Comment le Hezbollah s’est infiltré dans l'État libanais

Une voiture passant devant une affiche représentant le chef du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, dans le village d'Adaisseh, près de la frontière libano-israélienne, au Liban, le 28 juillet 2020. (Photo, Reuters)
Une voiture passant devant une affiche représentant le chef du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, dans le village d'Adaisseh, près de la frontière libano-israélienne, au Liban, le 28 juillet 2020. (Photo, Reuters)
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Publié le Vendredi 09 juillet 2021

Comment le Hezbollah s’est infiltré dans l'État libanais

  • Un nouveau document du groupe de réflexion britannique Chatham House détaille comment le groupe soutenu par l'Iran a étendu son influence
  • Le Hezbollah est «un produit du système politique du Liban», a déclaré l'auteur, lors de l'événement auquel assistait Arab News

LONDRES: Le Hezbollah a utilisé ses bailleurs de fonds en Iran et son important arsenal militaire pour «s’infiltrer dans l'État libanais», selon un article publié cette semaine.

L'article, rédigé par Lina Khatib, directrice du programme pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord de Chatham House, un groupe de réflexion basé à Londres, et lancé jeudi lors d'un événement en ligne auquel a participé Arab News, donne des précisions sur la façon dont le Hezbollah est passé d'un groupe de résistance contre l'occupation israélienne à un pouvoir hybride maintenant l'État libanais dans un carcan idéologique.

«Le Hezbollah a étendu son influence sur tout l'État libanais, de la présidence de la République aux institutions politiques et à la fonction publique, de même qu’aux institutions militaires et sécuritaires du Liban», a affirmé le journal.

«Cette influence est due à un certain nombre de facteurs: le Hezbollah bénéficie d'un parrain externe fiable – l'Iran – contrairement à d'autres partis au Liban. Par ailleurs, la capacité du Hezbollah en termes d'organisation, de financement, de ressources matérielles et de nombre de partisans, éclipse celle des autres partis libanais.»

Toujours selon le journal, pour asseoir son influence sur le pays, le Hezbollah profite de la «faiblesse de l'État libanais» et de l'existence d'un «système politique basé sur des pactes élitistes».

Khatib a indiqué aux personnes ayant pris part à l'événement qu'elle exhortait les analystes, en particulier en Occident, à adopter une approche «nuancée» pour comprendre les relations entre le Liban et le Hezbollah.

«Si le Hezbollah est un facteur qui contribue à la faiblesse de l'État libanais, c'est aussi un produit du système politique libanais», a-t-elle précisé.

«Tant que le système politique actuel au Liban continuera d'exister, il ne sera pas possible d’annuler l'emprise du Hezbollah sur l'État libanais.»

Khatib a déclaré que la caractérisation du Hezbollah comme un «État dans l'État» – populaire dans les cercles universitaires et politiques – est inexacte.

Cette caractérisation «implique le fait que le Hezbollah opère d'une manière complètement détachée de l'État libanais dans son ensemble. Ce que je soutiens plutôt, c'est que le Hezbollah s’est infiltré dans l'État au Liban», a-t-elle ajouté.

«Et par État, je n’entends pas seulement les institutions de l’État mais aussi l’État comme espace de contestation du pouvoir au Liban.»

«Ceci, je pense, est clairement illustré par la façon dont le Hezbollah, contrairement à d'autres groupes au Liban (...), a des capacités de surveillance. Cela signifie qu'il surveille non seulement ce qui se passe à l'intérieur des institutions de l'État mais aussi ses alliés et ses opposants sur les scènes culturelle, sociale, éducationnelle, et économique. Cela lui donne un énorme avantage tactique.»

Khatib a affirmé que d'autres partis profitaient également de l'État libanais pour leur propre intérêt, mais «c'est le Hezbollah, contrairement aux autres, qui a un pouvoir coercitif tant sur ses opposants que sur ses alliés – et cela lui donne également un avantage».

Mona Yacoubian, conseillère principale au US Institute for Peace, a affirmé que le Hezbollah est passé du «creuset de la résistance à l'occupation israélienne», à la fin du XXe siècle, à la «garde prétorienne du système de népotisme corrompu du Liban».

Le Hezbollah est différent des autres partis du pays «en vertu de ses armes, et du fait que celles-ci échappent au contrôle de l'État», a-t-elle ajouté.

Bien qu’il soit arrivé tardivement sur la scène politique libanaise, a soutenu Yacoubian, le groupe chiite a «adopté et imité certaines des pratiques les plus corrompues de la classe politique libanaise et, dans un sens, s’est complètement immiscé dans le système politique libanais».

