Procès du meurtre de George Floyd: les jurés face à plusieurs options

Des manifestants près du palais de justice du comté de Hennepin, le 19 avril 2021 à Minneapolis, Minnesota (Photo, AFP)
Des manifestants près du palais de justice du comté de Hennepin, le 19 avril 2021 à Minneapolis, Minnesota (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 20 avril 2021

Procès du meurtre de George Floyd: les jurés face à plusieurs options

  • Biden a évoqué «l'angoisse» de la famille de George Floyd dans l'attente du verdict 
  • Quel que soit le verdict, les autorités fédérales, qui mènent leur propre enquête depuis des mois, pourraient décider de poursuivre le policier pour violation des lois américaines sur les droits civiques

MINNEAPOLIS: Après trois semaines de procès, les jurés se sont retirés lundi pour débattre de la culpabilité du policier blanc Derek Chauvin dans la mort de l'Afro-Américain George Floyd. Plusieurs options s'offrent à eux. 

Trois chefs d'accusation  

Derek Chauvin, 45 ans, est jugé pour trois chefs d'accusation et peut être condamné pour l'un d'entre eux, deux d'entre eux ou les trois. Les peines ne se cumulent pas.  

Il est d'abord inculpé de « second-degree unintentional murder », passible de 12 ans et demi de prison selon le barème établi par l'Etat du Minnesota pour une première condamnation, ce qui est le cas du policier. Mais le juge dispose d'une certaine latitude pour diminuer ou augmenter cette peine, s'il conclut à l'existence de circonstances aggravantes. Ce chef d'accusation, qui fait normalement encourir 40 ans de prison, suppose que Chauvin a tué dans le cadre d'un crime dangereux, même s'il n'avait pas forcément l'intention de causer la mort (comme pour les braquages qui dégénèrent). En revanche il implique que le policier avait l'intention de commettre des violences illégales à l'encontre de George Floyd. 

Le deuxième chef d'accusation, « third-degree murder », est également assorti d'une peine de 12 ans et demi de réclusion pour une première condamnation, et de 25 ans autrement. Il s'applique aux personnes ayant causé une mort sans l'intention de la donner, mais en commettant un « acte particulièrement dangereux » manifestant un «esprit malfaisant dépourvu de respect pour la vie humaine ». Cette charge ouvre aux jurés une voie plus facile pour condamner lourdement le policier. 

Le troisième chef d'accusation, « second-degree manslaughter », est passible de quatre ans de prison pour une première condamnation, et de 10 ans autrement. Il s'applique à un homicide involontaire résultant d'une grave négligence, commise en pleine conscience, et faisant courir un risque à la vie d'autrui.  

Scénario 1: l'acquittement 

Cette hypothèse semble peu probable, car elle supposerait que les douze jurés se prononcent pour l'acquittement sur les trois chefs d'accusation. Cela signifierait la fin de la procédure devant la justice du Minnesota, l'accusation ne pouvant faire appel d'un tel verdict. 

Scénario 2: la déclaration de culpabilité 

Là encore, il faudrait un jury unanime. Les condamnations de policiers pour meurtre sont très rares aux Etats-Unis, les jurés ayant tendance à leur octroyer le bénéfice du doute. Mais l'affaire Floyd sort du cadre ordinaire. 

« Le système légal américain m'a déjà brisé le coeur », a déclaré récemment Ben Crump, l'avocat de la famille Floyd. « Mais ce qui est différent cette fois, c'est l'horrible vidéo » du drame, a-t-il ajouté, en affichant sa confiance. 

L'existence de trois chefs d'inculpation augmente les chances de l'accusation. « L'homicide involontaire est une possibilité parce qu'il suffit de montrer la négligence », relève David Schultz, professeur à la faculté de droit Hamline de l'Université du Minnesota. 

Si un verdict de culpabilité est rendu, il reviendra au juge de prononcer la peine, un ou deux mois plus tard.  

Si Derek Chauvin est jugé coupable, il est par ailleurs très probable que le policier fasse appel, ce qui pourrait prolonger la procédure de plusieurs années. Il devra toutefois attendre l'issue de cette bataille en prison, les appels n'étant pas suspensifs. 

