Dans des camps de Cisjordanie, un mot se propage parmi la jeunesse: «résistance»

Sur place, le sol est noir charbon, legs des pneus incendiés la veille, et une odeur piquante de gaz lacrymogène flotte encore. (Photo, AFP)
Sur place, le sol est noir charbon, legs des pneus incendiés la veille, et une odeur piquante de gaz lacrymogène flotte encore. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 19 mai 2021

Dans des camps de Cisjordanie, un mot se propage parmi la jeunesse: «résistance»

  • «C'est le début de la troisième intifada»
  • Ces violences sont parmi les plus graves de la décennie écoulée dans ce territoire occupé par Israël depuis plus de 50 ans et siège de l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas

JENINE: Restes de pneus brûlés, éclats de verre et gravats s'alignent le long des routes qui serpentent en Cisjordanie. Depuis que la bande de Gaza est pilonnée, les émeutes nocturnes se multiplient dans le territoire palestinien occupé et un seul mot résonne: "résistance".

Après les manifestations à Jérusalem-Est, les heurts avec la police israélienne ayant fait environ 900 blessés sur l'esplanade des Mosquées, et il y a une semaine la nouvelle escalade militaire entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, c'est maintenant les Palestiniens de Cisjordanie qui se mobilisent aussi.

Les jets de pierre se multiplient à Hébron, Ramallah, Bethléem ou Naplouse. Et, dans le camp de réfugiés de Jénine, les jeunes passent leurs nuits à s'écharper avec les forces israéliennes.

Un air de guerre civile à Lod, ville judéo-arabe d'Israël

Une synagogue aux murs carbonisés, des voitures calcinées renversées et la hargne qui enfle. Longtemps, la cohabitation entre Juifs et Arabes prévalait dans la ville israélienne de Lod. Mais depuis plus d'une semaine, tout a volé en éclats.

Dans la soirée du lundi 10 mai, les villes "mixtes" israéliennes connaissaient un accès de violence.

A Lod, ville industrielle peuplée à 40% d'Arabes où s'alignent des rangées d'immeubles aux fenêtres grillagées ou surmontées de climatiseurs, la tension est montée entre jeunes Arabes et groupes de juifs extrémistes.

Moussa Hassouna, un père de famille arabe israélien de 32 ans, est mort par balle il y a plus d'une semaine dans les heurts. Les images qui circulent sur les réseaux sociaux suggèrent que des juifs nationalistes armés qui se tenaient dans un bâtiment à proximité sont derrière sa mort.

Le 11 mai au soir, lors de ses funérailles, la situation a dégénéré avec un cortège de voitures incendiées, des jets de pierres mais aussi des cocktails Molotov, poussant le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, à déclarer "l'état d'urgence".

Le président israélien, Reuven Rivlin a dénoncé un "pogrom" commis par une "foule arabe assoiffée de sang". 

Devant la synagogue, le ton monte. Des Arabes et des Juifs venus soit prier dans la synagogue au toit éventré, soit ramasser des gravats se disputent au sujet des tensions soudaines. 

Pas si soudaines en fait. La cocotte-minute retient depuis longtemps la vapeur, estiment des citoyens arabes, descendants de Palestiniens restés sur leurs terres à la création d'Israël, qui se disent fréquemment victimes de discrimination. 

Certains nomment des familles comme celle de Yoel des "mustawtinin". Des colons. Un terme généralement employé pour décrire les Israéliens vivant en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, territoires palestiniens occupés illégalement par Israël au regard du droit international.

La guerre démographique 

Dans la nuit du 12 au 13 mai, au moins deux personnes ont été blessées par des coups de feu. Lod s'est à nouveau embrasée. Comme de nombreuses villes "mixtes" d'Israël.

"C'est le début de la troisième intifada", s'emballe Achraf Ahmed, 17 ans, tee-shirt jaune criant, baskets immaculées et un duvet sous le nez, faisant référence aux soulèvements populaires historiques contre l'occupation israélienne.

Achraf travaille dans une petite boutique d'informatique aux murs poussiéreux tapissés de portraits de "martyrs" des intifadas de 1987-93 et 2000-2005. Le soir, il monte avec des amis à Jalameh, point de passage vers Israël à 7 km au nord.

