Variant indien: Les scientifiques affirment que le gouvernement a ignoré les avertissements

Une patiente respire à l'aide d'oxygène fourni par un Gurdwara, un lieu de culte pour les sikhs, sous une tente installée le long du bord de la route au milieu de la pandémie du coronavirus (Covid-19) à Ghaziabad le 1er mai 2021 (Photo, AFP)
Une patiente respire à l'aide d'oxygène fourni par un Gurdwara, un lieu de culte pour les sikhs, sous une tente installée le long du bord de la route au milieu de la pandémie du coronavirus (Covid-19) à Ghaziabad le 1er mai 2021 (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 02 mai 2021

Variant indien: Les scientifiques affirment que le gouvernement a ignoré les avertissements

  • L'avertissement concernant le nouveau variant au début du mois de mars a été émis par le Consortium indien de génétique SARS-CoV-2, ou l’INSACOG
  • Des millions de personnes, pour la plupart sans masques, ont assisté à des festivals religieux et à des rassemblements politiques

NEW DELHI: Un forum de conseillers scientifiques mis en place par le gouvernement a averti les responsables indiens début mars d'un nouveau variant plus contagieux du coronavirus qui se propage dans le pays, ont déclaré à Reuters cinq scientifiques qui font partie du forum.

Malgré l'avertissement, quatre des scientifiques ont révélé que le gouvernement fédéral n’a pas cherché à imposer des restrictions majeures dans le but d’arrêter la propagation du virus.

Des millions de personnes, pour la plupart sans masques, ont assisté à des festivals religieux et à des rassemblements politiques organisés par le Premier ministre Narendra Modi et les leaders du parti au pouvoir Bharatiya Janata ainsi que des politiciens de l'opposition.

Pendant ce temps-là, des dizaines de milliers d’agriculteurs ont continué à camper aux abords de New Delhi pour protester contre les changements de politique agricole du Premier ministre Modi.

Le deuxième pays le plus peuplé du monde a maintenant du mal à contenir une deuxième vague d'infections beaucoup plus grave que la première de l'année dernière, qui, selon certains                     scientifiques, est accélérée par la nouveau variant et un autre variant détecté pour la première fois en Grande-Bretagne. L'Inde a signalé vendredi 386 452 nouveaux cas, un record mondial.

Le pic d'infections est la plus grande crise en Inde depuis que Modi a pris ses fonctions en 2014. Il reste à voir comment la gestion de cette crise pourrait affecter Modi ou son parti politiquement. Les prochaines élections générales sont prévues en 2024. Le scrutin aux dernières élections locales était en grande partie terminé avant que l'ampleur de la nouvelle flambée des infections ne devienne évidente.

L'avertissement concernant le nouveau variant au début du mois de mars a été émis par le Consortium indien de génétique SARS-CoV-2, ou l’INSACOG. Il a été transmis à un haut fonctionnaire qui rend compte directement au Premier ministre, selon l'un des scientifiques, le directeur d'un centre de recherche dans le nord de l'Inde qui s'est exprimé sous couvert d'anonymat. Reuters n'a pas pu déterminer si les conclusions de l'INSACOG avaient été transmises à Modi lui-même.

Le bureau de Modi n’a pas répondu à une demande de commentaire de Reuters.

L'INSACOG a été créé en tant que forum de conseillers scientifiques par le gouvernement fin décembre précisément pour détecter les variants génomiques du coronavirus qui pourraient menacer la santé publique. L'INSACOG regroupe 10 laboratoires nationaux capables d'étudier les variants viraux.

Les chercheurs de l'INSACOG ont détecté pour la première fois le B.1.617, qui est maintenant connue sous le nom de variant indien du virus, dès février, a déclaré à Reuters Ajay Parida, directeur de l'Institut étatique des sciences de la vie et membre de l'INSACOG.

L'INSACOG a partagé ses conclusions avec le Centre national de contrôle des maladies (CNCD) du ministère de la Santé avant le 10 mars, avertissant que les infections pourraient rapidement augmenter dans plusieurs régions du pays, a déclaré à Reuters le directeur du centre de recherche du nord de l'Inde. Les résultats ont ensuite été transmis au ministère indien de la Santé, a indiqué cette personne. Le ministère de la Santé n'a pas répondu aux demandes de commentaires.

