La Tunisie, pays pionnier pour les droits des femmes dans le monde arabe ?

Photo de la députée Abir Moussi (DR)
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Publié le Lundi 08 mars 2021

La Tunisie, pays pionnier pour les droits des femmes dans le monde arabe ?

  • Depuis 2011, la question de l’égalité des droits hommes-femmes est remise en cause par les fractions conservatrices de la société
  • La violence envers les femmes est visible au sein même des institutions de l’État, notamment lors des séances plénières à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP)

PARIS : En 2020, la Tunisie a fêté le 64ᵉ anniversaire du Code du statut personnel (CSP), instauré par Habib Bourguiba. Loin d’être totalement égalitaire en matière de statut personnel, le pays a cependant fait de l’élargissement des droits des femmes un élément central de sa singularité dans le monde arabe. Mais ces acquis sont-ils menacés depuis l’arrivée des islamistes conservateurs au sein de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et du gouvernement?

Les années post-révolution: une tentative de remise en question des acquis

Depuis la révolution de 2011, la question de l’égalité des droits hommes-femmes revient dans les débats. Ces derniers sont remis en cause par les fractions conservatrices de la société, mais la détermination des femmes, la résistance de la société civile et la pression exercée par les partis démocrates laïcs de l’opposition ont permis la sauvegarde des droits des femmes stipulés dans le CSP de 1956. 

En effet, au cours des trois années qui ont conduit à l’adoption d’une nouvelle Constitution (2011-2014), les droits des femmes ont été les plus touchés. Citée par la presse tunisienne, la politologue Asma Nouira a indiqué que lors des débats, «il a été proposé de ne pas inscrire l’égalité hommes-femmes dans la Constitution, et de faire plutôt référence à la notion de complémentarité, ainsi que de légaliser la polygamie», ajoutant ensuite que «les religieux poussaient pour l’application de la charia (loi islamique), qui va en bonne partie à l’encontre des acquis des femmes (…), mais, ces tentatives ont échoué grâce aux engagements des mouvements laïcs et sécularistes, ainsi que des organisations féministes très aguerries sur le terrain dans le pays depuis 1956».

Le 13 août 2020, date anniversaire de la promulgation du Code du statut personnel, qui a accordé aux femmes tunisiennes un statut d’exception dans le monde arabe, le président Kaïs Saïed a prononcé un discours qui a dérogé à la règle de principes égalitaires entre hommes et femmes. En effet, abordant la question de l’héritage, le président tunisien a évoqué l’application du texte coranique confirmant le maintien de l’inégalité juridique entre les sexes, une des revendications phares des mouvements féministes dans le pays.

L’État face à ses engagements stipulés dans la Constitution

Pourtant, la Constitution de janvier 2014 garantit les droits égaux entre citoyens et citoyennes. «Les citoyens et les citoyennes sont égaux en droits et en devoirs. Ils sont égaux devant la loi sans discrimination aucune. L’État garantit aux citoyens les libertés et les droits individuels et collectifs», mentionne l’article 21 de la Constitution. Quant à l’article 46 de la Loi fondamentale, il stipule que l’État s’engage à «protéger les droits acquis de la femme et veille à les consolider et les promouvoir».

Le dispositif réglementaire en faveur des droits des femmes est aussi renforcé par la loi organique n° 2017/58, du 11 août 2017, qui porte sur la lutte contre la violence faite aux femmes, et prévoit, dans son article 1er, que «la présente loi vise à mettre en place les mesures susceptibles d’éliminer toutes formes de violence à l’égard des femmes fondées sur la discrimination entre les sexes afin d’assurer l’égalité et le respect de la dignité humaine, et ce, en adoptant une approche globale basée sur la lutte contre les différentes formes de violence contre les femmes, à travers la prévention, la poursuite, la répression des auteurs de violences, et la protection et prise en charge des victimes».

«De par la substance même de sa disposition, cet article révèle une volonté affirmée du législateur de 2017 de répondre aux attentes et exigences des constituants représentants du peuple de 2014», écrit pour sa part Najet Brahmi Zouaoui, professeur à la faculté de droit et des sciences politiques de Tunis, avocate près de la Cour de cassation et secrétaire générale de l’Alliance internationale des femmes avocates dans une publication intitulée La Constitution tunisienne sept ans après: l’État face à ses engagements. Elle ajoute que «malgré les efforts conjugués par l’État tunisien en vue de préserver la femme et la famille contre toute forme de discrimination et de violence, le phénomène de la violence faite aux femmes s’est aggravé pendant la période de confinement obligatoire décidée en Tunisie suite à la propagation de la Covid-19».

