Turquie: les accusations d'un chef mafieux secouent le gouvernement

Le président turc et chef du Parti de la justice et du développement (AKP), Recep Tayyip Erdogan, lors de la réunion du groupe du parti AK à la Grande Assemblée nationale de Turquie (GNAT), à Ankara, le 26 mai 2021. (Photo / AFP)
Le président turc et chef du Parti de la justice et du développement (AKP), Recep Tayyip Erdogan, lors de la réunion du groupe du parti AK à la Grande Assemblée nationale de Turquie (GNAT), à Ankara, le 26 mai 2021. (Photo / AFP)
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Publié le Jeudi 27 mai 2021

Turquie: les accusations d'un chef mafieux secouent le gouvernement

  • Allant de la corruption aux assassinats politiques en passant par le trafic de drogue et le viol, les accusations de M. Peker visent le cercle rapproché de M. Erdogan
  • Après avoir gardé le silence, M. Erdogan, sans citer directement M. Peker, a vigoureusement défendu mercredi son gouvernement et le ministre de l'Intérieur, au cœur des accusations

ANKARA : C'est le feuilleton du printemps et des millions de Turcs n'en ratent pas un épisode. Dans des vidéos mises en ligne depuis début mai, un chef mafieux accuse des hommes politiques de premier plan d'être mêlés au trafic de drogue, à des assassinats et d'entretenir des liens troubles avec la pègre.

Les allégations de Sedat Peker, une figure du crime organisé en fuite qui se réclame du camp nationaliste, ont provoqué un tsunami sur la scène politique turque, submergeant le gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan et éclaboussant son influent ministre de l'Intérieur Süleyman Soylu.

Allant de la corruption aux assassinats politiques en passant par le trafic de drogue et le viol, les accusations de M. Peker visent le cercle rapproché de M. Erdogan, dont un ancien Premier ministre, des hauts responsables et des membres de leurs familles.

La notoriété du chef mafieux, connu pour avoir été précédemment proche du pouvoir et faisant partie des grands noms du milieu, explique l'audience spectaculaire qu'attirent ses vidéos, dont la dernière a enregistré plus de 14 millions de vues.  

M. Peker a été condamné à plusieurs reprises dans des cas d'escroquerie et en lien avec le crime organisé. Il a quitté la Turquie l'année dernière pour échapper à de nouvelles poursuites et affirme aujourd'hui vivre aux Émirats arabes unis. 

Dans ses vidéos, il apparaît assis derrière un bureau soigneusement ordonné, narrant anecdotes croustillantes et épisodes rocambolesques, entre fous rires et explosions de colère.

Après avoir gardé le silence, M. Erdogan, sans citer directement M. Peker, a vigoureusement défendu mercredi son gouvernement et le ministre de l'Intérieur, au cœur des accusations.

"En 19 ans, nous avons écrasé une par une les organisations criminelles", a-t-il affirmé, ajoutant qu'il se tenait "aux côtés" de son ministre.

«Le vilain messager»

Même en l'absence de preuves, ces accusations tombent au pire moment pour M. Erdogan dont la popularité pâtit de la hausse de l'inflation et de la vertigineuse chute de la livre turque.

M. Peker, 49 ans, a mis en ligne à ce jour sept vidéos, ayant chacune une durée de plus d'une heure, et envisage de continuer à alimenter cette série très attendue par des millions de spectateurs.

Toutes ses vidéos sont méticuleusement mises en scène, montrant des publications ou des objets censés envoyer un message à ses adversaires, dont notamment une biographie de Bob Dylan intitulée "Le vilain messager".

Le gangster a accusé le fils de l'ancien Premier ministre Binali Yildirim, Erkam, d'être mêlé à un trafic de drogue et l'ancien ministre de l'Intérieur Mehmet Agar d'être impliqué dans le meurtre d'un célèbre journaliste d'investigation en 1993. 

Les deux hommes ont rejeté ces accusations.

