Manifestations violentes au Liban: les forces de sécurité en état d'alerte

Un homme passe près d’un feu qui bloque une route au cours d'une manifestation contre la détérioration de la situation économique, à Beyrouth, au Liban, le 28 juin 2021. (Reuters)
Un homme passe près d’un feu qui bloque une route au cours d'une manifestation contre la détérioration de la situation économique, à Beyrouth, au Liban, le 28 juin 2021. (Reuters)
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Publié le Mercredi 30 juin 2021

Manifestations violentes au Liban: les forces de sécurité en état d'alerte

  • Des manifestants ont battu et blessé les employés d'une banque à Beyrouth pour les contraindre à effectuer des transferts en Turquie
  • Le président Aoun a présidé une réunion du Conseil de défense sur fond de tensions accrues dans de nombreuses régions

BEYROUTH: Au Liban, Le Conseil supérieur de défense a demandé à l'armée et aux forces de sécurité de se tenir prêtes pour éviter tout débordement sécuritaire sur le territoire libanais, sur fond de crise financière et politique.

Le Conseil, dirigé par le président du Liban, Michel Aoun, s'est réuni mardi dernier alors que se tenaient des manifestations pour protester contre la pénurie de carburant.

Si, après la levée partielle des subventions, des promesses ont été formulées pour que du carburant soit fourni, elles n'ont cependant pas apaisé la colère des Libanais, qui ne cesse de croître, ni réduit les files d'attente interminables devant les stations-service.

Au cours de la réunion, M. Aoun a affirmé: «Ce qui se passe devant les stations-service est inacceptable.» Il a indiqué que le fait d’«humilier les citoyens» est «inadmissible, quelles que soient les circonstances», et que «toutes les parties prenantes doivent œuvrer pour éviter que de telles scènes ne se reproduisent».

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Une ambulance passe près d'un feu qui bloque une route au cours d'une manifestation contre la détérioration de la situation économique, à Beyrouth, au Liban, le 28 juin 2021. (Reuters)

M. Aoun s'est prononcé contre la fermeture des routes, «qui inflige davantage de souffrances aux citoyens». «Chacun a le droit d'exprimer son opinion, mais cela ne doit pas dégénérer en chaos et en émeutes, et les forces de sécurité ne doivent pas faire preuve d'indulgence», a-t-il ajouté.

Cette tentative pour contenir le chaos s'est accompagnée d'une grève générale de toutes les banques du Liban mardi afin de protester contre la prise d'assaut du siège de la Banque libano-suisse, située dans le quartier de Hamra de Beyrouth.

La banque en question a fait savoir qu'«une centaine de personnes ont occupé le siège de l'administration générale de la banque lundi, ont battu les employés, dont trois ont été blessés, et ont fait usage de violence pour contraindre les responsables à procéder à des transferts d'argent en Turquie».

En effet, depuis le mois de novembre 2019 , les banques renoncent à effectuer des transferts à l'étranger en raison de la crise financière.

L'administration de la banque a déclaré que les assaillants appartenaient à l'ONG (Organisation non gouvernementale) Banin, qui avait sollicité l'approbation des transferts par les tribunaux, une requête qui a été rejetée par le juge des référés.

De son côté, l'association des banques du Liban a condamné l'attaque et a exhorté «les instances judiciaires et les forces de sécurité à poursuivre [ses] auteurs».

Dans l'intervalle, les manifestations se sont poursuivies mardi et les citoyens ont bloqué les routes dans différentes régions pour exprimer leur colère face à leurs conditions de vie déplorables et à la pénurie de carburant.

Par ailleurs, la précipitation vers les stations-service qui ont osé ouvrir dans un climat aussi tendu a engendré de nombreuses querelles.

Au Akkar, des manifestants ont ainsi attaqué une station-service dont le propriétaire hésitait à vendre du diesel et de l'essence alors qu'il en possédait une quantité suffisante. Mais il attendait de vendre le carburant à un prix plus élevé.

