Syrie: les milices pro-iraniennes répliquent et ciblent des bases US

Des soldats américains montent la garde alors que des habitants s'approchent d'un véhicule de combat Bradley (BFV) en patrouille à Rumaylan (Rmeilan) dans la province de Hasakeh, dans le nord-est de la Syrie, le 22 juin 2021. (Photo, AFP)
Des soldats américains montent la garde alors que des habitants s'approchent d'un véhicule de combat Bradley (BFV) en patrouille à Rumaylan (Rmeilan) dans la province de Hasakeh, dans le nord-est de la Syrie, le 22 juin 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 29 juin 2021

Syrie: les milices pro-iraniennes répliquent et ciblent des bases US

  • Lundi soir, les milices pro-iraniennes ont tiré plusieurs obus sur une base militaire américaine dans le champ pétrolifère d'Al-Omar
  • La coalition a répliqué par «des tirs à l'artillerie lourde» sur la ville d'Al-Mayadine, contrôlée par les milices pro-Téhéran près de Deir Ezzor

BEYROUTH: Des milices pro-iraniennes ont tiré des obus lundi soir sur une base américaine dans l'est de la Syrie, entraînant des tirs de représailles de la coalition internationale antidjihadiste, selon une ONG, au lendemain de raids américains contre des partisans de l'Iran en Irak et en Syrie.

Dans la nuit de dimanche à lundi, les États-Unis ont procédé à des frappes contre ces milices en réponse aux attaques ayant visé ces derniers mois leurs intérêts en Irak, imputées aux factions fidèles à Téhéran, qui ont promis de venger leurs morts.

Cette escalade intervient à un moment où des efforts sont en cours pour un retour des États-Unis à l'accord sur le nucléaire iranien, qui offre à Téhéran un allègement des sanctions en échange de son engagement à ne jamais se doter de l'arme atomique et d'une réduction drastique de son programme nucléaire.

Lundi soir, les milices pro-iraniennes ont tiré plusieurs obus sur une base militaire américaine dans le champ pétrolifère d'Al-Omar, près de Deir Ezzor, une ville située non loin de la frontière irakienne, provoquant des dégâts matériels mais sans faire de victimes, a dit l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). 

L'agence officielle syrienne Sana a également fait état de tirs de "missiles" ayant "visé la base militaire des forces d'occupation américaines" à Al-Omar, sans en préciser l'origine.

"A environ 19H44 heure locale (16H44 GMT), les forces américaines en Syrie ont été attaquées par plusieurs roquettes. Il n'y a pas de blessés et les dégâts sont en cours d'évaluation", a précisé sur Twitter le porte-parole de la coalition, Wayne Marotto.  

Des avions de la coalition menée par Washington survolaient la zone, a précisé l'OSDH qui dispose d'un vaste réseau de sources dans la Syrie en guerre, où plusieurs milices étrangères, notamment irakiennes, combattent au côté du régime syrien.

La coalition a répliqué par "des tirs à l'artillerie lourde" sur la ville d'Al-Mayadine, contrôlée par les milices pro-Téhéran près de Deir Ezzor, a précisé le directeur de l'Observatoire, Rami Abdel Rahmane.

"Les forces américaines (...) ont agi en état de légitime défense et ont mené des tirs d'artillerie (...) sur les positions à partir desquelles les roquettes ont été lancées", a confirmé dans un autre tweet le colonel Marotto. 

Message «fort»

En visite à Rome, le secrétaire d'État américain Antony Blinken avait affirmé plus tôt dans la journée que les frappes nocturnes américaines contre des milices pro-Iran en Irak et en Syrie étaient un message "fort" pour prévenir toute nouvelle attaque contre les intérêts américains.

À Bagdad, le Premier ministre Moustafa al-Kazimi a lui dénoncé une "violation flagrante de la souveraineté" irakienne, tout en appelant "à éviter l'escalade". 

Il a réitéré son refus de voir l'Irak utilisé "comme un terrain de règlement de comptes" entre ses deux grands alliés, l'Iran voisin et les États-Unis.

Damas a de son côté condamné "une agression américaine", soulignant qu'il s'agissait d'une "violation flagrante" de la souveraineté des deux pays, selon Sana.

L'opération américaine est la deuxième du genre en Syrie depuis l'arrivée à la Maison Blanche de Joe Biden. Une vingtaine de combattants avaient été tués dans la première, en février.

