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Non seulement le régime iranien continue de soutenir la milice houthie qui déstabilise le Yémen mais, en réalité, il intensifie le conflit par procuration.
La façon dont les Houthis ont intensifié leurs attaques contre l'Arabie saoudite en offre un exemple frappant. Même les responsables américains ont reconnu cette escalade. Un haut responsable de la défense a ainsi déclaré à NBC News: «Bien sûr, nous sommes conscients de l’augmentation préoccupante des attaques transfrontalières menées par les Houthis avec divers moyens, y compris des missiles de croisière, des missiles balistiques et des drones.»
Les États-Unis, de même que la France, l'Allemagne, l'Italie et le Royaume-Uni, ont condamné la semaine dernière «l’escalade majeure des attaques que les Houthis ont menées et revendiquées contre l'Arabie saoudite».
Plus de quarante drones et missiles ont été lancés sur l'Arabie saoudite par les Houthis pour le seul mois de février. Les armes sophistiquées que la milice utilise proviennent très probablement du régime iranien. D’après un rapport de l'ONU publié en janvier dernier, il y a de fortes chances que Téhéran fournisse des armes aux Houthis. Le rapport du groupe d'experts de l'ONU indique que «de plus en plus de preuves suggèrent que, en Iran, des individus ou des entités fournissent aux Houthis une quantité importante d'armes ainsi que d’autres pièces.» L'Iran compte principalement sur la route maritime pour faire passer des armes aux Houthis, bien que plusieurs envois à destination d’un Yémen décimé par la guerre aient été saisis.
Le régime iranien entend intensifier le conflit et s’ingérer dans les affaires intérieures du Yémen de plusieurs manières. Tout d'abord, en parrainant les Houthis, le régime tente de gagner de l'influence sur l'administration Biden avant d'éventuelles négociations sur de nouveaux accords nucléaires.
Deuxièmement, le modus operandi de Téhéran consiste à contrôler d'autres nations par l'intermédiaire de ses mandataires. Au début du conflit au Yémen, Massoud Jazayeri, ancien chef adjoint des forces armées iraniennes, a déclaré à l’agence de presse iranienne Tasnim que Téhéran était prêt à reproduire le processus qu’il avait adopté en Syrie et à l’appliquer également au Yémen.
Troisièmement, les ambitions hégémoniques régionales de l'Iran poussent ses dirigeants à contrer le pouvoir d'autres acteurs étatiques, principalement l'Arabie saoudite, affaiblissant leur importance stratégique, économique et géopolitique afin de faire pencher la balance des pouvoirs du Moyen-Orient en faveur de Téhéran.
Si l'on peut affirmer que le Yémen ne représente pas une menace pour la sécurité nationale de l'Iran, il en est une pour l'Arabie saoudite, puisque les deux pays partagent une frontière.
Les ambitions hégémoniques régionales de l’Iran poussent ses dirigeants à contrer le pouvoir d’autres acteurs étatiques.
Dr. Majid Rafizadeh
Une dimension importante de l’implication de l’Iran au Yémen est idéologique. Un pilier central de sa politique étrangère est ancré dans ses prétendus principes révolutionnaires islamiques. Le principal décideur de la politique étrangère de l’Iran est le Guide suprême, Ali Khamenei, qui poursuit l’idéologie de son prédécesseur, l’ayatollah Khomeini. L’une des «valeurs révolutionnaires» sous-jacentes de Khamenei est qu’il se considère comme le chef du monde musulman. Par conséquent, du point de vue de Khamenei, influencer et diriger les affaires politiques de chaque pays musulman, y compris le Yémen, relève de son devoir religieux et idéologique.
L’antiaméricanisme est un autre des idéaux révolutionnaires de l’Iran. Khamenei considère sa rhétorique et sa projection du rôle croissant de l’Iran dans le conflit au Yémen comme une tactique pour contrebalancer le rôle de l’Amérique dans la région.
Malheureusement, l’administration Biden a encouragé et réhabilité les Houthis en retirant la désignation terroriste de la milice. Il incombe à la Maison Blanche de poursuivre une politique plus ferme à l’égard des Houthis et d’empêcher l’envoi d’armes iraniennes au groupe.
• Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard. Twitter: @Dr_Rafizadeh
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Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