Fadi Abou Chakra, le représentant des distributeurs de carburant et des stations-service au Liban, déclare à Arab News: «Une délégation du syndicat a rencontré le ministre de l'Intérieur sortant afin de discuter de la sécurité dans les stations-service, à la lumière des nombreuses querelles qui se produisent.»

Il ajoute: «Le ministre a demandé aux propriétaires des stations-service de ne pas remplir des bidons que les gens stockeraient chez eux, car cela représente un danger pour les citoyens et de ne fournir que de petites quantités aux motocyclistes pour les empêcher de vendre le carburant sur le marché noir.»

Selon M. Abou Chakra, «le carburant sera disponible pour les Libanais d’ici à quelques jours, lorsque les derniers navires déchargeront leurs réservoirs, et le carburant sera livré dès que la Banque du Liban aura ouvert des crédits pour payer les bateaux ancrés au large des côtes libanaises».

Un journaliste étranger qui assurait la couverture des longues files d'attente devant une station-service de la banlieue sud de Beyrouth a été agressé et arrêté par le Hezbollah lundi dernier.

Dans un communiqué, le groupe Tahalof Watani («Coalition nationale») a condamné cette attaque contre Matt Kynaston, correspondant du site d’actualité libanais NOW News, «qui faisait simplement son travail». Le groupe a exhorté les forces de sécurité, ainsi que les instances judiciaires, à «poursuivre les agresseurs et à les punir conformément à la loi afin de protéger la liberté des journalistes, que garantit la Constitution libanaise».

C’est dans ce contexte agité qu’une audience d'investigation avec Ali al-Amine, un uléma opposé au Hezbollah, a été retardée. Des partisans du Hezbollah avaient porté plainte contre le religieux, l'accusant d'avoir participé à une réunion à Bahreïn à laquelle des Israéliens auraient été présents.

Un sit-in a été organisé mardi devant le palais de justice de Beyrouth en signe de solidarité avec Al-Amin. Les manifestants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: «Les idées sont plus puissantes que vos armes» et «Les messages de violence ne réduiront pas au silence la liberté de nos voix».

Samedi dernier, le chef du parti libanais Kataëb («Phalanges libanaises»), Samy Gemayel, a exprimé sa solidarité à Al-Amin, apportant son soutien «à son esprit libre et ouvert, contre l'oppression et les esprits bornés».

«Nous ne tolérerons pas l'intimidation et nous renverserons l'État policier ainsi que les milices qui le soutiennent», a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


Israël frappe à nouveau le sud du Liban, un an après le cessez-le-feu

L'armée israélienne a déclaré avoir mené jeudi une série de frappes contre le Hezbollah dans le sud du Liban, la dernière en date malgré le cessez-le-feu conclu il y a un an avec le groupe militant. (X/@fadwa_aliahmad)
L'armée israélienne a déclaré avoir mené jeudi une série de frappes contre le Hezbollah dans le sud du Liban, la dernière en date malgré le cessez-le-feu conclu il y a un an avec le groupe militant. (X/@fadwa_aliahmad)
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  • L’armée israélienne a mené de nouvelles frappes dans le sud du Liban, ciblant des infrastructures et des sites d’armes du Hezbollah, malgré un cessez-le-feu en vigueur depuis un an
  • Le gouvernement libanais est accusé par Israël et les États-Unis de tarder à démanteler la présence militaire du Hezbollah dans la zone frontalière, tandis que Beyrouth dément toute faute et rejette les accusations israéliennes

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi avoir mené de nouvelles frappes contre le Hezbollah dans le sud du Liban, au moment où elle intensifie ses attaques sur le territoire libanais malgré un cessez-le-feu avec le mouvement pro-iranien qu'elle accuse de chercher à se réarmer.

"Il y a peu, l'armée israélienne a frappé et démantelé des infrastructures terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones dans le sud du Liban", écrit l'armée dans un communiqué.

"Dans le cadre de ces frappes, l'armée a visé plusieurs sites de lancement où des armes du Hezbollah étaient stockées", ajoute le communiqué, qui précise que les frappes ont également touché des "postes militaires utilisés par des membres du Hezbollah pour mener des attaques terroristes".