Violences à l’encontre des femmes politiques au sein du Parlement

Cette violence est visible au sein même des institutions de l’État, notamment lors des séances plénières à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) au sein duquel Abir Moussi, députée et présidente du groupe PDL, a subi à maintes reprises des violences de la part de certains représentants du peuple. «Un tel comportement risquerait de discréditer l’État tunisien qui s’est engagé à lutter contre la violence faite aux femmes», commente Najet Brahmi Zouaoui.

«L’année 2020 fut et restera une année sombre dans l’histoire de la Tunisie. Les femmes parlementaires n’ont pas réagi aux violences faites aux femmes au sein même de l’institution parlementaire  ni au discours rétrograde, misogyne et réducteur de la femme qui y était véhiculé», explique Abir Moussi, interrogée par Arab News en français. Concernant l’engagement de l’État dans la protection des droits des femmes stipulés dans la Constitution tunisienne, elle affirme que «le gouvernement tunisien est totalement et dangereusement compromis dans la démarche politique des Frères musulmans et de leurs acolytes qui s’opposent à la libération de la femme et veulent imposer aux Tunisiennes et aux Tunisiens un régime politique obscurantiste». Elle regrette également que «le ministre de la Femme ne souffle pas un mot et reste sans aucune réaction à la suite des déclarations du député Affes (Mohamed Affes de la coalition Al Karama, une courant politique proche du salafisme)». La députée souligne que «la Tunisie qui rayonnait sur le monde grâce aux avancées majeures réalisées en matière de droits de la femme a désormais totalement perdu son rayonnement».

Combative et optimiste, Me Moussi l’assure, la femme tunisienne n’abdiquera pas. «Nous ne permettons pas aux Frères musulmans de réaliser leur dessin. La femme tunisienne éduquée grâce à l’école bourguibienne et élevée dans le giron de la République et de ses valeurs se dressera contre toute tentative de retour à l’obscurantisme».

Selon elle, le président du Parlement (Rached Ghannouchi) «ne dirige pas cette institution conformément à la loi et à la réglementation, mais en usant de fatwas d’un autre temps. Il considère le Parlement comme une annexe du parti islamiste qu’il préside et dirige depuis un demi-siècle».

De plus, le PDL a présenté le 5 février 2021 une initiative législative pour amender la loi organique n° 58 du 11 août 2017 relative à l’élimination des violences faites aux femmes en Tunisie. Lors d’une conférence de presse organisée au siège de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) Abir Moussi, a rappelé que la loi 58 ne prévoit pas toutes les situations, et que pour faire face à la montée de certains courants obscurantistes, cet amendement pourrait conforter la protection des femmes en toutes circonstances. «La loi 58 ne répond pas aux situations vécues quotidiennement par la femme politique, elle doit prévoir des peines plus lourdes si le crime a eu lieu lors de l’accomplissement d’une mission politique ou d’une activité partisane ou associative», a-t-elle estimé.

La présidente du PDL fait aussi savoir que «l’incitation à porter atteinte aux acquis de la femme devra également être sanctionnée par la loi pour mettre fin à la discrimination de la femme».


Les États-Unis célèbrent le 248e anniversaire de leur indépendance au Royaume en présentant leur vision commune de l’exploration spatiale

