Le reconfinement fragilise encore le commerce parisien

Des clients regardent les présentoirs d'un magasin Birkenstock à Paris, le 26 février 2021.  (Alain JOCARD / AFP)
Des clients regardent les présentoirs d'un magasin Birkenstock à Paris, le 26 février 2021. (Alain JOCARD / AFP)
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Publié le Samedi 20 mars 2021

Le reconfinement fragilise encore le commerce parisien

  • "J'ai eu de la chance de pouvoir ouvrir en décembre!" Dans son magasin de vêtements de l'avenue de la République, dans le 11e arrondissement de Paris, Christian Mora tente de positiver
  • Le départ de Parisiens le temps du reconfinement ne va rien arranger

PARIS : Les commerces dits "non-essentiels" d'Ile-de-France et des Hauts-de-France ont de nouveau dû fermer samedi. Cette décision déstabilise un peu plus leur activité, notamment à Paris où les difficultés s'empilent malgré les aides, entre touristes absents, télétravail et changement d'habitudes de consommation.

"J'ai eu de la chance de pouvoir ouvrir en décembre!" Dans son magasin de vêtements de l'avenue de la République, dans le 11e arrondissement de Paris, Christian Mora tente de positiver. 

"Bon, j'étais fermé en novembre, qui est mon plus gros mois, et là ça va me faire deux saisons printemps/été compliquées en deux ans"...

Il a ouvert il y a 11 ans sa boutique, le 26 Brumaire, et se réjouit aujourd'hui d'être "spécialisé, ce qui permet d'être connu par le bouche à oreille", et aussi d'être localisé "dans un quartier où il n'y a pas beaucoup de touristes".

Il va devoir fermer à nouveau ses portes comme quelque 110.000 autres commerces dans 16 départements de France, (Ile-de-France, Hauts-de-France, Alpes-Maritimes, Seine-Maritime, Eure), parce que ne vendant pas des produits définis comme étant de première nécessité.

Tourisme et télétravail

Christian Mora ne se plaint pas, mais c'est un nouveau coup dur pour le moral des commerçants parisiens. Il y a eu les années précédentes les mouvements sociaux des gilets jaunes et contre la réforme des retraites, qui ont détourné certains consommateurs des centre-villes. 

Et depuis 2020, la crise du Covid-19 détourne de la capitale deux clientèles importantes: d'une part, les touristes sont encore loin d'avoir fait leur retour.

D'autre part, le télétravail a fait baisser la fréquentation, parfois drastiquement, dans de nombreux quartiers de bureaux. "A la Défense, il n'y a que 20% des salariés dans les tours", regrette auprès de l'AFP Didier Kling, le président de la Chambre de commerce et d'industrie d'Ile-de-France.

Le spécialiste de la consommation Nielsen IQ a observé le phénomène à Barcelone, Londres, Chicago comme à Paris: les citadins ont modifié "leur parcours d'achat de biens de consommation", choisissant souvent des enseignes "plus proches du domicile", souvent en périphérie. 

Le départ de Parisiens le temps du reconfinement ne va rien arranger.

"Globalement, 95% de l'activité économique fonctionne bien, mais en Ile-de-France un peu moins parce que c'est une région très ouverte sur l'extérieur, très sensible au tourisme, à l'activité événementielle et aéroportuaire", explique encore Didier Kling. Soit trois activités mises à genoux par le Covid-19.

En moyenne, la fermeture des commerces en Île-de-France et dans les Hauts-de-France représente "plus de 30% de chiffre d'affaires" en moins pour les réseaux d'enseigne, alerte vendredi l'Alliance du Commerce, qui représente le commerce de centre-ville, les grands magasins ou encore des enseignes de l'habillement et de la chaussures.

Et la proportion "est proche de 100% pour les grands magasins dont les locomotives commerciales sont situées à Paris et en Ile-de-France!", s'émeut la même source, réclamant "la mise en place en urgence d'aides adaptées".

