Maroc: la défense du journaliste Omar Radi pointe les «irrégularités» de l'affaire

L'organisation Reporters sans frontières a appelé, la semaine dernière, le roi Mohammed VI «à user de son influence» pour les libérer. (Photo, AFP)
L'organisation Reporters sans frontières a appelé, la semaine dernière, le roi Mohammed VI «à user de son influence» pour les libérer. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 09 juin 2021

Maroc: la défense du journaliste Omar Radi pointe les «irrégularités» de l'affaire

  • Le reporter de 34 ans, connu pour son ton critique, est poursuivi pour «viol» et pour «atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat» avec «financement de l'étranger»
  • Les avocats ont mis en avant «l'illégalité» de la demande de la police judiciaire de mettre sur écoute M. Radi

CASABLANCA: Le procès du journaliste marocain Omar Radi, en détention préventive depuis dix mois, a été renvoyé mardi au 15 juin après que sa défense a déroulé les "irrégularités" qui ponctuent le volet "espionnage" de son affaire.

Lors de cette audience de plus de quatre heures à la Cour d'appel de Casablanca, les avocats de M. Radi ont évoqué des "écoutes illégales", des "interrogatoires sans bases solides" mais aussi la "détention arbitraire" de leur client.  

Le reporter de 34 ans, connu pour son ton critique, est poursuivi pour "viol" et pour "atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat" avec "financement de l'étranger", deux affaires différentes, instruites et jugées conjointement. 

Les avocats ont mis en avant "l'illégalité" de la demande de la police judiciaire de mettre sur écoute M. Radi, formulée fin décembre 2017 et ayant duré huit mois, car cette requête "ne mentionne ni son nom, ni ne détaille les accusations précises qui pèsent contre lui".

Il en va de même pour les "personnes avec qui il aurait entretenu des relations qui relèvent de l'espionnage", a estimé son avocat Me Mohamed Messaoudi, exigeant la convocation de toutes les personnes et organismes cités dans les procès-verbaux. 

Ensuite, selon Me Messaoudi, la police "n'a pas respecté" la procédure "en omettant de notifier tous ses droits" à Omar Radi durant les interrogatoires "marathoniens" qui ont précédé son arrestation en juillet 2020.

La défense a également soulevé la détention provisoire du journaliste, soulignant que la seule explication plausible à son maintien en détention se trouve "dans ses opinions et ses investigations". Le juge se prononcera jeudi au sujet de la liberté provisoire, refusée à plusieurs reprises.

Le parquet et la partie civile répondront à la prochaine audience, la semaine prochaine, aux "irrégularités" listées.

Le procès d'un autre journaliste Soulaimane Raissouni, 48 ans, en grève de la faim depuis 62 jours, va reprendre quant à lui jeudi. Poursuivi pour "agression sexuelle", il est maintenu en détention provisoire depuis un an.

Les deux journalistes ont toujours clamé leur innocence et leurs soutiens dénoncent des "procès politiques". Les autorités marocaines, elles, ont constamment mis en avant l'indépendance de la justice et la conformité des procédures.

Le cas des deux hommes mobilise au Maroc et à l'international: différents partis politiques marocains ont appelé à un "apaisement" en demandant qu'ils soient libérés, après deux pétitions signées par des centaines de personnalités marocaines parmi lesquelles des anciens ministres, des intellectuels et des journalistes. 

L'organisation Reporters sans frontières a appelé, la semaine dernière, le roi Mohammed VI "à user de son influence" pour les libérer.


L’adoption de l’IA peut contribuer à hauteur de 150 milliards de dollars aux économies du CCG, selon un rapport

Alors que la quatrième révolution industrielle est en marche, les gouvernements et les entreprises du Moyen-Orient sont de plus en plus conscients de l’évolution mondiale vers l’IA et les technologies de pointe. (Photo, AFP)
Alors que la quatrième révolution industrielle est en marche, les gouvernements et les entreprises du Moyen-Orient sont de plus en plus conscients de l’évolution mondiale vers l’IA et les technologies de pointe. (Photo, AFP)
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  • Si les résultats montrent que l’adoption de l’IA reste relativement faible dans la région MENA, elle est néanmoins plus élevée que dans d’autres régions, selon l’étude
  • Les entreprises doivent se concentrer sur le renforcement de leurs capacités en matière d’IA dans quatre domaines cruciaux afin d’exploiter pleinement leur potentiel

LONDRES: L’adoption de l’intelligence artificielle (IA) pourrait contribuer aux économies des pays du Golfe à hauteur de 150 milliards de dollars (1 dollar = 0,93 euro), soit l’équivalent d’environ 9% de leur PIB combiné, selon un récent rapport du cabinet international de conseil McKinsey.

