La communauté internationale au chevet du Soudan, Paris promet d'alléger la dette

Le président français Emmanuel Macron lors de la Conférence internationale d’appui à la transition soudanaise à Paris, le 17 mai 2021 (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron lors de la Conférence internationale d’appui à la transition soudanaise à Paris, le 17 mai 2021 (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 18 mai 2021

La communauté internationale au chevet du Soudan, Paris promet d'alléger la dette

  • « Il importe, pour tendre vers cet horizon, que les accords de paix soient mis en œuvre au plus vite par toutes les parties », a dit Emmanuel Macron
  • Il a appelé les dirigeants du Soudan à poursuivre leurs «réformes économiques courageuses»

PARIS: Emmanuel Macron a salué lundi à Paris la révolution « post-islamiste » au Soudan à l'occasion d'une conférence internationale destinée à alléger la dette de ce pays, en présence d'une quinzaine de dirigeants d'Etats africains, européens et du Golfe ainsi que d'organisations internationales.  

Pour ce sommet organisé au Grand palais éphémère construit sur le Champ-de-Mars, Emmanuel Macron a accueilli lundi après-midi le président soudanais Abdel Fattah Al-Burhan, ainsi que ses homologue d'Egypte, d'Ethiopie et du Rwanda. Autres invités présents, des dirigeants du FMI, de la Banque Mondiale et de l'Union africaine, des chefs de la diplomatie européens (Italie, Allemagne) et du Golfe (Arabie Saoudite, Koweit), sans oublier des représentants de l'ONU, de l'UE.

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Le président français Emmanuel Macron, le Premier ministre soudanais Abdallah Hamdok, et le président soudanais Abdel Fattah Al-Burhan à Paris le 17 mai 2021 (Photo, AFP)

En amont de ce sommet, le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire a annoncé que Paris allait prêter 1,5 milliard de dollars au Soudan, sous la forme d'un prêt-relais, pour lui permettre de couvrir ses arriérés vis-à-vis du Fonds monétaire international.   

Le président français en avait fait la promesse au Premier ministre soudanais Abdallah Hamdok lors de sa visite en France en septembre 2019, six mois après la révolution qui avait chassé du pouvoir Omar al-Bachir et mis fin à trente ans d'un règne sans partage.   

« Hourriya, Salam, Adalah », Liberté, Paix, justice. « Trois mots qu’ont scandés les acteurs de la révolution soudanaise », a déclaré le président français en ouvrant le sommet, et rendant hommage à la victoire de la transition politique dans ce pays.  

« Votre révolution est aussi singulière (...) parce qu’elle a mis fin pour la première fois dans toute la région à un régime utilisant l’arme de l’islam politique pour couvrir ses errements et pour diviser son peuple », a-t-il ainsi estimé.  

« Il importe, pour tendre vers cet horizon, que les accords de paix soient mis en œuvre au plus vite par toutes les parties », a-t-il dit.  

Il a appelé les dirigeants du Soudan à poursuivre leurs « réformes économiques courageuses ». « La réduction de la dette soudanaise que nous allons amorcer prochainement est un premier résultat de ces réformes, et il conviendra que cette trajectoire de retour du Soudan dans le concert des nations soit confortée », a-t-il conclu.  

« Bonne décision, au bon moment. C'est au Soudan maintenant et à la communauté internationale de montrer que le nouveau Soudan est une opportunité pour les investisseurs et non plus un cas désespéré. L'ONU est prête à apporter son soutien », a tweeté Volker Perthes, l'envoyé spécial pour le Soudan, après l'annonce de l'engagement français.   

Exemple de transition  

« La France a été un des premiers pays à se mobiliser et à soutenir l'expérience de la transition soudanaise » qu'elle considère « comme un exemple de transition démocratique en Afrique », a expliqué une source proche de l'Elysée. « L'enjeu de ce sommet, ce sera de réunir la communauté internationale autour du Soudan et d'amorcer le traitement de la dette multilatérale du Soudan », a-t-on ajouté de même source.   

Ce pays riche en ressources pétrolières et minières croule sous une dette extérieure de 60 milliards de dollars (plus de 49 milliards d'euros). La pandémie de Covid-19 a frappé une économie en récession depuis trois ans, à l'inflation galopante et qui souffre de pénuries graves de biens de première nécessité.  

Economiste chevronné, M. Hamdok a déjà apuré la dette avec la Banque mondiale grâce à une aide de 1,15 milliard des Etats-Unis, qui ont retiré en décembre le Soudan de la liste des Etats finançant le terrorisme, mettant ainsi fin aux sanctions économiques qui le maintenaient au ban de la communauté internationale.   

Et Khartoum a annoncé début mai avoir obtenu un prêt de 425 millions de dollars financé par la Suède, le Royaume-Uni et l'Irlande pour solder ses arriérés auprès de la Banque africaine de développement (BAD).  

Reste le sujet de la dette bilatérale. Une séance de travail était prévue à 17H00 pour « avancer vers la remise de dette du Soudan » auprès du Club de Paris, son plus important créancier à hauteur de 38%.  

