Inondations: l'aspirant à la succession de Merkel attendu au tournant sur le climat

La chancelière allemande Angela Merkel et le premier ministre de l'État de Rhénanie du Nord-Westphalie, leader de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) et candidat de la CDU à la chancellerie Armin Laschet lors de leur visite de la ville ravagée par les inondations d'Iversheim, près de Bad Munstereifel, État de Rhénanie du Nord-Westphalie, à l'Ouest de l'Allemagne , le 20 juillet 2021. (Photo, AFP)
La chancelière allemande Angela Merkel et le premier ministre de l'État de Rhénanie du Nord-Westphalie, leader de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) et candidat de la CDU à la chancellerie Armin Laschet lors de leur visite de la ville ravagée par les inondations d'Iversheim, près de Bad Munstereifel, État de Rhénanie du Nord-Westphalie, à l'Ouest de l'Allemagne , le 20 juillet 2021. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Samedi 24 juillet 2021

Inondations: l'aspirant à la succession de Merkel attendu au tournant sur le climat

  • Le conservateur âgé de 60 ans et favori pour remplacer Merkel se retrouve au coeur des critiques pour sa gestion des crues qui ont fait au moins 177 morts dans l'Ouest de l'Allemagne
  • Des images, devenues virales sur les réseaux sociaux, montrent Armin Laschet complètement hilare alors qu’il rendait hommage aux victimes des crues dévastatrices

BERLIN : Armin Laschet a-t-il l'étoffe d'un chancelier? La question ressurgit dans le contexte des inondations meurtrières en Allemagne après une embarrassante bévue du prétendant à la succession d'Angela Merkel, désormais mis au défi d'abattre ses cartes sur le climat.

Comme au plus fort de la pandémie où il s'était illustré par plusieurs volte-face, le conservateur âgé de 60 ans, favori pour remplacer Angela Merkel à l'issue des législatives du 26 septembre, se retrouve au coeur des critiques pour sa gestion des crues qui ont fait au moins 177 morts dans l'Ouest de l'Allemagne.

Dans un sondage cette semaine de l'institut Civey pour le magazine Der Spiegel, seulement 26% des quelque 5000 personnes interrogées le considère comme un bon gestionnaire en cas de catastrophe.

"De façon générale, on montre ce dont on est capable pendant les crises", estime pour l'AFP Hans Vorländer, professeur de sciences politiques à l'Université technique de Dresde.

Il cite Gerhard Schröder, l'ancien chancelier social-démocrate, qui avait largement dû sa réélection à sa gestion rapide et efficace lors des crues de l'Elbe en 2002.

Ou encore Angela Merkel, dont les 16 ans de règne auront été marqués par des crises à répétition.

Or sur ce terrain, Armin Laschet, qui a pris les rênes du parti CDU en janvier, a toujours "manqué de détermination", juge le politologue.

Après les inondations des 14 et 15 juillet, qui ont durement éprouvé la région de Rhénanie-du-Nord-Westphalie qu'il dirige, le chef des conservateurs a ainsi "mis du temps avant de trouver le bon ton", puis il y a eu "ce désastre de communication", rappelle M. Vorländer.

Il fait référence aux images -devenues virales sur les réseaux sociaux- d'un Armin Laschet complètement hilare pendant qu'au premier plan, le chef de l'Etat Frank-Walter Steinmeier rendait hommage le week-end dernier aux victimes des crues dévastatrices.

La scène se déroule de surcroît dans son propre Land.

"Si Laschet veut devenir chancelier, ils doit pouvoir gérer les crises!" s'emportait dans la foulée le Tagesspiegel dans un éditorial au vitriol, jugeant que ce comportement donnait des raisons de douter de ses capacités à occuper le poste suprême.

"Cela ne serait pas arrivé à Merkel", la reine du sang-froid, tacle le journal berlinois. Sobre et empathique, la chancelière a réalisé un sans-faute sur le terrain des inondations, selon les observateurs.

Armin Laschet a certes présenté rapidement des excuses. Et l'incident paraît relativement neutre à ce stade sur les sondages d'intention de vote, où les partis de droite, la CDU et son allié bavarois CSU, recueillent entre 28% et 29% des intentions de vote, devançant les Verts -son principal adversaire- de 10 points de pourcentage.

