Le Liban pourrait devenir le «Venezuela de la Méditerranée», selon un rapport

Les gens font leurs courses dans un supermarché aux tablettes fraîchement remplies, à Beyrouth, au Liban. (Photo, AP/Archives)
Les gens font leurs courses dans un supermarché aux tablettes fraîchement remplies, à Beyrouth, au Liban. (Photo, AP/Archives)
Short Url
Publié le Jeudi 22 juillet 2021

Le Liban pourrait devenir le «Venezuela de la Méditerranée», selon un rapport

  • L'augmentation exponentielle et hebdomadaire des prix des aliments de base est un indicateur que le Liban «glisse dans l'hyperinflation»
  • Le sort du Liban reste nébuleux au milieu de la déliquescence des institutions publiques

BEYROUTH : Le coût de la nourriture au Liban a grimpé de 700 % au cours des deux dernières années, une tendance qui s'accélère depuis quelques semaines, fait significatif d’après un rapport de l'Observatoire de la crise publié mercredi.

Ce programme de recherche interdisciplinaire a été lancé par l'Université américaine de Beyrouth (AUB) pour suivre les répercussions de la crise économique au Liban.

Le rapport de l'Observatoire décrit fidèlement l'état actuel du pays. Les centres commerciaux et les magasins, généralement animés lors de l'Aïd Al-Adha, étaient vides cette semaine, symptôme du pouvoir d’achat en chute libre d’une grande partie de la classe moyenne en raison de la hausse fulgurante des prix.

La situation reflète l'incapacité à former un gouvernement alors que le pays est au bord de l'effondrement social et économique.

Le rapport révèle des lacunes financières stupéfiantes, et conclut que le Liban pourrait devenir le «Venezuela de la Méditerranée». Il prédit que la majorité de la population aurait du mal à satisfaire ses besoins minimaux sans l'aide des organismes humanitaires.

De plus, l'augmentation exponentielle et hebdomadaire des prix des aliments de base indique que le pays «bascule dans l'hyperinflation», selon le document.

Le prix d'un panier alimentaire de base a augmenté de plus de 50 % en moins d'un mois, et les vêtements sont devenus en quelque sorte un luxe, ajoute le rapport. Les familles se plaignent de leur incapacité à acheter de nouveaux vêtements pour leurs enfants à l'occasion de l'Aïd car, comme témoigne une mère, les pantalons qu'elle achetait autrefois à 30 000 LL se vendent désormais à 400 000 LL.

«Nous nous attendions à plus de clients à l'Aïd Al-Adha, mais le pouvoir d'achat des gens a chuté», soupire Thérèse, propriétaire d'un bar à Beyrouth.

«Les expatriés libanais qui sont venus passer l'été au Liban ont contribué à relancer un peu le tourisme, mais nous avons peur de ce qui va se passer une fois qu'ils seront partis», dit-elle.

Le rapport, consulté par Arab News, indique que le prix des produits alimentaires de base «a augmenté d’une manière considérable au cours de la première quinzaine de juillet», selon les listes du ministère libanais de l'Économie et les cours étudiés régulièrement par les chercheurs de l'Observatoire.

Selon l'organisme, «les prix des produits alimentaires de base, notamment les légumes, les céréales, les produits laitiers, le bœuf, les œufs et l'huile, ont grimpé de plus de 700% depuis juillet 2019, avant l'effondrement financier et économique».

Le prix du pain local, censé être subventionné par l’importation de blé et de farine au taux de change officiel, a augmenté de 233% depuis mai 2020, explique le rapport.

Sur la base des prix alimentaires de la première quinzaine de juillet, une famille de cinq personnes dépenserait plus de 3,5 millions LL en nourriture par mois. Ce chiffre ne tient pas compte des coûts supplémentaires pour l'eau, l'électricité ou le gaz de cuisine.

«Selon ces prix, le budget d'une famille rien que pour la nourriture est d'environ cinq fois le salaire minimum, qui s'élève à 675 000 LL», indique le rapport. «Il valait autrefois près de 450 $, mais aujourd'hui, il vaut à peine 30 $ sur le marché noir».

L'observatoire a lié l'inflation des prix alimentaires à la dévaluation de la livre libanaise par rapport au dollar américain, où la monnaie libanaise a perdu plus de 90 % de sa valeur au cours des deux dernières années. Selon le rapport, l'inflation «devrait se poursuivre avec la baisse supplémentaire prévue de la valeur de la livre libanaise dans les mois à venir».

Le sort du Liban reste nébuleux au milieu de la déliquescence des institutions publiques.

Les politiciens du pays n'ont pas réussi à former un gouvernement, près d’un an après la démission du gouvernement Hassan Diab à la suite de l'explosion catastrophique de Beyrouth le 4 août 2020, qui a fait 211 morts et plus de 6 000 blessés.

Neuf mois après sa nomination au poste de Premier ministre, Saad Hariri a annoncé le 15 juillet son incapacité à former un gouvernement et a remis sa démission. Il n'est pas réussi à parvenir à un accord avec le président libanais Michel Aoun sur la composition du futur exécutif.