Elle a ajouté: «Il a graduellement exploité les institutions de l'État – le Parlement, les ministères, la fonction publique – et a utilisé son influence pour accroître son pouvoir, étendre son contrôle, et engranger des revenus.»

Cependant, Yacoubian a affirmé que ce comportement s’était retourné contre le représentant de l’Iran. «Nous avons pu constater, lors des manifestations d'octobre 2019 au Liban et au-delà, que le Hezbollah n'est plus considéré comme étant au-dessus de la corruption», a-t-elle ajouté.

«On voit que son image a été ternie par ce comportement. Même au sein de sa propre base, il existe une désaffection croissante.»

Le Liban traverse sa pire crise financière depuis plus de cent cinquante ans. Mercredi, le Premier ministre Hassane Diab a averti que le pays était «à quelques jours d'une explosion sociale».

Yacoubian a précisé qu'en raison de cette explosion imminente, la question clé pour l'avenir est la suivante: «Quel serait l'impact d'un effondrement total de l'État sur le Hezbollah? Parce que je pense que c'est une possibilité réelle.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Al-Azhar Al-Sharif condamne les crimes terroristes contre les civils à Gaza

Des Palestiniens récupèrent des corps enterrés à l’hôpital Nasser à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 21 avril 2024. (Reuters)
Des Palestiniens récupèrent des corps enterrés à l’hôpital Nasser à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 21 avril 2024. (Reuters)
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  • Al-Azhar réitère la nécessité pour la communauté internationale d’assumer ses responsabilités et de «mettre fin à l’agression frénétique contre la population de Gaza»
  • Al-Azhar mentionne que les corps de centaines de Palestiniens, parmi lesquels des patients, ont été retrouvés dans des fosses communes au complexe médical Nasser à Khan Younès

LE CAIRE: Al-Azhar Al-Sharif, la plus ancienne et la plus importante institution d’enseignement de l’islam sunnite, a fermement condamné «les crimes terroristes commis contre les civils dans la bande de Gaza».

Dans un communiqué, Al-Azhar condamne ces attaques «dont l’atrocité a été révélée par les nombreuses informations selon lesquelles des centaines de corps d’enfants, de femmes, de personnes âgées et de membres du personnel médical ont été enterrés dans des fosses communes dans les environs des complexes médicaux Nasser et Al-Shifa».

«De même, des dizaines de corps ont été retrouvés “éparpillés” dans des centres d’hébergement et de déplacement, des tentes et des quartiers résidentiels dans la bande de Gaza.»

Al-Azhar affirme au monde que «ces fosses communes sont une preuve indéniable que ces atrocités et ces horreurs sont devenues un comportement quotidien normal pour Israël».

L’institution appelle les peuples du monde à s’unir pour protester de manière à dissuader les régimes qui soutiennent ces crimes.

Elle réclame un procès international urgent contre «le gouvernement terroriste d’occupation, qui ne connaît plus le sens de l’humanité ni du droit à la vie et qui commet des génocides tous les jours».

Al-Azhar réitère par ailleurs la nécessité pour la communauté internationale d’assumer ses responsabilités, de «mettre fin à l’agression frénétique contre la population de Gaza et aux souffrances et catastrophes humanitaires sans précédent qui en découlent, et de garantir la protection des civils et l’acheminement d’une aide humanitaire suffisante et durable dans toutes les parties de la bande de Gaza».

L’institution présente aussi ses «sincères condoléances au peuple palestinien et aux familles des martyrs, priant Allah Tout-Puissant de leur accorder son immense miséricorde et son pardon, à rassurer les cœurs de leurs familles et de leurs proches, et à accélérer le rétablissement des malades».

Citant des articles de presse, Al-Azhar mentionne que, depuis samedi, les corps de centaines de Palestiniens, parmi lesquels des patients, ont été retrouvés dans des fosses communes au complexe médical Nasser à Khan Younès.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le plus grand projet de restauration corallienne au monde dévoilé en mer Rouge

La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
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  • «KCRI est le plus grand projet de restauration corallienne du monde et constitue une étape importante vers la restauration des récifs à l’échelle mondiale»
  • «Les événements récents nous rappellent brutalement la crise mondiale à laquelle sont confrontés les récifs coralliens»

RIYAD: Des scientifiques de l’université des sciences et technologies du roi Abdallah (Kaust), en collaboration avec Neom, ont inauguré la première pépinière de l’Initiative de restauration corallienne de la Kaust (KCRI).

«KCRI est le plus grand projet de restauration corallienne du monde et constitue une étape importante vers la restauration des récifs à l’échelle mondiale. Une première pépinière est officiellement opérationnelle et une seconde est en cours de construction. Elles sont toutes deux situées en mer Rouge», indique un communiqué publié jeudi.

La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an.