Autour de cette date, l'INSACOG a commencé à préparer une série de déclarations aux médias pour le ministère de la Santé. Une version de cette série de déclarations, vue par Reuters, exposait les conclusions du forum: le nouveau variant indien présentait deux mutations importantes dans la partie du virus qui se fixe aux cellules humaines, et elle avait été retracée dans 15% à 20% des échantillons de Maharashtra, l'État le plus touché de l'Inde.

Ces déclarations indiquaient sans aucun doute que les mutations, appelées E484Q et L452R, étaient «très préoccupantes». Les déclarations révèlent aussi: «il existe des données sur les virus mutants E484Q échappant aux anticorps hautement neutralisants dans les cultures, et il existe des données selon lesquelles la mutation L452R était responsable à la fois d'une transmissibilité accrue et d'une évasion immunitaire».

En d’autres termes, cela signifiait fondamentalement que les versions mutées du virus pouvaient plus facilement pénétrer dans une cellule humaine et contrecarrer la réaction immunitaire d’une personne.

Le ministère a rendu les conclusions publiques le 24 mars, environ deux semaines plus tard, lorsqu'il a publié une déclaration aux médias qui n'incluait pas l’expression «très préoccupant». La déclaration indiquait seulement que des variants plus problématiques nécessitaient les mesures déjà en cours, des tests et une quarantaine accrus. Les tests ont depuis presque doublé pour atteindre 1,9 million de tests par jour.

Interrogé sur les raisons pour lesquelles le gouvernement n'a pas réagi avec plus de vigueur aux résultats, par exemple en restreignant les grands rassemblements, Shahid Jameel, président du groupe consultatif scientifique de l'INSACOG, s'est dit préoccupé par le fait que les autorités ne prêtaient pas suffisamment d'attention aux preuves lorsqu'elles mettaient en œuvre la politique relative aux variants.

«Toute politique doit être basée sur des preuves et non l'inverse», a-t-il déclaré à Reuters. «Je crains que la science n'ait pas été prise en compte pour orienter les politiques. Mais je sais où s'arrête ma juridiction. En tant que scientifiques, nous fournissons des preuves, l'élaboration des politiques est le travail absolu du gouvernement».

Le directeur du centre de recherche du nord de l'Inde a déclaré à Reuters que la série de communiqués de presse avait été envoyé au plus haut fonctionnaire du pays, le secrétaire du Cabinet Rajiv Gauba, qui rend compte directement au Premier ministre. Reuters n'a pas été en mesure de savoir si Modi ou son bureau avaient été informés des résultats. Gauba n'a pas répondu à une demande de commentaire.

Le gouvernement n'a pris aucune mesure pour empêcher les rassemblements susceptibles d'accélérer la propagation de le nouveau variant, les nouvelles infections ayant quadruplé le 1er avril par rapport au mois précédent.

Le premier ministre Modi, certains de ses principaux collaborateurs et des dizaines d'autres politiciens, y compris des personnalités de l'opposition, ont organisé des rassemblements dans tout le pays pour des élections locales en mars et en avril.

Le gouvernement a également autorisé le festival religieux Kumbh Mela, qui a duré des semaines, auquel ont participé des millions d'hindous, à partir de la mi-mars. Pendant ce temps-là, des dizaines de milliers d'agriculteurs ont été autorisés à rester campés à la périphérie de la capitale New Delhi pour protester contre les nouvelles lois agricoles.

Pour sûr, certains scientifiques affirment que la vague a été beaucoup plus importante que prévu et que le revers ne peut pas être imputé au seul leadership politique. «Il ne sert à rien de blâmer le gouvernement», a déclaré à Reuters Saumitra Das, directeur de l'Institut national de génomique biomédicale, qui fait partie de l'INSACOG.

MESURES STRICTES NON PRISES

L'INSACOG fait rapport au Centre national de contrôle des maladies à New Delhi. Le directeur du CNCM, Sujeet Kumar Singh, a récemment déclaré lors d'une réunion privée en ligne que des mesures de confinement strictes étaient nécessaires début avril, selon un enregistrement de la réunion examiné par Reuters.

«Le moment exact, selon notre réflexion, était 15 jours avant», a affirmé Singh lors de la réunion du 19 avril, faisant référence à la nécessité de mesures de confinement plus strictes.

