L'UE ferme son espace aérien aux avions du Bélarus pour punir Loukachenko

Des manifestants, enveloppés du drapeau de l’opposition biélorusse, attachent, à une corde, des avions en papier sur lesquels ils ont inscrit le nom du militant de l'opposition Roman Protasevich, lors d'une manifestation devant le bureau de la Commission européenne à Varsovie, le 24 mai 2021. (Photo, AFP)
Des manifestants, enveloppés du drapeau de l’opposition biélorusse, attachent, à une corde, des avions en papier sur lesquels ils ont inscrit le nom du militant de l'opposition Roman Protasevich, lors d'une manifestation devant le bureau de la Commission européenne à Varsovie, le 24 mai 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 25 mai 2021

L'UE ferme son espace aérien aux avions du Bélarus pour punir Loukachenko

  • Washington, l’Otan, Londres, Kiev et l’ONU dénoncent le détournement du Ryanair et réclament une enquête internationale
  • Minsk rejette des accusations « sans fondement » et assure avoir agi dans la légalité après avoir reçu une menace terroriste

BRUXELLES : Les dirigeants de l'UE ont décidé lundi soir de fermer leur espace aérien au Bélarus et d'adopter un nouveau train de sanctions contre le régime d'Alexandre Loukachenko, accusé d'avoir dérouté un avion de ligne européen vers Minsk pour arrêter un dissident, dont ils ont exigé la libération immédiate.

Ils ont aussi recommandé aux compagnies européennes de contourner l'espace aérien du Bélarus, a indiqué le porte-parole du président du Conseil européen Charles Michel.

Ces mesures ont été approuvées rapidement. L'accord, préparé en amont par des consultations entre les capitales, a été annoncé deux heures après le début d'un sommet des Vingt-Sept organisé en présentiel sur deux journées à Bruxelles.

Londres et Kiev ont déjà mis sur liste noire l'espace aérien de cette ex-république soviétique et les compagnies Lufthansa, SAS et AirBaltic ont annoncé leur décision d'éviter son survol.

Près de 2000 appareils effectuant des vols commerciaux empruntent chaque semaine l'espace aérien du Bélarus, a précisé l'organisation Eurocontrol. La compagnie bélarusse Belavia assure pour sa part une vingtaine de vols chaque jour au départ ou à destination d'aéroports de l'UE.

Roman Protassevitch, un journaliste d'opposition de 26 ans, et sa compagne Sofia Sapéga se trouvaient à bord d'un Boeing de Ryanair reliant Athènes à Vilnius dérouté dimanche sur Minsk après une alerte à la bombe qui s'est révélée mensongère, selon le Bélarus. Ils ont été arrêtés à l'aéroport et le jeune homme est désormais détenu à Minsk, la capitale.

M. Protassevitch est un ancien rédacteur en chef de l'influent média d'opposition Nexta. Selon Svetlana Tikhanovskaïa, la figure de l'opposition bélarusse en exil en Lituanie, il risque la « peine de mort », que le Bélarus est le dernier pays en Europe à appliquer.

Les Etats-Unis et l'ONU ont également exigé la libération immédiate du jeune opposant. Le président Joe Biden a condamné un « événement scandaleux ».

La réaction européenne « est à la hauteur de la gravité » des événement « absolument inacceptables, choquants, scandaleux », a déclaré le président du Conseil européen Charles Michel. « Nous ne tolérerons pas que l'on tente de jouer à la roulette russe avec la vie de civils innocents », a-t-il averti.

L'adoption rapide d'un nouveau paquet de sanctions ciblées contre des responsables du régime et des entités et l'examen de mesures économiques supplémentaires ont été réclamés par les dirigeants européens.

L'UE a déjà inscrit sur sa liste noire 88 membres du régime, dont le président Alexandre Loukachenko, et sept entités.

Les dirigeants européens ont « condamné avec force l'atterrissage forcé d'un avion Ryanair à Minsk (...) qui a porté atteinte à la sécurité aérienne ». L'action de Minsk a été qualifiée d'acte de « terrorisme d'Etat » par plusieurs capitales. Washington a dénoncé « un détournement forcé ».

Les explications des autorités bélarusses « ne sont absolument pas crédibles », a lancé la chancelière allemande Angela Merkel.

« Le régime a transformé notre pays en Corée du Nord au milieu de l'Europe », a dénoncé Svetlana Tikhanovskaïa.