Scénario 3: le jury divisé  

Si les 12 jurés ne parviennent pas à se mettre d'accord, le juge Peter Cahill devra déclarer la nullité du procès. 

« J'imagine assez bien un scénario où un juré dit à la fin: ‘J'ai un doute sur la cause de la mort’, il n'en faudrait pas plus », souligne M. Schultz. 

Il s'agirait d'un immense échec pour l'accusation qui devrait alors décider si elle organise un second procès, si elle entre dans une négociation de peine, ou si elle referme le dossier.  

Un telle perspective suscite de fortes appréhensions à Minneapolis, qui s'était déjà embrasée après la mort de George Floyd le 25 mai.  

Et après ? 

Quel que soit le verdict, les autorités fédérales, qui mènent leur propre enquête depuis des mois, pourraient décider de poursuivre le policier pour violation des lois américaines sur les droits civiques.  

Le verdict aura également un impact pour les trois anciens collègues de Derek Chauvin - Alexander Kueng, Thomas Lane et Tou Thao - qui doivent être jugés en août pour « complicité de meurtre ».  

S'il est acquitté, ce chef d'accusation tiendra difficilement et l'accusation pourrait être obligée de reprendre leur dossier.  

A l'inverse, si Derek Chauvin est reconnu coupable, ses trois ex-collègues pourraient avoir un intérêt à entrer dans un accord de plaider-coupable pour s'éviter la case procès. 

JOE BIDEN A PARLÉ À LA FAMILLE DE GEORGE FLOYD

Le président américain a parlé à la famille de George Floyd, a indiqué mardi la Maison Blanche au moment où le jury délibère sur la responsabilité du policier accusé du meurtre de ce quadragénaire afro-américain. 

Le président  a estimé que les preuves dans le procès sur la responsabilité d'un policier blanc dans la mort de George Floyd étaient « accablantes ».

« Je prie pour que le verdict soit le bon. A mon avis, c'est accablant. Je ne dirais pas cela si le jury ne s'était pas retiré pour délibérer », a-t-il déclaré depuis le Bureau ovale.

« J'ai appris à connaître la famille de George (...). C'est une famille bien », a-t-il ajouté, évoquant « l'angoisse » de l'attente de la décision du jury pour cette dernière.

Jen Psaki, porte-parole de l'exécutif américain, a indiqué que « le président Biden a parlé hier (lundi) avec la famille de George Floyd pour prendre de ses nouvelles et lui assurer qu'il priait pour elle », dans un tweet.

 

Les principaux points de l'accusation et de la défense 

Voici les principaux points développés par les deux parties: 

Un geste intentionnel 

« Ce n'est pas un accident », a affirmé le procureur Steve Schleicher. « Il n'a pas glissé pour se retrouver sur le cou de George Floyd. Il a fait ce qu'il a fait de manière intentionnelle et cela a tué George Floyd, cette force pendant 9 minutes et 29 secondes a tué George Floyd ».  

Force abusive 

Steve Schleicher a fustigé un « étalage choquant d'abus de pouvoir de la police ». « Ce qu'a fait l'accusé n'était pas du maintien de l'ordre, c'était une agression ». 

Le geste de Derek Chauvin, qui a maintenu son genou sur le cou de sa victime pendant près de dix minutes, « était inutile, gratuit et disproportionné », selon le procureur. 

Pas de résistance 

George Floyd pose ses mains sur le volant sur ordre du policier? « Ce n'est pas de la résistance, c'est de l'obéissance ». L'agent lui ordonne de sortir de la voiture. « Il le fait, ce n'est pas de la résistance, c'est de l'obéissance ». L'agent veut lui passer les menottes? « Il est menotté, ce n'est pas de la résistance », a martelé M. Schleicher. 

Mépris de la vie 

« Ce jour-là, aucun courage n'était demandé, tout ce qui était demandé, c'était de la compassion, et il n'y en a eu aucune », a dit Steve Schleicher. 

« George Floyd « a appelé à l'aide dans son dernier souffle, mais ‘M. l'agent’ n'a pas aidé ».   

A l'arrivée de l'ambulance, « l'accusé a continué, il est resté sur (George Floyd). Il ne voulait pas se relever, il ne voulait pas le laisser partir ». 

