L'Irak confronté à une double crise d’électricité, avec la hausse des températures et la quasi- fermeture du robinet énergétique iranien

Un technicien surveille un tableau électrique reliant les maisons à des générateurs d'électricité privés, à Bagdad. (Dossier/AFP)
Un technicien surveille un tableau électrique reliant les maisons à des générateurs d'électricité privés, à Bagdad. (Dossier/AFP)
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Publié le Jeudi 01 juillet 2021

L'Irak confronté à une double crise d’électricité, avec la hausse des températures et la quasi- fermeture du robinet énergétique iranien

  • Le ministre de l'Électricité irakien a déjà démissionné à la suite de pressions de la part d'un puissant chef de milice chiite, Moqtada al-Sadr
  • Un analyste prévient que la crise énergétique pourrait conduire à un nouvel «été de mécontentement», après celui de 2018, qui avait dégénéré en affrontements violents

LONDRES: Ces derniers jours, la crise politique et sociale s'est aggravée en Irak, alors que la forte hausse des températures, les manifestations généralisées, et les pannes d'électricité continues se multiplient dans le sud du pays, pourtant riche en pétrole.

L'Iran, qui fournit généralement environ un tiers du gaz et de l'électricité de l'Irak, a considérablement réduit la quantité d'énergie approvisionnée dans le pays, dans ce que certains pensent être une tentative de forcer Bagdad à régler des millions en factures impayées.

Le ministre irakien de l'Électricité, Majed Mahdi Hantouch, a présenté sa démission cette semaine, à la suite de pressions exercées par des personnalités de l'opposition, et notamment le puissant religieux chiite et chef de milice, Moqtada al-Sadr.                         

Un responsable du ministère irakien de l'Électricité a déclaré au journal britannique The Independent qu'il y avait en moyenne maintenant jusqu'à 18 heures de coupures de courant par jour, perturbant le fonctionnement des maisons, des hôpitaux et des entreprises.

«Le gouvernement irakien se trouve dans une très mauvaise situation, en raison de la corruption, d’une planification désorganisée, et d’une dépendance continue vis-à-vis de l'Iran pour sa production d'électricité», a déclaré à The Independent Ayad Khalaf, de la société Al-Karkh Distribution Co.

Mais «la démission du ministre n'est pas la solution», a-t-il ajouté.

Selon des articles publiés par l'Associated Press, quatre lignes électriques transfrontalières entre l'Iran et l'Irak affichaient une production nulle, alors que les importations de gaz sont également tombées à des niveaux négligeables.

«Les importations de gaz en provenance de l'Iran varient de 1,5 à 1,8 milliard de pieds cubes (un pied cube = 28,3 litres) par jour», a précisé Yesar al-Maleki, analyste du Golfe au sein de la Middle East Economic Survey.

«Nous voyons maintenant la production d'électricité dans le sud chuter en dessous d’un gigawatt (GW), ce qui signifie que non seulement ces lignes sont hors connexion, mais que même le débit de gaz est en baisse.»

L'impact de ces réductions a été immédiat et dramatique.

La province de Bassora à elle seule a besoin de 4 000 mégawatts (MW) pendant l'été, mais n'en reçoit actuellement que 830, selon l'Associated Press.

Dans l’ensemble du pays, les approvisionnements en énergie sont encore bien inférieurs à la quantité requise. La demande se situe généralement entre 20 000 et 30 000 GW, alors que le pays n'en a reçu que 12 500 cette semaine, a précisé Sajad Jiyad, de la Century Foundation, à The Independent.

«Nous n'avons jamais répondu pleinement à la demande, nous avons toujours eu des pannes de courant et des générateurs, mais maintenant, nous avons atteint une situation particulièrement grave», a-t-il affirmé, ajoutant que la plupart des foyers n'ont que quatre ou cinq heures par jour de distribution d'électricité du réseau national.

«C'est le début d'un été de mécontentement, comme en 2018. Je pense que nous aurons encore plus de manifestations très bientôt, surtout si nous avons un autre confinement lié à la Covid-19. Si les gens sont coincés chez eux sans électricité, cela ne fera qu'augmenter leur colère.»

La crainte majeure est que les problèmes énergétiques de cette année ne conduisent à une répétition du scénario de 2018, lorsque des manifestations généralisées ont paralysé le pays, renversé le gouvernement,  avec des centaines de manifestants abattus par la police et les miliciens. Ces manifestations avaient également coïncidé avec des coupures d'électricité de la part de l’Iran en raison de problèmes de non-paiement de factures.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".