Le dirigeant, souvent sous-estimé mais qui a prouvé à plusieurs reprises ses capacités à rebondir, va désormais devoir se montrer plus ambitieux en matière de lutte contre le réchauffement climatique, jugé en partie responsable des inondations dévastatrices, estiment les experts.

"Les crues ont montré l'urgence d'une autre politique en matière de climat", estime le Tagesspiegel, un terrain occupé quasi exclusivement par les Verts jusqu'à présent.

"Il doit désormais fixer des objectifs clairs allant au delà du programme électoral des conservateurs", abonde M. Vorländer, où ces derniers reprenaient à leurs compte l'objectif national de l'Allemagne d'une neutralité carbone en 2045.

L'ancien rival d'Armin Laschet à la candidature pour la chancellerie, le populaire Bavarois Markus Söder, a accentué la pression, en promettant d'accélérer le tempo dans sa région. La Bavière vise à présent la neutralité carbone dès 2040 et propose d'avancer de 8 ans, à 2030, la sortie du charbon, un vrai casse tête pour M. Laschet dont le Land est dominé par les industries lourdes, notamment le charbon et l'acier.

Et Angela Merkel a réitéré jeudi son appel à "accélérer" la lutte contre le changement climatique.

Mais là aussi, le doute plane sur les compétences d'Armin Laschet. Seulement 26% des Allemands le jugent à même de mener une politique efficace en faveur du climat, selon un autre sondage Civey de mercredi, tandis que son concurrent social-démocrate Olaf Scholz recueille 35% et sa rivale écologiste Annalena Baerbock 56%.


A l'ONU, l'enquêtrice en chef sur Gaza a encore espoir que les dirigeants israéliens soient un jour jugés

Navi Pillay, la présidente de la commission d'enquête indépendante de l'ONU qui a accusé cette semaine Israël de commettre un génocide à Gaza, ne perd pas espoir que les dirigeants israéliens soient un jour jugés. (AFP)
Navi Pillay, la présidente de la commission d'enquête indépendante de l'ONU qui a accusé cette semaine Israël de commettre un génocide à Gaza, ne perd pas espoir que les dirigeants israéliens soient un jour jugés. (AFP)
Short Url
  • Selon les enquêteurs, le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, ont "incité à commettre un génocide"
  • Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger"

GENEVE: Navi Pillay, la présidente de la commission d'enquête indépendante de l'ONU qui a accusé cette semaine Israël de commettre un génocide à Gaza, ne perd pas espoir que les dirigeants israéliens soient un jour jugés.

"La justice est lente", a affirmé l'ancienne juge sud-africaine, dans un entretien à l'AFP.

Mais "comme l'a dit (Nelson) Mandela, cela semble toujours impossible, jusqu'à ce qu'on le fasse. Je considère qu'il n'est donc pas impossible qu'il y ait des arrestations et des procès" à l'avenir, a-t-elle ajouté.

La commission d'enquête, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, a établi qu'Israël commet un génocide à Gaza depuis le début de la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas du 7-Octobre.

Selon les enquêteurs, le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, ont "incité à commettre un génocide".

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger".

La Cour pénale internationale (CPI) avait déjà émis des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant.

Mme Pillay reconnaît que la CPI dépend des Etats pour la mise en œuvre des mandats d'arrêt car elle n'a "ni shérif, ni forces de police".

Mais elle veut y croire, faisant une comparaison : "Je n'aurais jamais pensé que l'apartheid prendrait fin de mon vivant".

"Tellement douloureux" 

Jeune avocate d'origine indienne dans l'Afrique du Sud de l'apartheid, devenue juge et Haute-Commissaire aux droits de l'homme à l'ONU (2008-2014), Mme Pillay, 83 ans, a l'art de traiter des dossiers difficiles.

Sa carrière l'a menée des cours sud-africaines, où elle a défendu les activistes anti-apartheid et obtenu des droits cruciaux pour les prisonniers politiques, au Tribunal pénal international pour le Rwanda, en passant par la CPI.

Sa mission est des plus ardues depuis qu'elle préside, depuis sa création en 2021, la commission chargée par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU d'enquêter sur les atteintes aux droits dans les territoires palestiniens et en Israël.