Singh n'a pas indiqué au cours de la réunion s'il avait averti directement le gouvernement de la nécessité d'agir à ce moment-là. Singh a refusé de faire des commentaires à Reuters.

Singh a déclaré à la réunion du 19 avril que plus récemment, il avait transmis aux représentants du gouvernement, l'urgence de la question.

«Il a été souligné très, très clairement qu'à moins que des mesures drastiques ne soient prises maintenant, il sera trop tard pour éviter la mortalité que nous allons voir», a signalé Singh, faisant référence à une réunion qui a eu lieu le 18 avril. Il n'a pas identifié quels fonctionnaires du gouvernement étaient présents à la réunion ni même décrit leur rang supérieur.

Singh a confié que certains responsables gouvernementaux présents à la réunion craignaient que les villes de taille moyenne ne voient des problèmes d'ordre public alors que les fournitures médicales essentielles comme l'oxygène s'épuisent, un scénario qui a déjà commencé à se dérouler dans certaines régions de l'Inde.

La nécessité d'une action urgente a également été exprimée la semaine précédente par le Groupe de travail national sur la Covid-19, un groupe de 21 experts et responsables gouvernementaux mis en place en avril dernier pour fournir des conseils scientifiques et techniques au ministère de la Santé sur la pandémie. Il est présidé par V.K. Paul, le principal conseiller de Modi en matière du coronavirus.

Le groupe a eu une discussion le 15 avril et «a convenu à l'unanimité que la situation est grave et qu'il ne faut pas hésiter à imposer des mesures de confinement», a témoigné un scientifique qui a participé a cette discussion.

Paul était présent à la discussion, selon le scientifique. Reuters n’a pas pu déterminer si Paul a transmis la conclusion du groupe à Modi. Paul n'a pas répondu à une demande de commentaire de Reuters.

Deux jours après l’avertissement adressé par Singh le 18 avril aux responsables gouvernementaux, Modi s’est adressé à la nation le 20 avril, s’opposant au confinement. Il a jugé qu'un confinement devrait être le dernier recours pour lutter contre le virus. Le confinement national de deux mois en Inde il y a un an a mis des millions de personnes au chômage et a dévasté l’économie.

«Nous devons sauver le pays des mesures de confinement . Je demanderais également aux États d'utiliser le confinement comme dernière option », a décidé Modi. «Nous devons faire de notre mieux pour éviter le confinement national et nous concentrer sur les zones de micro-confinement», a-t-il tranché, faisant référence à de petits confinements localisés imposés par les autorités pour contrôler les épidémies.

Les gouvernements des États indiens ont une grande latitude pour définir la politique sanitaire de leurs régions, et certains ont agi de manière indépendante pour essayer de contrôler la propagation du virus.

Les gouvernements des États indiens ont une grande liberté pour définir la politique de santé de leurs régions, et certains ont agi de manière indépendante pour essayer de contrôler la propagation du virus.

Le Maharashtra, le deuxième État le plus peuplé du pays, qui comprend Mumbai, a imposé des restrictions sévères telles que la fermeture de bureaux et de magasins au début du mois d’avril car les hôpitaux manquaient de lits, d’oxygène et de médicaments. Il a imposé un confinement complet le 14 avril.

«BOMBE À RETARDEMENT»

Le variant indien a maintenant atteint au moins 17 pays, dont la Grande-Bretagne, la Suisse et l'Iran, conduisant plusieurs gouvernements à fermer leurs frontières aux personnes venant d'Inde.

L'Organisation mondiale de la santé n'a pas encore déclaré le variant indien «variant préoccupant», comme elle l'a fait pour les variants détectés pour la première fois en Grande-Bretagne, au Brésil et en Afrique du Sud. Mais l'OMS a annoncé le 27 avril que sa modélisation précoce, basée sur le séquençage du génome, suggérait que la B.1.617 avait un taux de croissance plus élevé que les autres variants circulant en Inde.

Le variant britannique, appelée B.1.1.7, a également été détectée en Inde en janvier, notamment dans l'État du nord du Pendjab, un épicentre majeur des manifestations des agriculteurs, a déclaré à Reuters Anurag Agrawal, un scientifique chevronné de l'INSACOG.

Le CNCM et certains laboratoires de l'INSACOG ont déterminé qu'un pic massif de cas au Pendjab était causé par le variant britannique, selon un communiqué publié par le gouvernement de l'État du Pendjab le 23 mars.