L’étude indique que cette estimation pourrait être rapidement dépassée, compte tenu des progrès rapides de technologies telles que l’IA générative.

Vinay Chandran, associé chez McKinsey, a mis l’accent sur le pouvoir de transformation de l’IA en déclarant: «Avec le rythme rapide de l’innovation technologique, l’IA est devenue une force transformatrice qui remodèle les industries et les sociétés.»

«Nous pensons qu’elle a le potentiel d’apporter une valeur ajoutée considérable dans les pays du CCG (Conseil de coopération du Golfe) du Moyen-Orient.»

Le cabinet de conseil a mené une enquête en ligne, en collaboration avec le GCC Board Directors Institute, auprès de 119 cadres supérieurs et membres de conseils d’administration de six pays du Golfe dans divers secteurs d’activité.

Parmi ces secteurs figurent le commerce de détail, les services professionnels, l’énergie, les projets d’investissement et les services financiers.

Si les résultats montrent que l’adoption de l’IA reste relativement faible dans le Golfe, elle est néanmoins plus élevée que dans d’autres régions.

En fait, 62% des personnes interrogées ont rapporté que leur organisation utilisait l’IA pour au moins une fonction de l’entreprise, devançant l’Amérique du Nord (59%), l’Europe (48%) et la région Asie-Pacifique (55%).

Alors que la quatrième révolution industrielle est en marche, les gouvernements et les entreprises du Moyen-Orient sont de plus en plus conscients de l’évolution mondiale vers l’IA et les technologies de pointe.

Toutefois, l’enquête suggère que les entreprises qui utilisent actuellement l’IA commencent tout juste à explorer le plein potentiel de cette technologie.

Le cabinet de conseil international PwC estime que d’ici 2030, l’IA pourrait apporter 320 milliards de dollars aux économies du Moyen-Orient, soit 2% du total des bénéfices mondiaux de l’IA.

La croissance annuelle de la contribution de l’IA dans la région devrait se situer entre 20 et 34%, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite étant en tête de file.

M. Chandran a fait remarquer qu’au cours des cinq dernières années, les recherches de McKinsey ont révélé une différence frappante entre les entreprises les plus performantes et leurs concurrents, les premières tirant 20% ou plus de leurs bénéfices de l’IA.

Selon lui, pour que les entreprises du CCG suivent cet exemple, elles doivent se concentrer sur le renforcement de leurs capacités en matière d’IA dans quatre domaines cruciaux: la stratégie, l’organisation et les talents, les données et la technologie ainsi que l’adoption et la mise à l’échelle.

Toutefois, plusieurs répondants ont attiré l’attention sur les difficultés considérables qu’ils rencontrent pour développer leurs capacités en matière d’IA en raison de diverses préoccupations.

Pour surmonter ces obstacles, le rapport conseille aux entreprises d’aligner leur stratégie d’IA sur les objectifs de l’entreprise, de cultiver les talents dans le domaine de l’IA, de traiter les données comme un produit et de mettre en œuvre des programmes efficaces de gestion du changement.

Les Émirats arabes unis, par exemple, ont réalisé d’importants investissements dans le domaine de l’IA et ont même créé l’université Mohammed ben Zayed pour l’intelligence artificielle afin de soutenir le développement de leur écosystème de l’IA et promouvoir la recherche.

Mais si l’adoption de l’IA dans le CCG est «relativement encourageante», l’étude de McKinsey laisse entendre qu’il existe encore une valeur inexploitée «considérable» à laquelle les entreprises peuvent accéder.

Les différents secteurs du CCG adoptent l’IA à des vitesses variables, le commerce de détail étant en tête, sachant que 75% des personnes interrogées dans ce secteur indiquent avoir utilisé l’IA pour au moins une fonction de l’entreprise.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Tunisie: pour se passer du FMI, Saied veut taxer les riches

Le président tunisien Kais Saied a proposé jeudi l'introduction de taxes supplémentaires ciblant les plus riches pour permettre à l'Etat de se passer d'un prêt du Fonds monétaire international (FMI) (Photo, AFP)
Le président tunisien Kais Saied a proposé jeudi l'introduction de taxes supplémentaires ciblant les plus riches pour permettre à l'Etat de se passer d'un prêt du Fonds monétaire international (FMI) (Photo, AFP)
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  • M. Saied avait déjà rejeté en avril les «diktats» du FMI qui conditionne l'octroi d'un prêt à la Tunisie à des réformes économiques et à la levée de certaines subventions étatiques
  • La Tunisie, endettée à environ 80% de son PIB, a obtenu un accord de principe du FMI à la mi-octobre pour un nouveau prêt de près de 2 milliards de dollars pour l'aider à surmonter la grave crise financière qu'elle traverse

TUNIS: Le président tunisien Kais Saied a proposé jeudi l'introduction de taxes supplémentaires ciblant les plus riches pour permettre à l'Etat de se passer d'un prêt du Fonds monétaire international (FMI), dont il rejette les "diktats".

