La hausse du prix du pétrole est un cercle vertueux économique pour le CCG

Si les niveaux de prix actuels se maintiennent à court ou moyen terme, l'effet sur les économies régionales serait significatif et pourrait commencer à se manifester dès cette année. (Reuters)
Si les niveaux de prix actuels se maintiennent à court ou moyen terme, l'effet sur les économies régionales serait significatif et pourrait commencer à se manifester dès cette année. (Reuters)
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Publié le Jeudi 18 mars 2021

La hausse du prix du pétrole est un cercle vertueux économique pour le CCG

  • Réduire la dépendance excessive vis-à-vis du pétrole est depuis longtemps l’objectif des décideurs économiques pour les États du CCG
  • Le seuil de rentabilité des budgets budgétaires est calculé à 70 dollars le baril dans le CCG, tandis que celui du commerce extérieur est inférieur, s’élevant à 50 dollars environ

DUBAÏ: Réduire la dépendance excessive vis-à-vis du pétrole est depuis longtemps l’objectif des décideurs économiques de l’Arabie saoudite et du reste des États du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Toutefois, les revenus que les gouvernements régionaux tirent des exportations de brut demeurent fondamentaux.

Une nouvelle étude de Farouk Soussa, économiste chez Goldman Sachs, montre à quel point ce revenu est important, en particulier dans le climat actuel de hausse des prix du pétrole.

Le brut Brent a récemment atteint un pic, revenant au-dessus du niveau de 70 dollars (58,67 euros) le baril qu’il affichait quelque temps avant que la pandémie de Covid-19 ne soit officiellement déclarée, grâce au contrôle strict de l'offre par l'alliance Opep+.

L'effet à moyen terme sur les soldes publics du CCG à partir de ce niveau de prix est significatif, principalement parce que les gouvernements n’ont que partiellement réussi à limiter leur dépendance économique vis-à-vis du produit de base.

«En moyenne, la proportion des revenus du gouvernement qui proviennent directement des activités pétrolières dans le CCG a chuté de 20% du total au cours de la dernière décennie, mais elle plafonne à 60%», déclare M. Soussa.

Certains décideurs politiques régionaux ont jugé la notion de «seuil de rentabilité» du pétrole controversée; mais M. Soussa souligne qu'il fait partie de la vie économique. «Les seuils de rentabilité dépendent de paramètres politiques plus larges tels que les dépenses publiques et les taux de production pétrolière, mais ils sont également tributaires des politiques de diversification», explique-t-il.

Le seuil de rentabilité des budgets budgétaires est calculé à 70 dollars le baril dans le CCG, tandis que celui du commerce extérieur est inférieur, s’élevant à 50 dollars environ.

 

«Les trois pays qui, jusqu’à présent, ont introduit la TVA sont ceux qui ont le mieux réussi à diversifier leurs revenus, l'Arabie saoudite surpassant considérablement ses pairs.»

Farouk Soussa, économiste chez Goldman Sachs

Si les niveaux de prix actuels se maintiennent à court ou moyen terme, l'effet sur les économies régionales serait significatif et pourrait commencer à se manifester dès cette année. Les budgets établis au mois de décembre prévoyaient un prix du pétrole d'environ 50 dollars le baril, prix largement dépassé au premier trimestre. Goldman Sachs prévoit une moyenne de 73 dollars le baril en 2021.

Cela donne aux décideurs une marge de manœuvre importante. Malgré tous les discours récents sur la fuite des réserves de change des gros budgets et l’augmentation de la dette, il est remarquable de voir à quel point ces indicateurs réagissent à une hausse, même modeste, du prix du brut.

M. Soussa estime que le CCG devrait emprunter un total de 270 milliards de dollars (soit 226 milliards d’euros) au cours des trois prochaines années si le Brent reste à 45 dollars le baril, mais que cela se réduirait pratiquement à 65 dollars le baril – un besoin d'emprunt de 10 milliards de dollars.

Cela pourrait se traduire par l’inversion des déficits budgétaires, ou par le fait que les décideurs pourraient continuer à enregistrer des déficits aux niveaux actuels et à emprunter de l'argent pour financer les grands programmes d'investissement tels que la stratégie Vision 2030 de l'Arabie saoudite, qui a pour objectif d’accélérer la diversification afin de moins dépendre du pétrole.

M. Soussa souligne également le succès apparent de l'introduction de la TVA dans l'équation économique de la région, et le rôle qu’elle a joué dans la diversification des recettes publiques.

«Les trois pays qui, jusqu’à présent, ont introduit la TVA sont ceux qui ont le mieux réussi à diversifier leurs revenus, l'Arabie saoudite surpassant considérablement ses pairs et réduisant de près de moitié la part du pétrole dans les revenus totaux», explique-t-il, mettant en exergue le système de la taxation «proactive» du Royaume, qui a porté la TVA à 15% au plus fort des confinements de la pandémie de Covid-19, l'été dernier.

Quelles que soient les incursions futures dans d'autres formes de taxation dans le CCG, le prix du brut restera l'indicateur le plus important de la santé économique régionale des prévisions d’avenir.

C'est un cercle vertueux économique: la hausse des prix du pétrole donne aux décideurs les ressources nécessaires pour éviter une augmentation des prix du pétrole.


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.


Face à l'explosion des dépenses militaires, l'ONU appelle à «repenser les priorités»

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
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  • "Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres
  • Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an

NATIONS-UNIES: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté.

"Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres.

Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an.

C'est "l'équivalent de 334 dollars par habitant de la planète", "près de 13 fois le montant de l'aide publique au développement des pays les plus riches et 750 fois le budget ordinaire de l'ONU", a noté Antonio Guterres.

Et en parallèle, la majorité des Objectifs de développement durables (ODD) visant à améliorer le sort de l'humanité d'ici 2030 (éradication de l'extrême pauvreté, égalité hommes-femmes, éducation...) ne sont pas sur la bonne voie.

Pourtant, mettre un terme à la faim dans le monde d'ici 2030 nécessiterait seulement 93 milliards de dollars par an, soit 4% des dépenses militaires de 2024, et faire en sorte que chaque enfant soit totalement vacciné coûterait entre 100 et 285 milliards par an, note le rapport demandé par les Etats membres.

Au total, l'ONU estime aujourd'hui à 4.000 milliards de dollars les investissements supplémentaires nécessaires chaque année pour atteindre l'ensemble des ODD, un montant qui pourrait grimper à 6.400 milliards dans les prochaines années.

Alors le secrétaire général de l'ONU a lancé un "appel à l'action, un appel à repenser les priorités, un appel à rééquilibrer les investissements mondiaux vers la sécurité dont le monde a vraiment besoin".

"Des dépenses militaires excessives ne garantissent pas la paix, souvent elles la sapent, encourageant la course aux armements, renforçant la méfiance et détournant des ressources de ce qui représentent les bases de la stabilité", a-t-il ajouté. "Un monde plus sûr commence par investir au moins autant pour lutter contre la pauvreté que nous le faisons pour faire la guerre".

"Rediriger même une fraction des dépenses militaires actuelles pourraient combler des écarts vitaux, envoyer des enfants à l'école, renforcer les soins de santé de base, développer les énergies propres et des infrastructures résistantes, et protéger les plus vulnérables", a-t-il plaidé.