L'ONU prolonge l’aide transfrontalière à la Syrie, Biden salue une victoire diplomatique

Un travailleur porte des paquets d'aide humanitaire à Idlib, ville sous le contrôle de l'opposition syrienne, le 9 juin 2021. (Photo, REUTERS/Khalil Ashawi/Archives)
Un travailleur porte des paquets d'aide humanitaire à Idlib, ville sous le contrôle de l'opposition syrienne, le 9 juin 2021. (Photo, REUTERS/Khalil Ashawi/Archives)
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Publié le Samedi 10 juillet 2021

L'ONU prolonge l’aide transfrontalière à la Syrie, Biden salue une victoire diplomatique

  • Le Conseil de sécurité décide à l'unanimité de maintenir l’ouverture du point de passage de Bab Al-Hawa à la frontière avec la Turquie pendant 12 mois supplémentaires
  • «Des millions de Syriens peuvent pousser un soupir de soulagement, sachant que l'aide humanitaire vitale continuera d'affluer vers Idlib», a déclaré l'ambassadrice US auprès de l'ONU

NEW YORK : Le Conseil de sécurité de l'ONU a accepté vendredi de prolonger l’opération humanitaire transfrontalière qui fournit une aide vitale à plus de 4 millions de Syriens.

Le vote unanime pour prolonger le mandat pour le transport de l'aide vers la Syrie via un passage à la frontière avec la Turquie est intervenu après que la Russie a finalement convenu d'un compromis avec les États-Unis.

Cela fait suite à des semaines d'intransigeance de la part de Moscou, qui soutient que toute l'aide devrait être acheminée par le régime de Damas, et impute la crise humanitaire dans ce pays déchiré par la guerre aux sanctions internationales imposées au régime du président Bashar Assad.

La Maison Blanche a déclaré que le président américain Joe Biden s'était entretenu avec son homologue russe Vladimir Poutine après le vote du Conseil de sécurité. Au cours de leur conversation, les deux leaders ont salué «le travail conjoint de leurs équipes respectives à la suite du sommet américano-russe qui a conduit au renouvellement unanime de l'aide humanitaire transfrontalière à la Syrie aujourd'hui au Conseil de sécurité».

Biden s'est engagé à travailler fort pour apaiser les tensions croissantes entre Washington et Moscou, et la question de l'aide transfrontalière à la Syrie a été considérée par certains analystes comme un «test de résistance» administré par Poutine. En juin, lors de leur premier sommet depuis l'arrivée au pouvoir de Biden, le renouvellement de l'aide transfrontalière était une demande cruciale des États-Unis.

«Le fait que l'administration Biden décrit l'accord d'aide à la Syrie du Conseil de sécurité comme une réalisation diplomatique est assez important, car l'administration a longtemps affirmé que des progrès dans le dossier de l'aide ouvriront certainement la porte à un engagement plus significatif entre les États-Unis et la Russie sur les plus grandes questions diplomatiques de la Syrie», a déclaré Charles  Lister, chercheur principal et directeur du département Syrie du Middle East Institute à Washington, DC, dans un message publié sur Twitter.

La Russie souhaitait initialement la fin de toutes les opérations transfrontalières, ce qui aurait restreint le flux d'aide aux convois transfrontaliers d'aide distribués par le régime de Damas. Après des pourparlers de dernière minute entre les délégations américaine et russe, Moscou a proposé un compromis qui renouvelle le mandat du poste frontalier de Bab Al-Hawa pour six mois.

Les États-Unis et d'autres pays occidentaux avaient aussi appelé à la réouverture de deux postes frontaliers précédemment fermés : Bab Al-Salam à la frontière avec la Turquie et Al-Yaroubiya à la frontière avec l'Irak. La France a exprimé ses regrets car ceux-ci n'ont pas été inclus dans l'accord.

Le résultat du vote couronné de succès est l'adoption de la résolution 2585, mais des inquiétudes ont été ainsi exprimées quant à sa formulation, que certains analystes considèrent comme ambiguë. Cette résolution stipule que le mandat de Bab Al-Hawa a été prolongé de six mois jusqu'au 10 janvier, «avec une prolongation de six mois supplémentaires, jusqu'au 10 juillet 2022, sous réserve de la publication du rapport de fond du secrétaire général».

