La Ligue arabe appelle le Liban à «agir avant qu'il ne soit trop tard»

Une vue des silos à grains endommagés dans le port de la capitale libanaise Beyrouth, le 9 avril 2021, témoignant de l’ampleur de la destruction causée par l'explosion catastrophique du 4 août. (Photo, AFP /Archives)
Une vue des silos à grains endommagés dans le port de la capitale libanaise Beyrouth, le 9 avril 2021, témoignant de l’ampleur de la destruction causée par l'explosion catastrophique du 4 août. (Photo, AFP /Archives)
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Publié le Samedi 10 avril 2021

La Ligue arabe appelle le Liban à «agir avant qu'il ne soit trop tard»

  • «Le pire reste à venir », avertit le Sous-Secrétaire général de la Ligue arabe, Hossam Zaki, depuis Beyrouth
  • La Ligue apporte son soutien à l’appel du patriarche maronite pour « la neutralité du pays et son maintien à l’écart de tous les conflits régionaux»

BEYROUTH: Le Sous-Secrétaire général de la Ligue arabe, Hossam Zaki, a appelé à «la patience, la volonté politique et davantage de communication» pour sortir de l’impasse politique du Liban.

S'exprimant le deuxième jour de sa visite dans ce pays ravagé par la crise, Zaki a déclaré que «tout le monde ici campe encore sur ses positions» et qu'une action urgente est nécessaire afin de trouver une solution politique.

«Le pire reste à venir, c’est pourquoi des mesures doivent être prises avant qu'il ne soit trop tard», a-t-il prévenu.

La visite de Zaki a été précédée par l’arrivée du Ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Shoukry, mercredi, au centre des efforts arabes visant à aider à mettre fin à l’impasse politique au Liban.

Le responsable de la Ligue arabe a exprimé son soutien à l’appel du patriarche maronite Béchara Boutros Al-Rai pour un «Liban neutre», un appel qui a déclenché un conflit interne au sein du pays.

À la suite de sa rencontre avec Al-Rai, Zaki a affirmé que la position du patriarche «est tout à fait en accord avec les décisions du Conseil de la Ligue arabe concernant la politique de neutralité du Liban et le maintien du pays à l’écart de tous les conflits régionaux».

Lors de sa rencontre avec le président libanais Michel Aoun, Zaki s'est interrogé sur le sort de l'Accord de Taëf à la lumière des déclarations politiques appelant à l'annulation ou à l'amendement de cet accord pour des intérêts non libanais.

L’ordre du jour de Shoukry n’incluait pas de réunions avec le chef du Mouvement patriotique libre Gebran Bassil ou des responsables du Hezbollah, ce qui a incité les personnalités exclues à décrire la visite comme «inachevée».

Toutes les initiatives étrangères pour sortir de l'impasse politique au Liban se sont soldées par un échec.

Dans son dernier discours, Aoun s'est concentré sur la nécessité d'une vérification juricomptable de la banque centrale libanaise au lieu de se concentrer sur la formation du gouvernement.

Le conseil central de la banque a signalé vendredi qu’il avait soumis une liste actualisée des documents demandés par les reviseurs-comptables d’Alvarez & Marsal au ministre des Finances Ghazi Wazni.

Wazni a déclaré plus tard qu'il avait remis la liste au cabinet de conseil Alvarez & Marsal.

Toutefois, une source du ministère des Finances a déclaré à Arab News: «Nous sommes encore en train de faire les premiers pas. Les informations fournies incluent une liste des documents requis. On a besoin de deux semaines pour fournir les documents, ce qui devrait être fait avant la fin du mois d’avril».

Mercredi, Aoun a parlé du «plus grand pillage de l’histoire du Liban», faisant référence à l’argent des déposants dans les banques libanaises et à l’effondrement financier.

Il a également accusé «les leaders politiques et non-politiques de fournir une couverture à la banque centrale, aux banques libanaises ainsi qu’au ministère des Finances».

Aoun a appelé le gouvernement démissionnaire à «tenir une session extraordinaire pour prendre la décision appropriée afin de protéger les dépôts bancaires des citoyens».

Le parlement a recommandé en novembre une vérification juricomptable de toutes les institutions de l'État, notamment la banque centrale. En décembre, le parlement a ainsi accepté de lever les règles du secret bancaire pour un an.

Le Premier ministre par intérim Hassan Diab a refusé de relancer à nouveau son gouvernement pour qu'il prenne les mesures exigées par les politiciens.

L’Association des banques au Liban a rejeté «la campagne menée contre les banques libanaises par les politiciens».

L'association a déclaré dans un communiqué: «Les banques n'ont pas incité l'État à emprunter tout l'argent des dépôts à la banque centrale. Les banques n'ont certainement pas défini de cadre pour les dépenses dans le secteur de l'énergie».

«Les banques n'ont pas pris les décisions d'emploi aléatoires au sein de l'État. Les banques n'ont pas été à l'origine du déficit accumulé dans la balance des paiements. Les banques n'ont pas organisé, géré et bénéficié de la contrebande énorme de marchandises subventionnées aux dépens des citoyens libanais pauvres et nécessiteux».

L'association a en outre ajouté que grâce aux banques libanaises, «l'État a pu assurer les salaires des fonctionnaires du secteur public».

L’Association des banques au Liban a aussi souligné que: «Les banques ont payé le pourcentage le plus élevé de la collecte des impôts chaque année en faveur du Trésor public. Les banques ont préservé la présence et la réputation internationale du Liban. Les banques ont fait de leur mieux pour préserver la présence et la réputation internationale du Liban. Les banques ont été un catalyseur de l'économie dans ses secteurs immobilier, commercial et industriel, à travers des prêts au logement, personnels, commerciaux et industriels qui dépassaient souvent le capital de ces mêmes entreprises».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.