Sans permis, des Palestiniens poussés à démolir leur propre maison à Jérusalem-Est

Une maison palestinienne qui a été détruite par des bulldozers israéliens dans le village d'Umm al-Kheir, au sud de la Cisjordanie, près de la colonie israélienne de Karmel, le 24 août 2016. (Hazem BADER / AFP)
Une maison palestinienne qui a été détruite par des bulldozers israéliens dans le village d'Umm al-Kheir, au sud de la Cisjordanie, près de la colonie israélienne de Karmel, le 24 août 2016. (Hazem BADER / AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 30 août 2020

Sans permis, des Palestiniens poussés à démolir leur propre maison à Jérusalem-Est

  • Les autorités israéliennes démolissent régulièrement ce qu'elles considèrent comme des constructions illégales de maisons érigées par des Palestiniens à Jérusalem-Est et dans des secteurs de Cisjordanie occupée
  • Selon la mairie de Jérusalem, 44 maisons ont été démolies depuis le début de l'année à Jérusalem-Est, foyer de 300.000 Palestiniens et 200.000 juifs israéliens

JERUSALEM : Alaa Borqan avait deux choix: se voir facturer par la mairie le coût de la destruction de sa maison ou la détruire lui-même. Il a choisi la seconde option comme de nombreux Palestiniens de Jérusalem... 

Sur les ruines de sa maison, dans le quartier arabe de Jabal Mukaber, à Jérusalem-Est, territoire occupé et annexé par Israël depuis 1967, le père de quatre enfants reste sous le choc. "C'est dur de démolir sa maison de ses propres mains", lâche-t-il.

Alaa avait mis toutes ses économies dans cet appartement de 135 m2 qui lui a coûté près de 190.000 euros et nécessité quatre ans de travaux.

"J'avais fait une demande auprès de la mairie pour obtenir un permis de construire, mais en vain", explique Alaa à l'AFP. "J'ai dépensé environ 75.000 shekels (près de 18.000 euros) en frais d'avocat et pour l'étude du sol", ajoute le travailleur journalier.

Mais le permis lui a été refusé. Et la mairie de Jérusalem lui a donné deux options: détruire lui-même sa maison, laisser l'opération à la municipalité qui lui refilera la note....

Alaa a donc loué un bulldozer, qui a rasé sa propre maison devant ses yeux. 

Les autorités israéliennes démolissent régulièrement ce qu'elles considèrent comme des constructions illégales de maisons érigées par des Palestiniens à Jérusalem-Est et dans des secteurs de Cisjordanie occupée.

A Jérusalem-Est, les Palestiniens affirment qu'il est presque impossible d'obtenir des permis de construire de la part des autorités israéliennes et qu'il en résulte une pénurie de logements. 

Le tribunal, qui a jugé la structure illégale car construite sans permis, a condamné Alaa à une amende d'environ 15.000 euros, dont il dit avoir déjà payé le tiers. La famille, elle, s'est relogée dans un appartement qu'elle loue environ 700 euros le mois.

"Très humiliant"

Selon la mairie de Jérusalem, 44 maisons ont été démolies depuis le début de l'année à Jérusalem-Est, foyer de 300.000 Palestiniens et 200.000 juifs israéliens. 

"Les démolitions se font sur ordre d'un tribunal israélien et sont soumises à un examen légal minutieux", assure à l'AFP, Ben Avrahami, conseiller à la mairie aux affaires de Jérusalem-Est.

Selon les données du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), 81 structures (pouvant contenir plusieurs unités d'habitation chacune) ont été détruites à Jérusalem-Est les six premiers mois de l'année, dont 44 ont été démolies par les propriétaires eux-mêmes. 

Dans une étude l'an dernier, l'Ocha estimait que "l'application par Israël d'un régime de planification restrictif à Jérusalem-Est, rendait pratiquement impossible pour les Palestiniens d'obtenir des permis de construire".

Selon l'Ocha, seuls 13% de Jérusalem-Est sont réservés à la construction palestinienne, dont une grande partie est déjà construite, tandis que 35% ont été alloués aux colonies juives, illégales au regard du droit international.

Outre des contraintes financières, ces "auto-démolitions" sont "très humiliantes" et "ont des effets psychologiques considérables" sur les familles, note Ziad Hammouri, directeur du Centre de Jérusalem pour les droits économiques et sociaux, une organisation locale.

Mais beaucoup de Palestiniens préfèrent eux-mêmes démolir leur propriété pour éviter notamment "de se faire arrêter par les services de sécurité israéliens (...) au cas où ils n'auraient pu payer les frais de démolition à la mairie".

Pénurie de logements

Le 2 juillet dernier, les Chalalda ont ainsi démoli leur appartement de deux chambres dans le quartier oriental d'A-Tur.  

C'est "très difficile, un rêve a été démoli", lance Sara Chalalda, mère de six enfants. "Nous étions sur le point d'emménager, on ne voulait plus avoir à payer de loyer".

Les Palestiniens de la ville ont besoin de 30.000 à 40.000 unités de logement, souligne Mahmoud Zahaykeh, de l'Union de l'habitat de Jérusalem pour qui les loyers sont chers et les permis aussi. 

"Le loyer moyen est de 800 dollars (environ 680 euros) et un permis de construire peut coûter 50.000 dollars pour un appartement", souligne-t-il, soutenant que "seuls 20% des habitants obtiennent des permis et (que) les démarches peuvent durer cinq ans".

A la mairie, M. Avrahami affirme que la municipalité octroie environ 250 permis de construire à des Palestiniens tous les ans. 

Alaa Borqan a misé et perdu. "Ils (Les Israéliens, ndlr) ne veulent pas que l'on reste" ici à Jérusalem, dit-il. "Mais nous, on ne va pas bouger."


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
Short Url
  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

Short Url
  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Short Url
  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.