L'agence de presse d'Etat libanaise ANI a annoncé une série de "raids aériens israéliens sur Al-Mahmoudiya et Al-Jarmak dans la région de Jezzine."

En vertu de l'accord de cessez-le-feu, signé il y a un an jour pour jour, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah sur une bande d'une trentaine de kilomètres entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, plus au nord.

L'armée a soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais. Mais les Etats-Unis et Israël accusent les autorités libanaises de tarder, face à la ferme opposition du Hezbollah.

Mercredi, le ministre israélien de la Défense Israël Katz avait averti qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays.

"Nous ne permettrons aucune menace contre les habitants du nord, et une pression maximale continuera à être exercée et même s'intensifiera", a déclaré M. Katz lors d'une intervention devant le parlement israélien, avançant pour preuve "l'élimination" dimanche à Beyrouth du chef militaire du Hezbollah.

La Présidence libanaise a publié mercredi une déclaration du président Joseph Aoun qui "a rejeté les allégations israéliennes qui portent atteinte au rôle de l'armée et remettent en question son travail sur le terrain, notant que ces allégations ne reposent sur aucune preuve tangible."


Un an après le cessez-le-feu au Liban, la paix reste fragile alors que les violations israéliennes se multiplient

Cette frappe est la cinquième opération israélienne visant la banlieue sud depuis le 27 novembre 2024, et la deuxième à avoir lieu sans avertissement préalable. (Photo d'archive: AFP)
Cette frappe est la cinquième opération israélienne visant la banlieue sud depuis le 27 novembre 2024, et la deuxième à avoir lieu sans avertissement préalable. (Photo d'archive: AFP)
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  • Le cessez-le-feu demeure extrêmement fragile : plus de 5 000 violations israéliennes, une frappe majeure à Beyrouth et un risque réel d’escalade malgré les appels internationaux à la retenue
  • Le Sud-Liban vit une crise humanitaire profonde, avec des villages détruits, jusqu’à 70 000 déplacés et une population abandonnée entre l’État libanais et le Hezbollah

BEYROUTH : Alors que le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah s'apprête à entrer dans sa deuxième année vendredi, les signaux d'alarme retentissent plus fort que jamais quant au risque d’une reprise du conflit au Liban.

L’assassinat dimanche dernier de Haytham Ali Tabatabai, chef militaire du Hezbollah et deuxième figure la plus puissante du mouvement après le secrétaire général Naim Qassem, lors d’une attaque audacieuse dans la banlieue sud de Beyrouth, a brisé les espoirs d’une stabilité durable.

La réponse du Hezbollah — qu’elle prenne la forme d’une action militaire ou d’un simple blâme diplomatique, comme certains cadres l’ont laissé entendre — pourrait déterminer si le cessez-le-feu survivra.

Cette frappe représente la cinquième opération israélienne visant la banlieue sud depuis le 27 novembre 2024, et la deuxième menée sans avertissement préalable.

Les registres officiels font état de 5 350 violations israéliennes du cessez-le-feu en douze mois. Ces violations ont coûté la vie à plus de 340 personnes — principalement des combattants et commandants du Hezbollah, mais aussi des civils, dont des enfants et des femmes — et ont blessé plus de 650 autres.

Dans une escalade notable, les forces israéliennes ont frappé pour la première fois Aïn Al-Héloué, un camp de réfugiés palestiniens.

Les violations répertoriées comprennent 2 198 incursions terrestres, 2 983 opérations aériennes et 169 violations maritimes.

Les forces de maintien de la paix de l’ONU dressent un tableau encore plus sombre, rapportant plus de 7 500 violations aériennes et environ 2 500 violations terrestres au nord de la Ligne bleue depuis l’accord de l’an dernier, ainsi que la découverte et la saisie de plus de 360 caches d’armes abandonnées, remises à l’armée libanaise.

