Rallier extrême droite et islamistes, nouveau défi pour Netanyahu

Cette combinaison de photos créée le 26 mars 2021 montre (de gauche à droite) Itamar Ben Gvir, chef du parti israélien Puissance juive (Otzma Yehudit), le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, et Mansour Abbas, chef du parti islamique conservateur Liste arabe unie (Ra'am selon son acronyme hébreu) . (Photos, AFP)
Cette combinaison de photos créée le 26 mars 2021 montre (de gauche à droite) Itamar Ben Gvir, chef du parti israélien Puissance juive (Otzma Yehudit), le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, et Mansour Abbas, chef du parti islamique conservateur Liste arabe unie (Ra'am selon son acronyme hébreu) . (Photos, AFP)
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Publié le Samedi 27 mars 2021

Rallier extrême droite et islamistes, nouveau défi pour Netanyahu

  • « C'est historique, c'est ironique (...) c'est absurde » de voir le destin politique du seul Etat juif au monde lié à celui d'un parti islamiste
  • Les résultats complets des élections de mardi, tombés tard jeudi, ont de quoi donner le vertige dans ce système purement proportionnel

JERUSALEM : Surnommé le « magicien de la politique » pour sa capacité à louvoyer et se maintenir in extremis au pouvoir, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a hérité cette semaine d'un défi unique dans l'histoire d’Israël : rallier l'extrême droite et les islamistes dans un même gouvernement.

« C'est historique, c'est ironique (...) c'est absurde » de voir le destin politique du seul Etat juif au monde lié à celui d'un parti islamiste, lâche Gayil Talshir, professeure de sciences politiques à l'Université hébraïque de Jérusalem.

Les résultats complets des élections de mardi – les quatrièmes législatives en moins de deux ans – tombés tard jeudi, ont de quoi donner le vertige dans ce système purement proportionnel.

Certes le Likoud (droite) de M. Netanyahu a bien terminé en première place avec 30 sièges sur les 120 de la Knesset, le Parlement, suivi de la formation Yesh Atid (« Il y a un futur ») du rival centriste Yaïr Lapid avec 17 sièges.

Mais s'alignent ensuite 11 partis (arabes, ultra-orthodoxes, centre, droite nationaliste, gauche, conservateurs, droite radicale, extrême droite) se répartissant en trois grands camps: les « pro-Netanyahu », les « anti-Netanyahu » et les « non-alignés ».

« Faiseurs de roi »

M. Netanyahu et ses alliés réunissent 52 sièges, tandis que Yaïr Lapid et ses partenaires potentiels en obtiennent jusqu'à 57. Le sort des deux camps, pour atteindre la majorité de 61 sièges, repose désormais entre les mains de deux partis.

Pour rester sur son trône, M. Netanyahu doit, à moins de défection, convaincre deux « faiseurs de roi » de le rejoindre: le ténor de la droite radicale Naftali Bennett, et Mansour Abbas, le chef du petit parti islamiste Raam qui a surpris Israël cette semaine en faisant élire quatre députés à la Knesset.

Et il doit non seulement tenter de les réunir, mais il doit le faire sans perdre le soutien d'un de ses alliés, la liste d'extrême droite « Sionisme religieux », ouvertement hostile aux Arabes et aux musulmans.

« C'est totalement bizarre de voir que Mansour Abbas pourrait permettre aux éléments les plus islamophobes du pays d'être au gouvernement », note Mme Talshir, jugeant toutefois ce scénario plausible.

« Mansour Abbas joue en tacticien. L'idée est que M. Netanyahu va lui promettre un budget pour aider le secteur arabe », en contrepartie de quoi il appuierait un futur gouvernement Netanyahu sans en faire partie, ajoute-t-elle.

Dès jeudi, l'extrême droite, menée par le controversé Itamar Ben Gvir, quarantenaire inculpé à de nombreuses reprises pour incitation au racisme et soutien au terrorisme anti-arabe, a rejeté tout pacte avec Mansour Abbas.

« Mais ce n'est pas le fin mot de l'histoire », commente vendredi la journaliste Sima Kadmon dans les pages du Yediot Aharonot, titre le plus vendu de la presse israélienne.

« Netanyahu est capable de presser une pierre pour en extraire de l'eau » et pourrait « offrir la lune » à l'extrême droite pour qu'elle accepte un gouvernement soutenu par les islamistes, selon elle.

Marchandage

Dans cette saga politique, Mansour Abbas « peut flirter avec tous les partis (...) c'est une question de pragmatisme et de nombre », résume Amal Jamal, professeur de sciences politiques à l'université de Tel-Aviv.

Car Yaïr Lapid pourrait lui aussi contribuer à faire monter les enchères en tentant de former un gouvernement soutenu par les deux formations arabes du pays, la « Liste unie », hostile à M. Netanyahu, et celle de Mansour Abbas.

Ensemble, ces deux formations arabes pourraient faire de M. Lapid le futur Premier ministre d'Israël. Mais ces derniers mois, ces partis, qui étaient encore l'an dernier unis sous une même bannière, se sont écharpés, poussant Mansour Abbas à diriger sa propre liste.

Ce dernier semble vouloir monnayer son soutien au prix fort, affirmant que les élections placent son parti en position de « faiseur de roi ».

