Le pape confie que sa rencontre avec le grand ayatollah lui «a fait du bien à l'âme»

Rencontre du pape François avec le grand ayatollah chiite Ali Sistani, le 6 mars 2021(Bureau des médias de l'Ayatollah Sistani, AFP)
Rencontre du pape François avec le grand ayatollah chiite Ali Sistani, le 6 mars 2021(Bureau des médias de l'Ayatollah Sistani, AFP)
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Publié le Lundi 08 mars 2021

Le pape confie que sa rencontre avec le grand ayatollah lui «a fait du bien à l'âme»

  • Le pape François a décrit un tête-à-tête avec «un homme humble et sage» auprès duquel il s'est senti «honoré»
  • Le pape argentin n'a pas caché son émotion face à une église de Mossoul détruite par les jihadistes du groupe Etat islamique (EI)

A BORD DE L’AVION PAPAL: Le pape François, très fatigué par son voyage historique de trois jours en Irak, a confié lundi dans l'avion du retour que sa rencontre avec le grand ayatollah chiite Ali Sistani lui avait fait « du bien à l'âme ». 

Grand avocat du dialogue direct avec des représentants de l'islam, François a décrit un tête-à-tête avec « un homme humble et sage » auprès duquel il s'est senti « honoré ». 

« Il ne se lève jamais pour saluer un visiteur, mais il s’est levé pour me saluer par deux fois », a-t-il raconté lors d'une conférence de presse à bord de l'avion qui le ramenait à Rome. « Cette rencontre m'a fait du bien à l'âme ». 

« Je crois que cela a été un message universel », a estimé le pape argentin, qui avait déjà signé voici deux ans « un document sur la fraternité humaine » avec le grand imam sunnite de l'université égyptienne d'Al-Azhar, négocié en secret pendant six mois.   

Il n'a pas réitéré ce geste avec le grand ayatollah, plus haute autorité irakienne du chiisme, l'autre grande branche de l'islam, majoritaire en Irak. Il a toutefois souligné qu'il y aurait « d'autres pas » dans ce dialogue avec les musulmans, citant le grand ayatollah Sistani qui dit que « les hommes sont ou frères par religion, ou égaux par création ». 

Le pape a balayé les critiques formulées par ses détracteurs: « Il y a quelques critiques, disant que le pape n’est pas courageux, est inconscient, qu’il fait des pas hors de la doctrine catholique, qu’il est à un pas de l’hérésie. Ce sont des risques. Ces décisions se prennent toujours par la prière, dans le dialogue, en demandant conseil. C’est une réflexion, pas un caprice ». 

« Cruauté » des jihadistes 

Le pape argentin, qui tenait aussi à soutenir les chrétiens d'Irak - 1% de la population aujourd'hui contre 6% il y a vingt ans -, n'a pas caché son émotion face à une église de Mossoul détruite par les jihadistes du groupe Etat islamique (EI), défaits il y a trois ans. « Je suis resté sans voix », a dit le pape, qui avait d'abord survolé la ville en hélicoptère. « C'est incroyable, cette cruauté ».  

A Qaraqosh, autre territoire du Nord de l'Irak qui tomba aux mains des jihadistes, François a écouté une femme qui avait perdu son fils durant des bombardements et était prête à pardonner: « J’étais très ému par son témoignage, une maman qui offre son pardon dans ces circonstances », a-t-il glissé. 

Alors que les intérêts américains en Irak ont été la cible de tirs de roquettes juste avant la venue du pape, le président américain Joe Biden a estimé lundi que la visite du pape avait été porteuse d'un message « important » de fraternité et de paix. 

« Conscience des risques » 

« Voir le pape François visiter des sites religieux tels que la ville natale du patriarche Abraham, passer du temps avec le grand ayatollah Ali Sistani et prier à Mossoul - une ville qui, il y a seulement quelques années, a subi les violences et l'intolérance d'un groupe comme l'EI - est un symbole d'espoir pour le monde entier », a-t-il écrit.  

Le pape, vacciné contre la Covid-19 de même que les personnes qui l'accompagnaient, est arrivé en Irak en pleine résurgence de l'épidémie. 

Interrogé sur l'éventuel danger qu'il a pu faire courir aux Irakiens venus à sa rencontre dans plusieurs églises mais aussi dans un stade plutôt bondé à Erbil dans le Kurdistan irakien, François a répondu avoir longuement réfléchi et prié avant de prendre sa décision en toute « conscience des risques ». « A la fin,  j'ai pris ma décision librement », a-t-il noté. 

« Je vous confesse qu'au cours de ce voyage, je me suis fatigué beaucoup plus qu’au cours des autres », a souligné le pape, âgé de 84 ans. « Je ne sais pas si les voyages se ralentiront », a commenté celui qui a semblé avoir beaucoup plus de mal à marcher que de coutume. 

Evoquant d'autres voyages, le pape a rappelé qu'il avait promis d'aller dès que possible au Liban, « un pays qui souffre ». Il a annoncé aussi qu'il se rendrait en Hongrie en septembre. 


Syrie: frappes israéliennes sur le QG de l'armée syrienne à Damas

La télévision officielle syrienne a fait état de nouvelles frappes israéliennes mercredi après-midi à Damas sur le secteur du quartier général de l'armée, dans le centre de la capitale, peu après une première frappe contre ce bâtiment. (AFP)
La télévision officielle syrienne a fait état de nouvelles frappes israéliennes mercredi après-midi à Damas sur le secteur du quartier général de l'armée, dans le centre de la capitale, peu après une première frappe contre ce bâtiment. (AFP)
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  • Des images de la télévision ont montré des militaires quitter précipitamment le bâtiment, contigu au ministère de la Défense sur la place de Omeyyades
  • Mercredi matin, l'armée israélienne a annoncé une frappe sur l'entrée du quartier général de l'armée et le renforcement de ses troupes à la frontière avec la Syrie, après une menace du gouvernement israélien d'intensifier ses frappes

DAMAS: La télévision officielle syrienne a fait état de nouvelles frappes israéliennes mercredi après-midi à Damas sur le secteur du quartier général de l'armée, dans le centre de la capitale, peu après une première frappe contre ce bâtiment.