Disparités géographiques et sectorielles 

Or, il est de plus en plus difficile de s'y retrouver, même entre les commerces considérés comme "non-essentiels", qui ne sont plus tous logés à la même enseigne.

Il y a des disparités géographiques, bien sûr, entre régions sous reconfinement ou non. Mais il y a aussi des disparités sectorielles, avec des produits d'aménagement de la maison ou de la décoration, par exemple, qui restent plus porteurs que l'hygiène/beauté ou l'habillement.

Le gouvernement, pour ce troisième confinement, a élargi les catégories de produits et services qui pourront continuer leur activité: librairies, disquaires, coiffeurs, fleuristes, chocolatiers, concessions automobiles (sur rendez-vous)...

Mais la confédération patronale CPME a en tout cas demandé vendredi de nouvelles aides pour les petites entreprises, notamment une "prise en charge réelle des loyers", un problème notamment à Paris où ils sont très élevés.

Pour l'instant, le ministère de l'Economie table sur une utilisation accrue des aides existantes: le fonds de solidarité, le chômage partiel et les exonérations de charges. 

Le plafond de compensation de perte du chiffre d'affaires, de 1.500 euros pour la plupart des secteurs, est désormais de 200.000 euros par mois, dans la limite de 20% du chiffre d'affaires, pour les activités touchées par l'interdiction d'accueillir du public ou les secteurs connexes.


France: un Ukrainien inculpé pour le meurtre d'une Franco-Russe dans un conflit de voisinage

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  • Selon le parquet, il y avait de la part de cette femme "une attitude régulièrement agressive avec des menaces de mort envers" ses voisins ukrainiens arrivés en France en mars 2022 pour fuir l'invasion de leur pays par la Russie
  • Née au Kazakhstan en 1967, alors en URSS, elle était arrivée en France en 2004, d'après la même source

EVREUX: Un Ukrainien de 69 ans a été inculpé pour meurtre et placé sous contrôle judiciaire après le décès mardi de sa voisine franco-russe à Evreux, dans le nord de la France, lors d'un différend de voisinage, a-t-on appris vendredi auprès du parquet local.

Un couple de retraités ukrainiens ainsi que leur amie avaient été agressés avec un couteau d'environ 20 cm par leur voisine franco-russe, vers 5H00 locales (7H00 GMT) dans la nuit de lundi à mardi, a expliqué le procureur de la République d'Evreux Rémi Coutin lors d'une conférence de presse.

Le mari du couple ukrainien aurait alors retourné l'arme blanche contre sa voisine la blessant à trois reprises, dont une mortelle à la cuisse, toujours selon le procureur.

"Pour nous c'est la victime, celle qui a reçu les coups de couteau et est décédée mardi matin, qui était venue agresser au moins à deux reprises cette nuit-là les personnes ukrainiennes qui se trouvaient dans l'appartement au-dessus d'elle", a déclaré Rémi Coutin, justifiant ainsi le non placement en détention de l'auteur présumé des faits.

Selon le parquet, il y avait de la part de cette femme "une attitude régulièrement agressive avec des menaces de mort envers" ses voisins ukrainiens arrivés en France en mars 2022 pour fuir l'invasion de leur pays par la Russie.

Née au Kazakhstan en 1967, alors en URSS, elle était arrivée en France en 2004, d'après la même source.

Un voisin a déclaré avoir passé la soirée à boire des bières chez la quinquagénaire avant que celle-ci ne décide "de monter le son de la musique, de donner des coups de balai dans le plafond afin d'embêter ses voisins du dessus", puis de se rendre chez eux pour une première altercation.

Déjà condamné à cinq reprises pour violences, ce voisin est mis en examen pour violences aggravées pour avoir frappé l'homme ukrainien lors cette première rencontre nocturne, a relevé le parquet.

