Cheikh Jarrah, un quartier palestinien de Jérusalem en sursis

Dispute entre un résident palestinien et le membre israélien de la Knesset et chef du parti d'extrême droite Pouvoir juif (Otzma Yehudit) Itamar Ben-Gvir dans le quartier Sheikh Jarrah, à Jérusalem-Est annexée par Israël (Gil Cohen Magen / AFP)
Dispute entre un résident palestinien et le membre israélien de la Knesset et chef du parti d'extrême droite Pouvoir juif (Otzma Yehudit) Itamar Ben-Gvir dans le quartier Sheikh Jarrah, à Jérusalem-Est annexée par Israël (Gil Cohen Magen / AFP)
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Publié le Vendredi 11 juin 2021

Cheikh Jarrah, un quartier palestinien de Jérusalem en sursis

Dispute entre un résident palestinien et le membre israélien de la Knesset et chef du parti d'extrême droite Pouvoir juif (Otzma Yehudit) Itamar Ben-Gvir dans le quartier Sheikh Jarrah, à Jérusalem-Est annexée par Israël (Gil Cohen Magen / AFP)
  • Fin avril, les manifestations en soutien aux sept familles ont embrasé plusieurs quartiers de Jérusalem-Est, puis l'esplanade des Mosquées et des villes mixtes israéliennes, avant de donner lieu à 11 jours de guerre
  • En 1967, après la guerre des Six jours, Israël prend la partie orientale de la ville pour ensuite l'annexer, une décision condamnée par la communauté internationale qui ne reconnaît pas la souveraineté de l'Etat hébreu sur Jérusalem-Est

JÉRUSALEM : Le quartier de Cheikh Jarrah à Jérusalem-Est est devenu en quelques semaines l'un des nouveaux symboles du conflit israélo-palestinien. Mais Aref Hammad ne sait pas si cela l'empêchera de perdre sa maison au profit de colons israéliens.

"J'ai peur qu'ils nous jettent à la rue, qu'ils dégagent tous les habitants du quartier", affirme ce Palestinien, qui habite ici, aux abords de la Vieille ville, depuis l'enfance.

"La situation est vraiment mauvaise", ajoute ce septuagénaire, qui partage sa maison avec 17 membres de sa famille.

Comme six autres familles palestiniennes du quartier, ils espèrent une intervention de la Cour suprême israélienne pour empêcher la mise en application de la décision du tribunal de Jérusalem d'attribuer les terrains à des colons israéliens.

Fin avril, les manifestations en soutien aux sept familles ont embrasé plusieurs quartiers de Jérusalem-Est, puis l'esplanade des Mosquées et des villes mixtes israéliennes, avant de donner lieu à 11 jours de guerre entre le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir à Gaza, et l'armée israélienne.

Depuis, la tension est retombée mais la mobilisation continue. Sur les réseaux sociaux, Cheikh Jarrah est devenu un hashtag viral, un cri de ralliement à la cause palestinienne.

Pour M. Hammad, c'est là sans doute son dernier espoir: "Nous demandons à la communauté internationale de faire pression sur le gouvernement israélien, qu'ils nous apporte le minimum de justice", lance-t-il.

« Deux justices »

Comme beaucoup d'habitants palestiniens du quartier, les Hammad se sont installés à Cheikh Jarrah dans les années 1950, au lendemain de la guerre de 1948 qui a suivi la création de l'Etat d'Israël.

Jérusalem-Est est alors sous contrôle jordanien et l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) construit 28 logements pour redonner un toit à des familles déplacées.

La famille d'Aref Hammad, qui a fui Haïfa (nord), repart à zéro dans une de ces petites bâtisses, entourée d'abricotiers et de pêchers.

Mais en 1967, après la guerre des Six jours, Israël prend la partie orientale de la ville pour ensuite l'annexer, une décision condamnée par la communauté internationale qui ne reconnaît pas la souveraineté de l'Etat hébreu sur Jérusalem-Est.

En 1970, une nouvelle loi permet aux Israéliens de s'installer à Jérusalem-Est, dans les maisons où vivent pourtant des Palestiniens, s'ils peuvent faire valoir devant la justice une preuve de propriété datant d'avant 1948.

A l'inverse, aucune loi ne permet aux Palestiniens où à leurs millions de descendants disséminés dans la région de revenir dans les maisons qu'ils ont dû quitter en 1948.

"Il y a deux justices: une pour eux, pour qu'ils puissent récupérer leur propriété, et une pour nous qui nous l'interdit", dit Mohammad al-Sabbagh, un habitant de Cheikh Jarrah dont les parents ont dû quitter la région de Jaffa et leurs vergers d'orangers après 1948.