L'Otan, qui veut, comme l'UE, une « enquête internationale », va réunir mardi ses ambassadeurs pour discuter de la situation. Son secrétaire général Jens Stoltenberg a fustigé « un incident grave et dangereux ».

L'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), un organisme dépendant des Nations unies, a convoqué une réunion d'urgence pour jeudi matin. L'atterrissage forcé « pourrait être une violation de la Convention de Chicago », qui protège la souveraineté de l'espace aérien des nations, a-t-elle estimé.

Pour le Bélarus, les accusations européennes sont « sans fondement ». Minsk assure avoir agi dans la légalité en interceptant ce vol commercial après avoir reçu une menace de l'organisation palestinienne Hamas.

Le régime a précisé avoir informé l'OACI et dit être disposé à coopérer à une enquête impartiale.

Le patron de Ryanair, Michael O'Leary, a déploré un acte de « piraterie » et affirmé que des agents des services de sécurité bélarusses, le KGB, ont pu se trouver à bord du Boeing dérouté.

Le régime d'Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, a durement réprimé un mouvement de contestation inédit qui a vu des dizaines de milliers de personnes défiler dans les rues en 2020 à l'occasion de la présidentielle d'août, jugée « truquée » par les Européens.

Malgré les sanctions européennes et américaines visant le président et de hauts responsables bélarusses, M. Loukachenko n'a montré aucune volonté de compromis face aux actions de protestation et a renforcé la répression.

Les Vingt-Sept ont également abordé les difficultés provoquées par le regain des tensions avec Moscou à la suite de l'arrestation de l'opposant Alexeï Navalny. Ils ont chargé le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell de rédiger un rapport pour leur prochain sommet en juin et de présenter des options pour défendre les intérêts de l'UE.


Guerre au Soudan: Washington sanctionne un réseau colombien

Les membres des Forces de soutien rapide célèbrent la prise d'El-Fasher en octobre. Les États-Unis ont sanctionné des individus et des entreprises pour leur implication présumée dans un réseau recrutant d'anciens militaires colombiens afin d'aider le groupe paramilitaire soudanais. (AFP/Fichier)
Les membres des Forces de soutien rapide célèbrent la prise d'El-Fasher en octobre. Les États-Unis ont sanctionné des individus et des entreprises pour leur implication présumée dans un réseau recrutant d'anciens militaires colombiens afin d'aider le groupe paramilitaire soudanais. (AFP/Fichier)
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  • Les États-Unis sanctionnent un réseau majoritairement colombien accusé de recruter d’anciens militaires — y compris des enfants soldats — pour soutenir les Forces de soutien rapide (FSR) au Soudan
  • Washington intensifie ses efforts diplomatiques avec l’Égypte, l’Arabie saoudite et d’autres partenaires pour obtenir une trêve

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé mardi des sanctions à l'encontre d'un réseau principalement colombien, qui recrute des combattants en soutien aux forces paramilitaires au Soudan, tout en poursuivant leurs efforts diplomatiques en vue d'une trêve dans ce pays ravagé par la guerre.

Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio s'est entretenu ce même jour avec ses homologues égyptien Badr Abdelatty et saoudien Fayçal ben Farhane, sur "la nécessité urgente de faire progresser les efforts de paix au Soudan", a indiqué le département d'Etat dans des communiqués.

La guerre au Soudan, qui a éclaté en avril 2023 et oppose les forces paramilitaires à l'armée soudanaise du général Abdel Fattah al-Burhane, a fait des milliers de morts et déplacé des millions de personnes, plongeant le pays dans la "pire crise humanitaire" au monde selon l'ONU.

Washington a récemment durci le ton vis-à-vis des Forces de soutien rapide (FSR), et appelé à l'arrêt des livraisons d'armes et le soutien dont bénéficient les FSR, accusés de génocide au Soudan.

Les efforts diplomatiques en faveur d'une trêve se sont récemment intensifiés, notamment de la part du président Donald Trump qui s'est dit "horrifié" par les violences dans le pays, sans résultat pour le moment.

Concernant le réseau sanctionné, il "recrute d'anciens militaires colombiens et forme des soldats, y compris des enfants, pour combattre au sein du groupe paramilitaire soudanais", selon un communiqué du département du Trésor.