 


Liban: l'armée annonce six arrestations après une attaque visant des Casques bleus

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
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  • L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban
  • "Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité

BEYROUTH: Six personnes ont été arrêtées au Liban, soupçonnées d'être impliquées dans une attaque d'une patrouille de Casques bleus jeudi dans le sud du pays, qui n'a pas fait de blessés, a annoncé l'armée libanaise samedi.

L'incident s'était produit jeudi soir, selon un communiqué de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) quand "des Casques bleus en patrouille ont été approchés par six hommes sur trois mobylettes près de Bint Jbeil". "Un homme a tiré environ trois coups de feu sur l'arrière du véhicule. Personne n'a été blessé".

L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban, où, déployée depuis 1978, elle est désormais chargée de veiller au respect du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la dernière guerre entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

"Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité.

Bastion du Hezbollah, le sud du Liban subit ces dernières semaines des bombardements réguliers de la part d'Israël, qui assure viser des cibles du mouvement chiite et l'accuse d'y reconstituer ses infrastructures, en violation de l'accord de cessez-le-feu.

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre.

Mercredi, le quartier général de la Finul a accueilli à Naqoura, près de la frontière avec Israël, de premières discussions directes, depuis des décennies, entre des responsables israélien et libanais, en présence de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le président libanais, Joseph Aoun, a annoncé de prochaines discussions à partir du 19 décembre, qualifiant de "positive" la réunion tenue dans le cadre du comité de surveillance du cessez-le-feu, disant que l'objectif était d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban.


Les efforts pour panser les «profondes divisions» de la Syrie sont ardus mais «pas insurmontables», déclare Guterres

Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
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  • Antonio Guterres salue "la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", "la résilience et le courage" des Syriens
  • La transition offre l'opportunité de "forger une nation où chaque Syrien peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité"

NEW YORK : Les efforts pour guérir les "profondes divisions" de la Syrie seront longs et ardus mais les défis à venir ne sont "pas insurmontables", a déclaré dimanche le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'occasion du premier anniversaire de la chute du régime Assad.

Une offensive surprise menée par une coalition de forces rebelles dirigées par Hayat Tahrir al-Sham et des milices alliées a rapidement balayé les zones tenues par le régime à la fin du mois de novembre 2024. En l'espace de quelques jours, elles se sont emparées de villes clés et ont finalement capturé la capitale Damas.

Le 8 décembre de l'année dernière, alors que les défenses du régime s'effondraient presque du jour au lendemain, le président de l'époque, Bachar Assad, a fui la République arabe syrienne, mettant fin à plus de 50 ans de règne brutal de sa famille.

"Aujourd'hui, un an s'est écoulé depuis la chute du gouvernement Assad et la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", a déclaré M. Guterres, saluant la "résilience et le courage" des Syriens "qui n'ont jamais cessé de nourrir l'espoir en dépit d'épreuves inimaginables".

Il a ajouté que cet anniversaire était à la fois un moment de réflexion sur les sacrifices consentis en vue d'un "changement historique" et un rappel du chemin difficile qui reste à parcourir pour le pays.

"Ce qui nous attend est bien plus qu'une transition politique ; c'est la chance de reconstruire des communautés brisées et de guérir de profondes divisions", a-t-il déclaré, ajoutant que la transition offre l'occasion de "forger une nation où chaque Syrien - indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique - peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité".

M. Guterres a souligné que les Nations Unies continueraient à soutenir les Syriens dans la mise en place de nouvelles institutions politiques et civiques.

"Les défis sont importants, mais pas insurmontables", a-t-il déclaré. "L'année écoulée a montré qu'un changement significatif est possible lorsque les Syriens sont responsabilisés et soutenus dans la conduite de leur propre transition.

Il a ajouté que les communautés à travers le pays construisent de nouvelles structures de gouvernance et que "les femmes syriennes continuent de mener la charge pour leurs droits, la justice et l'égalité".

Bien que les besoins humanitaires restent "immenses", il a souligné les progrès réalisés dans la restauration des services, l'élargissement de l'accès à l'aide et la création de conditions propices au retour des réfugiés et des personnes déplacées.

Des efforts en matière de justice transitionnelle sont en cours, a-t-il ajouté, ainsi qu'un engagement civique plus large. M. Guterres a exhorté les gouvernements à soutenir fermement une "transition dirigée par les Syriens et prise en charge par les Syriens", précisant que le soutien doit inclure le respect de la souveraineté, la suppression des obstacles à la reconstruction et un financement solide pour le redressement humanitaire et économique.

"En ce jour anniversaire, nous sommes unis dans un même but : construire les fondations de la paix et de la prospérité et renouveler notre engagement en faveur d'une Syrie libre, souveraine, unie et ouverte à tous", a ajouté M. Guterres.