« On vous a dit que George Floyd était mort parce que son coeur était trop gros », a lancé l'autre procureur Jerry Blackwell en commentant ses problèmes cardiaques. « La vérité c'est que le coeur de M. Chauvin est trop petit ». 

Manque d'informations 

L'avocat de Derek Chauvin, Eric Nelson, a demandé au jury de prendre en compte l'ensemble des faits en commençant par « ceux qui étaient connus » de l'agent à son arrivée, alors que George Floyd refuse d'entrer dans une voiture de police. 

« Il voit une résistance active, une agression potentielle » alors que « la situation peut évoluer à chaque seconde, à chaque minute ». 

« Les 9 minutes et 29 secondes ignorent les 16 minutes et 59 secondes précédentes », dit-il. 

Une force « raisonnable »   

« Les efforts (des policiers) pour surmonter la résistance étaient raisonnables », a assuré Eric Nelson. « Etait-ce raisonnable de le mettre à terre? Tout le monde est d'accord pour dire qu'à ce moment, l'usage de la force est raisonnable et légal ».  

L'avocat suggère qu'il « n'est pas rare » qu'un suspect feigne un problème cardiaque pour éviter une arrestation, et que Derek Chauvin a été « raisonnable » quand il a évalué les blessures de George Floyd et demandé par deux fois l'intervention d'une ambulance. 

Selon lui, l'attention du policier a été aussi détournée au moment où George Floyd cesse de respirer. « Sa réaction face à la foule est de sortir sa bombe lacrymogène » alors qu'une passante »s'approche de lui par derrière ». 

« Les officiers sont des êtres humains capables de faire des erreurs dans des situations très stressantes », a-t-il souligné. 

Plusieurs facteurs mortels 

D'après l'avocat, George Floyd n'est pas seulement mort d'overdose, son décès est dû à de multiples facteurs: « l'ingestion de drogues, une maladie cardiaque, de l'hypertension, tout cela existait avant l'arrivée de Derek Chauvin. Quel rôle a joué la lutte? », a-t-il demandé, suggérant également que l'inhalation de gaz d’échappement a pu jouer un rôle.  

Pas de preuves 

« L'Etat a échoué à faire la preuve de ses accusation au-delà du doute raisonnable, et M. Chauvin doit par conséquent être déclaré non coupable », a conclu l'avocat. 


Venezuela: Maduro annonce le déploiement de 4,5 millions de miliciens en réponse aux «menaces» américaines 

Le président vénézuelien Nicolas Maduro a annoncé lundi le déploiement de 4,5 millions de miliciens dans le pays en réponse aux "menaces" américaines face au déploiement de forces militaires américaines dans les Caraïbes. (AFP)
Le président vénézuelien Nicolas Maduro a annoncé lundi le déploiement de 4,5 millions de miliciens dans le pays en réponse aux "menaces" américaines face au déploiement de forces militaires américaines dans les Caraïbes. (AFP)
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  • La milice vénézuelienne fondée par le feu président Hugo Chavez dont Maduro est le successeur est, de source officielle, composée de quelque 5 millions de personnes, civils ou réservistes, et est placée sous le commandement de l'armée
  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a confirmé la semaine dernière le déploiement de forces navales et aériennes américaines dans les Caraïbes pour une opération anti-drogue

CARACAS: Le président vénézuelien Nicolas Maduro a annoncé lundi le déploiement de 4,5 millions de miliciens dans le pays en réponse aux "menaces" américaines face au déploiement de forces militaires américaines dans les Caraïbes.

"Cette semaine, je vais activer un plan spécial avec plus de 4,5 millions miliciens pour garantir la couverture de tout le territoire national. Des milices préparées, activées et armées", a lancé à la télévision publique M. Maduro, dont les Etats-Unis ont doublé à 50 millions de dollars la récompense pour sa capture.

La milice vénézuelienne fondée par le feu président Hugo Chavez dont Maduro est le successeur est, de source officielle, composée de quelque 5 millions de personnes, civils ou réservistes, et est placée sous le commandement de l'armée.