Le Pendjab a imposé un confinement à partir du 23 mars. Mais des milliers d'agriculteurs de l'État sont restés dans des camps de protestation à la périphérie de Delhi, beaucoup faisant des allers-retours entre les deux endroits avant le début des restrictions.

«C'était une bombe à retardement», a affirmé Agrawal, directeur de l'Institut de génomique et de biologie intégrative, qui a étudié certains échantillons du Pendjab. «C'était une question d'explosion, et les rassemblements publics sont un énorme problème en période de pandémie. Et le B.1.1.7 est un très mauvais variant en termes de potentiel de propagation».

Le 7 avril, plus de deux semaines après l'annonce du Pendjab du variant britannique, les cas de coronavirus ont commencé à augmenter fortement à Delhi. En quelques jours, les lits d'hôpitaux, les établissements de soins intensifs et l'oxygène médical ont commencé à manquer dans la ville. Dans certains hôpitaux, les patients sont décédés à bout de souffle avant de pouvoir être traités. Les crématoriums de la ville regorgent de cadavres.

Delhi souffre maintenant de l'un des pires taux d'infection du pays, avec plus de trois tests sur 10 positifs au virus.

L'Inde dans son ensemble a signalé plus de 300 000 infections par jour au cours des neuf derniers jours, le pire taux au monde depuis le début de la pandémie. Les décès ont également augmenté, avec un total de plus de 200 000 cette semaine.

Agrawal et deux autres scientifiques de haut niveau du gouvernement ont déclaré à Reuters que les autorités sanitaires fédérales et les responsables locaux de Delhi auraient dû être mieux préparés après avoir vu ce que les variants avaient fait dans le Maharashtra et le Pendjab. Reuters n'a pas pu déterminer quels avertissements spécifiques avaient été adressés et à qui sur la préparation d'une énorme vague de cas.

«Nous sommes dans une situation très grave», a affirmé Shanta Dutta, chercheuse médicale à l'Institut national étatique du choléra et des maladies entériques. «Les gens écoutent plus les politiciens que les scientifiques».

Rakesh Mishra, directeur du Centre de biologie cellulaire et moléculaire, qui fait partie de l’INSACOG, a déclaré que la communauté scientifique du pays était absolument découragée.

«Nous aurions pu faire mieux, notre science aurait pu avoir plus d'importance», a-t-il déclaré à Reuters. «Ce que nous avons observé de quelque manière que ce soit, cela aurait dû être mieux utilisé».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: montée des tensions entre étudiants et la police sur les campus américains

La colère d'étudiants américains pro-palestiniens contre la guerre que mène Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza a grossi mercredi aux Etats-Unis, avec des face-à-face tendus avec la police au Texas, à New York, en Nouvelle-Angleterre et en Californie. (AFP).
La colère d'étudiants américains pro-palestiniens contre la guerre que mène Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza a grossi mercredi aux Etats-Unis, avec des face-à-face tendus avec la police au Texas, à New York, en Nouvelle-Angleterre et en Californie. (AFP).
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  • "Si la situation n'est pas maîtrisée rapidement et si les menaces et intimidations ne cessent pas, il sera alors temps de faire appel à la Garde nationale"
  • Depuis le regain de tensions la semaine dernière à Columbia, le mouvement s'est étendu à d'autres campus

AUSTIN: La colère d'étudiants américains pro-palestiniens contre la guerre que mène Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza a grossi mercredi aux Etats-Unis, avec des face-à-face tendus avec la police au Texas, à New York, en Nouvelle-Angleterre et en Californie.

En visite à l'université Columbia à Manhattan -- d'où est parti cette dernière vague de manifestations étudiantes commencées en octobre -- le président républicain de la Chambre des représentants du Congrès, Mike Johnson, a menacé: "si la situation n'est pas maîtrisée rapidement et si les menaces et intimidations ne cessent pas, il sera alors temps de faire appel à la Garde nationale".

Pour "rétablir l'ordre sur ces campus", a martelé le dirigeant conservateur.

Un avertissement qui résonne douloureusement aux Etats-Unis: le 4 mai 1970, la Garde nationale de l'Ohio avait ouvert le feu à l'université d'Etat de Kent sur des manifestants étudiants pacifiques, dont quatre avaient été tués.

