Les Jordaniennes ont parcouru un long chemin, mais il reste encore beaucoup à faire

Des militants organisent un sit-in près du siège du gouvernement à Amman afin de protester contre le meurtre présumé d'une femme jordanienne par son père pour des raisons liées à «l'honneur de la famille», le 21 juillet 2020. (Photo fournie)
Des militants organisent un sit-in près du siège du gouvernement à Amman afin de protester contre le meurtre présumé d'une femme jordanienne par son père pour des raisons liées à «l'honneur de la famille», le 21 juillet 2020. (Photo fournie)
Au mois d’août 2018, des militants participent à la session de la chambre basse au cours de laquelle les députés ont aboli l'article 308 du code pénal, controversé. (photo par Petra)
Au mois d’août 2018, des militants participent à la session de la chambre basse au cours de laquelle les députés ont aboli l'article 308 du code pénal, controversé. (photo par Petra)
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Publié le Lundi 08 mars 2021

Les Jordaniennes ont parcouru un long chemin, mais il reste encore beaucoup à faire

  • Les militants des droits des femmes ont fait valoir que la Jordanie avait accompli des progrès «considérables» au cours des vingt dernières années dans la lutte contre la discrimination à l'égard des femmes
  • En moyenne, 10 à 15 femmes sont tuées chaque année en Jordanie au nom de l'honneur, dénonce Rana Husseini

AMMAN: Malgré l’amélioration de la condition des femmes en Jordanie, il reste encore beaucoup à faire pour lutter contre les violences sexistes et accroître l’engagement des femmes dans la société et sur le marché du travail, selon des militants des droits des femmes.

Dans des remarques adressées à Arab News à l'occasion de la Journée internationale de la femme, les militants des droits des femmes ont fait valoir que la Jordanie avait accompli des progrès «considérables» au cours des vingt dernières années dans la lutte contre la discrimination à l'égard des femmes en revisitant les lois et en s’emparant des «tabous sociaux» qui maintiennent les femmes jordaniennes hors de la main-d’œuvre.

Ils ont expliqué que ces changements étaient le résultat de changements dans la société, soulignant la nécessité de redoubler d’efforts au niveau institutionnel pour améliorer l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.

Rana Husseini, une militante des droits des femmes reconnue et plusieurs fois récompensée pour son combat, déclare: «En ce qui concerne les réalisations du mouvement des droits des femmes, je dirais que l'une des plus importantes a été la nomination de femmes à des postes décisionnels tels que ministres, procureurs pénaux, ambassadrices et juges. Aujourd’hui, vous voyez des femmes presque partout. C'est le signe que la société est maintenant plus encline à accepter et à vouloir que les femmes occupent des postes de leadership.»

Malgré les changements apportés aux structures sociales et l’amélioration des droits des femmes en Jordanie, la journaliste explique qu’il subsiste des problèmes liés à la participation des femmes au marché du travail et à leur situation professionnelle, évoquant les taux de chômage élevés des femmes.

Selon les estimations officielles, le taux de chômage en Jordanie au troisième trimestre de 2020 était de 23,9%, accusant une hausse de 4,8% par rapport à la même période en 2019. Le taux de chômage des hommes titulaires d'un baccalauréat (au minimum) s’élevait à 25,2%, tandis qu’il a grimpé à 77% pour les femmes ayant le même niveau d’études.

«Malgré les efforts, la participation économique des femmes est encore faible», déplore Husseini, qui ajoute qu'il y a encore de nombreux emplois occupés exclusivement par des hommes.

«Il y a encore de la discrimination sur le lieu de travail. Les employeurs préfèrent embaucher des hommes pour contourner les problèmes liés au congé de maternité et à la garde d'enfants», regrette-t-elle encore.

Crimes d'honneur

En moyenne, 10 à 15 femmes sont tuées chaque année en Jordanie au nom de l'honneur, dénonce Rana Husseini. Auteure d’un livre percutant, Meurtre au nom de l'honneur, elle explique que ce chiffre a connu une «baisse significative».

«Le nombre des prétendus “crimes d’honneur” signalés en Jordanie dans les années 1980 et 1990 se situait entre 20 et 25, atteignant parfois 30 par an. Maintenant, après tout le travail entrepris par les militants, les campagnes de sensibilisation, le gouvernement et tous ceux qui sont impliqués dans la lutte, le nombre est tombé à 10 ou à 15 cas», explique-t-elle.

Elle précise que la Jordanie a amendé les lois relatives à la violence contre les femmes, durcissant les peines et réduisant ainsi les crimes d'honneur.

