Un remaniement secoue la haute sphère économique en Turquie

Mehmet Hakan Atilla, PDG de la Bourse d’Istanbul (Borsa Istanbul), a démissionné lundi. (Photo, AFP/Archives)
Mehmet Hakan Atilla, PDG de la Bourse d’Istanbul (Borsa Istanbul), a démissionné lundi. (Photo, AFP/Archives)
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Publié le Mercredi 10 mars 2021

Un remaniement secoue la haute sphère économique en Turquie

  • Halkbank risque une amende de 20 milliards de dollars pour blanchiment d'argent, évasion de sanctions et fraude
  • Atilla a été nommé à son poste en octobre 2019, une décision controversée pour celui qui venait d’être condamné à 32 mois de prison aux États-Unis

ANKARA: Mehmet Hakan Atilla, PDG de la bourse turque d'Istanbul (Borsa Istanbul), a démissionné lundi, suscitant des interrogations sur les motifs derrière de cette brusque manœuvre qui touche l'un des principaux postes de gestion économique du pays.

Atilla a été nommé à son poste en octobre 2019, une décision controversée pour celui qui venait d’être condamné à 32 mois de prison aux États-Unis. L’homme aurait aidé l'Iran à contourner les sanctions alors qu'il était directeur adjoint de la banque d'État turque Halkbank, une affaire considérée par le président turc Recep Tayyip Erdogan comme une agression politiquement motivée contre le gouvernement turc.

Atilla a purgé une peine de 28 mois de prison aux États-Unis et a été libéré en 2019, lorsqu'il a été nommé à la tête de la bourse par le gendre d'Erdogan et ancien ministre des Finances, Berat Albayrak.

Certains analystes estiment que la démission pourrait être liée au procès imminent de Halkbank le 3 mai à New York, un geste pour corriger les relations américano-turques dans les prochains mois. Le but serait aussi d’attirer les investisseurs étrangers au milieu de spéculations croissantes selon lesquelles Albayrak pourrait revenir à un poste de gestion économique dans le gouvernement.

Lors du prochain procès à New York, Halkbank risque une amende de 20 milliards de dollars pour blanchiment d'argent, évasion de sanctions et fraude car la banque est accusée d'avoir aidé à faire passer plus de 20 milliards de dollars pour l'Iran en violation des sanctions américaines.

Toutefois, pour Wolfango Piccoli, coprésident de Teneo Intelligence à Londres, la démission d’Atilla ne changera certainement rien au procès de Halkbank et des relations américano-turques.

«C'est une décision désespérée d'Ankara, qui met une fois de plus en évidence l'incapacité des décideurs turcs à comprendre comment ce genre de questions est géré aux États-Unis», a déclaré Piccoli à Arab News.

EN BREF

Atilla a purgé une peine de 28 mois de prison aux États-Unis, et a été libéré en 2019, lorsqu'il a été nommé à la tête de la bourse par le gendre d'Erdogan et ancien ministre des Finances Berat Albayrak.

Selon Piccoli, pour l'avenir, deux questions clés intéressent les investisseurs: le montant de l'amende qui sera infligée si Halkbank est reconnue coupable, comme on le présume généralement, et la réaction des autorités turques une fois que la décision et l'amende sont annoncé.

«Pendant ce temps-là, les investisseurs surveilleront la procédure judiciaire pour voir si l'ensemble du procès devient politiquement embarrassant pour les hauts responsables politiques turcs - une évolution qui pourrait avoir un impact négatif sur les relations bilatérales déjà fragiles entre Ankara et Washington», a-t-il ajouté.

Selon la politique habituelle en Turquie, les choses se sont déroulées par paires, la démission d'Atilla étant suivie d'une décision présidentielle explosive rejetant Zafer Sonmez en tant que PDG du Fonds de richesse de la Turquie, qui détient la Bourse d'Istanbul. Comme Atilla, Sonmez a également été nommé par Albayrak.