Un habitant de l'immeuble a indiqué lors de son audition qu'il avait déjà demandé l'intervention à la police les 22 et 30 juin, parce que la victime était en train de donner des coups de poing dans la porte de l'appartement de ses voisins ukrainiens.

Entendu par la police, l'ex-mari de la femme franco-russe a relaté que s'agissant de la guerre entre la Russie et l'Ukraine, elle considérait que la Russie devait "se défendre, chasser les nazis d'Ukraine et lutter contre l'OTAN".

 


Audiovisuel public: Dati dégaine le «vote bloqué» pour accélérer les débats

Brigitte Macron et Rachida Dati. (AFP)
Brigitte Macron et Rachida Dati. (AFP)
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  • Vendredi matin, à la reprise, rien n'a laissé présager que les discussions puissent s'accélérer. Un peu plus d'une demi heure après le début des débats, Mme Dati a annoncé que le gouvernement demandait au Sénat "de se prononcer par un vote unique
  • Cette procédure très rarement utilisée permet d'accélérer les débats en n'organisant qu'un seul vote, sur le texte et les amendements que le gouvernement choisit de conserver

PARIS: Fin de session chaotique au Sénat: face à l'"obstruction" de la gauche, la ministre de la Culture Rachida Dati a dégainé vendredi matin l'arme constitutionnelle du "vote bloqué" sur la réforme de l'audiovisuel public, pour tenter d'aboutir avant les congés parlementaires.

C'est une nouvelle vicissitude pour ce texte au parcours chaotique, porté à bout de bras par la ministre face à l'hostilité des syndicats, et qui pour l'essentiel prévoit de créer le 1er janvier 2026 une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l'Ina (Institut national de l'audiovisuel), sous l'autorité d'un président-directeur général.

L'examen du texte a avancé à très faible allure jeudi: suspensions de séance à répétition, rappels au règlement, motions de rejet préalable, invectives en pagaille... En plus de huit heures de débats, les sénateurs ont à peine démarré l'examen de l'article premier de la proposition de loi du sénateur Laurent Lafon.

A la manoeuvre, la gauche, bien décidée à jouer la montre, alors que la session extraordinaire doit théoriquement s'achever vendredi à minuit.

Vendredi matin, à la reprise, rien n'a laissé présager que les discussions puissent s'accélérer. Un peu plus d'une demi heure après le début des débats, Mme Dati a annoncé que le gouvernement demandait au Sénat "de se prononcer par un vote unique sur l'ensemble du texte", "en application de l'article 44 alinéa 3 de la Constitution".

Cette procédure très rarement utilisée permet d'accélérer les débats en n'organisant qu'un seul vote, sur le texte et les amendements que le gouvernement choisit de conserver.

"Après plus de sept heures de débat, nous n'avons pu débattre que de 31 amendements sur ce texte. On a vu encore ce matin (...) de l'obstruction, toujours de l'obstruction et encore de l'obstruction", a-t-elle justifié. Il restait alors environ 300 amendements à débattre.

Les débats, suspendus vers 10H15, ont repris près de deux heures plus tard, et le président de séance Didier Mandelli (LR) a pris acte de la demande du gouvernement.

Débats "escamotés" 

Les orateurs de la gauche ont successivement protesté contre ce "coup de force", selon le mot de l'ancienne ministre socialiste Laurence Rossignol. "On parle de liberté de la presse. Mais commençons déjà par respecter les droits du Parlement", a-t-elle tonné, rappelant que le Sénat avait d'autres outils à sa disposition pour discipliner les discussions.

Et ce alors que les débats ont déjà été "escamotés" en première lecture à l'Assemblée le 30 juin, après le vote surprise d'un motion de rejet déposée par les écologistes, face aux bancs désertés de la coalition gouvernementale.

"C'est vous qui êtes responsables du fait que le débat ne peut pas avoir lieu. Ce n'est pas nous", leur a rétorqué le rapporteur du texte, Cédric Vial (LR).