Soylu «le coquet»

Le chef mafieux s'en prend particulièrement à M. Soylu qu'il surnomme "le coquet", jurant de "détruire" le ministre qu'il accuse de l'avoir trahi après l'avoir un temps protégé.

Mais il a jusqu'à présent épargné M. Erdogan, qu'il appelle affectueusement "frère Tayyip" et accuse son cercle intime de le tenir dans l'ignorance.

Le gangster affirme avoir décidé de diffuser ces vidéos pour se venger après une perquisition de police musclée à son domicile à Istanbul au cours de laquelle sa femme et ses enfants ont été traités d'une manière "irrespectueuse".

"J'ai toujours dit que je mettrais le monde à feu et à sang si on touche à ma fille. Regardez-moi le faire", a-t-il lancé dans sa première vidéo.

Malgré son casier judiciaire fourni, il rejette l'étiquette de "chef mafieux" et se présente en simple homme d'affaires.

Si sa réputation fait peser des doutes sur la véracité de son récit, beaucoup trouvent ses accusations crédibles.

"Il peut y avoir des détails qui manquent ou des erreurs dans son récit, mais les informations qu'il contient doivent être prises en compte", a affirmé lundi l'ancien chef de la police Hanefi Avci à la chaîne Sozcu TV.

Signe de la préoccupation du gouvernement quant à l'impact de ces vidéos sur l'opinion publique, un journaliste de l'agence de presse étatique turque Anadolu a été limogé vendredi après avoir posé une question à deux ministres sur les accusations formulées par M. Peker.


Cisjordanie: Israël dit avoir tué un homme qui fonçait sur des soldats

 L'armée israélienne a déclaré mardi avoir abattu un homme qui tentait de renverser avec son véhicule un groupe de soldats, dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
L'armée israélienne a déclaré mardi avoir abattu un homme qui tentait de renverser avec son véhicule un groupe de soldats, dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
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  • "Un rapport a été reçu concernant un terroriste qui a tenté de renverser des soldats de Tsahal opérant dans la zone d'Einabus", a indiqué l'armée dans un communiqué. "En réponse, les soldats ont tiré sur le terroriste et l'ont neutralisé"
  • Le texte n'a pas fourni d'autres détails sur l'incident, survenu quelques jours après qu'un Palestinien a renversé avec son véhicule un Israélien sexagénaire, puis poignardé à mort une jeune femme de 18 ans dans le territoire occupé

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré mardi avoir abattu un homme qui tentait de renverser avec son véhicule un groupe de soldats, dans le nord de la Cisjordanie occupée.

"Un rapport a été reçu concernant un terroriste qui a tenté de renverser des soldats de Tsahal opérant dans la zone d'Einabus", a indiqué l'armée dans un communiqué. "En réponse, les soldats ont tiré sur le terroriste et l'ont neutralisé".

Le texte n'a pas fourni d'autres détails sur l'incident, survenu quelques jours après qu'un Palestinien a renversé avec son véhicule un Israélien sexagénaire, puis poignardé à mort une jeune femme de 18 ans dans le territoire occupé.

Il a également été tué lors de l'attaque. À la suite de cet incident survenu vendredi, l'armée a mené une opération de deux jours dans la ville cisjordanienne de Qabatiya, d'où provenait l'assaillant, arrêtant plusieurs de ses habitants, dont son père et ses frères.

De nombreuses attaques ont été perpétrées en Israël par des Palestiniens depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

Les violences se sont également intensifiées en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967. Depuis le 7-Octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels des civils et des combattants, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 44 Israéliens, civils ou soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

 


La Coalition arabe annonce une frappe aérienne “limitée” contre deux navires ayant acheminé des armes au Yémen