L'ambassadeur a accueilli l’invité d'honneur, le prince Faisal ben Abdelaziz ben Ayyaf, maire de la région de Riyad, ainsi que des responsables saoudiens, des centaines d’invités saoudiens et des visiteurs de Washington, notamment des membres du Congrès américain. (Photo fournie)
L'ambassadeur a accueilli l’invité d'honneur, le prince Faisal ben Abdelaziz ben Ayyaf, maire de la région de Riyad, ainsi que des responsables saoudiens, des centaines d’invités saoudiens et des visiteurs de Washington, notamment des membres du Congrès américain. (Photo fournie)
L'ambassadeur a accueilli l’invité d'honneur, le prince Faisal ben Abdelaziz ben Ayyaf, maire de la région de Riyad, ainsi que des responsables saoudiens, des centaines d’invités saoudiens et des visiteurs de Washington, notamment des membres du Congrès américain. (Photo fournie)
L'ambassadeur a accueilli l’invité d'honneur, le prince Faisal ben Abdelaziz ben Ayyaf, maire de la région de Riyad, ainsi que des responsables saoudiens, des centaines d’invités saoudiens et des visiteurs de Washington, notamment des membres du Congrès américain. (Photo fournie)
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L'ambassadeur a accueilli l’invité d'honneur, le prince Faisal ben Abdelaziz ben Ayyaf, maire de la région de Riyad, ainsi que des responsables saoudiens, des centaines d’invités saoudiens et des visiteurs de Washington, notamment des membres du Congrès américain. (Photo fournie)
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  • M. Ratney a déclaré que ce thème reflétait «l’ambition commune des États-Unis et de l’Arabie saoudite de saisir les opportunités que présente l’espace»
  • L’ambassadeur a mis en avant les pionniers saoudiens de la navigation spatiale, tels que le prince Sultan ben Salmane et les astronautes Rayyanah Barnawi et Ali al-Qarni

RIYAD: Les États-Unis ont célébré le 248e anniversaire de leur indépendance jeudi lors d’une réception organisée par l’ambassadeur des États-Unis, Michael Ratney, à Riyad.

L'ambassadeur a accueilli l’invité d'honneur, le prince Faisal ben Abdelaziz ben Ayyaf, maire de la région de Riyad, ainsi que des responsables saoudiens, des centaines d’invités saoudiens et des visiteurs de Washington, notamment des membres du Congrès américain.

La réception de la Fête de l’indépendance, sur le thème de l’espace, constituait une célébration symbolique de l’avenir de la coopération saoudo-américaine dans le domaine de l’espace. Elle a mis en évidence les nombreux avantages et les différentes possibilités de l’exploration de l’espace, de la recherche et du développement commercial.

M. Ratney a déclaré que ce thème reflétait «l’ambition commune des États-Unis et de l’Arabie saoudite de saisir les opportunités que présente l’espace en positionnant les deux pays comme des pionniers dans ce domaine d’innovation».

L’événement rappelait avec nostalgie les exploits du passé, comme l’alunissage de 1969, tout en évoquant les progrès en cours dans les sciences spatiales, notamment l’exploration commerciale de l’espace.

M. Ratney a mis en avant les pionniers saoudiens de la navigation spatiale, tels que le prince Sultan ben Salmane et les astronautes Rayyanah Barnawi et Ali al-Qarni.

Une installation artistique intitulée «Museum of the Moon» («Musée de la Lune»), réalisée par l’artiste Luke Jerram, présentait des images de la surface lunaire en haute définition prises par la Nasa.

Selon un communiqué de l’ambassade des États-Unis, la collaboration entre les États-Unis et l’Arabie saoudite continue de faire progresser les intérêts communs dans les domaines de la diplomatie, du commerce et de la culture, entre autres.

Les États-Unis demeurent déterminés à renforcer les intérêts communs saoudo-américaines en matière de sécurité et de favoriser la prospérité dans la région, ainsi qu’à explorer de nouvelles possibilités de partenariat dans des domaines tels que les arts, l’éducation, le divertissement et le tourisme, ajoute le communiqué.

Les deux pays sont prêts à envisager une coopération plus poussée, notamment avec d’éventuelles coentreprises dans l’espace, ce qui reflète la vision d’une relation saoudo-américaine encore plus forte à l’avenir, poursuit le communiqué.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: décès du bébé palestinien sauvé de l'utérus de sa mère mourante

Sous une tempête incessante de frappes à Gaza, la petite fille a survécu à des difficultés insurmontables en tant que seul membre de sa famille encore en vie après avoir été accouchée par césarienne du ventre de sa mère mourante. (AFP)
Sous une tempête incessante de frappes à Gaza, la petite fille a survécu à des difficultés insurmontables en tant que seul membre de sa famille encore en vie après avoir été accouchée par césarienne du ventre de sa mère mourante. (AFP)
Un médecin soigne « Sabreen Al-Ruh Al-Sheikh », un bébé né prématurément par césarienne quelques minutes avant la mort de sa mère, grièvement blessée lors d'une frappe aérienne israélienne, à l'hôpital émirati de Rafah le 24 avril 2024. (AFP)
Un médecin soigne « Sabreen Al-Ruh Al-Sheikh », un bébé né prématurément par césarienne quelques minutes avant la mort de sa mère, grièvement blessée lors d'une frappe aérienne israélienne, à l'hôpital émirati de Rafah le 24 avril 2024. (AFP)
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  • L'hôpital émirati de Rafah, où était hospitalisée cette petite fille née prématurée, a indiqué dans un communiqué que Sabreen al-Rouh --comme l'avait prénommée son oncle-- était décédée jeudi, sans autre détail
  • A Rafah, s'entassent selon l'ONU quelque 1,5 million de personnes, dont plus d'un million déplacés par plus de six mois de bombardements et de combats dans la bande de Gaza (2,4 millions d'habitants)