« Des faux »

A l'offensive côté israélien, le lobby procolonisation Nahalat Shimon International met en avant la présence juive depuis le XIXe siècle dans le quartier, notamment autour de la tombe du sage Simon II le Juste.

Mais selon Hosni Abou Hussein, avocat des familles de Cheikh Jarrah, cette revendication n'a aucune base légale.

"Les colons n'ont aucun droit (...), les documents qu'ils ont présentés sont des faux", accuse l'avocat qui est allé jusqu'à Istanbul, affirme-t-il, pour explorer les archives de l'époque ottomane.

Si les plaignants israéliens du cas de Cheikh Jarrah s'en tiennent à l'aspect foncier de l'affaire, d'autres organisations poussent en coulisse un agenda nettement plus politique.

"La prochaine étape de ce renouveau national requiert bien plus que l'installation de quelques familles dans ces quartiers stratégiques, ce qui est déjà très bien", explique dans son plaidoyer Ateret Cohanim, l'organisation nationaliste dont le but déclaré est de "faire refleurir la vie juive" à Jérusalem et qui a déjà lancé des procédures judiciaires pour récupérer des bâtiments dans un autre quartier de Jérusalem-Est, Silwan.

Selon l'ONG Human Rights Watch (HRW), depuis 1967, un tiers des terrains de Jérusalem-Est ont déjà été colonisés par des Israéliens.

A Cheikh Jarrah et à Silwan, plus de 1.000 Palestiniens sont concernés par ces procédures d'expulsion, selon l'ONG israélienne anticolonisation Ir Amim.


La Coalition arabe annonce une frappe aérienne “limitée” contre deux navires ayant acheminé des armes au Yémen

Sur cette photo prise le 29 novembre 2018, des forces pro-gouvernementales yéménites montent la garde près d'un navire amarré dans le port d'al-Mukalla, dans la province d'Hadramaout, au sud-ouest du Yémen. (AFP/Archives)
Sur cette photo prise le 29 novembre 2018, des forces pro-gouvernementales yéménites montent la garde près d'un navire amarré dans le port d'al-Mukalla, dans la province d'Hadramaout, au sud-ouest du Yémen. (AFP/Archives)
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  • La Coalition appelle à l’évacuation du port d'al-Mukalla, laissant présager une opération militaire majeure visant à contraindre le STC à se retirer
  • Le porte-parole indique que les deux navires ont transporté des armes depuis le port émirati de Fujairah vers al-Mukalla sans autorisation du commandement de la Coalition

Riyad : La Coalition de soutien à la légitimité au Yémen a annoncé mardi avoir mené une frappe aérienne « limitée » visant deux navires ayant introduit clandestinement des armes et d’autres équipements militaires dans le port d'al-Mukalla, dans le sud du Yémen.

Dans un communiqué relayé par l’Agence de presse saoudienne (SPA), le porte-parole des forces de la Coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que deux navires en provenance du port de Fujairah, aux Émirats arabes unis, étaient entrés dans le port d'al-Mukalla, dans le gouvernorat de Hadramaout, sans obtenir d’autorisations officielles du commandement des forces conjointes de la Coalition.

« Les équipages des deux navires ont désactivé leurs systèmes de suivi et déchargé une grande quantité d’armes et de véhicules de combat afin de soutenir les forces du Conseil de transition du Sud (STC) dans les gouvernorats orientaux du Yémen (Hadramaout et Al-Mahra), dans le but d’alimenter le conflit. Il s’agit d’une violation flagrante de la trêve et des efforts visant à parvenir à une solution pacifique, ainsi que d’une violation de la résolution n° 2216 (2015) du Conseil de sécurité des Nations unies », a déclaré le porte-parole.

La Coalition a exhorté les civils et les pêcheurs à évacuer le port d'al-Mukalla, indiquant qu’une opération militaire de grande ampleur visant à imposer le retrait du STC pourrait être imminente.

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Carte Google indiquant l'emplacement d'al-Mukalla dans le sud du Yémen.

Al-Maliki a précisé que les forces de la Coalition avaient agi à la demande de Rachad Al-Alimi, président du Conseil présidentiel de direction du Yémen, « afin de prendre toutes les mesures militaires nécessaires pour protéger les civils dans les gouvernorats de Hadramaout et d’Al-Mahra ».

La semaine dernière, Al-Alimi avait averti que les actions unilatérales du STC poussaient le pays vers un seuil dangereux.