Sur cette photo prise le 29 novembre 2018, des forces pro-gouvernementales yéménites montent la garde près d'un navire amarré dans le port d'al-Mukalla, dans la province d'Hadramaout, au sud-ouest du Yémen. (AFP/Archives)
Sur cette photo prise le 29 novembre 2018, des forces pro-gouvernementales yéménites montent la garde près d'un navire amarré dans le port d'al-Mukalla, dans la province d'Hadramaout, au sud-ouest du Yémen. (AFP/Archives)
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  • La Coalition appelle à l’évacuation du port d'al-Mukalla, laissant présager une opération militaire majeure visant à contraindre le STC à se retirer
  • Le porte-parole indique que les deux navires ont transporté des armes depuis le port émirati de Fujairah vers al-Mukalla sans autorisation du commandement de la Coalition

Riyad : La Coalition de soutien à la légitimité au Yémen a annoncé mardi avoir mené une frappe aérienne « limitée » visant deux navires ayant introduit clandestinement des armes et d’autres équipements militaires dans le port d'al-Mukalla, dans le sud du Yémen.

Dans un communiqué relayé par l’Agence de presse saoudienne (SPA), le porte-parole des forces de la Coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que deux navires en provenance du port de Fujairah, aux Émirats arabes unis, étaient entrés dans le port d'al-Mukalla, dans le gouvernorat de Hadramaout, sans obtenir d’autorisations officielles du commandement des forces conjointes de la Coalition.

« Les équipages des deux navires ont désactivé leurs systèmes de suivi et déchargé une grande quantité d’armes et de véhicules de combat afin de soutenir les forces du Conseil de transition du Sud (STC) dans les gouvernorats orientaux du Yémen (Hadramaout et Al-Mahra), dans le but d’alimenter le conflit. Il s’agit d’une violation flagrante de la trêve et des efforts visant à parvenir à une solution pacifique, ainsi que d’une violation de la résolution n° 2216 (2015) du Conseil de sécurité des Nations unies », a déclaré le porte-parole.

La Coalition a exhorté les civils et les pêcheurs à évacuer le port d'al-Mukalla, indiquant qu’une opération militaire de grande ampleur visant à imposer le retrait du STC pourrait être imminente.

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Carte Google indiquant l'emplacement d'al-Mukalla dans le sud du Yémen.

Al-Maliki a précisé que les forces de la Coalition avaient agi à la demande de Rachad Al-Alimi, président du Conseil présidentiel de direction du Yémen, « afin de prendre toutes les mesures militaires nécessaires pour protéger les civils dans les gouvernorats de Hadramaout et d’Al-Mahra ».

La semaine dernière, Al-Alimi avait averti que les actions unilatérales du STC poussaient le pays vers un seuil dangereux.

« Compte tenu du danger et de l’escalade représentés par ces armes, qui menacent la sécurité et la stabilité, les forces aériennes de la Coalition ont mené ce matin une opération militaire limitée visant les armes et les véhicules de combat déchargés des deux navires au port d'al-Mukalla. L’opération a été menée après documentation du déchargement et conformément au droit international humanitaire et à ses règles coutumières, sans qu’aucun dommage collatéral ne soit enregistré », a déclaré mardi le général Al-Maliki.

Il a réaffirmé l’« engagement constant de la Coalition en faveur de la désescalade et du maintien du calme dans les gouvernorats de Hadramaout et d’Al-Mahra, ainsi que de la prévention de tout soutien militaire de la part de quelque pays que ce soit à une faction yéménite sans coordination avec le gouvernement yéménite légitime et la Coalition », afin d’assurer le succès des efforts du Royaume et de la Coalition pour instaurer la sécurité et la stabilité et empêcher l’extension du conflit.

Par ailleurs, le président du Conseil présidentiel yéménite a décrété mardi l’état d’urgence pour une durée de 90 jours, incluant un blocus aérien, maritime et terrestre de 72 heures.

Ignorant les accords précédents conclus avec la Coalition, le groupe se désignant sous le nom de Conseil de transition du Sud (STC) a lancé début décembre une vaste campagne militaire, prenant le contrôle du gouvernorat de Hadramaout, à la frontière saoudienne, ainsi que du gouvernorat oriental d’Al-Mahra, à la frontière avec Oman.

