DJEDDAH: Un nouveau sondage révèle que la majorité des Turcs croient les allégations de corruption formulées par le parrain de la mafia en exil, Sedat Peker, à l’encontre du gouvernement, même si le premier conseiller à la présidence Oktay Saral l’accuse d’être «manipulé par les ennemis de la Turquie».
«Notre État fera le nécessaire», prévient le haut responsable,
Depuis des semaines, l'allié devenu ennemi du gouvernement turc diffuse des vidéos ou il dit dénoncer la corruption et la mauvaise gouvernance au sein du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir. Il aborde particulièrement le sujet du trafic de drogues et d'armes illégales, ainsi que la coopération de longue date entre les hauts fonctionnaires turcs et les extrémistes d’al-Nosra en Syrie.
Dans les huit vidéos, Peker ouvre une boîte de Pandore qui livre de «profonds secrets d’État», et assouvi ainsi sa vengeance contre les dirigeants qui ont lancé des poursuites pénales contre lui et ont perquisitionné son domicile.
La firme de sondage turque Avrasya révèle dans sa dernière enquête que 75% des personnes sondées estiment les affirmations de Peker exactes.
L'enquête a été menée à la fin du mois en cours, auprès de 2 480 répondants de tous les horizons politiques.
Le sondage précise que 95% des répondants des partis d'opposition croient que les politiciens touchés par les accusations devraient démissionner. Une proportion qui chute au tiers parmi les partisans du parti au pouvoir et son allié nationaliste.
Lundi, le quotidien d’opposition Cumhuriyet a rapporté que les données douanières turques contredisent l'ancien Premier ministre et actuel vice-président de l'AKP, Binali Yildirim. Il avait affirmé que son fils Erkam avait fourni une aide pour la Covid-19 au Venezuela en décembre.
Ses fréquentes visites dans le pays ont suscité la controverse. Selon Peker, les voyages avaient pour but d’établir une nouvelle route internationale de trafic de drogue entre le pays et la Turquie.
Selon les registres douaniers entre le 1er octobre et le 31 décembre de l'année dernière, Cumhuriyet a prouvé qu'aucune expédition de masque ou de kit de test n'a été effectué à partir de la Turquie en direction du Venezuela. Seuls 1 500 kits ont été envoyés à Caracas au cours de cette période, mais dans une transaction commerciale entre deux sociétés non associées à Yildirim.
D’après Cumhuriyet, soit Yildirim n'a pas envoyé de masques et de kits de test au Venezuela, soit le transfert a eu lieu par des canaux illégaux.
Peker raconte que le fils de l'ancien Premier ministre s'était rendu dans ce pays d'Amérique latine avec l'intention de mettre en place une nouvelle route, à la suite de la saisie de 4,9 tonnes de cocaïne à destination de la Turquie par les autorités colombiennes le 9 juin.
Cependant, dans un discours de presse le 23 mai, Yildirim, affirme que son «fils est effectivement allé au Venezuela, mais pas en janvier ou février. Il y est allé en décembre de l'année dernière. Il a distribué des kits de test, des masques et d'autres articles à ceux qui en avaient besoin, dans le cadre de la lutte contre la Covid-19».
Les journaliste Fehim Taskin déplore «l’adoption d’un style et d’une énergie mafieux à part entière, plus profondément enraciné que jamais, au sein des branches exécutives du gouvernement turc».
«L'intérieur se reflète sur l'extérieur», dit-il.
Dans la dernière vidéo de Peker, où il mentionne les transactions de la Turquie en Syrie et en Libye, le chef de la mafia, qu’on soupçonne de se terrer à Dubaï, parle d'un groupe paramilitaire nommé SADAT. Ce dernier, au su et au vu de la présidence turque, aurait envoyé des armes aux djihadistes d'Al-Nosra en Syrie sous le couvert d’un convoi d'aide envoyé aux combattants turkmènes syriens.
Les allégations ont suscité l’ire du gouvernement turc et des chefs de la SADAT, qui ont nié les allégations.
«Peker montre qu'il agit sous les ordres des ennemis de la Turquie et des alliances nationales perverses avec ces déclarations ridicules», a déclaré le conseiller présidentiel Saral.
«Notre État fera le nécessaire, et toutes les puissances reconnaîtront que ce pays ne sera pas entaché par de tels actes absurdes», a-t-il ajouté.
Certains anciens journalistes de Cumhuriyet ont été emprisonnés pour avoir signalé des expéditions d'armes turques envoyées vers la Syrie déchirée par la guerre via l'agence de renseignement turque, MIT, en 2015.
Peker a promis de publier d’autres vidéos sur l’élite politique turque dans un avenir proche. Il devrait parler de sa relation avec le président turc Recep Tayyip Erdogan dans le prochain clip, qui sortira ce week-end.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com