L'armée de l'air américaine a cette fois ciblé des centres opérationnels et des dépôts d'armes dans deux endroits en Syrie et un en Irak.

Selon le Pentagone, ces installations étaient utilisées par des milices soutenues par l'Iran "impliquées dans des attaques à l'aide de véhicules aériens non-habités" contre des intérêts américains en Irak, où les États-Unis maintiennent quelque 2 500 soldats dans le cadre de la coalition.

Selon l'OSDH, les raids ont tué sept combattants irakiens et détruit un entrepôt ainsi qu'une position de milices irakiennes membres du Hachd al-Chaabi près de Boukamal (est de la Syrie).

«Nous vengerons»

Le Hachd al-Chaabi, fer de lance de l'antiaméricanisme en Irak, a de son côté affirmé que quatre de ses membres avaient été tués dans l'ouest de l'Irak, près de la frontière syrienne.

Les combattants "remplissaient leur mission habituelle visant à empêcher l'infiltration" de jihadistes venus de Syrie, a indiqué cette coalition de paramilitaires, assurant qu'ils "n'étaient impliqués dans aucune activité hostile à la présence étrangère en Irak".

Le Hachd salue généralement les attaques antiaméricaines mais n'en revendique pas la responsabilité.

Cette puissante coalition intégrée depuis quelques années aux troupes régulières dément agir hors d'Irak, mais certaines de ses factions combattent – en leur nom propre – en Syrie.

"Nous vengerons le sang de nos martyrs (...) Nous avons déjà dit que nous ne resterions pas silencieux face à la présence des forces d'occupation", avait menacé le Hachd.

Après les raids, l'Iran a accusé les États-Unis de "perturber la sécurité régionale". Le Hezbollah libanais, allié de Damas et Téhéran, a condamné une "agression américaine perfide".

Paris a de son côté réaffirmé "le soutien de la France à la stabilité et à la souveraineté de l'Irak", condamnant les "attaques inacceptables (...) contre les intérêts de la coalition". 


Liban: deux morts dans une frappe israélienne à Baalbeck 

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
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  • L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco
  • Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées mercredi dans une frappe israélienne contre une voiture dans la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes.

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli par la guerre.

Selon Beyrouth, l'armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne le sud du pays, proche de la frontière avec Israël.

 


Attaques israéliennes à Doha: le Qatar s'entretient avec la présidente de la CPI

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
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  • Le Qatar explore des recours légaux contre Israël après une frappe à Doha ayant tué plusieurs membres du Hamas et un agent de sécurité qatari
  • Bien que simple observateur à la CPI, Doha intensifie ses démarches diplomatiques et judiciaires pour demander des comptes à Israël

DOHA: Un haut représentant du Qatar a rencontré mercredi la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) alors que Doha cherche à engager des poursuites contre Israël après des frappes sans précédent sur son territoire, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari.

Mohammed Al-Khulaifi, qui a été chargé d'entreprendre d'éventuelles démarches légales après l'attaque israélienne, s'est entretenu avec la juge Tomoko Akane à La Haye, a indiqué le ministère.

Le pays du Golfe explore "toutes les voies juridiques et diplomatiques disponibles pour s'assurer que les responsables de l'attaque israélienne contre le Qatar rendent des comptes", a précisé jeudi auprès de l'AFP un responsable qatari, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité des discussions.

Le Qatar, en tant qu'État observateur à la CPI, ne peut pas saisir directement la cour.

La frappe meurtrière menée la semaine dernière à Doha, visant des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclenché une vague de critiques à l'international, les Nations unies condamnant une "violation choquante du droit international". Elle a aussi valu à Israël une rare réprobation du président américain Donald Trump.

Israël et le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, sont tous deux alliés des États-Unis.

Le Hamas a affirmé que ses principaux dirigeants politiques, installés au Qatar avec l'aval de Washington depuis 2012, avaient survécu à l'attaque qui a tué cinq de ses membres, ainsi qu'un membre des forces de sécurité qataries.

À l'issue d'un sommet extraordinaire lundi à Doha, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique ont appelé "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

En 2024, la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.

L'offensive israélienne, qui a fait plus de 65.000 morts dans le territoire palestinien selon les chiffres du Hamas, fiables selon l'ONU, a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

La CPI a également émis des mandats d'arrêt contre l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif, tué depuis par Israël.


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk