A Baghouz en Syrie, la vie reprend timidement deux ans après la chute de l'EI

La ville de Baghouz. (AFP)
La ville de Baghouz. (AFP)
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Publié le Vendredi 26 mars 2021

A Baghouz en Syrie, la vie reprend timidement deux ans après la chute de l'EI

  • Cette mère de sept enfants, dont l'aîné est âgé de treize ans, a perdu son mari dans l'explosion d'une mine, quelques mois avant que ce hameau situé à la frontière avec l'Irak soit repris aux jihadistes
  • Réfugiée avec ses enfants dans une maison à moitié détruite dans le village voisin de Soussa, la veuve de 40 ans est retournée il y a plusieurs mois à Baghouz pour y trouver la maison familiale en ruine

BAGHOUZ: Dalal Khaled passe ses journées à superviser la construction de sa maison à Baghouz, espérant retourner rapidement dans son village aux confins orientaux de la Syrie, où les forces kurdes avaient annoncé en mars 2019 la chute du "califat" du groupe Etat islamique (EI).

Cette mère de sept enfants, dont l'aîné est âgé de treize ans, a perdu son mari dans l'explosion d'une mine, quelques mois avant que ce hameau situé à la frontière avec l'Irak soit repris aux jihadistes.

"J'aurais aimé que mon mari soit là (...) Nous aurions fini de construire cette maison ensemble et redémarré notre vie" après une décennie de guerre, regrette-t-elle, debout devant le chantier.

Réfugiée avec ses enfants dans une maison à moitié détruite dans le village voisin de Soussa, la veuve de 40 ans est retournée il y a plusieurs mois à Baghouz pour y trouver la maison familiale en ruine. 

Elle a alors décidé de réaliser un vieux rêve de son mari: finir de construire à Baghouz une autre maison, dont les fondations avaient été posées avant sa mort.

Depuis, Mme Khaled fait chaque jour l'aller-retour entre les deux villages pour superviser les travaux.

"Notre situation (financière) est mauvaise. Les gens ont collecté de l'argent pour que je puisse bâtir la maison et y loger mes enfants orphelins", confie la mère de famille, vêtue d'une abaya noire et coiffée d'un voile. 

Elle discute avec les ouvriers, vérifie l'avancement des travaux et parcourt les ruelles étroites qui portent encore les traces des combats.

"Quand je me promène dans cette rue, j'explose en larmes (...) Cette guerre nous a fait tout perdre."

Nostalgique d'une époque révolue, Dalal affirme vouloir retourner coûte que coûte dans le village, malgré l'absence de services de base et le danger posé par les mines et les munitions abandonnées par les jihadistes.

Champs verdoyants 

Situé sur les rives de l'Euphrate, Baghouz avait attiré l'attention du monde entier il y a deux ans. 

Fer de lance de la lutte anti-EI en Syrie, les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes et soutenues par les Etats-Unis, y livraient alors leur ultime bataille contre les jihadistes. 

L'offensive meurtrière, qui avait duré plusieurs mois et déplacé des milliers de personnes, y compris des jihadistes et leurs familles, avait été couronnée le 23 mars 2019 par la défaite de l'EI, signifiant la fin du "califat" autoproclamé en 2014 sur un vaste territoire à cheval entre la Syrie et l'Irak.

Maisons détruites ou endommagées, grenadiers asséchés... L'ex-ultime fief jihadiste n'était plus que ruines.

Deux ans plus tard, le village a repris quelques couleurs, avec des champs verdoyants et des maisons reconstruites, même si plusieurs bâtisses sont toujours vides et que des restes de tentes --où s'étaient terrés les derniers irréductibles de l'EI-- et de voitures calcinées jonchent toujours les rues. 

"Une seule boulangerie" 

Dans une ruelle ayant servi en 2019 de porte d'évacuation pour les jihadistes et leurs familles, des enfants courent après la sortie de l'école.

Des dizaines de magasins ont rouvert leurs portes, mais l'activité reste timide.

"Il n'y a qu'une seule boulangerie (...) J'attends depuis l'aube pour avoir du pain", déplore Abou Nawras, 50 ans, qui a réparé il y a dix mois sa maison près de l'ancien camp jihadiste.

Bien que la situation sécuritaire "soit meilleure qu'avant", les infrastructures de base manquent cruellement, selon lui.

"Regardez autour de vous (...) Il n'y a ni électricité ni eau potable (...) La situation sanitaire est mauvaise et il n'y a pas assez de médicaments et pas d'hôpital", regrette Abou Khaled, un travailleur journalier de 40 ans.

À l'entrée du village, les combattants des FDS contrôlent les passants, par crainte d'une infiltration de membres de l'EI. Car malgré la chute du "califat", le groupe jihadiste lance encore des attaques meurtrières, visant les forces kurdes et des habitants qui leur sont affiliés.

Mardi, les FDS ont affirmé être désormais "au stade le plus difficile de (leur) lutte contre le terrorisme". 

L'EI mobilise toujours quelque 10 000 combattants en Irak et en Syrie, selon un récent rapport onusien, sans compter les 11 0000 jihadistes détenus dans les prisons kurdes ou leurs femmes et enfants retenus dans des camps.


Le Liban déterminé à retirer les armes du Hezbollah, assure le président Joseph Aoun

Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
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  • Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun
  • Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat

BEYROUTH: Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun, au lendemain d'un discours du chef de la formation soutenue par l'Iran, affirmant que demander son désarmement rendait service à Israël.

Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat dans un discours devant les militaires, à l'occasion de la Fête de l'Armée.

Le Liban est soumis à une intense pression, notamment des Etats-Unis, pour désarmer le Hezbollah, sorti affaibli d'une guerre avec Israël qui a pris fin en novembre 2024, mais qui conserve une partie de son arsenal.

Le président Aoun a appelé "toutes les parties politiques" à "saisir une occasion historique" pour que l'armée et les forces de sécurité aient "le monopole des armes (...) sur l'ensemble du territoire libanaise, afin de regagner la confiance de la communauté internationale".

Le chef du Hezbollah Naïm Qassem avait estimé mercredi que toute demande de désarmer son mouvement revenait à "servir le projet israélien", accusant l'émissaire américain Tom Barrack de recourir à la "menace et l'intimidation" dans le but "d'aider Israël".

Le chef de l'Etat a affirmé que le Liban traversait une "phase cruciale qui ne tolère aucune provocation de quelque côté que ce soit, ni aucune surenchère nuisible et inutile".

"Pour la millième fois, j'assure que mon souci de garder le monopole des armes découle de mon souci de défendre la souveraineté du Liban et ses frontières, de libérer les terres libanaises occupées et d'édifier un Etat qui accueille tous ses citoyens (..) dont vous en êtes un pilier essentiel", a-t-il ajouté, s'adressant au public du Hezbollah.

Joseph Aoun, élu en janvier, s'est engagé avec son gouvernement à ce que l'Etat recouvre sa souveraineté sur l'ensemble du territoire libanais.

Le Hezbollah est la seule formation armée libanaise à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile en 1990, au nom de la "résistance" contre Israël.


Le ministre saoudien des Médias et la PDG du SRMG discutent de l’avenir de la couverture sportive nationale

Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
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  • La filiale du SRMG, Thmanyah, a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026
  • Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a déclaré que le ministère est pleinement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives nationales

LONDRES : Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a rencontré dimanche Joumana Rashed Al-Rashed, directrice générale du Saudi Research and Media Group (SRMG), afin de discuter des développements à venir dans la couverture médiatique du sport en Arabie saoudite, a rapporté l’agence de presse saoudienne (SPA).

Cette rencontre intervient après que la filiale du SRMG, Thmanyah Company for Publishing and Distribution, a obtenu les droits de diffusion des compétitions sportives nationales. Arab News fait également partie du groupe SRMG.

Le PDG de Thmanyah, Abdulrahman Abumalih, était également présent à la réunion, au cours de laquelle les responsables ont examiné l’état de préparation des plateformes numériques et télévisuelles pour la diffusion des événements sportifs saoudiens. Les discussions ont porté sur l'avancement des infrastructures de studios, l’adoption de technologies innovantes, la stratégie éditoriale, les plateformes de diffusion et le calendrier de lancement des chaînes.

Thmanyah, acquise par le SRMG en 2021, est passée de la production de podcasts internes, comme Fnjan, à l’un des acteurs les plus influents de la région, avec des contenus variés en podcasts, radio et formats éditoriaux.

Dans un développement majeur survenu le mois dernier, Thmanyah a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026. L’accord inclut également la King Cup, la Saudi Super Cup, ainsi que la First Division League, et ce, jusqu’à la saison 2030–2031.

Salman Al-Dossary a affirmé que le ministère des Médias est entièrement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives saoudiennes, dans le but de renforcer la présence du Royaume sur la scène sportive mondiale et de répondre aux attentes des fans.