Certains experts ont souligné qu'il n'est pas clair si cette deuxième prolongation de six mois sera conditionnée au contenu du rapport et donc soumise à un autre vote, ce qui pourrait donner à la Russie la possibilité d'user de son pouvoir de veto si elle s'oppose au rapport. Le représentant permanent de la Russie auprès de l'ONU, Vassily Nebenzya, a déclaré au conseil que Moscou «va surveiller de près» ce qui se passera dans les mois à venir.

Le diplomate français Charles Thepaut, chercheur invité au Washington Institute, a qualifié le libellé de la résolution d’«ambiguïté constructive», ajoutant: «C'est ce qui vient d'aider à trouver un compromis pour maintenir l'accès transfrontalier à Bab Al-Hawa pendant encore un an dans le nord-ouest de la Syrie».

Linda Thomas Greenfield, la représentante permanente des États-Unis auprès de l'ONU, a insisté sur le fait que les États-Unis voyaient déjà la résolution «automatiquement renouvelée à la suite du rapport du secrétaire général. Aucun vote ne sera requis et le conseil travaillera avec le bureau du secrétaire général pour s'assurer qu'une fois qu'il aura mis son rapport sur la table, il sera accepté par tous les membres du conseil».

Elle a indiqué au conseil : «Grâce à cette résolution, des millions de Syriens peuvent pousser un soupir de soulagement ce soir, sachant que l'aide humanitaire vitale continuera d'affluer à Idlib par le poste frontalier de Bab al-Hawa après-demain. Et les parents peuvent dormir tranquillement ce soir en sachant que pendant les 12 prochains mois, leurs enfants auront de quoi manger».

La délégation française a souligné que la position des partenaires européens envers l'accord reste inchangée. L'envoyé Nicolas de Rivière a déclaré : «Nous ne financerons pas la reconstruction et nous ne lèverons pas les sanctions tant qu'un processus politique crédible n'est engagé d’une manière ferme, conformément à la résolution 2254 adoptée à l'unanimité par ce conseil.

«Nous ne financerons pas non plus les efforts de développement qui contribueront au renforcement du régime syrien en l'absence de progrès vers une solution politique. Rien dans cette résolution ne peut être interprété comme un changement dans nos positions bien connues sur ce sujet».

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a salué la résolution, mais son porte-parole, Stéphane Dujarric, a déclaré que les besoins humanitaires en Syrie «continuent de dépasser la demande».

Dujarric a aussi ajouté : «Avec des passages supplémentaires et un financement accru, les Nations Unies peuvent faire plus pour aider le nombre croissant de personnes dans le besoin».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'armée israélienne dit avoir tué trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
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  • "Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024
  • Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré avoir tué dimanche trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban, Beyrouth faisant état également de trois morts dans des frappes israéliennes dans la région.

"Depuis ce matin (dimanche), l'armée a frappé trois terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", a précisé l'armée israélienne dans un communiqué.

"Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024, a-t-elle ajouté.

L'armée a ensuite affirmé avoir "éliminé" deux d'entre eux "en moins d'une heure", dans les régions de Yater et Bint Jbeil (sud du Liban).

Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

Le ministère libanais de la Santé avait auparavant fait état de trois morts dans des frappes israéliennes à Yater, Safad Al-Battikh et Jwaya.

Un cessez-le-feu est en vigueur depuis novembre 2024 après plus d'un an d'hostilités entre Israël et le mouvement islamiste libanais, en marge de la guerre à Gaza.

Malgré cette trêve, Israël mène régulièrement des frappes au Liban, notamment dans le sud, bastion du Hezbollah, affirmant viser des membres et des infrastructures du mouvement libanais pour l'empêcher de se réarmer.

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah.

L'armée libanaise est censée achever d'ici la fin de l'année le démantèlement, prévu par l'accord de cessez-le-feu, des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe pro-iranien, et tarir les sources de financement de la formation islamiste.

Israël maintient cinq positions dans la zone, malgré son retrait du territoire libanais prévu par l'accord de cessez-le-feu.

Dans un discours samedi, le chef du Hezbollah, Naim Qassem, qui a rejeté à plusieurs reprises la perspective d'un désarmement du mouvement, a déclaré que celui-ci "ne permettra pas à Israël d'atteindre son objectif" de mettre fin à la résistance, "même si le monde entier s'unit contre le Liban".

 


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.