Rapport de l'OMS: Pékin accusé de manque de coopération

Afin de se préparer aux inévitables crises sanitaires à venir, Tedros Adhanom Ghebreyesus et le président du Conseil européen Charles Michel ont appelé mardi à élaborer un «traité international sur les pandémies» (Photo, AFP).
Afin de se préparer aux inévitables crises sanitaires à venir, Tedros Adhanom Ghebreyesus et le président du Conseil européen Charles Michel ont appelé mardi à élaborer un «traité international sur les pandémies» (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 31 mars 2021

Rapport de l'OMS: Pékin accusé de manque de coopération

  • Le patron de l'OMS a demandé une enquête sur l'hypothèse d'une fuite du virus d'un laboratoire, et critiqué le partage insuffisant des données par la Chine
  • Le rapport de l'OMS est «un premier pas utile» mais des «investigations supplémentaires devront être poursuivies», a réagi de son côté l'UE

WASHINGTON: Les Etats-Unis et treize pays alliés ont exprimé mardi leurs «préoccupations» dans une déclaration commune au sujet du rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur l'origine du Covid-19, réclamant à la Chine de donner «pleinement accès» à ses données.

Le patron de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a demandé de son côté une enquête sur l'hypothèse d'une fuite du virus d'un laboratoire en Chine pour expliquer l'origine de la pandémie, et critiqué le partage insuffisant des données par Pékin lors de la mission des experts internationaux cet hiver.

Ces experts, missionnés du 14 janvier au 9 février en Chine, où sont apparus les premiers cas de la maladie en décembre 2019, ont pourtant estimé que l'hypothèse d'une fuite d'un laboratoire était la moins probable.

Cette hypothèse a été défendue avec force par l'administration américaine sous la présidence de Donald Trump. La Chine a toujours nié cette possibilité.

«L'étude d'experts internationaux sur l'origine du virus SARS-CoV-2 a été retardée de manière significative (...). Il est crucial que des experts indépendants puissent avoir pleinement accès à toutes les données», a affirmé la nouvelle administration américaine dans une déclaration co-signée, entre autres, par le Royaume-Uni, Israël, le Canada, le Japon, l'Australie, le Danemark ou encore la Norvège.

Le rapport de l'OMS est «un premier pas utile» mais des «investigations supplémentaires devront être poursuivies», a réagi de son côté l'Union européenne.

Traité international sur les pandémies

Les auteurs du rapport ont jugé la transmission du virus à l'être humain par un animal intermédiaire non encore identifié «probable à très probable», tandis que l'hypothèse d'un incident de laboratoire est au contraire qualifiée d'«extrêmement improbable».

Les experts n'écartent pas l'hypothèse d'une transmission par de la viande surgelée -- piste privilégiée par Pékin --, jugeant ce scénario «possible».

Afin de se préparer aux inévitables crises sanitaires à venir, Tedros Adhanom Ghebreyesus et le président du Conseil européen Charles Michel ont appelé mardi à élaborer un «traité international sur les pandémies».

«Aucun gouvernement ni aucun organisme multilatéral ne peut, seul, faire face à cette menace», soulignent les dirigeants d'une vingtaine de pays dans une tribune publiée mardi dans de nombreux quotidiens internationaux.

Parmi les signataires figurent le président français Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre britannique Boris Johnson, les présidents sud-coréen Moon Jae-in, sud-africain Cyril Ramaphosa, indonésien Joko Widodo et chilien Sebastian Piñera.

L'égalité femme-homme en recul

La crise sanitaire a également retardé de plus d'une génération le temps nécessaire pour parvenir à l'égalité homme-femme, selon une étude publiée mercredi par le Forum économique mondial (WEF).

«La pandémie a eu un impact fondamental sur l'égalité femmes-hommes, tant sur le lieu de travail qu'à la maison, faisant reculer des années de progrès», a expliqué Saadia Zahidi, membre du comité exécutif de cette instance.

Il faudra donc 36 ans de plus pour combler les écarts tant sur le plan économique que politique, de santé ou encore d'éducation, portant le total à 135,6 années avant de parvenir à la parité à l'échelle mondiale.

Les répercussions de la crise sanitaire ont été plus sévères pour les femmes, qui ont été plus nombreuses à perdre leur emploi et ont vu s'accroître leur charge de travail domestique, avec les tâches ménagères, la garde des enfants et les soins aux personnes âgées.

Et les auteurs de l'étude notent que les données récoltées pour 2021 ne reflètent pas encore entièrement l'impact de la pandémie sur les femmes.

