Réouvertures: un peu de la vie d'avant en attendant celle d'après

La réouverture la plus symbolique est celle des terrasses, malgré une météo capricieuse (Photo, AFP).
La réouverture la plus symbolique est celle des terrasses, malgré une météo capricieuse (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 19 mai 2021

Réouvertures: un peu de la vie d'avant en attendant celle d'après

  • Les Français ont hâte de retrouver le chemin des commerces ou lieux de culture, fermés depuis des mois
  • A Paris comme ailleurs, les cafetiers s'activaient mardi pour ressortir tables et chaises, tandis que les camions de livraison apportaient les fûts de bière

PARIS: La vie d'après la Covid n'est pas pour tout de suite, mais les Français ont hâte de retrouver un peu de celle d'avant, avec la réouverture mercredi de nombreux commerces ou lieux de culture, fermés depuis des mois.

La plus symbolique est celle des terrasses, malgré une météo capricieuse. Et de Rennes à Ajaccio, on frémit d'impatience.

« Je n'attends que ça ! », sourit Eloïse, étudiante parisienne.

A Paris comme ailleurs, les cafetiers s'activaient mardi pour ressortir tables et chaises, tandis que les camions de livraison apportaient les fûts de bière. Mais malgré l'enthousiasme, rouvrir les terrasses ne va pas forcément de soi puisque ce sera sous conditions (tables de six, à 50% de la capacité).

« Remettre tout en marche pour quatre tables, est-ce que ça vaut le coup ? », se demande Stéphanie Mathey, qui gère trois bistrots dans Paris.

Le chef étoilé et star du petit écran Philippe Etchebest préfère attendre début juin pour rouvrir son restaurant le Quatrième Mur à Bordeaux.  

« Le modèle économique ne fonctionne pas avec une demi-jauge à 50% et une fermeture à 21H00, ma structure ne le permet pas », a-t-il martelé. 

Mais pour le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, la réouverture des terrasses est « un symbole, une étape fondamentale ». « L'économie française va se redresser », a-t-il voulu croire lors d'une visite chez un restaurateur parisien.

203 jours

Après 203 jours de fermeture d'affilée qui les a mis en péril économique, cinémas, théâtres et musées pourront également rouvrir au public avec des jauges maximales de fréquentation. 

« L'exposition attend le public depuis six mois, accrochée aux murs », assure Laurence des Cars, directrice du musée d'Orsay à Paris.

La ministre de la Culture Roselyne Bachelot a annoncé mardi une nouvelle enveloppe de 150 millions d'euros pour les secteurs du cinéma et du spectacle vivant, qui s'ajoutent aux 11 milliards déjà déboursés pour la culture depuis le début de l'épidémie.

Les Français pressés de retrouver une vie presque normale

La vie sans Covid n'est pas pour demain mais ce mercredi, en revanche, marquera pour les Français le retour à une vie presque normale, avec la réouverture de nombreux commerces, des lieux de culture et des sacro-saintes terrasses de cafés, fermés depuis de longs mois.

A Paris comme ailleurs, les cafetiers s'activaient mardi pour ressortir tables et chaises, tandis que les camions de livraison apportaient les fûts de bière. Mais malgré l'enthousiasme, rouvrir les terrasses ne va pas forcément de soi puisque ce sera sous conditions (tables de six, à 50% de la capacité).

« Remettre tout en marche pour quatre tables, est-ce que ça vaut le coup ? », se demande Stéphanie Mathey, qui gère trois bistrots dans Paris.

La réouverture des terrasses est « un symbole, une étape fondamentale », a jugé le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, lors d'une visite chez un restaurateur parisien. « L'économie française va se redresser », a-t-il voulu croire.

Après 203 jours de fermeture d'affilée qui les a mis en péril économique, cinémas, théâtres et musées pourront également rouvrir au public avec des jauges maximales de fréquentation. 

« L'exposition attend le public depuis six mois, accrochée aux murs », assure Laurence des Cars, directrice du musée d'Orsay à Paris.

Autre réouverture encadrée, celle des magasins de vêtements et de jouets ou de certaines activités sportives.

