Le drame des «enfants perdus» de Ceuta

Sur cette photo prise le 19 mai 2021, des mineurs migrants attendent d'être testés pour laCOVID-19 à leur arrivée dans l'enclave espagnole de Ceuta. (Photo, AFP)
Sur cette photo prise le 19 mai 2021, des mineurs migrants attendent d'être testés pour laCOVID-19 à leur arrivée dans l'enclave espagnole de Ceuta. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 22 mai 2021

Le drame des «enfants perdus» de Ceuta

  • L'une des membres du gouvernement de cette ville autonome a déclaré vendredi à la presse que le nombre de migrants arrivés depuis lundi matin était compris « entre 8 000 et 10 000 »
  • Vendredi, 438 enfants et adolescents étaient enregistrés dans deux centres municipaux, où ils étaient hébergés et nourris après avoir été testés pour la Covid-19

CEUTA, Espagne : Quelques jours après l'arrivée massive d'au moins 8 000 migrants en provenance du Maroc voisin, la petite enclave espagnole de Ceuta se dit incapable d'apporter seule l'aide dont ont besoin des centaines d'enfants et d'adolescents encore présents, dont beaucoup errent dans les rues.

L'une des membres du gouvernement de cette ville autonome, María Isabel Deu, a déclaré vendredi à la presse que le nombre de migrants arrivés depuis lundi matin était compris « entre 8 000 et 10 000 ». « Il semble que 6 600 sont repartis pour le Maroc », ajoutait-elle.

Des responsables gouvernementaux avaient estimé que parmi les migrants arrivés, environ 1 500 avaient moins de 18 ans, mais Mme Deu a assuré que la municipalité ne pouvait confirmer ce chiffre.

A cela s'ajoute la difficulté, dans ce genre de situation, de déterminer l'âge exact des jeunes migrants. 

Vendredi, 438 enfants et adolescents étaient enregistrés dans deux centres municipaux, où ils étaient hébergés et nourris après avoir été testés pour la Covid-19, et un troisième centre était en voie d'aménagement, a indiqué Mme Deu.

Mais beaucoup d'autres, sans doute des centaines, déambulaient dans les rues, dormant à la belle étoile dans des parcs ou sur des bancs. La quasi-totalité n'ont pas d'argent et ne parlent pas un mot d'espagnol. 

Certains sont venus seuls, alors que d'autres ont franchi la frontière avec des amis ou des frères plus âgés. La quasi-totalité sont des garçons, des adolescents ou des jeunes gens ayant une vingtaine d'années.

Parfois, le désespoir l'emporte. Un jeune migrant, dont l'âge n'est pas connu, a ainsi tenté vendredi de se pendre avec un câble métallique sur la promenade de Ceuta. Il a été ranimé d'extrême justesse par la police, alertée par un passant. 

« On n'y arrive pas »

Les autorités de cette petite ville de 84 000 habitants ont admis qu'elles étaient dépassées par la situation et appelé les 17 régions du pays à faire preuve de solidarité.

« On n'y arrive pas, il y a trop d'enfants », avait lancé dans la semaine un autre membre du gouvernement local, Carlos Rontomé Romero.

« Nous sommes la frontière, nous sommes la digue, mais nos capacités sont limitées. Nous sommes une petite ville de 19 km », c'est très difficile « d'absorber toutes ces personnes », déclarait-il dans une interview à la radio nationale espagnole.

Depuis, 200 mineurs non accompagnés qui se trouvaient déjà hébergés à Ceuta ont été répartis dans diverses régions d'Espagne afin de faire de la place pour les nouveaux arrivants.

Les ONG disent être elles aussi dépassées par l'étendue des besoins à Ceuta. 

« Aucune ONG, ni l'Etat espagnol, ni aucun Etat européen ne pourrait faire face à cette quantité de personnes », affirme Abdessalam Mohammed Hussein, responsable de l'ONG locale « Alas Protectoral » (Ailes protectrices).

Beaucoup de ces jeunes disent que leurs parents ne savent pas où ils sont.

« Ma mère doit être très inquiète maintenant, parce que j'étais le seul qui ramenait de l'argent pour permettre à la famille de manger », confie à l'AFP Omar Luriaghri, qui dit être âgé de 16 ans.

Il ne peut même pas l'appeler, car elle n'a pas de téléphone.

Son rêve, dit-il, est « de travailler ici comme balayeur ».

Retrouver les parents

La priorité de la ville est de retrouver les parents. Elle a donc ouvert jeudi une « hotline », qui a reçu « plus de 4 400 appels » en 24 heures, a précisé Mme Deu.

« Nos équipes travaillent sans relâche pour trouver les familles et assurer le retour immédiat de l'enfant, parce que c'est ce que les parents et les enfants veulent », a-t-elle déclaré. « Beaucoup pleurent et veulent rentrer chez eux depuis leur arrivée ».

Mais les choses ne sont pas si simples, car la loi interdit qu'un mineur soit renvoyé dans le pays d'où il vient sans que sa situation soit évaluée avec soin.