Le nourrisson palestinien récemment sauvé de l'utérus de sa mère agonisante après un bombardement israélien, est décédé à l'hôpital de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé vendredi son oncle à l'AFP.

L'hôpital émirati de Rafah, où était hospitalisée cette petite fille née prématurée, a indiqué dans un communiqué que Sabreen al-Rouh --comme l'avait prénommée son oncle-- était décédée jeudi, sans autre détail.

"J'ai reçu un appel de (...) l'hôpital émirati de Rafah qui m'a informé que son état s'était dégradé, qu'ils n'avaient pu la sauver, et qu'elle avait rejoint sa famille", tuée dans ce bombardement ayant touché il y a environ une semaine la maison familiale, à l'est de Rafah, a déclaré l'oncle du bébé, Rami al-Sheikh.

Il a indiqué être allé chercher le corps à l'hôpital vendredi. "J'ai ouvert la tombe de son père, Shukri, et je l'ai enterrée là, dans le cimetière Awni Daher de Rafah", a-t-il indiqué.

"Par la volonté d'Allah, il était écrit que Rouh, fille de Sabreen al-Sakani, devait rejoindre sa famille dans l'éternité, malgré les efforts de l'équipe du service néonatal de l'hôpital du Croissant-Rouge émirati pour la sauver jeudi", écrit l'hôpital dans un message posté vendredi.

Sabreen al-Sakani était arrivée agonisante à l'hôpital, très lourdement blessée à la tête et au ventre, respirant difficilement, avait expliqué un chirurgien à l'AFP. En l'examinant les équipes médicales avaient découvert qu'elle était enceinte et avait décidé d'extraire le foetus par césarienne.

Sa mère était morte quelques minutes plus tard, tandis que le père et la soeur du nourrisson étaient arrivés décédés à l'hôpital.

Au moins 19 personnes ont été tuées dans la frappe ayant touché cette maison, selon le ministère de la Santé gazaoui.

A Rafah, s'entassent selon l'ONU quelque 1,5 million de personnes, dont plus d'un million déplacés par plus de six mois de bombardements et de combats dans la bande de Gaza (2,4 millions d'habitants). Israël assure que sont regroupés à Rafah les derniers bataillons du Hamas et dit vouloir y mener une offensive pour les anéantir.

Le Hamas a mené le 7 octobre une attaque sans précédent dans le sud d'Israël, qui entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

En riposte, Israël a promis d'anéantir le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 34.356 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

 


L'Egypte envoie une délégation en Israël, pour parler d'une trêve à Gaza selon des médias

Les bombardements israéliens de Gaza ont tué plus de 34 000 Palestiniens, dont environ les deux tiers étaient des enfants et des femmes. (Reuters)
Les bombardements israéliens de Gaza ont tué plus de 34 000 Palestiniens, dont environ les deux tiers étaient des enfants et des femmes. (Reuters)
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  • Une délégation venue d'Egypte, l'un des trois pays médiateurs avec le Qatar et les Etats-Unis, est attendue vendredi en Israël pour discuter de questions de sécurité
  • Mais selon des médias israéliens, la délégation doit tenter de relancer les négociations au point mort et plaider pour un accord de trêve impliquant la libération de dizaines d'otages retenus à Gaza

JÉRUSALEM: Une délégation égyptienne est attendue vendredi en Israël pour tenter, selon des médias, de relancer les négociations sur une trêve dans la bande de Gaza associée à une libération d'otages, pendant que se prépare une offensive israélienne sur Rafah.

La guerre entre Israël et le Hamas qui fait rage depuis le 7 octobre dans le territoire palestinien a fait au moins 51 morts en 24 heures, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste. Un correspondant de l'AFP a été le témoin vendredi d'un tir de missiles sur une maison de la ville de Gaza, qui a fait au moins trois morts.