"Les FSR ont montré à maintes reprises qu'elles étaient prêtes à s'en prendre à des civils, y compris des nourrissons et des jeunes enfants", a déclaré John Hurley, sous-secrétaire au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier, cité dans le communiqué.

Les sanctions américaines visent quatre personnes et quatre entités, dont Alvaro Andres Quijano Becerra, un ressortissant italo-colombien et ancien militaire colombien basé dans les Emirats, qui est accusé de "jouer un rôle central dans le recrutement et le déploiement d'anciens militaires colombiens au Soudan".

Ces sanctions consistent essentiellement en une interdiction d'entrée aux Etats-Unis, le gel des éventuels avoirs et interdit de leur apporter un soutien financier ou matériel.

Selon Washington, depuis septembre 2024, des centaines d'anciens militaires colombiens ont combattu au Soudan aux côtés des FSR.

Ils ont participé à de nombreuses batailles, dont la récente prise d'El-Facher, la dernière grande ville du Darfour (ouest) tombée dans les mains des FSR fin octobre.


Nationalisation du rail: Londres dévoile ses trains aux couleurs de l'Union Jack

Une photographie aérienne montre la gare ferroviaire Temple Mills International, dans l'est de Londres, le 27 octobre 2025. (AFP)
Une photographie aérienne montre la gare ferroviaire Temple Mills International, dans l'est de Londres, le 27 octobre 2025. (AFP)
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  • Le gouvernement travailliste britannique dévoile le nouveau design des trains, aux couleurs de l’Union Jack
  • Après des décennies de privatisation marquées par retards, annulations et scandales, sept opérateurs sont déjà sous contrôle public et Great British Railways deviendra l’entité centrale du système ferroviaire

LONDRES: Le gouvernement travailliste du Royaume-Uni a présenté mardi le nouveau design des trains britanniques, aux couleurs de l'Union Jack, amorçant leur uniformisation dans le cadre de la nationalisation du secteur.

Le logo de la nouvelle entité qui chapeautera les trains britanniques, Great British Railways (GBR), ainsi que les nouvelles couleurs, commenceront à être "déployés au printemps prochain sur les trains" et les sites internet, souligne le ministère des Transports dans un communiqué.

Le projet de loi pour nationaliser le rail, actuellement en débat à la Chambre des Communes, avait été annoncé dès le retour des travaillistes au pouvoir en juillet 2024, après 14 ans de gouvernement conservateur.

"Sept grands opérateurs ferroviaires sont déjà sous contrôle public, couvrant un tiers de l'ensemble des voyages de passagers en Grande-Bretagne", est-il souligné dans le communiqué.

La compagnie ferroviaire South Western Railway, qui opère dans le sud-ouest de l'Angleterre, est devenue en mai dernier la première à repasser dans le giron public. Tous les opérateurs doivent être placés sous contrôle étatique d'ici la fin 2027.

La privatisation du secteur a eu lieu au milieu des années 1990 sous le Premier ministre conservateur John Major, dans la continuité de la politique libérale de Margaret Thatcher dans les années 1980.

Malgré la promesse d’un meilleur service, d’investissements accrus et de moindres dépenses pour l'Etat, le projet était alors très impopulaire, dénoncé par les syndicats, l'opposition, certains conservateurs et une large partie de la population.

Le nombre de passagers s'est accru dans un premier temps, tout comme les investissements.

Mais un déraillement causé par des micro-fissures dans les rails, qui a fait quatre morts en 2000, a profondément choqué l'opinion publique.

Les annulations et les retards sont aussi devenus monnaie courante et les passagers se sont plaints des prix.

Le réseau ferré est déjà redevenu public, géré par la société Network Rail.


L'ONU fustige l'«apathie» du monde en lançant son appel humanitaire 2026

L'ONU a fustigé lundi l'"apathie" du monde face aux souffrances de millions de personnes à travers la planète, en lançant un appel humanitaire 2026 largement restreint pour répondre à des financements en chute libre. (AFP)
L'ONU a fustigé lundi l'"apathie" du monde face aux souffrances de millions de personnes à travers la planète, en lançant un appel humanitaire 2026 largement restreint pour répondre à des financements en chute libre. (AFP)
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  • Alors que quelque 240 millions de personnes, victimes de guerres, d'épidémies, de séismes ou de l'impact du changement climatique, ont besoin d'aide urgente, l'ONU réclame 33 millions de dollars pour soutenir 135 millions d'entre elles en 2026
  • Mais dans un contexte de coupe drastique de l'aide extérieure américaine décidée par Donald Trump, l'ONU a réduit d'emblée ses propres ambitions, en présentant en même temps un plan resserré demandant 23 milliards de dollars

NATIONS-UNIES: L'ONU a fustigé lundi l'"apathie" du monde face aux souffrances de millions de personnes à travers la planète, en lançant un appel humanitaire 2026 largement restreint pour répondre à des financements en chute libre.