Les forces du STC, soutenues par les Émirats arabes unis, se sont emparées de la ville de Seiyoun, y compris de son aéroport international et du palais présidentiel. Elles ont également pris le contrôle des champs pétroliers stratégiques de PetroMasila, qui représentent une part majeure des ressources pétrolières restantes du Yémen.

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Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj, qui vivent le long de la bande entre le sud et le nord du pays, se rassemblent lors d'un rassemblement dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025, pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC), soutenu par les Émirats arabes unis, qui souhaite rétablir l'indépendance du Yémen du Sud. (AFP)

Cette situation a conduit l’Arabie saoudite à exiger fermement le retrait du STC et la remise des zones saisies aux Forces du Bouclier national, une unité soutenue par Riyad.

La Coalition a averti que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, selon l’Agence de presse saoudienne.

Le 26 décembre, les Émirats arabes unis ont publié un communiqué saluant les efforts de l’Arabie saoudite en faveur de la sécurité et de la stabilité au Yémen.

Le communiqué, relayé par l’agence de presse officielle WAM, a loué le rôle constructif de l’Arabie saoudite dans la défense des intérêts du peuple yéménite et le soutien à ses aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’Arabie saoudite s’inquiète des pressions de l’EAU sur le STC et met en garde contre des menaces sécuritaires

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  • L’Arabie saoudite a souligné que toute menace à sa sécurité nationale constitue une « ligne rouge »
  • Riyad a également insisté sur l’importance pour les Émirats arabes unis de répondre à la demande du Yémen de retirer leurs forces militaires dans un délai de 24 heures

Riyad : L’Arabie saoudite a exprimé mardi ses regrets face à ce qu’elle a qualifié de pressions exercées par les Émirats arabes unis sur les forces du Conseil de transition du Sud (STC) afin de mener des opérations militaires dans les gouvernorats yéménites de Hadramaout et d’Al-Mahra, avertissant que de telles actions constituent une menace directe pour la sécurité nationale du Royaume et la stabilité régionale.

Dans un communiqué, le ministère saoudien des Affaires étrangères a indiqué que ces démarches alléguées étaient incompatibles avec les principes de la Coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu et qu’elles compromettaient les efforts en cours visant à instaurer la sécurité et la stabilité dans le pays.

#Statement | Pursuant to the statement issued by the Ministry of Foreign Affairs on 25/12/2025 corresponding to 5/7/1447 regarding the Kingdom’s concerted efforts, working with the brotherly United Arab Emirates, to end and contain the escalatory steps taken by the Southern… pic.twitter.com/lTyU0gLgpf

— Foreign Ministry 🇸🇦 (@KSAmofaEN) December 30, 2025

Le ministère a fait référence à de précédentes déclarations du Conseil présidentiel de direction du Yémen et du commandement de la coalition concernant le déplacement de navires transportant des armes et des véhicules lourds depuis le port de Fujairah vers Al-Mukalla sans autorisation officielle.

L’Arabie saoudite a affirmé que toute menace à sa sécurité nationale constitue une « ligne rouge », ajoutant qu’elle n’hésiterait pas à prendre toutes les mesures nécessaires pour faire face à de tels risques et les neutraliser.

Le Royaume a réaffirmé son soutien à la sécurité, à la stabilité et à la souveraineté du Yémen, ainsi que son appui total au Conseil présidentiel yéménite et à son gouvernement. Il a également rappelé que la question du Sud est une cause juste qui ne peut être résolue que par le dialogue, dans le cadre d’une solution politique globale impliquant toutes les parties yéménites, y compris le STC.

Riyad a en outre souligné l’importance pour les Émirats arabes unis de répondre à la demande du Yémen de retirer leurs forces militaires dans un délai de 24 heures et de cesser tout soutien militaire ou financier à toute faction yéménite.

Le communiqué a appelé à la prévalence de la sagesse afin de préserver l’unité du Golfe, les relations bilatérales et l’objectif commun de stabilité et de développement régionaux.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com