La guerre s'accompagne d'une flambée des violences à la frontière nord d'Israël avec le Liban, où l'armée israélienne a annoncé vendredi la mort d'un civil.

Israël se prépare pendant ce temps à lancer une offensive terrestre dans la ville surpeuplée de Rafah, frontalière avec l'Egypte, dans le sud de la bande de Gaza, que le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, considère comme le dernier grand bastion du Hamas.

De nombreuses capitales et organisations humanitaires redoutent un bain de sang dans cette ville, devenue un refuge pour près d'un million et demi de Palestiniens, entassés pour beaucoup dans des camps de tentes, sans eau ni électricité, où ils commencent à souffrir de la chaleur après avoir enduré le froid de l'hiver.

Après six mois et demi de bombardements et de combats au sol, Israël estime que le Hamas dispose de quatre bataillons regroupés à Rafah.

Une délégation venue d'Egypte, l'un des trois pays médiateurs avec le Qatar et les Etats-Unis, est attendue vendredi en Israël pour discuter de questions de "sécurité", selon une source proche du gouvernement.

Mais selon des médias israéliens, la délégation doit tenter de relancer les négociations au point mort et plaider pour un accord de trêve impliquant la libération de "dizaines" d'otages retenus à Gaza.

Selon la chaîne Al-Araby, il s'agit aussi d'appuyer les efforts déployés par l'Egypte pour empêcher une offensive sur Rafah.

Tirs à la frontière libanaise

A la frontière israélo-libanaise, les échanges de tirs sont devenus quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah, un puissant mouvement armé allié du Hamas et soutenu par l'Iran.

Des dizaines de milliers d'habitants ont fui les localités situées de part et d'autre de la frontière.

L'armée a annoncé vendredi qu'un civil israélien travaillant sur un chantier avait été tué près de la frontière par des missiles tirés du sud du Liban.

"Dans la nuit, des terroristes ont tiré des missiles antichar sur la zone d'Har Dov, dans le nord d'Israël", a affirmé l'armée.

Har Dov est le nom israélien des Fermes de Chebaa, une zone contestée située à la frontière entre le Liban et le plateau syrien du Golan, annexé par Israël.

Le Hezbollah affirme de son côté avoir mené "une embuscade complexe" contre un convoi israélien dans les "Fermes de Chebaa occupées" et avoir "détruit deux véhicules".

L'armée a indiqué avoir frappé "des cibles appartenant au Hezbollah dans la zone de Chebaa, dans le sud du Liban, notamment un arsenal et un lanceur" de missiles, ainsi que des "infrastructures opérationnelles" et une "enceinte militaire".

 "Un missile"puis un autre 

La guerre à Gaza a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée contre Israël par des commandos du Hamas, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste, de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 34.356 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.

Vendredi à la mi-journée, un correspondant de l'AFP a vu des appareils tirer des missiles sur une maison du quartier Al-Rimal de la ville de Gaza, dans le nord du territoire, et les corps d'un homme, d'une femme et d'un enfant être extraits des décombres.

"J'étais assis en train de vendre des cigarettes et soudain un missile est tombé, secouant toute la zone, suivi d'un autre missile, secouant à nouveau la zone. Nous nous sommes précipités pour voir ce qui s'était passé, et nous avons trouvé des martyrs, un homme, une femme et une petite fille", a également raconté à l'AFP un témoin qui n'a pas donné son nom.

Le correspondant de l'AFP a ensuite vu deux frappes aériennes successives toucher le quartier de Zeitoun, au sud-est de la ville de Gaza. Un épais panache de fumée s'élevait du quartier.

La "démocratie" 

La guerre qui a dévasté la bande de Gaza a aussi provoqué un désastre humanitaire dans le territoire de 2,4 millions d'habitants, assiégé par Israël et menacé de famine.

Face aux difficultés d'acheminement de l'aide internationale par la route depuis l'Egypte, en raison des contrôles très stricts imposés par Israël, les Etats-Unis ont commencé à construire un port temporaire et une jetée face au littoral de Gaza, où des navires militaires ou civils pourront déposer leurs cargaisons.

Aux Etats-Unis, pays allié d'Israël, un mouvement de protestation contre la guerre à Gaza se généralise sur les campus, après être parti il y a plus d'une semaine de l'université Columbia à New York.

Ces manifestations d'étudiants pro-palestiniens font partie de la "démocratie", a affirmé vendredi le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, en visite en Chine.