«Je crois que certains associeront le départ d'Atilla et de Sonmez à l’élimination de tous les anciens hauts responsables nommés par Albayrak. Mais la nomination de Sonmez était plus technocratique, et je pense qu'il avait fait un bon travail en mettant le fonds turc de richesse sur pieds après qu'il est resté sans bouger pendant les deux premières années de son existence», a déclaré à Arab News, Timothy Ash, stratège en chef de marché chez BlueBay Asset Management, installé à Londres.

«Il était plus un gourou souverain de la richesse plutôt qu’un loyaliste d’Albayrak, donc je ne vois pas pourquoi le ministre des Finances Lutfi Elvan et le gouverneur de la banque centrale Naci Agbal auraient voulu le congédier. Il faut aussi noter que son remplaçant est un autre membre du conseil et candidat préféré d’Albayrak. Ceci soulève la possibilité que Sonmez ait démissionné pour une autre raison », a ajouté Ash.

Agbal est connu pour sa position critique contre les politiques économiques mises en œuvre par Albayrak, optant plutôt pour des choix politiques plus orthodoxes comme la lutte contre l'inflation et l'augmentation du taux directeur.

Selon Ash, la démission d'Atilla pourrait être liée directement au début du procès de Halkbank. «Les autorités turques ne veulent pas que des retombées de cela endommagent la Bourse d'Istanbul», a-t-il expliqué.

Mais les experts soulignent également les critiques de longue date sur les nominations aux postes de haute direction du pays sur la base du favoritisme politique.

Pour Piccoli, il reste à voir s'il s'agit d'une véritable restructuration au sommet de ces institutions, ou un remaniement des figures du népotisme.

«Le début n’est pas si prometteur, car le nouveau directeur du Fonds de richesse de la Turquie n’est autre qu’un camarade de classe du fils du président Erdogan, Bilal», a-t-il confié. «Comme c'est le cas depuis longtemps, la méritocratie ne joue aucun rôle dans les nominations importantes faites par le gouvernement en Turquie».

Le Fonds souverain de la Turquie envisage une introduction à la Bourse d’Istanbul d’ici l’année prochaine.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Yémen: Le cabinet saoudien espère que les forces des Émirats arabes unis se retireront dans les 24 heures

Le roi Salman d'Arabie saoudite préside la session du cabinet de mardi. (SPA)
Le roi Salman d'Arabie saoudite préside la session du cabinet de mardi. (SPA)
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  • Le cabinet a déclaré qu'il espérait que les Émirats arabes unis cesseraient tout soutien militaire ou financier au STC et à toute autre partie au Yémen
  • Le cabinet a déclaré qu'il espérait également que les Émirats arabes unis prendraient les mesures nécessaires pour préserver les relations entre l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis

RIYAD: Le cabinet saoudien, présidé par le roi Salman, a exprimé mardi l'espoir que les forces émiraties se retireront du Yémen dans les 24 heures, conformément à la demande yéménite, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Le cabinet a également déclaré qu'il espérait que les Émirats arabes unis cesseraient tout soutien militaire ou financier au Conseil de transition du Sud et à toute autre partie au Yémen, a ajouté SPA.

Le cabinet a déclaré qu'il espérait également que les Émirats arabes unis prendraient les mesures nécessaires pour préserver les relations entre l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, que le Royaume souhaite renforcer, et a déclaré qu'il se réjouissait de travailler ensemble à tout ce qui renforcerait la prospérité et la stabilité des pays de la région.

Le cabinet a exprimé son regret quant aux résultats des efforts de désescalade que le Royaume a voulu poursuivre et qui se sont heurtés à une escalade injustifiée qui contredit les principes sur lesquels la Coalition pour le soutien de la légitimité au Yémen a été fondée, sape ses efforts pour parvenir à la sécurité et à la stabilité au Yémen et est incompatible avec toutes les promesses que le Royaume a reçues des Émirats arabes unis.

Le Cabinet apprécie le rôle de la Coalition pour le soutien de la légitimité au Yémen dans la protection des civils dans les gouvernorats de Hadramaout et d'Al-Mahra, en réponse à la demande du président du Conseil présidentiel yéménite Rashad Al-Alimi, et dans la réduction de l'escalade afin de parvenir à la sécurité et à la stabilité et d'empêcher l'expansion du conflit.