M. Johnson, proche de l'ex-président républicain Donald Trump candidat à sa réélection, a averti qu'il exigerait du président démocrate Joe Biden d'"agir" et jugé que les manifestations pro-palestiniennes "mettaient une cible sur le dos d'étudiants juifs aux Etats-Unis", qui comptent le plus de juifs au monde (quelque six millions) après Israël.

« Liberté d'expression »

Depuis le début du conflit à Gaza en octobre, les universités américaines sont secouées par des débats parfois violents sur la liberté d'expression et des accusations d'antisémitisme et d'antisionisme qui ont coûté leurs postes cet hiver aux présidentes de Harvard et de l'université de Pennsylvanie.

"Profitez de votre liberté d'expression", a lancé, provocateur, M. Johnson, hué par des centaines d'étudiants de Columbia vent debout contre la guerre d'Israël contre le Hamas qui a tué quelque 34.200 personnes, la plupart des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien.

L'attaque sans précédent du 7 octobre 2023 menée par le Hamas a fait 1.170 morts, essentiellement civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles.

Mercredi, la Maison Blanche a réaffirmé que le président Biden, qui espère être réélu en novembre, "soutenait la liberté d'expression, le débat et la non discrimination" dans les universités.

Depuis le regain de tensions la semaine dernière à Columbia, le mouvement s'est étendu à d'autres campus.

Alliance Etats-Unis-Israël 

Notamment dans les Etats de la Nouvelle-Angleterre, dans le nord-est, où des prestigieuses universités ont demandé à la police d'interpeller des manifestants étudiants qui dénoncent l'alliance militaire, diplomatique et économique des Etats-Unis avec Israël et critiquent les conditions actuelles des Palestiniens.

"En tant que Palestinien, est-ce de ma responsabilité d'être là et de montrer ma solidarité avec la population de Gaza? Absolument!", a répondu à l'AFP Yazen, un Américain de 23 ans d'origine palestinienne qui campe depuis quelques jours dans des tentes montées sur le campus de Columbia.

La présidence de l'université a salué "des progrès importants" dans les discussions avec des étudiants pour évacuer ce campement d'ici vendredi.

Dans la nuit de lundi à mardi, 120 personnes avaient été brièvement interpellées devant l'université de New York (NYU), au coeur de Manhattan. A Yale, dans le Connecticut, une cinquantaine de manifestants ont aussi été interpellés.

Sa concurrente Harvard, la plus ancienne des Etats-Unis, en banlieue de la cité historique de Boston, a vu aussi mercredi se monter sur son campus arboré un campement.

Police anti-émeute 

A l'autre bout du pays, l'université du Texas à Austin a été le théâtre d'un face-à-face, finalement bon enfant, entre des centaines d'étudiants pro-palestiniens et la police, dont nombre d'officiers à cheval et en tenue anti-émeute.

Certains brandissaient des drapeaux palestiniens et portaient le keffieh, d'autres, encadrés par des policiers, s'étaient enveloppés dans des drapeaux d'Israël.

Et à l’université de Californie du sud (USC), plusieurs centaines d’étudiants ont manifesté aux cris de "libérez la Palestine", "révolution par l'intifada".

Dans la foule très diverse, certains agitaient des drapeaux palestiniens, d'autres portaient des keffiehs et des pancartes appelant à "arrêter le génocide" et à un  "cessez-le-feu".

Des centaines de manifestants s'étaient rassemblés mardi soir à Brooklyn, le plus grand arrondissement de New York, à l'appel de Jewish Voice for Peace, un groupe d'Américains juifs de gauche pro-palestiniens, à l'occasion du séder, le rituel de la Pâque juive. Nombre d'entre eux ont été interpellés.

"Nous sommes (les Américains) les instigateurs d'une telle violence, d'une telle haine, c'est terrible", a tonné sur place Rebecca Lurie.