« Compte tenu du danger et de l’escalade représentés par ces armes, qui menacent la sécurité et la stabilité, les forces aériennes de la Coalition ont mené ce matin une opération militaire limitée visant les armes et les véhicules de combat déchargés des deux navires au port d'al-Mukalla. L’opération a été menée après documentation du déchargement et conformément au droit international humanitaire et à ses règles coutumières, sans qu’aucun dommage collatéral ne soit enregistré », a déclaré mardi le général Al-Maliki.

Il a réaffirmé l’« engagement constant de la Coalition en faveur de la désescalade et du maintien du calme dans les gouvernorats de Hadramaout et d’Al-Mahra, ainsi que de la prévention de tout soutien militaire de la part de quelque pays que ce soit à une faction yéménite sans coordination avec le gouvernement yéménite légitime et la Coalition », afin d’assurer le succès des efforts du Royaume et de la Coalition pour instaurer la sécurité et la stabilité et empêcher l’extension du conflit.

Par ailleurs, le président du Conseil présidentiel yéménite a décrété mardi l’état d’urgence pour une durée de 90 jours, incluant un blocus aérien, maritime et terrestre de 72 heures.

Ignorant les accords précédents conclus avec la Coalition, le groupe se désignant sous le nom de Conseil de transition du Sud (STC) a lancé début décembre une vaste campagne militaire, prenant le contrôle du gouvernorat de Hadramaout, à la frontière saoudienne, ainsi que du gouvernorat oriental d’Al-Mahra, à la frontière avec Oman.

Les forces du STC, soutenues par les Émirats arabes unis, se sont emparées de la ville de Seiyoun, y compris de son aéroport international et du palais présidentiel. Elles ont également pris le contrôle des champs pétroliers stratégiques de PetroMasila, qui représentent une part majeure des ressources pétrolières restantes du Yémen.

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Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj, qui vivent le long de la bande entre le sud et le nord du pays, se rassemblent lors d'un rassemblement dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025, pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC), soutenu par les Émirats arabes unis, qui souhaite rétablir l'indépendance du Yémen du Sud. (AFP)

Cette situation a conduit l’Arabie saoudite à exiger fermement le retrait du STC et la remise des zones saisies aux Forces du Bouclier national, une unité soutenue par Riyad.

La Coalition a averti que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, selon l’Agence de presse saoudienne.

Le 26 décembre, les Émirats arabes unis ont publié un communiqué saluant les efforts de l’Arabie saoudite en faveur de la sécurité et de la stabilité au Yémen.

Le communiqué, relayé par l’agence de presse officielle WAM, a loué le rôle constructif de l’Arabie saoudite dans la défense des intérêts du peuple yéménite et le soutien à ses aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’Arabie saoudite s’inquiète des pressions de l’EAU sur le STC et met en garde contre des menaces sécuritaires

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  • L’Arabie saoudite a souligné que toute menace à sa sécurité nationale constitue une « ligne rouge »
  • Riyad a également insisté sur l’importance pour les Émirats arabes unis de répondre à la demande du Yémen de retirer leurs forces militaires dans un délai de 24 heures

Riyad : L’Arabie saoudite a exprimé mardi ses regrets face à ce qu’elle a qualifié de pressions exercées par les Émirats arabes unis sur les forces du Conseil de transition du Sud (STC) afin de mener des opérations militaires dans les gouvernorats yéménites de Hadramaout et d’Al-Mahra, avertissant que de telles actions constituent une menace directe pour la sécurité nationale du Royaume et la stabilité régionale.

Dans un communiqué, le ministère saoudien des Affaires étrangères a indiqué que ces démarches alléguées étaient incompatibles avec les principes de la Coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu et qu’elles compromettaient les efforts en cours visant à instaurer la sécurité et la stabilité dans le pays.

#Statement | Pursuant to the statement issued by the Ministry of Foreign Affairs on 25/12/2025 corresponding to 5/7/1447 regarding the Kingdom’s concerted efforts, working with the brotherly United Arab Emirates, to end and contain the escalatory steps taken by the Southern… pic.twitter.com/lTyU0gLgpf

— Foreign Ministry 🇸🇦 (@KSAmofaEN) December 30, 2025

Le ministère a fait référence à de précédentes déclarations du Conseil présidentiel de direction du Yémen et du commandement de la coalition concernant le déplacement de navires transportant des armes et des véhicules lourds depuis le port de Fujairah vers Al-Mukalla sans autorisation officielle.

L’Arabie saoudite a affirmé que toute menace à sa sécurité nationale constitue une « ligne rouge », ajoutant qu’elle n’hésiterait pas à prendre toutes les mesures nécessaires pour faire face à de tels risques et les neutraliser.