Les chercheurs se serviront de cette installation pilote pour lancer des initiatives de restauration corallienne à grande échelle, avec notamment la pépinière de coraux terrestre la plus grande et la plus avancée au monde.

Située sur le même site, cette dernière aura une capacité décuplée et pourra produire 400 000 coraux par an. Le projet devrait être achevé en décembre 2025.

Abritant 25% des espèces marines connues, bien qu’ils couvrent moins d’1% des fonds marins, les récifs coralliens sont le fondement de nombreux écosystèmes marins. Les experts estiment que jusqu’à 90% des récifs coralliens de la planète subiront un stress thermique grave d’ici à 2050.

«Les événements récents nous rappellent brutalement la crise mondiale à laquelle sont confrontés les récifs coralliens. Nous avons donc pour ambition de trouver un moyen de faire passer les efforts de restauration actuels, à forte intensité de main-d’œuvre, à des processus industriels afin d’inverser le rythme actuel de dégradation des récifs coralliens», a expliqué le professeur Tony Chan, président de la Kaust.

Cette initiative s’aligne sur la Vision 2030 de l’Arabie saoudite et sur ses efforts pour renforcer la conservation marine en tirant parti des recherches réalisées par la Kaust sur les écosystèmes marins et en servant de plate-forme pour tester des méthodes de restauration innovantes.

«Grâce à notre partenariat de longue date avec la Kaust, nous mettrons également en lumière le rôle des récifs coralliens, qui comptent parmi les systèmes environnementaux marins les plus importants, ainsi que l’importance de leur préservation pour les générations futures», a confié le PDG de Neom, Nadhmi al-Nasr.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’UE assouplit les règles en matière de visas pour l’Arabie saoudite, Oman et Bahreïn

L’ambassadeur de l’Union européenne en Arabie saoudite, Christophe Farnaud. (Photo fournie)
L’ambassadeur de l’Union européenne en Arabie saoudite, Christophe Farnaud. (Photo fournie)
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  • Les citoyens saoudiens, omanais et bahreïnis peuvent désormais bénéficier de visas à entrées multiples d’une durée de cinq ans
  • Il s’agit d’«une étape importante dans la promotion des contacts interpersonnels», affirme l’ambassadeur

RIYAD: Les citoyens saoudiens, omanais et bahreïnis pourront se rendre plus facilement en Europe à la suite d’une décision de la Commission européenne visant à assouplir les règles en matière de visas.

Jeudi, l’ambassadeur de l’Union européenne (UE) en Arabie saoudite, Christophe Farnaud, a déclaré à des journalistes à Riyad que les nouvelles règles relatives aux visas Schengen constituaient «une étape importante dans la promotion des contacts interpersonnels et la facilitation des échanges entre les citoyens de l’UE et du Conseil de coopération du Golfe [CCG]».

En vertu des nouvelles règles, un visa à entrées multiples sera normalement délivré pour une durée de cinq ans aux demandeurs retenus, y compris à ceux qui présentent une demande pour la première fois.

«Le processus est le même, mais la durée du visa est plus longue, ce qui leur permet de se rendre dans 29 pays européens en utilisant le même visa à entrées multiples, valable pour une durée de cinq ans», a expliqué M. Farnaud.

Ce dernier a déclaré qu’il était important de placer le changement de visa «dans le contexte des relations stratégiques entre cette région et l’Europe».

L’espace Schengen regroupe 29 pays européens, dont 25 sont des États membres de l’UE: la Belgique, la Bulgarie, la Croatie, la République tchèque, le Danemark, l’Allemagne, l’Estonie, la Grèce, l’Espagne, la France, l’Italie, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, la Hongrie, Malte, les Pays-Bas, l’Autriche, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, la Slovénie, la Slovaquie, la Finlande et la Suède, ainsi que l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse.

Les États membres mettront en œuvre cette décision dès qu’ils auront reçu les notifications, a assuré M. Farnaud.

«Comme nous le savons, la notification a été faite mercredi. Donc, à partir de maintenant, les États membres peuvent délivrer ces visas, à moins qu’il n’y ait une raison technique qui les oblige à attendre quelques jours», a-t-il précisé.

«Je suis très heureux d’avoir pu travailler sur ce projet et je dois dire que j’ai reçu de nombreuses réponses très positives de la part des citoyens, notamment des Saoudiens. Je pense que c’est une excellente nouvelle», a ajouté M. Farnaud.

L’envoyé a indiqué que l’Europe travaillait également sur la mise en place de visas électroniques, «mais cela prendra un certain temps».

«Je ne peux pas vous dire combien de temps exactement, car cela implique des décisions de la part des États membres sur des aspects techniques. Ce projet se concrétisera donc, mais cela prendra un certain temps», a-t-il indiqué.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com