Pedro Sánchez pense à démissionner après l'ouverture d'une enquête contre son épouse

Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et son épouse Begona Gomez assistent au rassemblement de clôture de la campagne à Getafe, dans la banlieue de Madrid, le 21 juillet 2023. (Photo, AFP)
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et son épouse Begona Gomez assistent au rassemblement de clôture de la campagne à Getafe, dans la banlieue de Madrid, le 21 juillet 2023. (Photo, AFP)
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  • Selon le média en ligne El Confidencial, qui a révélé l'information, cette enquête porte en particulier sur les liens de Begoña Gómez avec avec le groupe espagnol de tourisme Globalia
  • Plusieurs des proches du Premier ministre sont montés au créneau mercredi, accusant la droite de manipuler la justice à des fins politiques

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a annoncé mercredi, dans une lettre publiée sur X, "réfléchir" à une éventuelle démission après l'annonce de l'ouverture d'une enquête contre son épouse pour trafic d'influence et corruption.

"J'ai besoin de m'arrêter et de réfléchir" afin de décider "si je dois continuer à être à la tête du gouvernement ou si je dois renoncer à cet honneur", a-t-il écrit, indiquant qu'il annoncerait sa décision lundi devant la presse et suspendait ses activités d'ici là.

Cette enquête préliminaire contre Begoña Gómez a été ouverte le 16 avril après une plainte de l'association "Manos limpias" (Mains propres), un collectif considéré comme proche de l'extrême droite, a annoncé dans un court communiqué le tribunal supérieur de justice de Madrid.

Elle est placée sous le sceau du "secret de l'instruction", a ajouté le tribunal.

Dans sa lettre, Pedro Sánchez, au pouvoir depuis 2018, dénonce une plainte basée sur des faits "inexistants" et une campagne de "harcèlement" menée par des médias "ultraconservateurs" et soutenue, selon lui, par l'opposition de droite et d'extrême droite contre son épouse.

"Je ne suis pas naïf", dit-il, "je suis conscient du fait qu'ils portent plainte contre Begoña, non pas parce qu'elle a fait quelque chose d'illégal, car ils savent bien que cela n'est pas vrai, mais parce qu'elle est mon épouse".

Selon le média en ligne El Confidencial, qui a révélé l'information, cette enquête porte en particulier sur les liens de Begoña Gómez avec avec le groupe espagnol de tourisme Globalia, propriétaire de la compagnie aérienne Air Europa, à un moment où cette dernière était en pourparlers avec le gouvernement pour obtenir des aides face à la lourde chute du trafic aérien provoquée par la pandémie de Covid.

À l'époque, Begoña Gomez dirigeait IE Africa Center, une fondation liée à l’école de commerce madrilène IE University, poste qu'elle a quitté en 2022.

Plan de sauvetage d'Air Europa

Selon El Confidencial, IE Africa Center avait "signé un accord de parrainage avec Globalia en 2020" et Begoña Gomez aurait participé à "une réunion privée avec son PDG Javier Hidalgo à l'époque où Globalia négociait son plan de sauvetage de plusieurs millions d'euros avec le gouvernement" de Pedro Sánchez.

Ce plan a permis à Air Europa de toucher 475 millions d'euros en novembre 2020, issus d'un fonds de 10 milliards destiné à soutenir les entreprises stratégiques en difficulté à cause de la crise sanitaire.

La compagnie espagnole a été la première entreprise à bénéficier de ce fonds. Des dizaines d'autres ont suivi, dont plusieurs de ses concurrents (Iberia, Vueling, Volotea...).

L'opposition de droite a appelé mercredi le Premier ministre à "donner des explications aux Espagnols", par la voix d'Ester Muñoz, membre de la direction du Parti Populaire (PP, droite). "Tout finira par se savoir", a prévenu un porte-parole du parti, Borja Semper.

Pratiques trumpistes

Plusieurs des proches du Premier ministre sont montés au créneau mercredi, accusant la droite de manipuler la justice à des fins politiques.

Il y a "une stratégie qui consiste à lancer des accusations sans aucun fondement, sans aucune information véridique, sans aucune preuve, juste pour blesser, juste pour salir" et "diffamer", a dénoncé le président du groupe socialiste à la Chambre des députés, Patxi Lopez.

Le PP "utilise une fausse accusation d'une organisation d'extrême droite pour diffamer et lancer des calomnies" envers le Premier ministre, a insisté la numéro deux du gouvernement, Maria Jesus Montero. "Nous ne permettrons pas à ces pratiques trumpistes de miner la démocratie espagnole", a-t-elle ajouté.

Manos limpias, collectif fondé en 1995, a été à l'origine ces dernières années de plusieurs poursuites judiciaires et s'est portée partie civile dans de nombreux procès pour des affaires de corruption.

