Le bourreau de Srebrenica purgera sa peine au Royaume-Uni

L'ancien dirigeant serbe de Bosnie, Radovan Karadzic, a été déclaré responsable de persécutions, meurtres, viols, traitements inhumains ou transferts forcés, notamment lors du siège de près de quatre ans de Sarajevo (plus de 10 000 morts) et lors du massacre de l'enclave musulmane de Srebrenica en 1995 (8 000 hommes et garçons exécutés), que la justice a qualifié de génocide. (Photo, AFP)
L'ancien dirigeant serbe de Bosnie, Radovan Karadzic, a été déclaré responsable de persécutions, meurtres, viols, traitements inhumains ou transferts forcés, notamment lors du siège de près de quatre ans de Sarajevo (plus de 10 000 morts) et lors du massacre de l'enclave musulmane de Srebrenica en 1995 (8 000 hommes et garçons exécutés), que la justice a qualifié de génocide. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 13 mai 2021

Le bourreau de Srebrenica purgera sa peine au Royaume-Uni

  • Agé de 75 ans, Radovan Karadzic est responsable des pires massacres perpétrés en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale
  • L'ex-dirigeant des Serbes de Bosnie a été condamné en 2019 à la prison à vie pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité

LONDRES: Condamné en 2019 à la prison à vie pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité, l'ex-dirigeant des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic va être transféré au Royaume-Uni pour purger y sa peine, a décidé mercredi la justice internationale.

Agé de 75 ans, Radovan Karadzic est actuellement incarcéré au centre de détention de l'ONU à La Haye. Il attend d'être transféré dans une prison située à l'extérieur des Pays-Bas, où il purgera sa peine pour son rôle notamment dans le massacre de Srebrenica lors de la guerre de Bosnie (1992-1995).

La date du transfert n'est pas connue à ce stade, mais celui-ci doit intervenir «dans les meilleurs délais», selon la décision. Mais pour des «raisons de sécurité», elle restera «strictement confidentielle», a déclaré à l'AFP une porte-parole du Mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux (MTPI), qui a pris le relais du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) après sa fermeture en 2017.

Figurant parmi les pays avec lesquels la justice internationale a des accords, le Royaume-Uni avait proposé que Radovan Karadzic purge sa peine sur son sol. Radovan Karadzic ne peut le faire dans les cellules de l'ONU à La Haye car il ne s'agit pas d'un centre pénitentiaire.

Dans une décision rendue mercredi, le Mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux a validé la proposition britannique, à laquelle le condamné avait donné son accord.

«Radovan Karadzic est l'une des rares personnes à avoir été reconnues coupables de génocide. Il est responsable du massacre d'hommes, de femmes et d'enfants lors du génocide de Srebrenica et a participé à la poursuite du siège de Sarajevo avec ses attaques sans remords contre les civils», a souligné le ministre britannique des Affaires étrangères Dominic Raab.

«Nous devrions être fiers que, du soutien britannique pour son arrestation à la cellule de prison qui l'attend, le Royaume-Uni a soutenu la quête de justice pour ces crimes haineux pendant 30 ans», a-t-il ajouté.

 

Arrêté en 2008

Condamné en première instance en mars 2016 à 40 ans de prison, Radovan Karadzic a été condamné en appel en 2019 à la prison à vie par la justice internationale. Il a été déclaré responsable de persécutions, meurtres, viols, traitements inhumains ou transferts forcés, notamment lors du siège de près de quatre ans de Sarajevo (plus de 10 000 morts) et lors du massacre de l'enclave de Srebrenica en 1995 (8 000 hommes et garçons exécutés), le pire perpétré en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, que la justice a qualifié de génocide.

Il est également mis en cause dans le déplacement de populations sur des bases ethniques dans plusieurs autres villes du pays.

Après la mort pendant son procès de l'ancien président serbe Slobodan Milosevic en 2006, Karadzic est le plus haut responsable à avoir dû rendre des comptes pour la guerre de Bosnie. Il avait été arrêté en 2008 après 13 ans de clandestinité, avant d'être traduit devant le Tribunal international pour l'ex-Yougoslavie.

C'est déjà au Royaume-Uni que l'ex-président libérien Charles Taylor, condamné en 2012 à 50 ans de prison pour crimes contre l'Humanité pendant la guerre civile en Sierra Leone (1991-2002), purge sa peine.

Aujourd'hui âgé de 73 ans, Charles Taylor avait été transféré en 2013 des Pays-Bas vers la prison de Frankland, un centre pénitentiaire de haute sécurité près de Durham (nord-est de l'Angleterre).


