Les États-Unis doivent veiller à ce que les habitants de Jérusalem puissent voter

Un Palestinien effectue la prière du vendredi pendant le mois sacré du ramadan sur le mont des Oliviers, devant la vieille ville de Jérusalem. (AFP)
Un Palestinien effectue la prière du vendredi pendant le mois sacré du ramadan sur le mont des Oliviers, devant la vieille ville de Jérusalem. (AFP)
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Publié le Samedi 24 avril 2021

Les États-Unis doivent veiller à ce que les habitants de Jérusalem puissent voter

Les États-Unis doivent veiller à ce que les habitants de Jérusalem puissent voter
  • «Les Palestiniens de Jérusalem qui vivent dans cette ville peuvent participer au processus électoral», stipulent les accords d’Oslo
  • La Commission électorale centrale palestinienne déclare que 94% des personnes éligibles se sont déjà inscrites pour voter

C’est à juste titre que les législateurs américains et les dirigeants du Parti démocrate protestent, non sans véhémence, contre la récente série de lois étatiques des républicains qui tente de supprimer le droit de vote des Américains. Mais la récente loi de restriction des électeurs en Géorgie, par exemple, fait pâle figure quand on la compare à ce que les Israéliens imposent aux Palestiniens à Jérusalem. Ce qui est pire, c'est que l'administration Biden encourage apparemment le report des élections palestiniennes du 22 mai au nom de ces mesures israéliennes plutôt que de faire pression sur son allié pour qu'il respecte les accords signés.

Israël et l'Organisation de libération de la Palestine ont signé avec l’assentiment des États-Unis, en 1993 et en 1995, une série d'accords qu’on a l’habitude d’appeler «accords d'Oslo». L'article II, section 3, stipule: «Les Palestiniens de Jérusalem qui vivent dans cette ville peuvent participer au processus électoral.» L'accord détaille ultérieurement ces dispositions dans l'article VI de l'annexe II, précisant les procédures de campagne à Jérusalem-Est, l'emplacement des bureaux de vote et disant que la présence d’observateurs internationaux est autorisée.

Les accords permettaient de voter dans cinq bureaux de poste gérés par Israël à Jérusalem-Est. En 2006, le nombre de bureaux de poste est passé à six et Israël a autorisé les Palestiniens à utiliser tous ces lieux pour voter. Il y a maintenant seize bureaux de poste à Jérusalem-Est. En 1996, 5 327 Palestiniens ont voté dans ces bureaux de poste. En 2006, ce nombre est passé à 6 300. Tous les autres électeurs inscrits (estimés à 150 000) ont utilisé des bureaux de vote palestiniens réguliers, situés juste à l'extérieur des frontières de Jérusalem-Est, qui étaient sous le contrôle administratif du gouvernement palestinien.

Malgré la présence d'articles aussi détaillés dans un accord signé et les précédents historiques de deux élections passées, les Israéliens n'ont pas encore fait savoir si ce droit serait respecté cette fois-ci.

Les demandes officielles du gouvernement palestinien et des membres de la communauté internationale n'ont pas reçu de réponse de la part des Israéliens. Cette absence de décision pourrait s’expliquer par le fait qu’aucun gouvernement n’a encore émergé, alors que la dernière élection (la quatrième en deux ans) n’a pas été décisive.

Toutefois, même si une réaction officielle n'a pas encore été communiquée, la police israélienne donne des éléments de réponse en interdisant les réunions et les conférences de presse liées aux élections, et en arrêtant des candidats.

Alors qu'Israël envoie ces signaux négatifs, Washington est officiellement silencieux et semble officieusement envoyer différents messages. Une «source» à Washington, s’adressant au principal quotidien palestinien Al-Quds, aurait déclaré samedi que l’administration Biden «comprendrait» si le gouvernement palestinien choisissait de reporter les élections en raison de «complexités politiques». Personne, à Washington, n’a confirmé ou démenti.

Alors que les Palestiniens, en particulier les habitants de Jérusalem, insistent pour tenir les élections à temps, des détracteurs du président palestinien, Mahmoud Abbas, profitent du flou américain et de l'opposition israélienne pour essayer d’échapper aux engagements que les Palestiniens étaient impatients de mettre en œuvre.

Alors qu'Israël envoie des signaux négatifs, Washington a été officiellement silencieux et semble officieusement envoyer des signaux mitigés.

Daoud Kuttab

La Commission électorale centrale palestinienne déclare que 94% des personnes éligibles se sont déjà inscrites pour voter. La commission indique également que, sur les 2,3 millions d'électeurs potentiels, près d'un million n'ont jamais voté auparavant et attendent impatiemment de faire entendre leurs voix. Aucun groupe extérieur, y compris parmi les occupants et leurs alliés américains, ne devrait interférer et s’opposer à ce droit que tous les Palestiniens veulent exercer depuis si longtemps.

Lorsqu'il a commenté la tentative des républicains pour supprimer les votes afro-américains en Géorgie, le président Joe Biden a comparé cette décision aux politiques racistes du sud des États-Unis du XXe siècle et l'a qualifiée d’«atrocité».

Entre-temps, les Palestiniens, qui luttent pour se libérer du joug de l’occupation militaire et de l’entreprise coloniale d’Israël, ne demandent pas la lune. Ils demandent simplement la mise en œuvre des accords signés, dont l'ancien président américain Bill Clinton (également démocrate) a été témoin. Washington ne peut pas éluder ses engagements et doit plutôt insister sur le droit qu’ont les Palestiniens – y compris les habitants de Jérusalem-Est – de participer au plus sacré des biens démocratiques, celui qui consiste à pouvoir choisir ses représentants à l’occasion d'élections libres et justes.

 

Daoud Kuttab est un journaliste palestinien plusieurs fois primé. Il réside à Jérusalem-Est et a voté lors des deux élections précédentes. Twitter: @daoudkuttab

Avertissement: les opinions exprimées par les rédacteurs dans cette section sont les leurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d'Arab News