Le collectif est considéré comme proche de l'extrême droite, en raison notamment de la personnalité de son fondateur Miguel Bernad, ancien responsable du parti Frente Nacional, dissous en 1993.

Accusé d'être impliqué dans un réseau d'extorsion de fonds, ce dernier avait été condamné à quatre ans de prison en juillet 2021, mais a été finalement relaxé en appel le mois dernier, faute de preuve selon le tribunal.

 


Australie : sept adolescents arrêtés dans une opération antiterroriste

Des gens tiennent des bougies lors de la veillée communautaire aux chandelles, reconnaissant les victimes d'une attaque mortelle à l'arme blanche au centre commercial Bondi Junction Westfield, à Sydney (Photo, Reuters).
Des gens tiennent des bougies lors de la veillée communautaire aux chandelles, reconnaissant les victimes d'une attaque mortelle à l'arme blanche au centre commercial Bondi Junction Westfield, à Sydney (Photo, Reuters).
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  • Ces descentes de police dans 13 lieux différents de Sydney ont mobilisé plus de 400 membres des forces de l'ordre
  • Les sept personnes arrêtées sont des mineurs âgés de 15 à 17 ans, a précisé la police

SYDNEY: La police australienne a annoncé avoir arrêté mercredi sept adolescents membres d'un réseau, posant "un risque et une menace inacceptables" pour la population, lors d'une série de perquisitions antiterroristes.

Ces descentes de police dans 13 lieux différents de Sydney ont mobilisé plus de 400 membres des forces de l'ordre et découlent d'une enquête déclenchée par l'attaque au couteau contre un religieux menée par un adolescent de 16 ans, la semaine dernière dans une église de la même ville.

Les jeunes arrêtés mercredi adhéraient à une "idéologie extrémiste motivée par des considérations religieuses" et faisaient partie d'un "réseau plus large", selon la police, qui n'a pas spécifié de quelle idéologie il était question.

Dave Hudson, haut responsable de la police de Nouvelle-Galles du Sud, a déclaré "probable" que le groupe préparait un attentat, bien qu'aucune cible précise n'ait été identifiée.

"Leur comportement, pendant leur placement sous surveillance, nous a amenés à penser que, s'ils devaient commettre un acte, nous ne serions pas en mesure de l'empêcher", a-t-il déclaré à la presse.

"Pendant l'enquête, nous avons pensé qu'il était probable qu'une attaque se produise."

Les sept personnes arrêtées sont des mineurs âgés de 15 à 17 ans, a précisé la police.

«Idéologie extrémiste»

"Le terrorisme et la radicalisation des jeunes en ligne constituent un problème permanent pour nous", a déclaré M. Hudson.

Les membres du réseau "partageaient une idéologie extrémiste violente commune", a simplement indiqué Krissy Barrett, un spécialiste de la lutte contre le terrorisme de la police fédérale australienne.

La semaine dernière, Mar Mari Emmanuel, évêque d'une église chrétienne assyrienne de Sydney, a été frappé de plusieurs coups de couteau à la tête et à la poitrine par un jeune homme de 16 ans au cours d'un sermon diffusé en direct. Il a été hospitalisé mais ses jours ne sont pas en danger.

Son agresseur a été arrêté et inculpé d'"acte terroriste". La liberté sous caution lui a été refusée et il encourt la prison à vie s'il est déclaré coupable.

A la suite de cette attaque, la police a déclenché l'ouverture d'une enquête par une équipe associant les forces de police fédérales, celles de l'Etat de Nouvelle-Galles du Sud et les services de renseignement.

Cette attaque a aussi déclenché une émeute parmi les fidèles de l'église de l'ouest de Sydney.

Des centaines de fidèles et de membres de la communauté se sont précipités près de l'église la nuit de l'attaque. Certains ont lancé des pierres et d'autres projectiles qui ont blessé une cinquantaine de policiers.

La situation est restée tendue dans ce quartier qui abrite la petite communauté chrétienne assyrienne de Sydney, dont beaucoup ont fui les persécutions et la guerre en Irak et en Syrie.

Le religieux qui disposait d'une large audience sur internet, de près de 200.000 personnes, s'est fait connaître en critiquant l'islam et les vaccins contre le Covid-19.