En Tunisie, un millier de personnes accueillent la flottille partie de Barcelone vers Gaza

Plus d'un millier de personnes, parmi lesquelles l'eurodéputée Rima Hassan, ont accueilli dimanche à Tunis la flottille partie de Barcelone avec à son bord des militants et de l'aide humanitaire pour Gaza. (AFP)
Plus d'un millier de personnes, parmi lesquelles l'eurodéputée Rima Hassan, ont accueilli dimanche à Tunis la flottille partie de Barcelone avec à son bord des militants et de l'aide humanitaire pour Gaza. (AFP)
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  • La flottille dit avoir pour objectif  "d'ouvrir un corridor humanitaire et de mettre fin au génocide en cours du peuple palestinien"
  • A Sidi Bou Saïd, près de Tunis, plus d'un millier de personnes munies de drapeaux palestiniens, de banderoles de soutien à la flottille et de fumigènes se sont rassemblées pour accueillir les bateaux dans la ferveur

TUNIS: Plus d'un millier de personnes, parmi lesquelles l'eurodéputée Rima Hassan, ont accueilli dimanche à Tunis la flottille partie de Barcelone avec à son bord des militants et de l'aide humanitaire pour Gaza.

Plusieurs bateaux devaient quitter Tunis dimanche pour rejoindre la "Global Sumud Flotilla", mais leur départ a été reporté à mercredi pour des "raisons techniques et logistiques" selon les organisateurs.

La flottille dit avoir pour objectif  "d'ouvrir un corridor humanitaire et de mettre fin au génocide en cours du peuple palestinien".

A Sidi Bou Saïd, près de Tunis, plus d'un millier de personnes munies de drapeaux palestiniens, de banderoles de soutien à la flottille et de fumigènes se sont rassemblées pour accueillir les bateaux dans la ferveur.

Lors d'une conférence de presse sur la plage, Rima Hassan a insisté sur "le rôle que jouent aujourd'hui les peuples face à la lâcheté des Etats (...) qui empêchent toute solidarité envers le peuple palestinien".

"Quand nous étions sur le Madleen, on a été interceptés par plusieurs dizaines de militaires, et on s'est fait la promesse dès notre arrivée de renvoyer immédiatement un maximum de bateaux", a ajouté l'eurodéputée.

Le voilier Madleen, avec 12 militants à bord, avait été intercepté le 9 juin par les forces israéliennes à environ 185 kilomètres à l'ouest des côtes de Gaza.

"Nous savons tous pourquoi nous sommes ici. De l'autre côté de la mer, il y a un génocide en cours, une famine de masse provoquée par la machine à tuer d'Israël", a dénoncé la militante suédoise Greta Thunberg aux côtés de Rima Hassan, juste après son arrivée en bateau de Barcelone.

130 personnes de différents pays se sont inscrites pour monter à bord des bateaux de la flottille devant partir de Tunisie, ont déclaré les organisateurs à l'AFP.

Les Nations unies ont déclaré en août l'état de famine à Gaza, avertissant que 500.000 personnes se trouvent en situation "catastrophique".


Turquie: l'opposition convoque un congrès extraordinaire pour le 21 septembre

Turquie: l'opposition convoque un congrès extraordinaire pour le 21 septembre
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  • Le principal parti d'opposition de Turquie va convoquer un congrès extraordinaire le 21 septembre, après qu'un tribunal a destitué sa direction d'Istanbul sur des accusations de corruption

ISTANBUL: Le principal parti d'opposition de Turquie va convoquer un congrès extraordinaire le 21 septembre, après qu'un tribunal a destitué sa direction d'Istanbul sur des accusations de corruption, a rapporté une source du parti à l'AFP samedi.

Cette décision intervient dans un contexte de pression politique croissante sur le Parti républicain du peuple (CHP) après qu'un tribunal a annulé cette semaine les résultats de son congrès provincial d'Istanbul en octobre 2023, destituant son leader Ozgur Celik et 195 autres responsables.

Plus de 900 délégués du CHP ont soumis vendredi une pétition à une commission électorale locale de la capitale Ankara pour autoriser le congrès, a déclaré la source à l'AFP.

Ce congrès devrait définir la stratégie du parti alors qu'il est confronté à une incertitude juridique.

Le CHP, la principale force d'opposition au Parlement turc, a remporté une victoire majeure sur l'AKP du président Recep Tayyip Erdogan lors des élections locales de 2024. Depuis lors, le parti est devenu la cible d'une vague d'arrestations et de procédures judiciaires qui ont culminé en mars avec l'emprisonnement du populaire et puissant maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, pour des accusations de corruption qu'il dément.

L'arrestation et l'emprisonnement de M. Imamoglu, considéré comme un rival clé du président Erdogan, ont déclenché des manifestations de rue inédites depuis dix ans. Les autorités ont réprimé les manifestations en arrêtant près de 2.000 personnes, dont la plupart ont ensuite été libérées.

Mardi, un tribunal a destitué le leader du CHP d'Istanbul et des dizaines de délégués du parti, tout en nommant une équipe de cinq hommes pour les remplacer, ce qui a provoqué une chute de 5,5% du marché boursier turc.

Le CHP a fait appel contre cette décision judiciaire.

Pour l'analyste politique Berk Esen, cette affaire représente une "répétition" pour une affaire plus importante contre la direction nationale du parti, visant à l'affaiblir en tant que force d'opposition.

Une procédure judiciaire presque identique pèse en effet sur sa direction nationale, dans une affaire très suivie qui reprendra à Ankara le 15 septembre.