La stratégie d’Israël s’apparente à une campagne d’usure progressive contre le Hezbollah, visant à réduire systématiquement ses capacités tandis que l’armée libanaise s’emploie à désarmer le groupe au sud du fleuve Litani.

L’armée affirme avoir rempli plus de 80 % de ce mandat, avec une échéance fixée à la fin de l’année avant que les opérations ne s’étendent vers le nord — une zone dans laquelle le Hezbollah refuse catégoriquement de rendre ses armes, estimant que la décision revient aux dirigeants politiques libanais.

Le conflit lui-même a porté de lourds coups au Hezbollah, décimant ses rangs et infligeant des pertes catastrophiques à ses stocks d’armement. Mais le plus inquiétant est peut-être l’empiètement physique d’Israël sur le territoire libanais.

Les observateurs de l’ONU ont documenté la construction par l’armée israélienne de murs en T en béton près de la Ligne bleue. Des relevés confirment que ces barrières s’enfoncent dans le territoire libanais au sud-ouest de Yaroun, isolant plus de 4 000 m² de terres libanaises. Des constructions similaires sont apparues au sud-est de la même ville ces dernières semaines.

Plus largement, les forces israéliennes contrôlent cinq positions réparties sur 135 km de territoire libanais — des Fermes de Chebaa à Ras Al-Naqoura — situées 500 à 1 000 mètres au-delà de la Ligne bleue.

L’ONU a exigé des enquêtes rapides et impartiales sur les opérations militaires israéliennes, en particulier la frappe contre le camp de réfugiés palestiniens, évoquant des violations potentielles du droit international humanitaire et appelant à la reddition de comptes.

Vingt ressortissants libanais croupissent dans les prisons israéliennes, principalement à Ofer, parmi lesquels dix membres du Hezbollah capturés lors de combats près d’Aïta Al-Chaab, un officier de marine enlevé lors d’un raid commando, et neuf civils. Leurs familles n’ont reçu aucune information officielle du Comité international de la Croix-Rouge sur leurs conditions ou leur état de santé.

Une source officielle libanaise a estimé que « la libération des détenus fait partie des termes de l’accord de cessez-le-feu, tout comme le retrait des territoires occupés, et le Liban ne détient aucun prisonnier israélien en échange. »

La politique de la terre brûlée menée par Israël dans les villages frontaliers s’est poursuivie, les attaques visant toute tentative de reconstruction. La Banque mondiale estime le coût des travaux à environ 11 milliards de dollars.

« Entre 10 et 15 villages ont été complètement rayés de la carte », affirme Tarek Mazraani, ingénieur à Houla et coordinateur du « Rassemblement des villages frontaliers du Sud ».

Mazraani estime que 65 000 à 70 000 personnes restent déplacées de leurs maisons et de leurs villages détruits.

« Ceux qui sont revenus sont ceux qui ne peuvent littéralement aller nulle part ailleurs, principalement des personnes âgées vivant au milieu des décombres, exposées quotidiennement à l’horreur des bombardements et aux couvre-feux, sans aucun hôpital pour les soigner », a-t-il déclaré à Arab News.

Toute personne souhaitant enterrer un proche doit obtenir l’autorisation de la FINUL, qui informe ensuite Israël pour permettre l’inhumation.

« Malgré cela, l’armée israélienne bombarde à chaque fois les abords du cortège funéraire », ajoute Mazraani.

Il précise que les déplacés ont loué des logements à Nabatiyé, Tyr, Saïda, Iqlim Al-Kharroub, dans la banlieue sud de Beyrouth et au Mont-Liban. La plupart sont agriculteurs, mais on compte aussi des enseignants, des ingénieurs, des travailleurs indépendants et des membres des forces de sécurité.

« Depuis la fin de la guerre, ces gens sont laissés sans aucun soutien officiel ou partisan. L’un des habitants les plus riches de la région, qui a tout perdu, travaille désormais comme livreur », dit-il.