« J'avais dit que quand nous deviendrions une force politique indépendante, confiante en elle et efficace, de larges options seraient ouvertes et que nous sortirions de la tutelle de la gauche sans entrer dans celle de la droite (...) c'est en train de se passer maintenant », a-t-il déclaré vendredi.

« Les intérêts de notre communauté arabe seront les paramètres de la décision finale », a-t-il ajouté.

« Israël est en proie à une grave crise politique » qui se poursuivra si les différentes forces politiques « ne comprennent pas que les partis arabes ont un rôle à jouer ».

 


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".

 


Liban: l'armée annonce six arrestations après une attaque visant des Casques bleus

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
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  • L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban
  • "Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité

BEYROUTH: Six personnes ont été arrêtées au Liban, soupçonnées d'être impliquées dans une attaque d'une patrouille de Casques bleus jeudi dans le sud du pays, qui n'a pas fait de blessés, a annoncé l'armée libanaise samedi.

L'incident s'était produit jeudi soir, selon un communiqué de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) quand "des Casques bleus en patrouille ont été approchés par six hommes sur trois mobylettes près de Bint Jbeil". "Un homme a tiré environ trois coups de feu sur l'arrière du véhicule. Personne n'a été blessé".

L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban, où, déployée depuis 1978, elle est désormais chargée de veiller au respect du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la dernière guerre entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

"Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité.

Bastion du Hezbollah, le sud du Liban subit ces dernières semaines des bombardements réguliers de la part d'Israël, qui assure viser des cibles du mouvement chiite et l'accuse d'y reconstituer ses infrastructures, en violation de l'accord de cessez-le-feu.

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre.

Mercredi, le quartier général de la Finul a accueilli à Naqoura, près de la frontière avec Israël, de premières discussions directes, depuis des décennies, entre des responsables israélien et libanais, en présence de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le président libanais, Joseph Aoun, a annoncé de prochaines discussions à partir du 19 décembre, qualifiant de "positive" la réunion tenue dans le cadre du comité de surveillance du cessez-le-feu, disant que l'objectif était d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban.


Les efforts pour panser les «profondes divisions» de la Syrie sont ardus mais «pas insurmontables», déclare Guterres

Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
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  • Antonio Guterres salue "la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", "la résilience et le courage" des Syriens
  • La transition offre l'opportunité de "forger une nation où chaque Syrien peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité"

NEW YORK : Les efforts pour guérir les "profondes divisions" de la Syrie seront longs et ardus mais les défis à venir ne sont "pas insurmontables", a déclaré dimanche le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'occasion du premier anniversaire de la chute du régime Assad.

Une offensive surprise menée par une coalition de forces rebelles dirigées par Hayat Tahrir al-Sham et des milices alliées a rapidement balayé les zones tenues par le régime à la fin du mois de novembre 2024. En l'espace de quelques jours, elles se sont emparées de villes clés et ont finalement capturé la capitale Damas.

Le 8 décembre de l'année dernière, alors que les défenses du régime s'effondraient presque du jour au lendemain, le président de l'époque, Bachar Assad, a fui la République arabe syrienne, mettant fin à plus de 50 ans de règne brutal de sa famille.

"Aujourd'hui, un an s'est écoulé depuis la chute du gouvernement Assad et la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", a déclaré M. Guterres, saluant la "résilience et le courage" des Syriens "qui n'ont jamais cessé de nourrir l'espoir en dépit d'épreuves inimaginables".

Il a ajouté que cet anniversaire était à la fois un moment de réflexion sur les sacrifices consentis en vue d'un "changement historique" et un rappel du chemin difficile qui reste à parcourir pour le pays.

"Ce qui nous attend est bien plus qu'une transition politique ; c'est la chance de reconstruire des communautés brisées et de guérir de profondes divisions", a-t-il déclaré, ajoutant que la transition offre l'occasion de "forger une nation où chaque Syrien - indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique - peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité".

M. Guterres a souligné que les Nations Unies continueraient à soutenir les Syriens dans la mise en place de nouvelles institutions politiques et civiques.

"Les défis sont importants, mais pas insurmontables", a-t-il déclaré. "L'année écoulée a montré qu'un changement significatif est possible lorsque les Syriens sont responsabilisés et soutenus dans la conduite de leur propre transition.

Il a ajouté que les communautés à travers le pays construisent de nouvelles structures de gouvernance et que "les femmes syriennes continuent de mener la charge pour leurs droits, la justice et l'égalité".

Bien que les besoins humanitaires restent "immenses", il a souligné les progrès réalisés dans la restauration des services, l'élargissement de l'accès à l'aide et la création de conditions propices au retour des réfugiés et des personnes déplacées.

Des efforts en matière de justice transitionnelle sont en cours, a-t-il ajouté, ainsi qu'un engagement civique plus large. M. Guterres a exhorté les gouvernements à soutenir fermement une "transition dirigée par les Syriens et prise en charge par les Syriens", précisant que le soutien doit inclure le respect de la souveraineté, la suppression des obstacles à la reconstruction et un financement solide pour le redressement humanitaire et économique.

"En ce jour anniversaire, nous sommes unis dans un même but : construire les fondations de la paix et de la prospérité et renouveler notre engagement en faveur d'une Syrie libre, souveraine, unie et ouverte à tous", a ajouté M. Guterres.