La restructuration de la dette, en rétablissant la confiance, pourrait ouvrir la voie à des investissements étrangers dans des secteurs stratégiques comme   les infrastructures, l’agriculture, l'énergie, les minéraux ou encore les communications. 

La France annule sa créance

La France va annuler la totalité de sa créance vis-à-vis du Soudan afin de libérer ce pays engagé dans une transition démocratique du « fardeau de la dette », a annoncé lundi Emmanuel Macron.  

En ce qui concerne la France, « nous sommes en faveur d'une annulation pure et simple de notre créance envers le Soudan » qui s'élève à « près de 5 milliards de dollars », a-t-il dit.  

L'Initiative allemande

L'Allemagne a annoncé lundi une aide de plusieurs millions d'euros pour alléger la dette du Soudan, à l'occasion d'une conférence internationale organisée à Paris pour soutenir financièrement le pays engagé dans une délicate transition démocratique. 

Selon le texte d'un discours diffusé par le ministère des Affaires étrangères, le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas a déclaré que la République fédérale effacerait 360 millions d'euros de dettes bilatérales avec le pays d'Afrique.  

En outre, Berlin apportera jusqu'à 90 millions d'euros pour aider le Soudan à solder son arriéré de dette avec le Fonds monétaire international.  

« Le gouvernement soudanais a besoin de la marge financière nécessaire pour mettre en œuvre des réformes politiques et économiques. L'allègement de la dette et la mise en œuvre par le Soudan du programme de suivi du FMI jouent un rôle central », a souligné M. Maas, selon ce discours. 

Le ministre a souligné que le processus de réforme politique et économique entamé au Soudan était « ardu, mais il offre une opportunité historique pour plus de paix, de perspectives économiques et de liberté pour le peuple ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.

 


Salon du Bourget : les députés et le président de la Seine-Saint-Denis boycotteront l'inauguration

L'équipe de démonstration de l'armée de l'air et de l'espace française « Patrouille de France » effectue des figures acrobatiques lors du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) à l'aéroport du Bourget, au nord de Paris, le 23 juin 2023. (Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
L'équipe de démonstration de l'armée de l'air et de l'espace française « Patrouille de France » effectue des figures acrobatiques lors du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) à l'aéroport du Bourget, au nord de Paris, le 23 juin 2023. (Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
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  • le président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, et les députés du département ont fait part de leur refus de participer à l'inauguration du Salon du Bourget lundi.
  • « Il est inadmissible que ces entreprises et des représentants de l'État israélien soient reçus sous le haut patronage de l'État français a déclaré Stéphane Peu

BOBIGNY, FRANCE : Jeudi et vendredi, le président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, et les députés du département ont fait part de leur refus de participer à l'inauguration du Salon du Bourget lundi, en raison de la présence d'entreprises israéliennes.

Organisé par le Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales), le plus ancien et le plus grand rendez-vous aérospatial au monde se tient du 16 au 22 juin au Bourget, en Seine-Saint-Denis.

La présence d'Israël, qui compte neuf exposants, a été vivement critiquée, et a même fait l'objet de recours en justice.

Mardi, le tribunal judiciaire de Bobigny a rejeté la requête d'associations qui lui demandaient d'exclure les entreprises israéliennes du Bourget au nom du risque de perpétuation de crimes internationaux. La cour d'appel de Paris a par la suite confirmé cette décision. 

« Des entreprises israéliennes d'armement y seront présentes. « Comment peut-on, d'un côté, se dire attaché aux droits humains et, de l'autre, dérouler le tapis rouge à un État mis en cause par la Cour pénale internationale pour actes génocidaires ? », a écrit jeudi sur X le président socialiste de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel.

« Je ne participerai pas à l'accueil protocolaire traditionnel du président de la République et du Premier ministre », a-t-il poursuivi.

La position est identique chez l'ensemble des députés de Seine-Saint-Denis, tous de gauche.

« Il est inadmissible que ces entreprises et des représentants de l'État israélien soient reçus sous le haut patronage de l'État français, alors que le gouvernement israélien poursuit ses violations du droit international en commettant un véritable génocide à Gaza », a déclaré Stéphane Peu (PCF) dans un communiqué de presse. 

Joint par l'AFP, Éric Coquerel, président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale et député LFI, a indiqué que c'était également la position des députés insoumis. « Nous allons même manifester contre », a-t-il ajouté.

Samedi, une manifestation est prévue au départ de la Bourse du travail de Bobigny à 13 heures, à l'appel d'une intersyndicale et d'une coalition d'associations.

Cette manifestation s'inscrit dans le cadre d'un week-end de mobilisation et d'un « village anti-guerre » organisé du 20 au 22 juin à Bobigny.

Israël est en guerre depuis près de 20 mois contre le Hamas, à la suite de l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le mouvement islamiste palestinien.

Les accusations de génocide et de crimes de guerre contre Israël se multiplient, provenant d'experts de l'ONU, de groupes de défense des droits humains et de pays de plus en plus nombreux. Israël les rejette.