Les consultations parlementaires, dont le but est de désigner une nouvelle personnalité sunnite pour former un gouvernement, sont prévus pour lundi. Elles surviennent dans un contexte de grogne sunnite contre le président libanais et la manière avec laquelle son parti politique traite les pouvoirs constitutionnels du Premier ministre.

Imams et khatibs ont fortement critiqué les politiciens libanais dans leurs sermons de l'Aïd. Certains ont même mentionné Aoun spécifiquement afin de tenir tous les politiciens responsables de la pauvreté, des pénuries et des difficultés avec lesquelles le Liban est aux prises depuis des mois.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


L'armée israélienne dit avoir frappé des infrastructures du Hezbollah au Liban

Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Short Url
  • L’armée israélienne affirme avoir frappé plusieurs infrastructures du Hezbollah dans le sud du Liban, dont un site de lancement, un complexe d’entraînement et des installations militaires, malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Le contexte reste tendu depuis l’assassinat de Hassan Nasrallah en 2024, tandis que Washington presse Beyrouth de désarmer le Hezbollah, une demande rejetée par le groupe et ses alliés

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé tôt mardi avoir frappé des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah pro-iranien dans le sud du Liban.

Les forces armées israéliennes ont indiqué "avoir frappé des infrastructures appartenant à l'organisation terroriste Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", dont un site de lancement utilisé pour des attaques contre Israël, dans un communiqué publié sur plusieurs réseaux sociaux.

Elles disent avoir ciblé également un complexe d'entraînement de la force al-Radwan, une unité d'élite, des champs de tir, des zones d'entraînement aux armes pour divers types d'armes et des structures militaires appartenant au Hezbollah.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe chiite pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières le visant dans ses bastions libanais, et d'occuper cinq points frontaliers dans le sud du Liban.

Israël avait menacé début novembre d'intensifier ses attaques au Liban, accusant le mouvement de se "réarmer".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent en invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.


Accord Arabie saoudite-Qatar pour une liaison ferroviaire à grande vitesse

Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
Short Url
  • L’Arabie saoudite et le Qatar lancent une ligne TGV de 785 km reliant Riyad à Doha, achevée d’ici six ans et destinée à transporter plus de 10 millions de passagers par an
  • Le projet, estimé à 115 milliards de SR, vise à renforcer l’intégration régionale, stimuler commerce et tourisme, et soutenir la transition vers des transports durables

RIYAD: L’Arabie saoudite et le Qatar ont signé lundi un accord pour construire une ligne ferroviaire à grande vitesse reliant les deux pays.

L’annonce est intervenue à l’issue d’une rencontre à Riyad entre le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, tenue dans le cadre du Conseil de coordination saoudo-qatari.

La liaison ferroviaire, qui connectera l’aéroport international King Salman de Riyad à l’aéroport international Hamad de Doha, constituera une première pour les deux nations et réduira le temps de trajet entre les deux capitales à seulement deux heures.

Selon un communiqué conjoint, le projet devrait être achevé d’ici six ans et créer 30 000 emplois dans les deux pays. Une fois opérationnel, il transportera plus de 10 millions de passagers par an.

Les dirigeants ont assisté à la signature de l’accord au palais Al-Yamamah à Riyad, où ils ont également coprésidé la huitième session du Conseil de coordination qataro-saoudien.

L’accord a été signé par le ministre saoudien des Transports et des Services logistiques, Saleh Al-Jasser, et par le ministre qatari des Transports, cheikh Mohammed ben Abdulla ben Mohammed Al-Thani. Il est considéré comme une étape stratégique visant à renforcer la coopération, l’intégration développementale et le développement durable, et à démontrer un engagement commun en faveur de la prospérité régionale.

La ligne à grande vitesse s’étendra sur 785 km et accueillera des trains capables de dépasser les 300 km/h. Plusieurs arrêts sont prévus entre les deux aéroports, notamment à Hofuf et Dammam.

Le service devrait considérablement améliorer les déplacements ferroviaires dans la région et stimuler le commerce ainsi que le tourisme. Le bénéfice économique pour les deux pays est estimé à 115 milliards de riyals saoudiens (30,6 milliards de dollars).

Conçue avec des technologies de pointe et une ingénierie intelligente, la ligne contribuera également à la durabilité environnementale en réduisant les émissions de carbone et en soutenant la transition vers des modes de transport plus efficaces et innovants. Elle constitue l’un des projets clés soutenant le développement régional et renforçant la connectivité ainsi que l’intégration au sein des pays du Conseil de coopération du Golfe.

Au cours de la réunion du conseil, les deux parties ont souligné la solidité de leurs liens économiques, avec un commerce bilatéral en 2024 en hausse de 634 % depuis 2021, à 930,3 millions de dollars (hors réexportations).

Le cheikh Tamim était accompagné lors des discussions par le Premier ministre, cheikh Mohammed ben Abdulrahman ben Jassim Al-Thani, ainsi que par d’autres hauts responsables.


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Short Url
  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".