Le cabinet a réaffirmé que le Royaume n'hésitera pas à prendre les mesures nécessaires pour faire face à toute atteinte ou menace à sa sécurité nationale, ainsi que son engagement en faveur de la sécurité, de la stabilité et de la souveraineté du Yémen, et son soutien total à M. Al-Alimi et à son gouvernement.

En ce qui concerne les autres affaires régionales, le cabinet a réaffirmé le soutien du Royaume à la souveraineté, à l'intégrité territoriale et à la sécurité de la Somalie, et rejette la déclaration de reconnaissance mutuelle entre Israël et le Somaliland, car elle consacre des mesures séparatistes unilatérales qui violent le droit international.


Cisjordanie: Israël dit avoir tué un homme qui fonçait sur des soldats

 L'armée israélienne a déclaré mardi avoir abattu un homme qui tentait de renverser avec son véhicule un groupe de soldats, dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
L'armée israélienne a déclaré mardi avoir abattu un homme qui tentait de renverser avec son véhicule un groupe de soldats, dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
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  • "Un rapport a été reçu concernant un terroriste qui a tenté de renverser des soldats de Tsahal opérant dans la zone d'Einabus", a indiqué l'armée dans un communiqué. "En réponse, les soldats ont tiré sur le terroriste et l'ont neutralisé"
  • Le texte n'a pas fourni d'autres détails sur l'incident, survenu quelques jours après qu'un Palestinien a renversé avec son véhicule un Israélien sexagénaire, puis poignardé à mort une jeune femme de 18 ans dans le territoire occupé

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré mardi avoir abattu un homme qui tentait de renverser avec son véhicule un groupe de soldats, dans le nord de la Cisjordanie occupée.

"Un rapport a été reçu concernant un terroriste qui a tenté de renverser des soldats de Tsahal opérant dans la zone d'Einabus", a indiqué l'armée dans un communiqué. "En réponse, les soldats ont tiré sur le terroriste et l'ont neutralisé".

Le texte n'a pas fourni d'autres détails sur l'incident, survenu quelques jours après qu'un Palestinien a renversé avec son véhicule un Israélien sexagénaire, puis poignardé à mort une jeune femme de 18 ans dans le territoire occupé.

Il a également été tué lors de l'attaque. À la suite de cet incident survenu vendredi, l'armée a mené une opération de deux jours dans la ville cisjordanienne de Qabatiya, d'où provenait l'assaillant, arrêtant plusieurs de ses habitants, dont son père et ses frères.

De nombreuses attaques ont été perpétrées en Israël par des Palestiniens depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

Les violences se sont également intensifiées en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967. Depuis le 7-Octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels des civils et des combattants, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 44 Israéliens, civils ou soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

 


La Coalition arabe annonce une frappe aérienne “limitée” contre deux navires ayant acheminé des armes au Yémen

Sur cette photo prise le 29 novembre 2018, des forces pro-gouvernementales yéménites montent la garde près d'un navire amarré dans le port d'al-Mukalla, dans la province d'Hadramaout, au sud-ouest du Yémen. (AFP/Archives)
Sur cette photo prise le 29 novembre 2018, des forces pro-gouvernementales yéménites montent la garde près d'un navire amarré dans le port d'al-Mukalla, dans la province d'Hadramaout, au sud-ouest du Yémen. (AFP/Archives)
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  • La Coalition appelle à l’évacuation du port d'al-Mukalla, laissant présager une opération militaire majeure visant à contraindre le STC à se retirer
  • Le porte-parole indique que les deux navires ont transporté des armes depuis le port émirati de Fujairah vers al-Mukalla sans autorisation du commandement de la Coalition

Riyad : La Coalition de soutien à la légitimité au Yémen a annoncé mardi avoir mené une frappe aérienne « limitée » visant deux navires ayant introduit clandestinement des armes et d’autres équipements militaires dans le port d'al-Mukalla, dans le sud du Yémen.

Dans un communiqué relayé par l’Agence de presse saoudienne (SPA), le porte-parole des forces de la Coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que deux navires en provenance du port de Fujairah, aux Émirats arabes unis, étaient entrés dans le port d'al-Mukalla, dans le gouvernorat de Hadramaout, sans obtenir d’autorisations officielles du commandement des forces conjointes de la Coalition.