Cette réunion s’inscrit dans une série plus large de concertations entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. Ces échanges visent à aligner les efforts du secteur, améliorer la qualité des contenus, et soutenir les objectifs de Vision 2030, notamment en développant un secteur médiatique national fort et influent.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La solution à deux États, "clé de la stabilité régionale", déclare le ministre saoudien des Affaires étrangères à l’ONU

Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
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  • Le prince Faisal a déclaré que la paix régionale doit commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien
  • Le prince Faisal affirme qu'aucune relation ne sera établie avec Israël avant la création de l'État palestinien

NEW YORK: Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal ben Farhane, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à deux États dans le cadre du conflit israélo-palestinien constituait « la clé de la stabilité régionale ».

S’exprimant à l’ouverture d’une conférence internationale de haut niveau sur le règlement pacifique de la question palestinienne et la mise en œuvre de la solution à deux États, qui s’est tenue lundi au siège des Nations Unies, Faisal ben Farhane a souligné :

« Le Royaume considère que la solution à deux États est essentielle à la stabilité régionale. La conférence de New York constitue une étape charnière vers la concrétisation de cette solution. »

Faisal ben Farhane a réaffirmé que la paix dans la région devait commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien. Il a salué l’intention du président français Emmanuel Macron de reconnaître officiellement un État palestinien en septembre.

« Assurer la sécurité, la stabilité et la prospérité pour tous les peuples de la région passe d’abord par la justice envers le peuple palestinien, en lui permettant d’exercer ses droits légitimes, au premier rang desquels la création d’un État indépendant dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale », a-t-il déclaré.

Il a présenté l’Initiative de paix arabe comme le cadre fondamental pour toute solution juste et globale.

Le ministre a également appelé à une cessation immédiate de la catastrophe humanitaire à Gaza, et a confirmé que l’Arabie saoudite et la France avaient facilité le transfert de 300 millions de dollars de la Banque mondiale vers la Palestine.

Faisal ben Farhane a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts auprès de plusieurs pays afin d’obtenir une reconnaissance internationale de l’État de Palestine.

Il a catégoriquement rejeté toute idée de conditionner cette reconnaissance à un veto israélien, et a réaffirmé qu’aucune relation ne serait établie avec Israël avant la création d’un État palestinien.

Le ministre a exprimé son soutien aux efforts de réforme de l’Autorité palestinienne, et a noté que le président américain Donald Trump pourrait jouer un rôle majeur dans la résolution des conflits régionaux.

Faisal ben Farhane a également annoncé la signature, prévue mardi, de plusieurs protocoles d’accord avec différents secteurs palestiniens, dans le but de les renforcer.

Il a conclu en soulignant l’importance de maintenir l’élan diplomatique et la coordination internationale pour parvenir à une solution à deux États viable et pacifique.

Le coprésident de la conférence, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, a abondé dans le même sens, déclarant à la presse que d'autres pays pourraient reconnaître la Palestine dans les mois à venir.

« La France affirme le droit du peuple palestinien à la souveraineté sur ses terres », a-t-il affirmé.

Il a ajouté : « D’autres États pourraient reconnaître la Palestine dès septembre. La conférence sur la solution à deux États constitue une étape décisive dans sa mise en œuvre. Des engagements historiques seront pris. Le ciblage des civils à Gaza est inacceptable ; la guerre dans la bande dure depuis trop longtemps et doit cesser. »

Il a insisté sur le rôle de la communauté internationale pour transformer ce cadre en réalité concrète.

« Nous devons œuvrer pour faire de la solution à deux États une réalité tangible », a-t-il déclaré. « Qui répond aux aspirations légitimes du peuple palestinien. Nous avons enclenché une dynamique irréversible vers une solution politique au Moyen-Orient. »

Lors de la première session, le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa a salué la tenue de la conférence, qu’il a qualifiée d’opportunité cruciale pour la paix.

« La solution à deux États est une opportunité historique pour toutes les parties », a-t-il déclaré. « Nous sommes reconnaissants à l’Arabie saoudite et à la France pour avoir organisé cette conférence historique. »

Il a ajouté que la conférence envoyait un message clair de soutien international au peuple palestinien :

« La conférence sur la solution à deux États confirme au peuple palestinien que le monde est à ses côtés. »

Mohammad Mustafa a également appelé à l’unité politique entre la Cisjordanie et la bande de Gaza, exhortant le Hamas à déposer les armes en faveur d’un contrôle par l’Autorité palestinienne :

« Nous devons œuvrer à l’unification de la Cisjordanie et de Gaza. Nous appelons le Hamas à remettre ses armes à l’Autorité palestinienne », a-t-il déclaré.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com