Le Royaume a réaffirmé son soutien à la sécurité, à la stabilité et à la souveraineté du Yémen, ainsi que son appui total au Conseil présidentiel yéménite et à son gouvernement. Il a également rappelé que la question du Sud est une cause juste qui ne peut être résolue que par le dialogue, dans le cadre d’une solution politique globale impliquant toutes les parties yéménites, y compris le STC.

Riyad a en outre souligné l’importance pour les Émirats arabes unis de répondre à la demande du Yémen de retirer leurs forces militaires dans un délai de 24 heures et de cesser tout soutien militaire ou financier à toute faction yéménite.

Le communiqué a appelé à la prévalence de la sagesse afin de préserver l’unité du Golfe, les relations bilatérales et l’objectif commun de stabilité et de développement régionaux.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Survivants traumatisés et «conditions indignes»: récit de la première mission de l'ONU à El-Facher

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  • Tombée aux mains des Forces de soutien rapide (FSR) en octobre après 500 jours de siège, la ville est "le fantôme d'elle-même"
  • A sa demande, elle s'y est rendue sans escorte armée, avec une poignée de collègues

PORT-SOUDAN: Des survivants traumatisés vivant des "conditions indignes", sans eau ni assainissement: pour la première fois depuis le siège par les paramilitaires d'El-Facher dans l'ouest du Soudan, une équipe de l'ONU a pu se rendre sur place.

Tombée aux mains des Forces de soutien rapide (FSR) en octobre après 500 jours de siège, la ville est "le fantôme d'elle-même", "une scène de crime", a résumé dans un entretien lundi avec l'AFP la coordinatrice humanitaire Denise Brown, qui n'a été autorisée à passer que "quelques heures" sur place.

A sa demande, elle s'y est rendue sans escorte armée, avec une poignée de collègues.

"De larges parties de la ville sont détruites", raconte Mme Brown: El-Facher est devenue "l'un des épicentres de la souffrance humaine" dans la guerre qui oppose depuis avril 2023 l'armée régulière aux paramilitaires.

Accès "âprement négocié" 

Fin octobre, les FSR se sont emparées du dernier bastion de l'armée au Darfour lors d'une offensive sanglante marquée par des exécutions, pillages et viols.

Depuis, ils ont imposé un black-out sur la ville, l'isolant du monde. A l'exception de vidéos d'exactions publiées par les combattants eux-mêmes, suscitant l'indignation internationale, très peu d'informations ont filtré.

Plus de 107.000 personnes ont fui, selon l'Organisation mondiale pour les migrations (OIM).

Vendredi, l'équipe onusienne a pu pénétrer dans la ville après avoir "négocié âprement", explique la responsable canadienne, chargée pour le Soudan du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha).

Elle décrit des survivants "traumatisés vivant sous bâches plastiques", dans des conditions qu'elle qualifie "d'indignes et dangereuses".

Impossible de donner des chiffres à ce stade sur combien sont restés sur place. "Nous n'avons pas encore assez d'informations", dit-elle, alors que la ville comptait avant la guerre plus d'un million d'habitants.

L'équipe pouvait se déplacer librement vers les sites sélectionnés: l'hôpital saoudien, des abris de déplacés et cinq bureaux abandonnés de l'ONU.

Le complexe hospitalier, l'un des derniers en ville, "tient encore debout" avec du personnel médical sur place, mais il est à court d'antibiotiques et d'équipements, et quasi vide de patients.

"Partie émergée de l'iceberg" 

Privée d'aide humanitaire, El-Facher s'est retrouvée à court de tout pendant les 18 mois de siège.

Pour survivre, les habitants se sont résolus à manger de la nourriture pour animaux. En novembre, l'ONU y a confirmé l'état de famine.

"Un petit marché" subsiste avec de minuscules paquets de riz, des tomates, oignons et patates, quelques biscuits: "les gens n'ont pas les moyens d'acheter davantage", a-t-elle décrypté.

L'équipe "n'a pu voir aucun des détenus, et nous croyons qu'il y en a", a précisé la responsable onusienne.

"Nous n'avons vu que la partie émergée de l'iceberg", a-t-elle admis, "soucieuse" d'éviter les zones jonchées de munitions non explosées et de mines, dans un conflit qui a déjà tué 128 travailleurs humanitaires.

Les analyses d'images satellites et les témoignages recueillis par l'AFP font régulièrement état d'exactions sommaires et de fosses communes dans la ville, mais la responsable a préféré réserver ses observations aux experts des droits humains de l'ONU, qui préparent un rapport sur les atrocités à El-Facher.

La guerre au Soudan a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné 11 millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".