Des journalistes de l'AFP ont entendu de fortes explosions qui ont secoué la capitale et de la fumée s'élevait au-dessus du secteur visé, selon des images de l'AFPTV.

L'agence officielle Sana a affirmé que "plusieurs personnes ont été atteintes par les frappes israéliennes sur Damas", sans préciser de nombre ou s'il s'agissait de tués ou de blessés.

Des images de la télévision ont montré des militaires quitter précipitamment le bâtiment, contigu au ministère de la Défense sur la place de Omeyyades, et au moins un blessé a été évacué dans une voiture.

Mercredi matin, l'armée israélienne a annoncé une frappe sur l'entrée du quartier général de l'armée et le renforcement de ses troupes à la frontière avec la Syrie, après une menace du gouvernement israélien d'intensifier ses frappes pour protéger les druzes.

La télévision d'Etat syrienne a de son côté rapporté que deux personnes avaient été blessées dans le centre de Damas dans la première frappe, sans préciser l'emplacement exact des faits.


Syrie: les violences ont fait 248 morts à Soueida, des dizaines de druzes traversent la frontière entre Israël et la Syrie

Des dizaines de druzes ont traversé mercredi la frontière entre la Syrie et Israël dans les deux sens, peu après des mises en garde et frappes d'Israël qui exige de Damas qu'il retire ses troupes du sud de la Syrie. (AFP)
Des dizaines de druzes ont traversé mercredi la frontière entre la Syrie et Israël dans les deux sens, peu après des mises en garde et frappes d'Israël qui exige de Damas qu'il retire ses troupes du sud de la Syrie. (AFP)
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  • Les forces gouvernementales syriennes et leurs alliés se sont déployés mardi dans la ville jusque là tenue par des combattants druzes locaux
  • L'ONG, des témoins et des groupes druzes les ont accusés de nombreuses exactions

DAMAS: Le bilan des violences à Soueida, dans le sud de la Syrie, s'élève à 248 morts depuis dimanche, a annoncé une ONG selon laquelle les affrontements se poursuivent dans la ville à majorité druze, où deux correspondants de l'AFP ont entendu des tirs mercredi matin.

Les forces gouvernementales syriennes et leurs alliés se sont déployés mardi dans la ville jusque là tenue par des combattants druzes locaux. L'ONG, des témoins et des groupes druzes les ont accusés de nombreuses exactions.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), 248 personnes ont été tuées depuis le début des combats dimanche entre combattants druzes et tribus bédouines, qui ont provoqué l'intervention des forces gouvernementales aux côtés de ces dernières.

Un bilan précédent de cette ONG faisait état de 203 morts mardi. L'OSDH a comptabilisé mercredi 64 combattants druzes et 28 civils druzes tués, dont "21 civils exécutés sommairement" par des membres des forces gouvernementales.

En outre, 138 membres des forces de sécurité et 18 combattants bédouins ont été tués, a indiqué l'ONG selon laquelle des bombardements intermittents sont signalés mercredi matin.

Deux correspondants de l'AFP dans la ville ont entendu des tirs alors que de la fumée s'élevait de certains quartiers.

L'un des correspondants a vu une trentaine de corps gisant par terre, certains de membres des forces gouvernementales et d'autres de combattants en civil, sans pouvoir identifier leur appartenance.

Un autre a vu des forces gouvernementales tirer des obus depuis l'une de leurs positions.

Le site local Suwayda 24 a rapporté "un violent bombardement à l'artillerie et au mortier" sur la ville et ses environs depuis l'aube.

Les forces gouvernementales avaient annoncé mardi un cessez-le-feu qui n'a pas été respecté.

Le ministère syrien de la Défense a affirmé que "des groupes hors-la-loi ont recommencé à attaquer les forces de l'armée et de la sécurité intérieure dans la ville", après la proclamation du cessez-le-feu.

"L'armée continue de répondre aux sources de tirs dans la ville", a ajouté le ministère, cité par l'agence officielle Sana, appelant les habitants à rester chez eux.


Israël demande à la Syrie de «laisser tranquilles» les druzes à Soueida

L'armée israélienne "augmentera l'intensité de ses réponses contre le régime si le message n'est pas compris". (AFP)
L'armée israélienne "augmentera l'intensité de ses réponses contre le régime si le message n'est pas compris". (AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a exigé mercredi du pouvoir syrien qu'il "laisse tranquilles" les druzes de Soueida
  • "Comme nous l'avons clairement indiqué et averti, Israël n'abandonnera pas les druzes en Syrie et imposera la politique de démilitarisation"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a exigé mercredi du pouvoir syrien qu'il "laisse tranquilles" les druzes de Soueida, où cette communauté est majoritaire, et qu'il retire ses forces de cette ville du sud de la Syrie.

"Comme nous l'avons clairement indiqué et averti, Israël n'abandonnera pas les druzes en Syrie et imposera la politique de démilitarisation" dans le sud du pays annoncée après la chute de Bachar al-Assad, a déclaré le ministre, cité par ses services. L'armée israélienne "augmentera l'intensité de ses réponses contre le régime si le message n'est pas compris", a-t-il ajouté.