Sur place, le sol est noir charbon, legs des pneus incendiés la veille, et une odeur piquante de gaz lacrymogène flotte encore.

Achraf dit avoir vu de ses "propres yeux" les deux morts du week-end à Jénine, parmi la vingtaine de Palestiniens tués ces derniers jours en Cisjordanie.

Ces violences sont parmi les plus graves de la décennie écoulée dans ce territoire occupé par Israël depuis plus de 50 ans et siège de l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas.   

«Tuer» le Fatah

"Je suis de près ce qu'il se passe à Jérusalem, à Gaza (...), le problème fondamental, c'est l'occupation" israélienne, explique Achraf, qui assure ne soutenir aucun faction palestinienne en particulier. 

Dans le camp de Jénine, qui s'est particulièrement engagé dans les deux intifadas, un club associatif local réunit les portraits de 172 "martyrs", du mouvement historique Fatah mais aussi du Jihad Islamique ou du Hamas, deux groupes au coeur de l'escalade militaire à Gaza.

Des jeunes prêts à mourir pour les causes défendues par le Fatah? Il n'y en a plus beaucoup, constate Dia Abou Wahed, un combattant de la formation laïque âgé d'une trentaine d'années dont cinq ans passés dans les prisons israéliennes.

Le Fatah n'a plus le vent en poupe à Jénine, les jeunes étant plus attirés aujourd'hui par les islamistes, qu'ils considèrent en première ligne de la "résistance" contre Israël.

"Nous sommes aussi confrontés à l'accroissement du nombre de colons israéliens" --ils sont désormais plus de 465 000 en Cisjordanie, soit trois fois plus que lors de la signature des accords d'Oslo sur l'autonomie palestinienne (1993)--, dit-il. 

"Abou Mazen (Mahmoud Abbas) pensait limiter leur présence en invoquant le droit, mais cela ne nous a amenés nulle part. Abou Mazen a tué le Fatah. S'il y avait des élections aujourd'hui, le Hamas gagnerait", analyse-t-il.

«Stratégie»

Le soir, dans le camp de Jénine, des supporters du Hamas et du Jihad islamique sortent armés dans les rues. Et, le jour, l'armée israélienne vient à l'occasion y faire des raids.

La semaine dernière, des soldats ont pénétré chez Bassam al-Saadi, un ténor du Jihad islamique qui a passé 14 ans dans les prisons israéliennes. Ils ont arrêté son fils Souheib, 27 ans, et son neveu Aymane.

"Quelqu'un du renseignement israélien m'a (ensuite) appelé pour me dire de faire en sorte que le camp reste calme. Mais je ne travaille pas pour eux", dit M. Saadi.

"La nouvelle génération est encore plus forte que les précédentes", pense-t-il. "Le Hamas et le Jihad islamique deviennent de plus en plus populaires car ils ont pris l'initiative de la résistance."

Sous couvert de l'anonymat, un responsable israélien décrit une "stratégie" du Hamas pour "prendre le contrôle de la Cisjordanie".

Selon lui, "quand le mouvement islamiste "a vu les violences à Jérusalem, il a perçu une opportunité de mettre de l'huile sur le feu". Quant à l'armée israélienne, elle "n'a aucun intérêt à davantage de violence en Cisjordanie", assure-t-il.

A Jénine, le jeune Ashraf dit ne pas "avoir peur" de mourir pour rejoindre le mur des martyrs du camp. 

A l'autre bout de la Cisjordanie, un adolescent, âgé comme lui de 17 ans, Obaidah Akram Jawabreh, a été tué lundi lors d'affrontements avec les soldats israéliens postés à l'entrée du camp. 

Pour ses funérailles, des centaines de jeunes hommes, ont afflué, dont son ami Hazem. "Les injustices liées à l'occupation (israélienne) ont affecté la psyché d'Odaidah et celles des jeunes autour de lui", note le colosse dans la jeune vingtaine. Aujourd'hui, "toute la patrie se révolte". 


