Pour les Kurdes de Syrie, comment préserver l'autonomie chèrement acquise?

Une kurde syrienne et son enfant marchent dans les ruines de Kobane, en 2015 (Photo, AFP).
Une kurde syrienne et son enfant marchent dans les ruines de Kobane, en 2015 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 09 mars 2021

Pour les Kurdes de Syrie, comment préserver l'autonomie chèrement acquise?

  • Durant une décennie de conflit en Syrie, la minorité kurde est devenue une alliée incontournable des Occidentaux dans la lutte antijihadistes
  • Dans cette Syrie morcelée, quel avenir pour une communauté autrefois marginalisée mais déterminée à défendre ses acquis malgré les adversités ?

BEYROUTH: Durant une décennie de conflit en Syrie, la minorité kurde est devenue une alliée incontournable des Occidentaux dans la lutte antijihadistes, tout en érigeant parallèlement une administration autonome avec ses propres institutions pour contrôler de vastes régions du nord-est du pays.

Dans cette Syrie morcelée, quel avenir pour une communauté autrefois marginalisée mais déterminée à défendre ses acquis malgré les adversités ?

- Le conflit syrien, un grand tournant ?

Des décennies durant, les Kurdes ont dénoncé les discriminations du pouvoir central de Damas. Le conflit déclenché en 2011, qui a obligé le régime à se focaliser sur les rebelles armés, va permettre à la minorité de s'affranchir.

Après le retrait de l'armée syrienne de leurs territoires, les Kurdes instaurent en 2013 leur « administration autonome », se dotant d'une police, d'une force militaire ou encore d'écoles où est enseignée leur langue.

« Avant 2011, rien ne nous donnait espoir. Les Kurdes étaient totalement opprimés. Nous n'avions même pas de papiers d'identité », se souvient Aldar Khalil, un des architectes de ce projet d'autonomie.

Le contrôle kurde s'est d'abord exercé dans les régions de cette communauté avant de s'élargir à d'autres zones où vit une population majoritairement arabe, à mesure que les forces kurdes progressaient face au groupe Etat islamique (EI).

Dès janvier 2015, la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) chasse l'EI de la ville de Kobané, à la frontière turque.

Manifestation à Qamishli en octobre dernier, en réponse aux attaques de la Turquie contre des positions kurdes (Photo, AFP).

Soutenus par les Occidentaux, les YPG prendront la tête des Forces démocratiques syriennes (FDS), coalition englobant des combattants arabes qui enchaînera les victoires contre les jihadistes.

Aujourd'hui, les FDS contrôlent toujours les principaux champs pétroliers de l'Est.

Quasiment deux ans après avoir proclamé en mars 2019 la chute du « califat » de l'EI, ces forces détiennent toujours dans leurs prisons des milliers de combattants de l'organisation ultraradicale. Des familles, femmes et enfants, de ces jihadistes sont aussi toujours retenus dans des camps miséreux.

On y trouve notamment plusieurs milliers d'étrangers, dont des Occidentaux, jugés indésirables dans leur pays, au grand dam des Kurdes, qui réclament leur rapatriement.

Quel avenir avec l'allié américain ?

Les Kurdes ont longtemps parié sur leur alliance avec Washington, et sur la présence de plusieurs milliers de soldats américains, pour les protéger des menaces du voisin turc ou dans leur rapport de force face au régime.

Les annonces contradictoires de Donald Trump sur un retrait ont par conséquent été un choc en 2019. A ce jour, seuls 900 militaires américains demeurent et leur avenir s'inscrit en pointillés.

Or, sans l'allié américain, les forces kurdes seront « très vulnérables aux attaques externes », souligne Dareen Khalifa, de l'International Crisis Group (ICG).

Et, selon elle, le niveau de présence américaine ne les protège pas non plus de « tentatives de déstabilisation ».

Une membre des forces de sécurité kurdes monte la garde, le 20 janvier à Qamishli (Photo, AFP).

L'autonomie kurde à ses portes a rapidement irrité Ankara, qui qualifie les YPG de « terroristes » et craint que leurs succès ne ravivent des velléités indépendantistes sur son territoire.

La Turquie a ainsi déjà lancé trois offensives contre les YPG, prenant le contrôle en 2018 de la poche d'Afrine avant de conquérir l'année suivante une bande frontalière.

Cette dernière opération n'aurait pas été possible sans le retrait américain préalable du secteur, perçu comme un feu vert de Donald Trump.

« L'approche » de la nouvelle administration de Joe Biden « sera quelque peu différente », espère Khalil. « Mais nous ne pouvons pas compter sur eux. Leurs politiques ne sont pas garanties », ajoute-t-il.

Signe encourageant, néanmoins : la nomination à la Maison Blanche de Brett McGurk comme coordinateur pour le Moyen-Orient. Du temps de Trump, cet ancien émissaire auprès de la coalition internationale antijihadistes avait fustigé tout retrait de Syrie.

Khalifa reconnaît que « le sort des FDS » est au cœur du débat sur l'engagement américain : à Washington, au-delà des divisions partisanes, on retrouve « un sentiment de fatigue sur la Syrie combiné à la peur d'être coincé dans des guerres sans fin ».

Une possible réconciliation avec le régime ?

Pour stopper l'offensive d'Ankara en 2019, les Kurdes ont accepté un accord avec le régime et son allié russe, qui ont déployé des troupes dans des territoires de la minorité, même si les FDS y conservent la haute main.

« Les Kurdes de Syrie ont toujours préféré le gouvernement syrien à la Turquie », relève l'analyste Mutlu Civiroglu.

Mais les pourparlers pour déterminer le sort des régions kurdes n'ont jamais abouti. Le régime accuse les Kurdes d'ambitions séparatistes, ce qu'ils démentent. La minorité veut préserver ses acquis, Damas exige un retour à la situation d'avant-guerre.

Le dialogue reste ouvert. Mais « le régime n'est toujours pas convaincu qu'il doit faire un pas en avant et accepter certains ajustements », déplore Aldar Khalil.


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.