Renforcement des mesures en Europe

Plusieurs pays en Europe frappés par une troisième vague épidémique continuent d'annoncer des mesures pour tenter de limiter la propagation du virus, en particulier concernant les voyages.

L'Allemagne va ainsi renforcer pour les «8 à 14 prochains jours» les contrôles autour de ses frontières terrestres, notamment avec la France, le Danemark et la Pologne. 

Les policiers ne pourront «pas renvoyer les voyageurs» mais vérifieront qu'ils ont un test négatif de moins de 48h et se sont enregistrés auprès des autorités sanitaires allemandes.

L'Italie, dont l'essentiel du territoire est soumis à de sévères restrictions, va imposer un isolement de cinq jours aux voyageurs venant de l'UE. Ils devront effectuer un test avant leur départ et un autre à l'issue de leur isolement.

La pandémie a fait au moins 2,79 millions de morts, quinze mois après la détection des premiers cas de Covid-19 fin décembre 2019 à Wuhan (Chine).

Les campagnes de vaccination progressent peu à peu, et l'Allemagne a maintenu son objectif de vacciner sa population adulte contre la Covid-19 «d'ici la fin de l'été» malgré la restriction de l'usage du vaccin AstraZeneca décidée mardi pour les moins de 60 ans en raison de cas rares de thrombose.

Le laboratoire allemand BioNTech a annoncé mardi qu'il comptait fabriquer en 2021 jusqu'à 2,5 milliards de doses de son vaccin développé avec l'Américain Pfizer: 25% de plus qu'annoncé initialement.

Plus de 565 millions de doses de vaccins anti-Covid ont été administrées dans au moins 179 pays ou territoires, selon un comptage réalisé à partir de sources officielles mardi.


Des députés britanniques exhortent le gouvernement à désigner le CGRI comme un groupe terroriste

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  • Les signataires de la lettre ouverte affirment que l’organisation iranienne «n’a jamais représenté une aussi grande menace pour le Royaume-Uni»
  • La désignation du CGRI comme groupe terroriste le mettrait sur un pied d’égalité avec Daech et Al-Qaïda

LONDRES: Un groupe multipartite formé de plus de 50 députés et de pairs à la Chambre des lords au Royaume-Uni a exigé que le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) iranien soit désigné comme une organisation terroriste.

Ce groupe, qui comprend les anciennes secrétaires d’État à l’intérieur Suella Braverman et Priti Patel, a formulé cette demande dans une lettre ouverte publiée dans le quotidien The Times.

Le CGRI constitue un élément clé des capacités militaires et de projection de puissance de l’Iran. Plus de 125 000 personnes servent dans ses rangs, réparties dans des unités telles que la force Al-Qods, l’unité d’outre-mer chargée d’assurer la liaison avec les milices au Yémen, au Liban, en Irak et en Syrie, et de les soutenir. Ces dernières années, le CGRI a également établi des relations avec le Hamas dans la bande de Gaza.

La lettre ouverte, signée par 134 personnes, intervient après l’attaque iranienne du week-end dernier contre Israël, que les signataires ont décrite comme le «dernier chapitre de la terreur destructrice du CGRI».

«Le gouvernement lutte contre le terrorisme et l’extrémisme en considérant le Hamas et le Hezbollah comme terroristes, mais ce n’est pas suffisant», indique le document.

«Le CGRI est la principale source de radicalisation idéologique, de financement, d’équipement et de formation de ces groupes.»

«Le gouvernement doit agir contre la racine même du problème et considérer le CGRI comme une organisation terroriste.»

L’Iran a riposté à l’attaque israélienne contre son consulat à Damas, qui a fait onze morts, dont des commandants de haut rang.

L’ancien président américain Donald Trump a désigné le CGRI comme une organisation terroriste en 2019, un an avant l’assassinat de Qassem Soleimani, commandant de la force Al-Qods.

Le Royaume-Uni s’est toutefois montré réticent à faire de même par crainte de rompre les canaux de communication diplomatiques avec Téhéran.

Cependant, dans le cadre des sanctions imposées à l’Iran en raison de son programme nucléaire, le Royaume-Uni a sanctionné le CGRI; il a gelé les avoirs de ses membres et a mis en œuvre des mesures d’interdiction de voyager.

La désignation du CGRI comme groupe terroriste au Royaume-Uni le mettrait sur un pied d’égalité avec Daech et Al-Qaïda et rendrait illégal tout soutien au groupe, avec une peine maximale de quatorze ans d’emprisonnement.