Israël approuve la création de 19 nouvelles colonies en Cisjordanie

Cette photo montre des moutons dans un champ à Kafr al-Labad, avec la colonie israélienne d'Avnei Hefetz en arrière-plan, près de la ville de Tulkarem, en Cisjordanie occupée, le 18 décembre 2025. (FICHIER/AFP)
Cette photo montre des moutons dans un champ à Kafr al-Labad, avec la colonie israélienne d'Avnei Hefetz en arrière-plan, près de la ville de Tulkarem, en Cisjordanie occupée, le 18 décembre 2025. (FICHIER/AFP)
Short Url
  • Israël a approuvé l’installation de 19 nouvelles colonies en Cisjordanie, portant à 69 le nombre de colonies validées en trois ans, dans une démarche visant selon le gouvernement à empêcher la création d’un État palestinien
  • Cette décision, critiquée par l’ONU et de nombreux pays, intervient dans un contexte d’intensification de la colonisation et de fortes violences depuis le 7 octobre 2023

JÉRUSALEM: Les autorités israéliennes ont annoncé dimanche avoir approuvé l'installation de 19 colonies en Cisjordanie, une mesure visant selon elles à "bloquer l'établissement d'un Etat palestinien terroriste", dans un contexte d'intensification de la colonisation depuis le 7-octobre.

Cette annonce porte à 69 le nombre total de colonies ayant obtenu un feu vert ces trois dernières années, d'après un communiqué publié par les services du ministre des Finances d'extrême droite Bezalel Smotrich, lui-même colon et partisan d'une annexion de ce territoire occupé par Israël depuis 1967.

Elle intervient quelques jours après un rapport du secrétaire général des Nations unies faisant état d'une croissance record des colonies israéliennes depuis le début du suivi en 2017.

"La proposition du ministre des Finances Bezalel Smotrich et du ministre de la Défense Israël Katz de déclarer et formaliser 19 nouvelles colonies en Judée et Samarie (la Cisjordanie, NDLR) a été approuvée par le cabinet" de sécurité du gouvernement, ont annoncé les services de M. Smotrich.

Selon lui, cette initiative doit permettre d'empêcher l'émergence d'un Etat palestinien.

"Sur le terrain, nous bloquons l'établissement d'un Etat palestinien terroriste. Nous continuerons à développer, construire et à nous implanter sur la terre de notre patrimoine ancestral", est-il écrit dans le communiqué.

Hormis Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël, plus de 500.000 Israéliens vivent aujourd'hui en Cisjordanie dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international, au milieu de quelque trois millions de Palestiniens.

Sur les colonies dévoilées dimanche, cinq sont des avant-postes qui existent déjà depuis plusieurs années, c'est-à-dire des colonies déjà implantées en territoire palestinien, sans avoir obtenu les autorisations nécessaires des autorités israéliennes.

Ces 19 colonies se trouvent dans des zones "hautement stratégiques", ont précisé les services du ministre. Deux d'entre elles, Ganim et Kadim, dans le nord de la Cisjordanie, seront réinstallées après avoir été démantelées il y a deux décennies.

- "Expansion implacable" -

La colonisation s'est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens, de gauche comme de droite depuis 1967, et s'est nettement intensifiée sous l'exécutif actuel, en particulier depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël.

Dans le rapport de l'ONU consulté mi-décembre par l'AFP, son secrétaire général Antonio Guterres avait "condamné l'expansion implacable de la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem Est, qui continue à alimenter les tensions, empêcher l'accès des Palestiniens à leur terre et menace la viabilité d'un Etat palestinien totalement indépendant, démocratique, continu et souverain".

"Ces développements enracinent encore l'occupation israélienne illégale et viole le droit international et le droit des Palestiniens à l'autodétermination", a-t-il ajouté.

L'avancée de la colonisation s'accompagne en outre d'une augmentation "alarmante" des violences des colons, dénonce-t-il dans le document, évoquant des attaques parfois "en présence ou avec le soutien des forces de sécurité israéliennes".

Depuis le 7-octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels des combattants, mais aussi beaucoup de civils, ont été tués en Cisjordanie par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 44 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Les nouveaux projets de colonies dévoilés par Israël provoquent régulièrement un tollé international, Paris y voyant une "menace existentielle" pour un Etat palestinien.

Fin septembre, le président américain Donald Trump, pourtant un soutien indéfectible d'Israël, avait averti qu'il "ne lui permettrait pas d'annexer la Cisjordanie".