« Renvoyer des enfants n'est pas légal et ne peut pas être toléré », avertit Ricardo Ibarra, responsable d'une association qui regroupe des ONG dans le domaine de la défense des droits des enfants. Il dit craindre que certains jeunes soient refoulés sans bénéficier des protections prévues par la loi.

Car le cas de chaque mineur doit être examiné individuellement pour déterminer « s'il est préférable de le renvoyer ou qu'il reste en Espagne », a précisé à l'AFP l'avocat Albert Pares Casanova.

C'est le gouvernement espagnol « qui décide en dernier ressort s'ils doivent partir ou peuvent rester », a-t-il ajouté.

Un porte-parole du ministère espagnol de l'Intérieur a assuré à l'AFP que tous les retours de migrants se faisaient dans le respect des procédures prévues par la loi. Mais il a aussi indiqué ne pas avoir de détails sur les âges des personnes renvoyées au Maroc.

 


L'armée israélienne dit avoir frappé des infrastructures du Hezbollah au Liban

Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
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  • L’armée israélienne affirme avoir frappé plusieurs infrastructures du Hezbollah dans le sud du Liban, dont un site de lancement, un complexe d’entraînement et des installations militaires, malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Le contexte reste tendu depuis l’assassinat de Hassan Nasrallah en 2024, tandis que Washington presse Beyrouth de désarmer le Hezbollah, une demande rejetée par le groupe et ses alliés

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé tôt mardi avoir frappé des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah pro-iranien dans le sud du Liban.

Les forces armées israéliennes ont indiqué "avoir frappé des infrastructures appartenant à l'organisation terroriste Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", dont un site de lancement utilisé pour des attaques contre Israël, dans un communiqué publié sur plusieurs réseaux sociaux.

Elles disent avoir ciblé également un complexe d'entraînement de la force al-Radwan, une unité d'élite, des champs de tir, des zones d'entraînement aux armes pour divers types d'armes et des structures militaires appartenant au Hezbollah.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe chiite pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières le visant dans ses bastions libanais, et d'occuper cinq points frontaliers dans le sud du Liban.

Israël avait menacé début novembre d'intensifier ses attaques au Liban, accusant le mouvement de se "réarmer".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent en invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.


Accord Arabie saoudite-Qatar pour une liaison ferroviaire à grande vitesse

Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
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  • L’Arabie saoudite et le Qatar lancent une ligne TGV de 785 km reliant Riyad à Doha, achevée d’ici six ans et destinée à transporter plus de 10 millions de passagers par an
  • Le projet, estimé à 115 milliards de SR, vise à renforcer l’intégration régionale, stimuler commerce et tourisme, et soutenir la transition vers des transports durables

RIYAD: L’Arabie saoudite et le Qatar ont signé lundi un accord pour construire une ligne ferroviaire à grande vitesse reliant les deux pays.

L’annonce est intervenue à l’issue d’une rencontre à Riyad entre le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, tenue dans le cadre du Conseil de coordination saoudo-qatari.

La liaison ferroviaire, qui connectera l’aéroport international King Salman de Riyad à l’aéroport international Hamad de Doha, constituera une première pour les deux nations et réduira le temps de trajet entre les deux capitales à seulement deux heures.

Selon un communiqué conjoint, le projet devrait être achevé d’ici six ans et créer 30 000 emplois dans les deux pays. Une fois opérationnel, il transportera plus de 10 millions de passagers par an.

Les dirigeants ont assisté à la signature de l’accord au palais Al-Yamamah à Riyad, où ils ont également coprésidé la huitième session du Conseil de coordination qataro-saoudien.

L’accord a été signé par le ministre saoudien des Transports et des Services logistiques, Saleh Al-Jasser, et par le ministre qatari des Transports, cheikh Mohammed ben Abdulla ben Mohammed Al-Thani. Il est considéré comme une étape stratégique visant à renforcer la coopération, l’intégration développementale et le développement durable, et à démontrer un engagement commun en faveur de la prospérité régionale.

La ligne à grande vitesse s’étendra sur 785 km et accueillera des trains capables de dépasser les 300 km/h. Plusieurs arrêts sont prévus entre les deux aéroports, notamment à Hofuf et Dammam.

Le service devrait considérablement améliorer les déplacements ferroviaires dans la région et stimuler le commerce ainsi que le tourisme. Le bénéfice économique pour les deux pays est estimé à 115 milliards de riyals saoudiens (30,6 milliards de dollars).

Conçue avec des technologies de pointe et une ingénierie intelligente, la ligne contribuera également à la durabilité environnementale en réduisant les émissions de carbone et en soutenant la transition vers des modes de transport plus efficaces et innovants. Elle constitue l’un des projets clés soutenant le développement régional et renforçant la connectivité ainsi que l’intégration au sein des pays du Conseil de coopération du Golfe.

Au cours de la réunion du conseil, les deux parties ont souligné la solidité de leurs liens économiques, avec un commerce bilatéral en 2024 en hausse de 634 % depuis 2021, à 930,3 millions de dollars (hors réexportations).

Le cheikh Tamim était accompagné lors des discussions par le Premier ministre, cheikh Mohammed ben Abdulrahman ben Jassim Al-Thani, ainsi que par d’autres hauts responsables.


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".