Un retrait sans gloire, mais sans réel risque politique pour Joe Biden

Des soldats américains avec leur matériel évacués dans un Boeing militaire: D'aucuns affirment que l'envoi de son fils aîné et chéri en Irak en 2008, a contribué à forger la stratégie de Joe Biden en matière militaire. (Photo, AFP)
Des soldats américains avec leur matériel évacués dans un Boeing militaire: D'aucuns affirment que l'envoi de son fils aîné et chéri en Irak en 2008, a contribué à forger la stratégie de Joe Biden en matière militaire. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 07 juillet 2021

Un retrait sans gloire, mais sans réel risque politique pour Joe Biden

  • En matière de politique intérieure, « personne n'a été brisé par le retrait du Vietnam en 1975, du Liban en 1983 ou de Somalie en 1993 »
  • Les dirigeants américains ont compris qu’il n’y a pas de solution militaire suite à une intervention trop coûteuse en vies et en moyens

WASHINGTON : C'est sans bruit, sans gloire, mais sans prendre de risque politique majeur que Joe Biden a orchestré le retrait définitif des troupes américaines d'Afghanistan, au diapason d'une opinion publique lasse de la plus longue des guerres de l'Amérique.

Les derniers militaires américains - à l'exception des troupes qui garderont l'ambassade - doivent quitter l'Afghanistan fin août. Mais l'armée américaine a annoncé mardi avoir effectué à "plus de 90%" son retrait entamé en mai.

Peu d'informations aussi à ce stade sur le sort des traducteurs et autres Afghans ayant travaillé pour les Américains, qui craignent pour leurs vies. Washington s'emploie à les "identifier", avant de les "relocaliser hors d'Afghanistan", selon la Maison Blanche.

Ce départ en catimini, au moment où les talibans viennent de lancer une vaste offensive dans le nord du pays, ne devrait pas coûter grand-chose sur le plan politique au président démocrate, dont la cote de popularité reste supérieure à 50%.

En matière de politique intérieure, "personne n'a été brisé par le débat autour du Vietnam en 1975, et il n'y a pas eu de conséquences après le retrait du Liban en 1983 pour Reagan, ou après le retrait de Somalie en 1993 pour Clinton", se rappelle John Mueller, professeur à l'université d'Ohio State.

"Je ne pense pas qu'il prenne un risque politique", abonde Gordon Adams, professeur émérite à la School of International Service de l'American University.

Le président a demandé à ses services de lui faire "un rapport lucide, sans fioritures", sur les conséquences du retrait, a dit mardi la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki. Joe Biden "continue à penser qu'il n'y a pas de solution militaire".

« Choses gaies »

Après son élection, le président démocrate a repoussé de quelques mois le retrait définitif annoncé pour le 1er mai 2021 par son prédécesseur, Donald Trump, sans remettre en cause la décision.

Initialement favorable à l'intervention, comme toute une Amérique traumatisée par les attentats du 11 septembre 2001, Joe Biden s'est mis au diapason de son opinion publique, lassée d'une intervention jugée trop coûteuse en vies et en moyens.

La semaine dernière, il s'est d'ailleurs agacé des questions insistantes sur le retrait des troupes, alors qu'il donnait une conférence de presse pour vanter de bons chiffres de l'emploi.

"Je veux parler de choses gaies, mon vieux", a-t-il lancé à un journaliste qui l'interrogeait sur l'Afghanistan.

Le président de 78 ans, à la très longue carrière politique, aime à se présenter comme un opposant aux "guerres sans fin", et avait voté contre la première guerre du Golfe en 1991.

Mais Joe Biden ne peut faire oublier qu'en 2003, alors chef de la commission des Affaires étrangères du Sénat, il avait approuvé l'invasion de l'Irak. Ce vote l'a poursuivi tout au long de sa campagne présidentielle.

Il a ensuite changé d'avis, et plaidé, en tant que vice-président de Barack Obama, en faveur du retrait d'Irak qui s'est achevé en 2011.

L'envoi de son fils aîné et chéri en Irak en 2008, a contribué à forger la stratégie de Joe Biden en matière militaire.

"Mon étoile polaire, c'est le souvenir de feu mon fils Beau engagé en Irak", "et l'impact que cela a eu sur lui et sur nous qui l'attendions", a-t-il d'ailleurs dit pour justifier le départ d'Afghanistan.

Dès 2009, il avait fait part de son opposition à l'envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan, sans mâcher ses mots.

"Je ne renvoie pas mon garçon là-bas pour qu'il risque sa vie au nom des droits des femmes!", s'était emporté le vice-président. Barack Obama avait pourtant déployé 17 000 soldats supplémentaires.

En 2021, même si l'Afghanistan risque de sombrer dans le chaos, il n'était pas question pour Joe Biden de changer d'avis sur le retrait.

Si le pays plongeait dans une sanglante guerre civile, "les Américains n'y prêteraient certainement pas vraiment attention", tranche Gordon Adams.


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.


Vingt militaires turcs tués dans le crash d'un avion en Géorgie

L'avion avait décollé de Gandja, dans l'ouest de l'Azerbaïdjan, en direction de la Turquie. Il s'est écrasé peu après être entré dans l'espace aérien géorgien mardi après-midi. (AFP)
L'avion avait décollé de Gandja, dans l'ouest de l'Azerbaïdjan, en direction de la Turquie. Il s'est écrasé peu après être entré dans l'espace aérien géorgien mardi après-midi. (AFP)
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  • Les autorités turques, qui ont publié les noms et portraits des vingt victimes, n'ont pas communiqué pour l'heure sur les possibles raisons du crash de l'appareil C-130
  • Il n'y a aucun survivant, selon la Turquie, qui avait indiqué mardi que 20 militaires se trouvaient à bord de l'appareil

ISTANBUL: Vingt militaires turcs sont morts dans le crash mardi d'un avion cargo militaire turc dans l'est de la Géorgie, a annoncé mercredi le ministère turc de la Défense.

Les autorités turques, qui ont publié les noms et portraits des vingt victimes, n'ont pas communiqué pour l'heure sur les possibles raisons du crash de l'appareil C-130.

Il n'y a aucun survivant, selon la Turquie, qui avait indiqué mardi que 20 militaires se trouvaient à bord de l'appareil.

L'avion avait décollé de Gandja, dans l'ouest de l'Azerbaïdjan, en direction de la Turquie. Il s'est écrasé peu après être entré dans l'espace aérien géorgien mardi après-midi.

L'épave de l'appareil avait été localisée en fin d'après-midi à quelques kilomètres de la frontière azerbaïdjanaise.

Des vidéos amateurs filmées par des témoins du crash montrent un appareil qui chute en tournoyant, laissant un panache de fumée blanche dans son sillage, avant de s'écraser au loin en dégageant une épaisse colonne de fumée noire.

Sur ces images, l'appareil apparaît déjà en partie désintégré lors de sa chute.

Le président Recep Tayyip Erdogan avait évoqué dès mardi après-midi des "martyrs", sans toutefois faire état d'un bilan.

Les autorités géorgiennes ont annoncé l'ouverture d'une enquête pour éclaircir les circonstances du crash.

Les C-130 Hercules sont des avions militaires de fabrication américaine développés par Lockheed Martin et produits depuis les années 1950. Ils sont encore très populaires à travers le monde.