Menacés d’expulsion, des Palestiniens de Jérusalem en appellent à une action mondiale

Des manifestants près de la maison d'une famille palestinienne, qu'un tribunal israélien avait ordonné d'expulser en déclarant que les colons israéliens étaient les propriétaires légaux, Sheikh Jarrah, Jérusalem, 18 janvier 2019 (Photo, AFP)
Des manifestants près de la maison d'une famille palestinienne, qu'un tribunal israélien avait ordonné d'expulser en déclarant que les colons israéliens étaient les propriétaires légaux, Sheikh Jarrah, Jérusalem, 18 janvier 2019 (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 19 mars 2021

Menacés d’expulsion, des Palestiniens de Jérusalem en appellent à une action mondiale

  • Les Palestiniens sont classés comme résidents dont les permis peuvent être révoqués
  • La Jordanie a fourni aux représentants légaux tous les documents pertinents en sa possession

AMMAN: Les batailles juridiques pour empêcher l'expulsion de 28 familles palestiniennes de leurs maisons dans le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem semblaient vouée à l’échec jeudi.

Les tribunaux israéliens ont donné aux habitants du quartier de Jérusalem-Est jusqu'au mois de mai pour libérer les lieux afin de permettre aux colons juifs de s'y installer.

Fadi Hidmi, le ministre palestinien des Affaires de Jérusalem, a appelé la communauté internationale à intervenir afin de mettre fin aux expulsions.

Il a félicité la Jordanie pour son «soutien continu aux habitants de Jérusalem», saluant la «coopération du pays avec le ministère palestinien des Affaires étrangères afin de transmettre aux avocats de Jérusalem les documents originaux qui prouvent les droits des habitants de Sheikh Jarrah, et rejettent les affirmations israéliennes».

Wasfi Kailani, directeur exécutif du Fonds hachémite pour la restauration de la mosquée Al-Aqsa et du Dôme du Rocher, affirme à Arab News que «la ténacité et le courage» sont nécessaires pour contester la politique de substitution.

Il révèle que la Jordanie a fourni aux représentants légaux tous les documents pertinents en sa possession. Les documents comprennent les contrats de location des 28 locataires de Sheikh Jarrah, en date de 1956, avec l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).

Jessica Montel, directrice exécutive de HaMoked, une ONG israélienne de défense des droits de l’homme œuvrant à Jérusalem, assure à Arab News que les tribunaux israéliens sont «complices» du déplacement forcé de familles entières, dans le but clair et net de remplacer les Palestiniens par des colons israéliens.

«L'hypocrisie est tout à fait flagrante: si les Juifs peuvent récupérer des biens à Jérusalem-Est qu'ils possédaient avant 1948, le tribunal bloque toute option pour les Palestiniens de récupérer leurs biens à Jérusalem-Ouest», a-t-elle souligné.

L'agence de presse officielle palestinienne Wafa rapporte que Hidmi a appelé à une «intervention internationale urgente» dans le but d’arrêter les expulsions dans les quartiers de Jérusalem de Sheikh Jarrah et Silwan.

«La communauté internationale est tenue d'intervenir immédiatement et de toute urgence pour faire pression sur le gouvernement israélien afin qu'il arrête le déplacement des Palestiniens de leurs foyers dans la ville occupée, à la lumière de l'insistance des institutions gouvernementales et judiciaires israéliennes à bafouer les décisions de légitimité internationale», a-t-il signalé.

Le ministre affirme par ailleurs qu’expulser les Palestiniens de leurs maisons dans la ville est politiquement motivé, et visait à mettre en œuvre des plans d’établissement de colonies israéliennes.

 «Ce qui est se passe maintenant, est un processus systématique programmé de remplacement des Palestiniens expulsés de leurs terres et de leurs biens par des colons étrangers», ajoute-t-il.

Dana Mills, directeur du développement et des relations extérieures de l'organisation israélienne Peace Now, déclare que le «tribunal n'est que l'outil que les colons, avec l'aide étroite des autorités de l'État, utilisent afin de commettre leur crime de déplacer une communauté entière et la remplacer».

Elle insiste que le gouvernement israélien et les colons n’ont aucun problème à déplacer des milliers de Palestiniens de Sheikh Jarrah et de Silwan au nom du «droit au retour» des propriétés avant 1948. Paradoxalement, ils affirment avec véhémence que les millions d'Israéliens qui vivent dans les propriétés palestiniennes d’avant 1948 ne peuvent absolument pas être expulsés.

«Nous n’avons pas assisté à une telle déportation à Jérusalem depuis l'évacuation du quartier Moghrabi (quartier marocain) dans le but d'agrandir la place du Mur occidental en 1967. Le gouvernement a encore le temps de mettre un terme à cette injustice», ajoute Mills.

Nabil Abou Rudeineh, porte-parole de la présidence palestinienne, condamne «les attaques israéliennes sans fin contre le peuple palestinien», et rappelle que de telles mesures «n'apporteront certainement la paix à personne».

Bien que les Palestiniens vivent à Jérusalem-Est, une partie du territoire palestinien internationalement reconnu qui est soumis à l'occupation militaire israélienne depuis 1967, ils se voient refuser le droit à la citoyenneté et sont plutôt classés comme résidents dont les permis peuvent être révoqués s'ils quittent la ville pour un certain nombre années.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.