"C'est une époque de brutalité, d'impunité et d'indifférence", s'est emporté lors d'une conférence de presse à New York le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher, dénonçant la "férocité et l'intensité des tueries", le "mépris total du droit international "et les "niveaux terrifiants de violences sexuelles".

"Une époque où notre sens de la survie a été engourdi par les distractions et corrodé par l'apathie, où nous mettons plus d'énergie et d'argent pour trouver de nouveaux moyens de nous entretuer, tout en démantelant les moyens durement gagnés de nous protéger de nos pires instincts, où les politiciens se vantent de couper les aides", a-t-il accusé, en présentant le plan humanitaire 2026.

Alors que quelque 240 millions de personnes, victimes de guerres, d'épidémies, de séismes ou de l'impact du changement climatique, ont besoin d'aide urgente, l'ONU réclame 33 millions de dollars pour soutenir 135 millions d'entre elles en 2026 à Gaza, au Soudan, en Haïti, en Birmanie, en RDC ou en Ukraine.

Mais dans un contexte de coupe drastique de l'aide extérieure américaine décidée par Donald Trump, l'ONU a réduit d'emblée ses propres ambitions, en présentant en même temps un plan resserré demandant 23 milliards de dollars pour sauver au moins 87 millions des personnes les plus en danger.

Ce plan "hyperpriorisé", qui passe également par des réformes pour améliorer l'efficacité du système humanitaire, est "basé sur des choix insoutenables de vie ou de mort", a commenté Tom Fletcher, espérant qu'avoir pris ces "décisions difficiles qu'ils nous ont encouragés à prendre" convaincra les Américains de revenir.

"Le plus bas en une décennie" 

En 2025, l'appel humanitaire de plus de 45 milliards de dollars n'a été financé qu'à hauteur d'un peu plus de 12 milliards, "le plus bas en une décennie". Permettant d'aider seulement 98 millions de personnes, soit 25 millions de moins que l'année précédente.

Selon les chiffres de l'ONU, les Etats-Unis sont restés en 2025 le premier pays donateur des plans humanitaires dans le monde, mais avec une chute majeure: 2,7 milliards de dollars, contre 11 milliards en 2024.

En haut des crises prioritaires en 2026, Gaza et la Cisjordanie pour lesquels l'ONU réclame 4,1 milliards de dollars pour aider 3 millions de personnes, ainsi que le Soudan (2,9 milliards pour 20 millions de personnes) où le nombre de déplacés par le conflit sanglant entre généraux rivaux ne cesse d'augmenter.

Parmi ces déplacés, cette jeune mère que Tom Fletcher a récemment rencontrée au Darfour, à Tawila, où affluent les survivants des combats dans la grande ville voisine d'El-Facher.

Elle a vu son mari et son enfant tués sous ses yeux, avant de s'enfuir, avec le bébé affamé de ses voisins morts eux-aussi, puis d'être attaquée et violée "sur la route la plus dangereuse du monde" qui la conduira enfin à Tawila, a-t-il raconté.

"Est-ce que quiconque, quel que soit d'où vous venez, ce que vous pensez, pour qui vous votez, pense qu'on ne devrait pas l'aider!".

L'ONU va désormais frapper à la porte des gouvernements de la planète, pendant les 87 prochains jours, un jour pour chaque million de vie à sauver.

Et s'il y a toujours un trou, Tom Fletcher prévoit une campagne plus large vers la société civile, les entreprises et les gens normaux qu'il estime abreuvés par de fausses informations surestimant la part de leurs impôts destinés à l'aide à l'étranger.

"Nous ne demandons qu'à peine un peu plus de 1% de ce que le monde dépense en armes et en programmes de défense. Je ne demande pas aux gens de choisir entre un hôpital à Brooklyn ou un hôpital à Kandahar. Je demande au monde de dépenser moins en défense et plus en humanitaire".