«Des modifications considérables ont également été apportées à certaines clauses importantes relatives à la violence à l'égard des femmes, comme les articles 98 et 308 du code pénal. L'article 308 permettait à une personne qui agressait sexuellement une femme d'échapper à la punition si elle épousait la victime. Maintenant, ce n'est plus le cas. L’autre changement est que les auteurs de prétendus “crimes d’honneur” ne sont plus condamnés à des peines indulgentes comme c’était le cas dans le passé. Aujourd’hui, les tribunaux pénaux et le système judiciaire prennent véritablement la violence contre les femmes et contre les enfants très au sérieux; ils portent des affaires devant les tribunaux avec des preuves solides pour incriminer les accusés.»

Husseini explique que les lois jordaniennes ont été durcies pour les auteurs de crimes d'honneur. «Mais il y a toujours le problème de la renonciation aux droits que les familles peuvent exercer au tribunal pour réduire la peine», indique-t-elle.

«La violence à l'égard des femmes n'est pas un phénomène spécifique à la Jordanie ou au Moyen-Orient: on le retrouve partout dans le monde. La différence, dans notre région, c’est que les femmes sont tuées par leurs familles et par leurs proches», expose Husseini.

Pandémie de Covid-19

Les leaders jordaniennes des droits des femmes affirment que la pandémie de Covid-19 a exacerbé les problèmes des femmes, aggravé leur participation à l’économie et accru la violence sexiste.

Selon la Sisterhood is Global Initiative (Sigi), une organisation indépendante qui recherche l’avancement et l’autonomisation des femmes grâce à une gamme de programmes d’éducation et de revendications, de nombreuses femmes ont perdu leur emploi en raison de la pandémie et ont été victimes de violence domestique.

«La pandémie a prouvé le rôle central que jouent les femmes dans la société. Le fardeau des femmes jordaniennes, en particulier celles qui sont en première ligne, a augmenté pendant la pandémie: nombre d'entre elles ont perdu leur emploi et ont subi diverses formes de violence de la part de leurs maris, de leurs pères et frères. Elles sont restées silencieuses, en partie pour protéger leurs familles et leurs enfants, mais aussi parce qu’elles sont profondément convaincues que les circonstances actuelles sont exceptionnelles et qu’elles représentent un grand nombre de défis économiques et sociaux », déclare la Sigi dans un récent rapport.

Husseini fait savoir que les confinements et les couvre-feux ont empêché les ONG et les équipes de protection d'effectuer des visites de contrôle régulières chez les familles vulnérables et dans les centres qui recueillent les victimes de violence domestique ou tuées au nom de «l'honneur de la famille».

Depuis l'éclosion de la Covid-19, ONU Femmes a rapporté que les données et les rapports émanant des personnes en première ligne avaient montré que toutes les formes de violence contre les femmes et les filles, en premier lieu la violence domestique, s’étaient intensifiées.

Une étude récente de la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale a conclu que la pandémie entraînerait la perte d’1,7 million d'emplois dans la région du Moyen-Orient, dont environ 700 000 postes occupés par des femmes.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com


Vision 2030: le Cabinet remercie les agences impliquées

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
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  • Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne
  • Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne

RIYAD: Le Conseil des ministres a salué les efforts des agences gouvernementales ayant contribué aux avancées réalisées dans le cadre de la Vision saoudienne 2030, alors que le Royaume se rapproche de l’atteinte de ses objectifs clés, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

D’après le rapport annuel 2024 de la Vision, 93% des principaux indicateurs de performance ont été entièrement ou partiellement atteints depuis le lancement de l’initiative il y a neuf ans.

Le ministre des Médias, Salman al-Dosari, a précisé que le cabinet avait discuté de la troisième et dernière phase de la Vision 2030, qui débutera en 2026. Cette phase visera à pérenniser l’impact des transformations déjà engagées tout en exploitant de nouvelles opportunités de croissance.

Le Conseil des ministres a également salué le don généreux d’un milliard de riyals saoudiens (266,6 millions de dollars; 1 dollar = 0,88 euro) effectué par le prince héritier Mohammed ben Salmane, destiné à soutenir des projets de logement pour les bénéficiaires saoudiens éligibles et les familles dans le besoin.

Le cabinet a souligné que ce don illustre l’engagement constant du prince héritier à améliorer la qualité de vie des citoyens, ainsi que son intérêt soutenu pour le secteur du logement et les initiatives visant à offrir des logements décents aux familles méritantes à travers le Royaume.

Le prince Mohammed a également informé le Conseil de sa rencontre avec le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que de ses échanges avec le Premier ministre indien Narendra Modi.

Le cabinet a salué les résultats de la deuxième réunion du Conseil de partenariat stratégique saoudo-indien, soulignant le développement continu des relations économiques, commerciales et d’investissement entre les deux pays.

Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne, conformément aux résolutions de la légitimité internationale, à l'initiative de paix arabe et à la création d'un État palestinien indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne et a renouvelé son appel aux institutions financières régionales et internationales pour qu'elles reprennent et étendent leurs opérations dans le pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.