Pour autant, toutes les restrictions ne seront pas levées et les gestes barrières restent de rigueur.

Autre réouverture encadrée : celle des magasins de vêtements et de jouets ou de certaines activités sportives. Emmanuel Macron se déplacera dans l'Aube mercredi pour rencontrer des jeunes et des bénévoles de clubs de foot et de tennis.

Pour autant, mercredi est loin de marquer un retour à la normale : appliqué sur tout le territoire depuis le 16 janvier à 18H00 puis 19H00, le couvre-feu sera seulement repoussé à 21H00, avant d'être décalé à 23H00 le 9 juin puis, si la situation sanitaire le permet, de disparaître le 30.

Pas encore question non plus de se passer du masque à l'extérieur. « Si la circulation du virus continue à baisser, ça va être rapidement envisagé », a promis le ministre de la Santé Olivier Véran, lundi soir sur BFMTV. En Ardèche, ce sera le cas dès mercredi, mais seulement dans les zones à faible densité de population, a annoncé la préfecture.

« On vit un événement unique depuis la grippe espagnole. Il n'y a pas de solution toute prête à sortir des tiroirs. On a tous tâtonné », a commenté sur France Inter l'expert suisse Didier Pittet, auteur d'un rapport sur la gestion de la crise. « La France était mal préparée. Ça s'est amélioré avec le (premier) déconfinement » il y a un an.

Les réouvertures de mercredi ont lieu au moment où l'épidémie recule nettement. 

Le nombre de malades de la Covid-19 dans les services de réanimation a poursuivi sa baisse mardi ainsi que le total des hospitalisations (22 058), au plus bas depuis six mois, selon les chiffres de Santé publique France. 

Les services de soins critiques (qui rassemblent réanimation, soins intensifs et surveillance continue) comptent désormais 4 015 patients, contre 4 186 la veille. 

Recul

Le nombre de morts à l'hôpital était de 187 personnes mardi. Au total, l'épidémie a tué 108 069 personnes.

S'il s'agit en majorité de personnes âgées, cela peut aussi être des gens jeunes et sportifs, comme l'a rappelé le témoignage de Moundir, 47 ans, connu depuis son passage dans l'émission de télé-réalité « Koh Lanta » en 2003 et gravement atteint en mars.

« On ne ressort jamais indemne d'une réa (...). J'aimerais vous dire que je vais bien (mais) mes poumons sont sacrément endommagés », a-t-il assuré lundi soir dans l'émission « C à vous » sur France 5.

Parallèlement aux réouvertures, la France poursuit sa campagne de vaccination, après avoir atteint son objectif de 20 millions de premières injections de vaccins au 15 mai.

« Il va falloir rester à un plateau très haut dans les centres de vaccination pour tenir l'objectif des 30 millions d'injections à mi-juin », a souligné le ministère de la Santé mardi.

Car les derniers chiffres confirment la désaffection du public envers le vaccin d'AstraZeneca, réservé aux plus de 55 ans en raison des risques rarissimes de thromboses graves. Dimanche soir, le taux d'utilisation des doses était de 92% pour Pfizer/BioNTech, 88% pour Moderna, mais seulement de 56% pour AstraZeneca.


Les deux ex-prisonniers français disent qu'ils n'auraient «pas tenu» en Iran sans le soutien en France 

Cécile Kohler et Jacques Paris, les deux Français sortis mardi de prison en Iran et installés à l'ambassade de France à Téhéran, ont dit qu'ils n'auraient pu endurer une si longue détention sans la mobilisation en France pour les soutenir, a dit mercredi l'ambassadeur. (AFP)
Cécile Kohler et Jacques Paris, les deux Français sortis mardi de prison en Iran et installés à l'ambassade de France à Téhéran, ont dit qu'ils n'auraient pu endurer une si longue détention sans la mobilisation en France pour les soutenir, a dit mercredi l'ambassadeur. (AFP)
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  • "Ils m'ont demandé de passer un message pour dire à leurs familles, mais aussi à tous ceux qui les ont soutenus en France, que sans ce soutien, il n'auraient pas pu tenir", a dit Pierre Cochard sur la radio publique France Inter
  • "Il faut attendre le diagnostic des médecins, mais je les ai trouvés d'abord très heureux, très soulagés tous les deux, par cette libération, on le comprend après trois ans et demi de détention dans des conditions difficiles", a ajouté le diplomate

PARIS: Cécile Kohler et Jacques Paris, les deux Français sortis mardi de prison en Iran et installés à l'ambassade de France à Téhéran, ont dit qu'ils n'auraient pu endurer une si longue détention sans la mobilisation en France pour les soutenir, a dit mercredi l'ambassadeur.