L’Arabie saoudite salue la décision des États-Unis de lever les sanctions contre la Syrie

L'Arabie saoudite a salué la décision des États-Unis de lever les sanctions imposées à la République arabe syrienne en vertu de la loi César, affirmant que cette mesure favorisera la stabilité, la prospérité et le développement en Syrie. (AP)
L'Arabie saoudite a salué la décision des États-Unis de lever les sanctions imposées à la République arabe syrienne en vertu de la loi César, affirmant que cette mesure favorisera la stabilité, la prospérité et le développement en Syrie. (AP)
Short Url
  • L’Arabie saoudite estime que la levée des sanctions américaines contre la Syrie soutiendra la stabilité et le développement du pay
  • Riyad salue le rôle des États-Unis et les mesures prises par Damas pour favoriser la reconstruction et le retour des déplacés

RIYAD : L’Arabie saoudite a salué la décision des États-Unis de lever les sanctions imposées à la République arabe syrienne en vertu du Caesar Act, estimant que cette mesure soutiendra la stabilité, la prospérité et le développement du pays, et contribuera à répondre aux aspirations du peuple syrien.

Dans un communiqué publié vendredi, le Royaume a salué le rôle positif joué par le président américain Donald Trump dans ce processus, depuis l’annonce faite lors de sa visite à Riyad en mai 2025 de la décision de lever l’ensemble des sanctions contre la Syrie, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Le communiqué précise que le processus a abouti à la signature par le président Trump de la loi d’autorisation de la défense nationale pour l’exercice 2026, laquelle inclut l’abrogation du Caesar Act, a ajouté la SPA.

L’Arabie saoudite a également félicité les dirigeants, le gouvernement et le peuple syriens à l’occasion de la levée des sanctions, tout en exprimant sa reconnaissance pour les mesures prises par Damas afin de rétablir la stabilité dans l’ensemble du pays.

Le Royaume a souligné que ces efforts contribueront à créer des conditions favorables à la reconstruction de l’État syrien et de son économie, ainsi qu’à faciliter le retour des réfugiés et des personnes déplacées syriennes dans leurs foyers.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Une fondation caritative saoudienne célèbre la Journée mondiale de la langue arabe avec l’UNESCO à Paris

Parmi les participants figuraient Khaled Ahmed El-Enany, directeur général de l'UNESCO, Abdulelah Altokhais, délégué permanent de l'Arabie saoudite auprès de l'organisation, et Saleh Ibrahim Al-Kholaifi, directeur général de la fondation. (Fourni)
Parmi les participants figuraient Khaled Ahmed El-Enany, directeur général de l'UNESCO, Abdulelah Altokhais, délégué permanent de l'Arabie saoudite auprès de l'organisation, et Saleh Ibrahim Al-Kholaifi, directeur général de la fondation. (Fourni)
Short Url
  • Une célébration à l’UNESCO à Paris a mis en lumière le rôle mondial de la langue arabe et son apport au dialogue interculturel
  • Le partenariat entre l’UNESCO et la fondation saoudienne prévoit plusieurs projets clés pour renforcer la promotion de l’arabe

RIYAD : La fondation caritative Sultan bin Abdulaziz Al-Saud et l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) ont célébré cette semaine à Paris la Journée mondiale de la langue arabe lors d’un événement placé sous le thème : « Des voies innovantes pour l’arabe : politiques et pratiques pour un avenir linguistique plus inclusif ».

Organisée en collaboration avec la délégation permanente du Royaume auprès de l’UNESCO, la rencontre a réuni, selon les organisateurs, un groupe distingué de dirigeants internationaux, de décideurs politiques, d’experts, d’intellectuels et de spécialistes des affaires linguistiques et culturelles venus du monde entier, afin de souligner le rayonnement mondial de la langue arabe et son rôle central dans la promotion de la diversité culturelle et du dialogue entre les civilisations.

Parmi les participants figuraient Khaled Ahmed El-Enany, directeur général de l’UNESCO, Abdulelah Altokhais, délégué permanent de l’Arabie saoudite auprès de l’organisation, ainsi que Saleh Ibrahim Al-Kholaifi, directeur général de la fondation.

Dans son discours, El-Enany a mis en avant l’importance du partenariat entre l’UNESCO et la fondation, estimant qu’il permet à l’organisation d’élargir l’ampleur de ses ambitions. Plusieurs projets majeurs sont prévus dans le cadre de cette collaboration, a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com