Les 134 signataires affirment que le CGRI «n’a jamais représenté une aussi grande menace pour le Royaume-Uni». Ils accusent des «voyous» qui appartiennent au groupe d’avoir poignardé un dissident iranien à Londres le mois dernier.

La lettre a été coordonnée par le Groupe parlementaire multipartite Royaume-Uni-Israël, dont fait partie l’ex-ministre de l’Immigration Robert Jenrick.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Washington et Londres imposent des sanctions contre l'Iran, visant des fabricants de drones

Un camion militaire iranien transporte des pièces d'un missile Sayad 4-B devant un portrait du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'un défilé militaire dans la capitale Téhéran, le 17 avril 2024. (AFP)
Un camion militaire iranien transporte des pièces d'un missile Sayad 4-B devant un portrait du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'un défilé militaire dans la capitale Téhéran, le 17 avril 2024. (AFP)
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  • Elles concernent également trois filiales du constructeur automobile iranien Bahman Group et le ministère iranien de la Défense
  • L'Iran a lancé dans la nuit de samedi à dimanche plus de 350 drones et missiles contre Israël, dont la quasi-totalité ont été interceptés en vol

WASHINGTON: Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont imposé jeudi des sanctions contre l'Iran, ciblant "le programme iranien de drones, l'industrie sidérurgique et les constructeurs automobiles", après l'attaque du week-end dernier contre Israël.

Les sanctions de Washington visent "16 personnes et deux entités permettant la production de drones iraniens" dont les Shahed qui "ont été utilisés lors de l'attaque du 13 avril", a annoncé le département du Trésor dans un communiqué.

Elles concernent également trois filiales du constructeur automobile iranien Bahman Group et le ministère iranien de la Défense.

Le président américain Joe Biden a déclaré que les Etats-Unis allaient continuer à faire "rendre des compte" à l'Iran avec ces nouvelles sanctions visant la République islamique.

Il a assuré que les sanctions étaient destinées à "limiter les programmes militaires déstabilisateurs de l'Iran", selon un communiqué de la Maison Blanche.

Les sanctions imposées par Londres ciblent, elles, "plusieurs organisations militaires iraniennes, individus et entités impliqués dans les industries iraniennes de drones et missiles balistiques", a précisé le Trésor.

L'Iran a lancé dans la nuit de samedi à dimanche plus de 350 drones et missiles contre Israël, dont la quasi-totalité ont été interceptés en vol.

Téhéran a présenté son attaque comme une riposte à la frappe meurtrière imputée à Israël visant le consulat iranien à Damas début avril.

Eviter l'escalade 

En réponse, les pays occidentaux ont promis de renforcer leurs sanctions contre l'Iran, mais veulent aussi éviter une escalade de la violence dans la région.

L'Union européenne a ainsi décidé, mercredi lors d'un sommet à Bruxelles, d'imposer de nouvelles sanctions visant les producteurs iraniens de drones et de missiles.

Et jeudi, la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock a indiqué que les dirigeants des pays du G7, en réunion sur l'île italienne de Capri, discutent "de mesures supplémentaires", tout en insistant sur la nécessité d'éviter "une escalade".

Les pays du G7 (Etats-Unis, Canada, Royaume-Uni, France, Allemagne, Japon et Italie) devraient appeler à des sanctions individuelles contre des personnes impliquées dans la chaîne d'approvisionnement iranienne en missiles et en drones, selon une source au sein du ministère italien des Affaires étrangères.

Et les ministres des Finances et banquiers centraux du G7, réunis à Washington, avaient promis, dans un communiqué mercredi soir, d'assurer "une coordination étroite de toute mesure future visant à affaiblir la capacité de l'Iran à acquérir, produire ou transférer des armes pour soutenir ses activités régionales déstabilisatrices".

Ils avaient par ailleurs appelé "à la stabilité dans l'ensemble de la région, au vu des risques économiques posés par une escalade régionale, notamment les perturbations du transport maritime international".