"Ils m'ont demandé de passer un message pour dire à leurs familles, mais aussi à tous ceux qui les ont soutenus en France, que sans ce soutien, il n'auraient pas pu tenir", a dit Pierre Cochard sur la radio publique France Inter.

"Il faut attendre le diagnostic des médecins, mais je les ai trouvés d'abord très heureux, très soulagés tous les deux, par cette libération, on le comprend après trois ans et demi de détention dans des conditions difficiles", a ajouté le diplomate.

Après trois ans et demi de détention, ils ont été remis lundi aux autorités françaises à Téhéran et se trouvent actuellement à l'ambassade de France.

Pour autant, ils ne sont pas autorisés à quitter le territoire de la République islamique.

De son côté, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a souligné sur la radio privée RTL que la France n'avait "pas de certitude sur le moment où" la libération définitive de Cécile Kohler et Jacques Paris interviendrait.

"Mais nous n'allons ménager aucun effort pour obtenir leur retour en France dans les meilleurs délais", a-t-il promis.

"Ce n'est qu'une étape, et nous allons continuer à nous mobiliser sans relâche pour obtenir leur libération définitive", a-t-il ajouté, insistant par ailleurs sur la discrétion nécessaire pour "garantir le succès de ce type de manœuvre diplomatique".

"Donc nous ne révélons pas le détail de ces discussions que nous avons avec les autorités à tous les niveaux du Président de la République jusqu'à l'ambassadeur à Téhéran que je veux féliciter pour sa mobilisation", a ajouté le ministre alors que les autorités iraniennes ont évoqué dès septembre un accord sur un échange de prisonniers.

Depuis une dizaine d'années, l'Iran multiplie les arrestations de ressortissants occidentaux, notamment français, les accusant le plus souvent d'espionnage, afin de les utiliser comme monnaie d'échange pour relâcher des Iraniens emprisonnés dans des pays occidentaux ou afin d'obtenir des gages politiques.

Au moins une vingtaine d'Occidentaux seraient encore détenus, selon des sources diplomatiques.

Dans le cas de Cécile Kohler et Jacques Paris, Téhéran a rendu publique le 11 septembre la possibilité d'un accord de libération des deux Français en échange de Mahdieh Esfandiari, une Iranienne arrêtée en France en février pour avoir fait la promotion du terrorisme sur les réseaux sociaux. Son avocat français, Me Nabil Boudi, s'est réjoui de la libération Cécile Kohler et Jacques Paris, assurant que sa cliente a été "détenue injustement".

Celle-ci a été libérée sous contrôle judiciaire dans l'attente de son procès prévu en janvier.


Fin de vie: Falorni et Biétry demandent un référendum à Macron avant l'été, faute de loi

Le député Olivier Falorni, à l'origine des propositions de loi sur la fin de vie, et l'ancien journaliste Charles Biétry, atteint de la maladie de Charcot, ont demandé mardi à Emmanuel Macron d'organiser un référendum sur ces textes avant l'été, faute d'adoption parlementaire. (AFP)
Le député Olivier Falorni, à l'origine des propositions de loi sur la fin de vie, et l'ancien journaliste Charles Biétry, atteint de la maladie de Charcot, ont demandé mardi à Emmanuel Macron d'organiser un référendum sur ces textes avant l'été, faute d'adoption parlementaire. (AFP)
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  • Deux propositions de loi, une première consensuelle sur les soins palliatifs, et une autre, nettement plus sensible, sur la création d'une aide à mourir, ont été votées fin mai en première lecture à l'Assemblée
  • Plusieurs sources parlementaires ont évoqué ces dernières semaines un examen en janvier à la chambre haute, où la majorité de droite pourrait modifier les textes

BORDEAUX: Le député Olivier Falorni, à l'origine des propositions de loi sur la fin de vie, et l'ancien journaliste Charles Biétry, atteint de la maladie de Charcot, ont demandé mardi à Emmanuel Macron d'organiser un référendum sur ces textes avant l'été, faute d'adoption parlementaire.

