîné des évacuations d'habitants et endommagé des habitations.


Berlin annonce suspendre les exportations des armes qu'Israël pourrait utiliser à Gaza

Cette photo aérienne prise depuis un avion militaire allemand montre une vue de la capitale jordanienne Amman, sur le chemin vers la bande de Gaza palestinienne pour une mission de largage d'aide humanitaire le 5 août 2025. (AFP)
Cette photo aérienne prise depuis un avion militaire allemand montre une vue de la capitale jordanienne Amman, sur le chemin vers la bande de Gaza palestinienne pour une mission de largage d'aide humanitaire le 5 août 2025. (AFP)
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  • Cette décision marque un changement de cap majeur de la part du gouvernement allemand, l'un des plus fidèles alliés, avec les Etats-Unis, d'Israël en raison de la responsabilité historique de l'Allemagne dans la Shoah
  • "Le gouvernement allemand reste profondément inquiet de la souffrance continue de la population civile dans la bande de Gaza", a ajouté M. Merz

BERLIN: Le chancelier allemand Friedrich Merz a annoncé vendredi la suspension des exportations d'armes qu'Israël pourrait utiliser à Gaza, après l'annonce du plan israélien pour le contrôle de la ville palestinienne.

Il devient "de plus en plus difficile de comprendre" en quoi le plan militaire israélien permettrait d'atteindre ses objectifs dans la bande de Gaza et, "dans ces circonstances, le gouvernement allemand n'autorise pas, jusqu'à nouvel ordre, les exportations d'équipements militaires susceptibles d'être utilisés dans la bande de Gaza", a déclaré M. Merz, cité dans un communiqué.

Cette décision marque un changement de cap majeur de la part du gouvernement allemand, l'un des plus fidèles alliés, avec les Etats-Unis, d'Israël en raison de la responsabilité historique de l'Allemagne dans la Shoah.

"Le gouvernement allemand reste profondément inquiet de la souffrance continue de la population civile dans la bande de Gaza", a ajouté M. Merz.

"Avec l'offensive prévue, le gouvernement israélien porte une responsabilité encore plus grande" en ce qui concerne l'aide aux civils dans le territoire palestinien, a-t-il continué, réitérant son appel en faveur d'un accès complet pour "les organisations de l'ONU et d'autres institutions non gouvernementales".

La communauté internationale s'inquiète de plus en plus des souffrances des Palestiniens à Gaza, où une évaluation soutenue par les Nations unies a mis en garde contre la famine.

"Le gouvernement allemand demande instamment au gouvernement israélien de ne pas prendre de nouvelles mesures en vue d'annexer la Cisjordanie", a ajouté le chancelier.


L'ONU exige de «stopper immédiatement» le plan israélien de contrôle militaire de la bande de Gaza 

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  • Ce plan, adopté dans la nuit de jeudi à vendredi par le cabinet de sécurité israélien, "va à l'encontre de la décision de la Cour internationale de justice selon laquelle Israël doit mettre fin à son occupation dès que possible
  • "Tout porte à penser que cette nouvelle escalade entraînera des déplacements forcés encore plus massifs, plus de meurtres, plus de souffrances insoutenables, des destructions insensées et des crimes atroces"

GENEVE: Le plan du gouvernement israélien "visant à une prise de contrôle militaire complète de la bande de Gaza occupée doit être immédiatement stoppé", a déclaré vendredi le Haut-Commissaire aux droits de l'homme Volker Türk dans un communiqué.

Ce plan, adopté dans la nuit de jeudi à vendredi par le cabinet de sécurité israélien, "va à l'encontre de la décision de la Cour internationale de justice selon laquelle Israël doit mettre fin à son occupation dès que possible, de la réalisation de la solution à deux Etats et du droit des Palestiniens à l'autodétermination", accuse M. Türk.

"Tout porte à penser que cette nouvelle escalade entraînera des déplacements forcés encore plus massifs, plus de meurtres, plus de souffrances insoutenables, des destructions insensées et des crimes atroces", dénonce le Haut-Commissaire, régulièrement accusé de tendances pro-palestiniennes par les autorités israéliennes et personna non grata dans le pays.

M. Türk demande au gouvernement israélien de laisser l'aide humanitaire entrer "sans entrave" dans la bande de Gaza "au lieu d'intensifier cette guerre" pour sauver les vies des civils.

Les otages, enlevés lors de l'attaque menée le 7 octobre 2023 par le Hamas en territoire israélien, "doivent être libérés immédiatement et sans condition par les groupes armés palestiniens", a exigé également le responsable onusien.

L'armée israélienne a riposté à cette attaque sans précédent en lançant une guerre qui a détruit une bonne partie de la bande de Gaza et fait plus de 60.000 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas.

"Les Palestiniens détenus arbitrairement par Israël doivent également être libérés immédiatement et sans condition", a ajouté M. Türk.