Le président de la commission de la culture Laurent Lafon (UDI) a lui aussi défendu la décision du gouvernement, pointant une obstruction "caractérisée" destinée à "empêcher que le Sénat confirme son soutien" au texte.

Selon des sources parlementaires, la décision de déclencher le "vote bloqué" était sur la table depuis jeudi.

Mais, alors que le président du Sénat et le ministre des Relations avec le Parlement étaient enclins à laisser le débat se dérouler, "c'est bien Rachida Dati", en première ligne face à la gauche, qui "à un moment donné (...) a tranché pour tout le monde", selon un poids lourd.

Désormais, l'examen du texte devrait pouvoir "aller au bout" avant la fin de la session, selon cette source. Et revenir sans doute à l'automne à l'Assemblée, à une date indéterminée.


Trois députés contraints de démissionner après avoir été déclarés inéligibles par le Conseil constitutionnel

La ministre française de la Culture Rachida Dati et le Premier ministre français Gabriel Attal  s'adressent à la presse lors d'une visite de campagne pour soutenir la candidate du MoDem Maud Gatel  et le candidat de la Renaissance Jean Laussucq pour les élections législatives, sur un marché, à Paris, le 5 juillet 2024. (Photo d'archives AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati et le Premier ministre français Gabriel Attal s'adressent à la presse lors d'une visite de campagne pour soutenir la candidate du MoDem Maud Gatel et le candidat de la Renaissance Jean Laussucq pour les élections législatives, sur un marché, à Paris, le 5 juillet 2024. (Photo d'archives AFP)
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  • Les dépenses irrégulières "représentent 21% du montant des dépenses du compte et 10,2% du plafond des dépenses autorisées dans la circonscription" et s'élèvent à 7.030 euros, a précisé le Conseil constitutionnel
  • Brigitte Barèges a été épinglée pour avoir facturé la participation à sa campagne de deux collaborateurs de son cabinet à la mairie de Montauban, alors qu'elle en était la maire

PARIS: Trois députés, les élus Ensemble pour la République (EPR) Jean Laussucq et Stéphane Vojetta ainsi que celle de l'Union des droites (UDR) Brigitte Barèges, ont été déclarés inéligibles par le Conseil constitutionnel vendredi, en raison d'irrégularités dans leurs comptes de campagne.

Jean Laussucq, député de Paris, Brigitte Barèges, députée du Tarn-et-Garonne, et Stéphane Vojetta, député pour les Français établis hors de France, ont été déclarés inéligibles "pour une durée d'un an" et "démissionnaires d'office" de leurs mandats, a annoncé le Conseil constitutionnel.

Il est reproché à Jean Laussucq d'avoir réglé "des dépenses de campagne au moyen de son compte bancaire personnel" et d'avoir laissé des tiers régler "directement une part significative des dépenses exposées pour sa campagne électorale" de 2024.

Les dépenses irrégulières "représentent 21% du montant des dépenses du compte et 10,2% du plafond des dépenses autorisées dans la circonscription" et s'élèvent à 7.030 euros, a précisé le Conseil constitutionnel.

Brigitte Barèges a été épinglée pour avoir facturé la participation à sa campagne de deux collaborateurs de son cabinet à la mairie de Montauban, alors qu'elle en était la maire.

Enfin, le Conseil constitutionnel a reproché à Stéphane Vojetta, élu dans une circonscription comprenant notamment l'Espagne et le Portugal, d'avoir réglé "irrégulièrement" une "part substantielle des dépenses engagées", durant sa campagne, notamment des "frais de transport".

Des élections législatives partielles devront être organisées prochainement pour désigner des nouveaux députés.

Deux autres députés élus lors des législatives de juillet 2024 avaient dû remettre leurs sièges en jeu après des décisions du Conseil constitutionnel, dans le Jura et en Saône-et-Loire.