Evoquant le "réchauffé pourri des menaces extravagantes, rocambolesques et farfelues" de Washington, M. Maduro a aussi lancé "Fusils et missiles pour la force paysanne ! Pour défendre le territoire, la souveraineté et la paix du Venezuela (...) Missiles et fusils pour la classe ouvrière, pour qu'elle défende notre patrie".

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a confirmé la semaine dernière le déploiement de forces navales et aériennes américaines dans les Caraïbes pour une opération anti-drogue peu de temps après que l'administration a doublé la récompense pour M. Maduro, accusé de faire partie d'un cartel.

"Nous sommes également déployés dans toute les Caraïbes (...) qui nous appartiennent, dans notre mer, propriété, territoire vénézuélien", avait rétorqué" le ministre de l'Intérieur Diosdado Cabello.


Poutine et Trump ont discuté de «l'idée» de porter à un «plus haut niveau» les négociations directes Russie-Ukraine

Donald Trump va "commencer les préparatifs" d'une rencontre entre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine, qui rejetait jusqu'ici une telle réunion, au terme d'une "très bonne" entrevue avec le président ukrainien et plusieurs dirigeants européens. (AFP)
Donald Trump va "commencer les préparatifs" d'une rencontre entre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine, qui rejetait jusqu'ici une telle réunion, au terme d'une "très bonne" entrevue avec le président ukrainien et plusieurs dirigeants européens. (AFP)
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  • "Nous sommes prêts à une rencontre bilatérale avec Poutine et après cela nous nous attendons à une rencontre trilatérale" avec la participation de Donald Trump, a de son côté déclaré le chef d'Etat ukrainien à la presse
  • Les éventuelles concessions territoriales exigées par la Russie à l'Ukraine sont "une question que nous laisserons entre moi et Poutine", a-t-il ajouté

WASHINGTON: Donald Trump va "commencer les préparatifs" d'une rencontre entre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine, qui rejetait jusqu'ici une telle réunion, au terme d'une "très bonne" entrevue avec le président ukrainien et plusieurs dirigeants européens.

Le président russe a convenu de cette future rencontre, qui devrait se produire dans les deux semaines à venir, lors d'un entretien téléphonique avec son homologue américain, a fait savoir le chancelier allemand Friedrich Merz, l'un des responsables européens conviés à la Maison Blanche.

"Nous sommes prêts à une rencontre bilatérale avec Poutine et après cela nous nous attendons à une rencontre trilatérale" avec la participation de Donald Trump, a de son côté déclaré le chef d'Etat ukrainien à la presse.

Les éventuelles concessions territoriales exigées par la Russie à l'Ukraine sont "une question que nous laisserons entre moi et Poutine", a-t-il ajouté.

"L'idée a été discutée qu'il serait nécessaire d'étudier la possibilité de porter à un plus haut niveau la représentation de l'Ukraine et de la Russie", a de son côté déclaré le conseiller diplomatique du président russe Iouri Ouchakov, cité par l'agence Tass.

"Garanties de sécurité" 

Donald Trump a précisé sur son réseau Truth Social que la rencontre, en un lieu qui reste à déterminer, serait suivie d'une réunion à trois avec lui-même, visant à mettre fin à trois ans et demi de conflit, déclenché par l'invasion russe.

Lundi, le président américain et ses invités ont "discuté de garanties de sécurité pour l'Ukraine, des garanties qui seraient fournies par divers pays européens, en coordination avec les Etats-Unis d'Amérique", selon le président américain.

"Les garanties de sécurité seront probablement décidées par nos partenaires et il y aura de plus en plus de détails, car tout sera couché sur papier et officialisé (...) d'ici une semaine à dix jours", a indiqué pour sa part M. Zelensky.

Moscou refuse toute garantie de sécurité passant par l'Otan et son mécanisme de défense collective, le célèbre article 5.

"Je pense que nous avons eu une très bonne conversation avec le président Trump, c'était vraiment la meilleure", a déclaré par ailleurs le chef de l'Etat ukrainien en début d'après-midi. Il a ajouté plus tard que Kiev avait offert de se fournir en armes américaines pour 90 milliards de dollars, le Financial Times évoquant lui un budget de 100 milliards financés par les Européens.