Deux propositions de loi, une première consensuelle sur les soins palliatifs, et une autre, nettement plus sensible, sur la création d'une aide à mourir, ont été votées fin mai en première lecture à l'Assemblée, mais la chute du gouvernement de François Bayrou a reporté leur examen au Sénat.

Plusieurs sources parlementaires ont évoqué ces dernières semaines un examen en janvier à la chambre haute, où la majorité de droite pourrait modifier les textes, et le ministre des Relations avec le Parlement Laurent Panifous a annoncé la semaine dernière un nouveau débat à l'Assemblée en février.

"Le parcours de ce texte n'avance pas comme il le devrait. Régulièrement retardé, reporté, réinscrit puis de nouveau ajourné... Cela devient insupportable!", déplorent MM. Falorni et Biétry, dans un courrier remis mardi matin au président de la République à l'occasion d'une visite de M. Macron aux Assises de l'économie de la mer à La Rochelle, selon le député apparenté MoDem de Charente-Maritime.

"Pourtant, les malades en fin de vie, eux, n'ont pas le temps d'attendre. Vis-à-vis d'eux, cette situation de blocage est une forme d'indécence", ajoutent les deux hommes.

"C'est pour cela que, si cet enlisement se poursuivait en début d'année prochaine, nous vous demandons solennellement de consulter directement les Français par référendum avant l'été 2026 sur les textes de loi votés en mai dernier par les députés", poursuivent-il.

M. Macron avait lui-même évoqué en mai un référendum, en cas d'"enlisement" au Parlement, tout en précisant qu'il le ferait "avec beaucoup de précaution".

Il répondait alors à une interpellation de Charles Biétry, atteint de la maladie de Charcot, à travers une courte vidéo où la question de l'ancien patron des sports de Canal+, qui aura 82 ans mercredi, était lue par une voix de synthèse.


Le procès du cimentier français Lafarge pour financement du terrorisme s'ouvre à Paris

Après avoir ouvert l'audience, peu après 13H00 GMT, la présidente du tribunal, Isabelle Prévost-Desprez, a commencé à appeler un à un les prévenus à la barre pour leur énoncer les infractions dont ils sont accusés. (AFP)
Après avoir ouvert l'audience, peu après 13H00 GMT, la présidente du tribunal, Isabelle Prévost-Desprez, a commencé à appeler un à un les prévenus à la barre pour leur énoncer les infractions dont ils sont accusés. (AFP)
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  • Le tribunal correctionnel les jugera jusqu'au 16 décembre pour financement d'entreprises terroristes, et pour certains aussi pour non-respect de sanctions financières internationales
  • Au côté de Lafarge, avalé en 2015 par le groupe suisse Holcim, sont jugés à Paris l'ancien PDG du cimentier français Bruno Lafont, cinq ex-responsables de la chaîne opérationnelle ou de la chaîne de sûreté et deux intermédiaires syriens

PARIS: Le procès du groupe français Lafarge et de huit anciens responsables, soupçonnés d'avoir payé des groupes jihadistes, dont le groupe Etat islamique, en Syrie jusqu'en 2014 dans le but d'y maintenir l'activité d'une cimenterie, s'est ouvert mardi à Paris, une première en France pour une multinationale.

Après avoir ouvert l'audience, peu après 13H00 GMT, la présidente du tribunal, Isabelle Prévost-Desprez, a commencé à appeler un à un les prévenus à la barre pour leur énoncer les infractions dont ils sont accusés.

Le tribunal correctionnel les jugera jusqu'au 16 décembre pour financement d'entreprises terroristes, et pour certains aussi pour non-respect de sanctions financières internationales.