« Les équipages des deux navires ont désactivé leurs systèmes de suivi et déchargé une grande quantité d’armes et de véhicules de combat afin de soutenir les forces du Conseil de transition du Sud (STC) dans les gouvernorats orientaux du Yémen (Hadramaout et Al-Mahra), dans le but d’alimenter le conflit. Il s’agit d’une violation flagrante de la trêve et des efforts visant à parvenir à une solution pacifique, ainsi que d’une violation de la résolution n° 2216 (2015) du Conseil de sécurité des Nations unies », a déclaré le porte-parole.

La Coalition a exhorté les civils et les pêcheurs à évacuer le port d'al-Mukalla, indiquant qu’une opération militaire de grande ampleur visant à imposer le retrait du STC pourrait être imminente.

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Carte Google indiquant l'emplacement d'al-Mukalla dans le sud du Yémen.

Al-Maliki a précisé que les forces de la Coalition avaient agi à la demande de Rachad Al-Alimi, président du Conseil présidentiel de direction du Yémen, « afin de prendre toutes les mesures militaires nécessaires pour protéger les civils dans les gouvernorats de Hadramaout et d’Al-Mahra ».

La semaine dernière, Al-Alimi avait averti que les actions unilatérales du STC poussaient le pays vers un seuil dangereux.

« Compte tenu du danger et de l’escalade représentés par ces armes, qui menacent la sécurité et la stabilité, les forces aériennes de la Coalition ont mené ce matin une opération militaire limitée visant les armes et les véhicules de combat déchargés des deux navires au port d'al-Mukalla. L’opération a été menée après documentation du déchargement et conformément au droit international humanitaire et à ses règles coutumières, sans qu’aucun dommage collatéral ne soit enregistré », a déclaré mardi le général Al-Maliki.

Il a réaffirmé l’« engagement constant de la Coalition en faveur de la désescalade et du maintien du calme dans les gouvernorats de Hadramaout et d’Al-Mahra, ainsi que de la prévention de tout soutien militaire de la part de quelque pays que ce soit à une faction yéménite sans coordination avec le gouvernement yéménite légitime et la Coalition », afin d’assurer le succès des efforts du Royaume et de la Coalition pour instaurer la sécurité et la stabilité et empêcher l’extension du conflit.

Par ailleurs, le président du Conseil présidentiel yéménite a décrété mardi l’état d’urgence pour une durée de 90 jours, incluant un blocus aérien, maritime et terrestre de 72 heures.

Ignorant les accords précédents conclus avec la Coalition, le groupe se désignant sous le nom de Conseil de transition du Sud (STC) a lancé début décembre une vaste campagne militaire, prenant le contrôle du gouvernorat de Hadramaout, à la frontière saoudienne, ainsi que du gouvernorat oriental d’Al-Mahra, à la frontière avec Oman.

Les forces du STC, soutenues par les Émirats arabes unis, se sont emparées de la ville de Seiyoun, y compris de son aéroport international et du palais présidentiel. Elles ont également pris le contrôle des champs pétroliers stratégiques de PetroMasila, qui représentent une part majeure des ressources pétrolières restantes du Yémen.

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Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj, qui vivent le long de la bande entre le sud et le nord du pays, se rassemblent lors d'un rassemblement dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025, pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC), soutenu par les Émirats arabes unis, qui souhaite rétablir l'indépendance du Yémen du Sud. (AFP)

Cette situation a conduit l’Arabie saoudite à exiger fermement le retrait du STC et la remise des zones saisies aux Forces du Bouclier national, une unité soutenue par Riyad.

La Coalition a averti que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, selon l’Agence de presse saoudienne.

Le 26 décembre, les Émirats arabes unis ont publié un communiqué saluant les efforts de l’Arabie saoudite en faveur de la sécurité et de la stabilité au Yémen.

Le communiqué, relayé par l’agence de presse officielle WAM, a loué le rôle constructif de l’Arabie saoudite dans la défense des intérêts du peuple yéménite et le soutien à ses aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com