Avant une réunion élargie avec les dirigeants européens, les deux hommes avaient eu un entretien bilatéral dans le Bureau ovale, où ils ont répondu à quelques questions des journalistes sur un ton cordial, à l'extrême opposé de l'humiliation publique subie par Volodymyr Zelensky au même endroit fin février.

"Merci" 

"Merci pour l'invitation et merci beaucoup pour vos efforts, vos efforts personnels pour mettre fin à la tuerie et arrêter cette guerre", a dit le président ukrainien, qui s'était vu reprocher son ingratitude la dernière fois.

Volodymyr Zelensky et les Européens ont tout fait pour mettre Donald Trump dans les meilleures dispositions, après sa rencontre peu concluante de vendredi avec Vladimir Poutine, pendant laquelle le président russe n'a fait aucune concession publique sur l'Ukraine.

Le président ukrainien portait une veste de costume et une chemise noires qui lui ont valu les compliments de Donald Trump, attentif aux marques de respect protocolaire.

Volodymyr Zelensky avait été critiqué par les partisans de Donald Trump en février pour sa tenue d'inspiration militaire, jugée trop décontractée.

Le chancelier allemand Friedrich Merz a de son côté estimé que l'Ukraine ne devrait pas être contrainte de faire des concessions territoriales dans le cadre d'un éventuel accord de paix. "La demande russe visant à ce que Kiev renonce aux parties libres du Donbass correspond, pour parler franchement, à une proposition visant à ce que les Etats-Unis renoncent à la Floride", a-t-il lancé.

"Un accord pour moi" 

Le président français Emmanuel Macron a lui appelé à "augmenter les sanctions" contre la Russie si les futurs pourparlers échouaient, et précisé que la question sans doute la plus difficile, celle d'éventuelles concessions territoriales, n'avait pas été abordée lundi.

Donald Trump a répété lundi qu'il n'était selon lui pas nécessaire d'en passer par un cessez-le-feu avant un accord de paix définitif, alors que le plus sanglant conflit en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale se poursuit, avec des attaques de drones et de missiles balistiques russes.

Avant que ne commencent les discussions avec les Européens, le président américain a dit à son homologue français Emmanuel Macron lors d'un échange apparemment capté à son insu par un micro, et en parlant de Vladimir Poutine: "Je pense qu'il veut conclure un accord pour moi. Vous comprenez? Aussi dingue que ça paraisse".

Le secrétaire général de l'Otan Mark Rutte, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le Premier ministre britannique Keir Starmer, la Première ministre italienne Giorgia Meloni, le président finlandais Alexander Stubb, Friedrich Merz et Emmanuel Macron ont fait bloc autour de Volodymyr Zelensky lundi à la Maison Blanche, dans une manifestation de solidarité diplomatique inédite.


Sommet Poutine-Zelensky en vue après la réunion des Européens autour de Trump

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président américain Donald Trump participent à une réunion dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 18 août 2025. (AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président américain Donald Trump participent à une réunion dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 18 août 2025. (AFP)
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  • Donald Trump a annoncé des préparatifs pour une rencontre entre Zelensky et Poutine, suivie d’un sommet trilatéral avec lui-même, visant à mettre fin à la guerre en Ukraine
  • Les dirigeants européens affichent leur unité autour de l’Ukraine à Washington, mais aucune concession territoriale n’a été officiellement discutée

WASHINGTON: Donald Trump va "commencer les préparatifs" d'une rencontre entre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine, qui rejetait jusqu'ici une telle réunion, au terme d'une "très bonne" entrevue avec le président ukrainien et plusieurs dirigeants européens.

Le président russe a convenu de cette future rencontre, qui devrait se produire dans les deux semaines à venir, lors d'un entretien téléphonique avec son homologue américain, a fait savoir le chancelier allemand Friedrich Merz, l'un des responsables européens conviés à la Maison Blanche.

"Nous sommes prêts à une rencontre bilatérale avec Poutine et après cela nous nous attendons à une rencontre trilatérale" avec la participation de Donald Trump, a de son côté déclaré le chef d'Etat ukrainien à la presse.

Les éventuelles concessions territoriales exigées par la Russie à l'Ukraine sont "une question que nous laisserons entre moi et Poutine", a-t-il ajouté.