L'éventuelle aide américaine à l'Ukraine «ne changera rien», selon le Kremlin

Des piétons marchent vers un drapeau national ukrainien flottant en berne en raison du mauvais temps, à côté du monument de la Patrie au musée en plein air de la Seconde Guerre mondiale à Kiev, le 18 avril 2024 (Photo, AFP).
Des piétons marchent vers un drapeau national ukrainien flottant en berne en raison du mauvais temps, à côté du monument de la Patrie au musée en plein air de la Seconde Guerre mondiale à Kiev, le 18 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • L'heure est à l'optimisme à Moscou, plusieurs mois après l'échec de la contre-offensive de Kiev de l'été 2023
  • De son côté, épuisée par deux ans de combats, l'Ukraine est à la peine face à l'armée russe supérieure en nombre de soldats, en quantités d'armement et de munitions

MOSCOU: Le Kremlin a assuré jeudi que l'aide des Etats-Unis à l'Ukraine, bloquée au Congrès depuis plusieurs mois et sur laquelle les élus américains doivent se prononcer samedi, "ne pourra rien changer" à la situation sur le front, où l'armée russe est à l'offensive.

L'Ukraine réclame inlassablement à ses alliés occidentaux plus de munitions et de systèmes de défense antiaérienne, alors que les forces russes pilonnent toujours quotidiennement ses villes et ses infrastructures énergétiques.

Or, la Chambre américaine des représentants doit voter samedi sur un texte prévoyant près de 61 milliards de dollars d'aide militaire et économique à l'Ukraine, ce qui pourrait permettre à son armée de reprendre son souffle.

"Cela ne peut en aucun cas influencer l'évolution de la situation sur les fronts", a balayé le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.

"Cela ne pourra rien changer", a-t-il martelé devant la presse, affirmant que "tous les experts indiquent dorénavant que la situation sur le front est défavorable à la partie ukrainienne".

Vote à l'issue incertaine 

L'heure est à l'optimisme à Moscou, plusieurs mois après l'échec de la contre-offensive de Kiev de l'été 2023 et alors que l'armée russe grignote progressivement du terrain, notamment dans le Donbass, cible prioritaire du Kremlin.

De son côté, épuisée par deux ans de combats, l'Ukraine est à la peine face à l'armée russe supérieure en nombre de soldats, en quantités d'armement et de munitions.

Les forces ukrainiennes manquent notamment de systèmes de défense antiaérienne pour contrer les attaques quotidiennes russes de drones explosifs et de missiles, à l'instar de la triple frappe mercredi à Tcherniguiv, qui a fait 18 morts.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky déplore quasiment tous les jours le manque d'aide des Occidentaux, après plus de deux ans de conflit à haute intensité.

Mi-mars, le chef de l'Etat ukrainien avait jugé "d'importance critique" une décision rapide du Congrès américain sur le déblocage de l'aide à son pays, confronté simultanément à des difficultés pour enrôler des volontaires dans l'armée.

"Nous avions besoin de cet argent hier, pas demain, pas aujourd'hui", a appuyé le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal dans un entretien à la BBC.

Cette aide financière a déjà été approuvée par le Sénat à majorité démocrate, mais reste bloquée au Congrès, les représentants républicains, soutenant Donald Trump, faisant la sourde oreille à six mois de la présidentielle.

Le président américain Joe Biden, qui pousse pour l'adoption de ce texte, s'est lui à nouveau dit mercredi "très favorable" à cette enveloppe, évoquant dans les colonnes du Wall Street Journal "un moment charnière".

L'issue du vote n'en reste pas moins incertaine à ce stade.

Restrictions d'électricité 

Pourtant, sur le terrain, la dynamique n'est pas à l'avantage de l'Ukraine, dont près de 20% du territoire reste occupé par la Russie.

Deux personnes ont été tuées jeudi dans de nouveaux bombardements russes, selon les autorités locales.

Et les attaques russes visant les infrastructures énergétiques restent très fréquentes malgré les tentatives de l'armée ukrainienne de protéger ces sites.

Face à cette situation, le ministère ukrainien de l'Energie a appelé jeudi la population et les entreprises à limiter leur consommation d'électricité le soir "pendant les heures de pointe" (de 19h00 à 22h00), relayant la demande de l'opérateur privé d'électricité DTEK.

Le ministère a notamment justifié cette décision par "l'augmentation de la charge sur le réseau électrique qui découle" de ces frappes russes répétées.

En représailles, l'Ukraine vise régulièrement des raffineries ou des sites militaires sur le sol russe dans le but de perturber la chaîne logistique d'approvisionnement vers les troupes engagées sur le front.

Jeudi, le renseignement militaire ukrainien (GUR) a revendiqué une frappe "réussie" la veille sur un aérodrome militaire russe en Crimée annexée, "détruisant ou endommageant gravement" des lanceurs de systèmes S-400, des équipements radar et un centre de contrôle de défense antiaérienne.