M. Saied a expliqué en recevant la cheffe du gouvernement Najla Bouden que le système de subventions aux produits de base actuellement en place bénéficiait à tous les Tunisiens, y compris les plus aisés, selon un communiqué de la présidence.

Face à cette situation, il a jugé pertinente l'idée de "prendre l'excédent d'argent des riches pour le donner aux pauvres" en reprenant une citation attribuée à l'un des premiers califes de l'islam, Omar Ibn Al-Khattab.

"Au lieu de lever les subventions au nom de la rationalisation, il serait possible d'introduire des taxes supplémentaires à ceux qui en bénéficient sans qu'ils en aient besoin", a-t-il ajouté, estimant qu'un tel mécanisme permettrait à l'Etat de ne pas se soumettre aux "diktats étrangers".

M. Saied avait déjà rejeté en avril les "diktats" du FMI qui conditionne l'octroi d'un prêt à la Tunisie à des réformes économiques et à la levée de certaines subventions étatiques.

Il n'a pas précisé dans ses déclarations de jeudi comment d'éventuelles nouvelles taxes pourraient être introduites dans un  pays où les impôts des salariés sont prélevés à la source mais où une grande partie de Tunisiens exerçant des professions libérales dans le privé ne déclarent pas leurs revenus à l'administration fiscale.

La Tunisie, endettée à environ 80% de son PIB, a obtenu un accord de principe du FMI à la mi-octobre pour un nouveau prêt de près de 2 milliards de dollars pour l'aider à surmonter la grave crise financière qu'elle traverse.

Mais les discussions sont dans l'impasse, faute d'engagement ferme du pays à mettre en œuvre un programme de réformes pour restructurer les plus de 100 entreprises publiques tunisiennes lourdement endettées et lever les subventions sur certains produits de base.

La crise économique et financière se traduit notamment par des pénuries chroniques de produits alimentaires de base sur fond de vives tensions politiques depuis que le président Saied s'est emparé des pleins pouvoir en juillet 2021, faisant vaciller la démocratie née de la première révolte du Printemps arabe en 2011.


Emmanuel Macron aurait «manqué de respect au roi du Maroc» assure Tahar ben Jelloun

Le roi du Maroc Mohammed VI s'entretient avec le président français Emmanuel Macron après l'inauguration d'une ligne à grande vitesse à la gare de Rabat le 15 novembre 2018. (Photo, AFP)
Le roi du Maroc Mohammed VI s'entretient avec le président français Emmanuel Macron après l'inauguration d'une ligne à grande vitesse à la gare de Rabat le 15 novembre 2018. (Photo, AFP)
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  • «Macron a répondu de façon très maladroite et le roi n’a pas aimé, parce qu’il lui avait donné sa parole d’honneur mais il ne l’a pas cru»
  • Le prix Goncourt 1987 accuse Macron d’«avoir abandonné la grammaire de la diplomatie»

CASABLANCA: «Macron a été très maladroit, il a manqué de respect au roi du Maroc, ce que je sais de source très sûre.» C’est en ces termes qu’a répondu l'écrivain marocain Tahar ben Jelloun à une question que lui a adressée la journaliste Anna Cabana, lors d’une émission sur la chaîne i24NEWS le 31 mai.

Cette séquence largement reprise par les médias marocains revisite les coulisses des tensions diplomatiques entre la France et le Maroc. «Macron s’est plaint après l’affaire Pegasus, mais le roi lui a donné sa parole d’honneur lui disant que ce n’était pas son genre», poursuit-il.

«Macron a répondu de façon très maladroite et le roi n’a pas aimé, parce qu’il lui avait donné sa parole d’honneur mais il ne l’a pas cru», explique Ben Jelloun, qui se dit convaincu qu'à partir de ce moment-là, les relations diplomatiques ont été rompues.

Le prix Goncourt 1987 accuse Macron d’«avoir abandonné la grammaire de la diplomatie», reprenant le lexique qu’il avait employé dans une tribune publiée dans le magazine français Le Point, dans laquelle il invitait le président français à mieux comprendre le Royaume, tout en lui rappelant l'historique des relations franco-marocaines.

S’exprimant sur le voisin et adversaire régional du Maroc, l'Algérie, Ben Jelloun a expliqué que Macron «a déjà voulu donner de l’importance à l’Algérie (…). À mon avis, il a fait une erreur stratégique pour la France», souligne-t-il. 

«Les Algériens ne donneront jamais rien. Ils ont ce qu’il a lui-même appelé la rente mémorielle et ils ne vont pas la lâcher.»