"L'idée a été discutée qu'il serait nécessaire d'étudier la possibilité de porter à un plus haut niveau la représentation de l'Ukraine et de la Russie", a de son côté déclaré le conseiller diplomatique du président russe Iouri Ouchakov, cité par l'agence Tass.

- "Garanties de sécurité" -

Donald Trump a précisé sur son réseau Truth Social que la rencontre, en un lieu qui reste à déterminer, serait suivie d'une réunion à trois avec lui-même, visant à mettre fin à trois ans et demi de conflit, déclenché par l'invasion russe.

Lundi, le président américain et ses invités ont "discuté de garanties de sécurité pour l'Ukraine, des garanties qui seraient fournies par divers pays européens, en coordination avec les Etats-Unis d'Amérique", selon le président américain.

"Les garanties de sécurité seront probablement décidées par nos partenaires et il y aura de plus en plus de détails, car tout sera couché sur papier et officialisé (...) d'ici une semaine à dix jours", a indiqué pour sa part M. Zelensky.

Moscou refuse toute garantie de sécurité passant par l'Otan et son mécanisme de défense collective, le célèbre article 5.

"Je pense que nous avons eu une très bonne conversation avec le président Trump, c'était vraiment la meilleure", a déclaré par ailleurs le chef de l'Etat ukrainien en début d'après-midi. Il a ajouté plus tard que Kiev avait offert de se fournir en armes américaines pour 90 milliards de dollars, le Financial Times évoquant lui un budget de 100 milliards financés par les Européens.

Avant une réunion élargie avec les dirigeants européens, les deux hommes avaient eu un entretien bilatéral dans le Bureau ovale, où ils ont répondu à quelques questions des journalistes sur un ton cordial, à l'extrême opposé de l'humiliation publique subie par Volodymyr Zelensky au même endroit fin février.

- "Merci" -

"Merci pour l'invitation et merci beaucoup pour vos efforts, vos efforts personnels pour mettre fin à la tuerie et arrêter cette guerre", a dit le président ukrainien, qui s'était vu reprocher son ingratitude la dernière fois.

Volodymyr Zelensky et les Européens ont tout fait pour mettre Donald Trump dans les meilleures dispositions, après sa rencontre peu concluante de vendredi avec Vladimir Poutine, pendant laquelle le président russe n'a fait aucune concession publique sur l'Ukraine.

Le président ukrainien portait une veste de costume et une chemise noires qui lui ont valu les compliments de Donald Trump, attentif aux marques de respect protocolaire.

Volodymyr Zelensky avait été critiqué par les partisans de Donald Trump en février pour sa tenue d'inspiration militaire, jugée trop décontractée.

Le chancelier allemand Friedrich Merz a de son côté estimé que l'Ukraine ne devrait pas être contrainte de faire des concessions territoriales dans le cadre d'un éventuel accord de paix. "La demande russe visant à ce que Kiev renonce aux parties libres du Donbass correspond, pour parler franchement, à une proposition visant à ce que les Etats-Unis renoncent à la Floride", a-t-il lancé.

- "Un accord pour moi" -

Le président français Emmanuel Macron a lui appelé à "augmenter les sanctions" contre la Russie si les futurs pourparlers échouaient, et précisé que la question sans doute la plus difficile, celle d'éventuelles concessions territoriales, n'avait pas été abordée lundi.

Donald Trump a répété lundi qu'il n'était selon lui pas nécessaire d'en passer par un cessez-le-feu avant un accord de paix définitif, alors que le plus sanglant conflit en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale se poursuit, avec des attaques de drones et de missiles balistiques russes.

Avant que ne commencent les discussions avec les Européens, le président américain a dit à son homologue français Emmanuel Macron lors d'un échange apparemment capté à son insu par un micro, et en parlant de Vladimir Poutine: "Je pense qu'il veut conclure un accord pour moi. Vous comprenez? Aussi dingue que ça paraisse".

Le secrétaire général de l'Otan Mark Rutte, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le Premier ministre britannique Keir Starmer, la Première ministre italienne Giorgia Meloni, le président finlandais Alexander Stubb, Friedrich Merz et Emmanuel Macron ont fait bloc autour de Volodymyr Zelensky lundi à la Maison Blanche, dans une manifestation de solidarité diplomatique inédite.