Gul Ciftci, vice-présidente du CHP responsable des affaires électorales et juridiques, a déclaré que le congrès extraordinaire "ne déterminera pas seulement l'avenir de notre parti, mais réaffirmera également la foi dans le pluralisme, la diversité et la politique démocratique en Turquie", dans un commentaire publié sur X vendredi.

Elle a salué la décision concernant le congrès, prise grâce à la volonté des délégués, comme "la preuve la plus forte que le CHP reste debout face à toutes les tentatives d'intervention du gouvernement".


Pour contrer Trump, le Canada mise sur des grands projets d'infrastructure

Le Premier ministre canadien Mark Carney s’exprime lors d’une conférence de presse, le 26 août 2025 à Berlin. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s’exprime lors d’une conférence de presse, le 26 août 2025 à Berlin. (AFP)
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  • Le gouvernement de Mark Carney engage une transformation économique historique, avec 500 milliards de dollars investis dans ports, autoroutes, et énergies pour réduire la dépendance aux États-Unis
  • Cette stratégie vise à faire du Canada une superpuissance énergétique, en misant sur ses ressources naturelles et de nouveaux partenariats, notamment avec l’Europe

MONTREAL: Ports, autoroutes, mines, pipelines... Bousculé par les attaques de Donald Trump, le Canada se lance dans une série de grands projets pour diversifier ses activités, rompre sa dépendance au marché américain et éviter une crise économique.

Dès son élection en avril, le Premier ministre Mark Carney avait annoncé la couleur: "Construisons à tout-va" ("build, baby, build"), avait-il lancé, détournant un célèbre slogan du président américain et promettant la plus grande transformation de l'économie canadienne depuis la Seconde Guerre mondiale.

Dans cette optique, fin août, le gouvernement a annoncé la création d'un bureau spécial dédié à la mise en œuvre des grands projets après avoir fait passer une loi en juin pour accélérer les processus d'approbation.

Et dans quelques jours, la liste des projets prioritaires sera rendue publique.

Le point de départ de cette nouvelle politique: la dégradation soudaine de la relation avec les Etats-Unis depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

L'imposition de droits de douane par le président américain et ses menaces d'annexion du pays ont provoqué un électrochoc au Canada qui a pour premier partenaire économique son unique voisin du sud.

Le gouvernement libéral de Mark Carney, élu sur la promesse qu'il saurait tenir tête à Donald Trump, veut donc relancer les grands travaux tout en diversifiant ses partenaires économiques et en se rapprochant de l'Europe notamment.

- "Réflexion profonde" -

"Notre gouvernement est en voie de débloquer 500 milliards de dollars pour investir dans des infrastructures, entre autres énergétiques et portuaires", a précisé fin août Mark Carney au côté du chancelier allemand avec lequel il venait de conclure une entente sur les minéraux critiques.

Pour Jay Kohsla, expert du secteur énergétique, le Canada est à un moment charnière.

"On sait que notre économie est en péril", explique à l'AFP cet ancien haut fonctionnaire, ajoutant que Donald Trump a fourni une occasion unique pour "une réflexion profonde".

Selon lui, les deux à trois prochaines années seront déterminantes pour le pays "pris au piège", alors que le taux de chômage a atteint 7,1 % en août, le niveau le plus élevé depuis 2016, hors pandémie.

Mark Carney compte notamment s'appuyer sur les immenses richesses du sous-sol canadien pour faire du pays une "superpuissance énergétique" en développant les énergies renouvelables mais aussi fossiles.

Quatrième pays exportateur de pétrole, le Canada possède les troisièmes réserves d'or noir au monde. Ses ressources se trouvent surtout en Alberta (ouest), d'où les hydrocarbures sont principalement exportés vers les Etats-Unis, faute d'infrastructures suffisantes pour atteindre d'autres marchés.

- "Prenons le temps" -

Mark Carney, qui a pris sur ce sujet le contre-pied des décisions de son prédécesseur Justin Trudeau, se dit maintenant favorable à l'idée d'exporter du gaz naturel liquéfié (GNL) vers l'Europe.

Les "acheteurs et utilisateurs allemands de GNL" sont particulièrement intéressés, a affirmé la semaine dernière le ministre de l'Energie, Tim Hodgson, lors d'une conférence de presse à Berlin.

Cet été, le Canada a inauguré deux énormes projets énergétiques en construction depuis des années: la toute première installation d'exportation de GNL à grande échelle, LNG Canada, et l'agrandissement du pipeline Trans Mountain, qui transporte le pétrole des sables bitumineux de l'Alberta vers la côte ouest.

Mais cette transformation inquiète les ONG, dont Greenpeace qui dénonce les reculs environnementaux et demandent au gouvernement "de privilégier les solutions climatiques et non pas les pipelines de pétrole et de gaz".

Les communautés autochtones, elles, redoutent que le développement économique ne prime sur les droits des Premiers peuples.

"Nous savons ce que ça fait d'avoir Trump à nos frontières. Ne reproduisons pas des politiques à la Trump chez nous. Prenons le temps de bien faire les choses", a demandé Cindy Woodhouse, la cheffe nationale de l'Assemblée des Premières Nations.