Au côté de Lafarge, avalé en 2015 par le groupe suisse Holcim, sont jugés à Paris l'ancien PDG du cimentier français Bruno Lafont, cinq ex-responsables de la chaîne opérationnelle ou de la chaîne de sûreté et deux intermédiaires syriens, dont l'un, visé par un mandat d'arrêt international, devrait être absent au procès.

Lafarge est soupçonné d'avoir versé en 2013 et 2014, via sa filiale syrienne Lafarge Cement Syria (LCS), plusieurs millions d'euros à des groupes rebelles jihadistes - dont certains, comme l'organisation Etat islamique (EI) et Jabhat al-Nosra, ont été classés comme "terroristes" - afin de maintenir l'activité d'une cimenterie à Jalabiya, dans le nord de la Syrie.

La société avait investi 680 millions d'euros dans ce site, dont la construction avait été achevée en 2010.

Intermédiaires 

Alors que les autres multinationales avaient quitté le pays en 2012, Lafarge n'a évacué cette année-là que ses employés de nationalité étrangère, et maintenu l'activité de ses salariés syriens jusqu'en septembre 2014, date à laquelle l'EI a pris le contrôle de l'usine.

Dans ce laps de temps, LCS aurait rémunéré des intermédiaires pour s'approvisionner en matières premières auprès de l'EI et d'autres groupes, et pour que ces derniers facilitent la circulation des employés et des marchandises.

L'information judiciaire avait été ouverte à Paris en 2017 après plusieurs révélations médiatiques et deux plaintes en 2016, une du ministère de l'Economie pour violation d'embargo et l'autre des associations Sherpa, Centre européen pour les droits constitutionnels (ECCHR) et de onze anciens salariés de LCS pour financement du terrorisme.

Le nouveau groupe issu de la fusion de 2015 - d'abord baptisé LafargeHolcim, puis renommé Holcim en 2021 -, qui a toujours pris soin de se désolidariser des faits antérieurs à cette opération, avait entretemps lancé une enquête interne.

Confiée aux cabinets d'avocats américain Baker McKenzie et français Darrois, elle avait conclu en 2017 à des "violations du code de conduite des affaires de Lafarge".

Et en octobre 2022, Lafarge SA avait plaidé coupable aux Etats-Unis d'avoir versé à l'EI et Jabhat Al-Nosra près de 6 millions de dollars et accepté d'y payer une sanction financière colossale de 778 millions de dollars.

En France, Lafarge encourt jusqu'à 1,125 million d'euros d'amende pour le financement du terrorisme. Pour la violation d'embargo, l'amende encourue est plus lourde, allant jusqu'à 10 fois le montant de l'infraction qui sera retenu in fine par la justice.

"Responsabilités des multinationales" 

Selon la défense de Bruno Lafont, qui conteste avoir été informé des paiements aux groupes terroristes, l'accord de plaider-coupable est une "atteinte criante à la présomption d'innocence, qui jette en pâture les anciens cadres de Lafarge" et avait pour objectif "de préserver les intérêts économiques d'un grand groupe".

Pour l'ex-PDG, qui "attend de pouvoir enfin défendre son honneur, et de comprendre ce qui s'est passé", le procès qui s'ouvre permettra d'"éclaircir" plusieurs "zones d'ombre du dossier", comme le rôle des services de renseignement français.

Les magistrats instructeurs ont estimé que si des remontées d'informations avaient eu lieu entre les responsables sûreté de Lafarge et les services secrets sur la situation autour du site, cela ne démontrait "absolument pas la validation par l'Etat français des pratiques de financement d'entités terroristes mises en place par Lafarge en Syrie".

Sherpa, partie civile dans le dossier, estime de son côté que ce procès est une "occasion inédite pour la justice française de se pencher sur la responsabilité des multinationales lorsqu'elles opèrent dans des zones de conflit".

Un autre volet retentissant de ce dossier est toujours à l'instruction, le groupe ayant aussi été inculpé pour complicité de crimes contre l'humanité en Syrie et en Irak.