Les personnes déplacées sont prises entre l'État parallèle du Hezbollah et l'État libanais : « Tout le monde exploite leur tragédie, même au sein de notre propre communauté du sud. Les loyers sont extrêmement élevés et nous ne nous sentons jamais chez nous. »

L’un d’eux, qui souhaite rester anonyme, explique : « Ceux qui ne sont affiliés à aucun parti sont loin de la politique. Notre seule préoccupation est d’assurer notre subsistance et une couverture financière en cas d’hospitalisation. Nous nous sentons orphelins et abandonnés, surtout quand une institution du Hezbollah nous dit qu’elle n’a plus d’argent. »

Il ajoute : « Les habitants des zones détruites paient le prix fort. Certains en veulent au Hezbollah pour la guerre et les milliers de morts qu’elle a entraînés, tandis que d’autres craignent que l’autre camp se réjouisse de notre malheur sans jamais nous rassurer. »

Les attentes libanaises face aux menaces israéliennes de relancer la guerre — sapant l’accord de cessez-le-feu négocié par la France et les États-Unis et dont les termes ressemblent fortement aux points principaux de la résolution 1701 — restent contradictoires.

Certains observateurs politiques jugent ces menaces « exagérées », tandis que d’autres estiment qu’« une frappe est inévitable mais n’aboutira pas à une guerre totale ; elle vise à pousser le Liban à négocier ».

Plus tôt ce mois-ci, le président libanais Joseph Aoun a déclaré : « Le Liban n’a pas d’autre choix que de négocier, et le langage de la négociation est plus important que celui de la guerre. »

Le Premier ministre Nawaf Salam l’a confirmé, exprimant son espoir d’un « soutien américain à une solution diplomatique ».

Pour l’heure, cependant, des négociations directes entre le Liban et Israël restent totalement exclues.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël: le ministre de la Défense avertit qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays

Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
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  • Israël avertit qu’aucun calme ne reviendra au Liban tant que sa propre sécurité ne sera pas garantie, intensifiant ses frappes malgré la trêve et affirmant vouloir désarmer le Hezbollah
  • L’Égypte tente de désamorcer les tensions, tandis que l’application du cessez-le-feu reste bloquée : l’armée libanaise dit vouloir démanteler les positions du Hezbollah, mais Israël et les États-Unis accusent Beyrouth de traîner

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien a averti mercredi qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays, alors qu'Israël a intensifié ses opérations militaires au Liban ces dernières semaines, en dépit d'un accord de cessez-le-feu.

"Nous ne permettrons aucune menace contre les habitants du nord, et une pression maximale continuera à être exercée et même s'intensifiera", a déclaré Israël Katz lors d'une intervention devant le parlement israélien, avançant pour preuve "l'élimination" dimanche à Beyrouth du chef militaire du Hezbollah.

"Il n'y aura pas de calme à Beyrouth ni d'ordre et de stabilité au Liban tant que la sécurité de l'Etat d'Israël ne sera pas garantie", a ajouté M. Katz en affirmant que son pays allait désarmer le Hezbollah.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères a déclaré mercredi que son pays oeuvrait à la désescalade des tensions entre Israël et le mouvement armé libanais soutenu par l'Iran.

"Nous craignons toute escalade et nous sommes inquiets pour la sécurité et la stabilité du Liban", a déclaré ce ministre, Badr Abdel Ati, après sa rencontre avec le président libanais Joseph Aoun à Beyrouth mercredi.

"Nous engageons des efforts considérables pour épargner au Liban tout risque, ou toute atteinte, concernant sa sécurité", a-t-il ajouté.

Israël a frappé le Liban à plusieurs reprises malgré la trêve, affirmant régulièrement cibler les membres et les infrastructures du Hezbollah pour empêcher le groupe de se réarmer, ce qu'il nie être en train de faire.

En vertu de l'accord de cessez-le-feu, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah sur une bande d'une trentaine de kilomètres entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, plus au nord.

L'armée a soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais. Mais les Etats-Unis et Israël accusent les autorités libanaises de tarder, face à la ferme opposition du Hezbollah.

Ce dernier invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban, dont l'accord de cessez-le-feu stipule pourtant que l'armée israélienne doit se retirer.