Elle déplore d'avoir été qualifiée d'"antisémite" depuis et dénonce les appels sur les réseaux sociaux de ceux qui réclament que les Etats-Unis la sanctionnent, comme Washington l'a fait pour une rapporteure de l'ONU, des juges de la CPI et des ONG palestiniennes.

Mais le plus dur, pour elle et son équipe, est de visionner les vidéos provenant de Gaza.

"Nous nous inquiétons pour notre personnel. Nous les surmenons et c'est traumatisant ces vidéos", dit-elle, citant "des violences sexuelles contre les femmes" et "les médecins qui sont dénudés par l'armée".

"C'est tellement douloureux" à regarder même si "on ne peut pas comparer notre souffrance à celle de ceux qui l'ont vécue", poursuit-elle.

Alors qu'elle présidait le Tribunal pénal international pour le Rwanda, des vidéos de civils abattus ou torturés l'ont aussi "marqué à vie".

Selon elle, la comparaison entre le Rwanda et Gaza ne s'arrête pas là : "Je vois des similitudes. Ce sont les mêmes méthodes".

Du Rwanda à Gaza 

"Dans le cas du Rwanda, c'était le groupe des Tutsi qui était visé. Ici, tous les éléments de preuve montrent que c'est le groupe palestinien qui est visé", dit-elle.

Elle mentionne aussi les propos de dirigeants israéliens qui "déshumanisent" les Palestiniens en les comparant à des "animaux". Comme lors du génocide rwandais, lorsque les Tutsi étaient "traités de cafards", ce qui revient à dire qu'"il est acceptable de les tuer", dénonce-t-elle.

Mme Pillay a indiqué qu'à l'avenir la commission entendait se pencher aussi sur des crimes supposés commis par d'autres "individus", expliquant qu'une grande partie des preuves a été publiée par les soldats israéliens eux-mêmes sur les réseaux sociaux.

Elle déplore toutefois que, faute de financements, la commission n'ait pas pu encore examiner si certains Etats qui fournissent de l'armement à Israël pouvaient être considérés complices.

Un travail qu'elle laisse à son successeur. Elle quitte la commission le 3 novembre en raison de son âge et de problèmes de santé.

Avant cela, elle doit présenter un dernier rapport devant l'Assemblée générale de l'ONU à New York. "J'ai déjà un visa", confie-t-elle.


Gaza: Bruxelles propose de taxer des biens importés d'Israël dans l'UE et de sanctionner deux ministres

La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.  "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu. "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
Short Url
  • L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres
  • Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE

BRUXELLES: La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.

"Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas.

Les mesures commerciales devraient, si elles étaient adoptées par les pays de l'UE, renchérir de quelque 227 millions d'euros le coût de certaines importations israéliennes, principalement d'origine agricole.

La Commission européenne a également proposé de sanctionner deux ministres israéliens d'extrême droite, Itamar Ben-Gvir, chargé de la Sécurité nationale, et Bezalel Smotrich chargé des Finances, selon un responsable de l'UE.

L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres. Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE.

"Tous les États membres conviennent que la situation à Gaza est intenable. La guerre doit cesser", a toutefois plaidé mercredi Mme Kallas. Ces propositions seront sur la table des représentants des 27 Etats membres dès mercredi.

Les sanctions dans le domaine commercial ne nécessitent que la majorité qualifiée des Etats membres. Mais là encore, un accord sera difficile à obtenir, jugent des diplomates à Bruxelles.

Des mesures beaucoup moins ambitieuses, également présentées par la Commission européenne il y a quelques semaines, n'avaient pas trouvé de majorité suffisante pour être adoptées. Avait notamment fait défaut le soutien de pays comme l’Allemagne ou l'Italie.

Les exportations israéliennes vers l'UE, son premier partenaire commercial, ont atteint l'an dernier 15,9 milliards d'euros.

Seuls 37% de ces importations seraient concernés par ces sanctions, si les 27 devaient donner leur feu vert, essentiellement dans le secteur agro-alimentaire.


Trump s'en prend à des magistrats après l'assassinat de Charlie Kirk

Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X
  • Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a de nouveau stigmatisé mercredi des magistrats qui l'avaient poursuivi et jugé durant le mandat de Joe Biden, prenant prétexte du récent assassinat de l'influenceur ultraconservateur Charlie Kirk.

Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X.

Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre.

"Pourquoi le merveilleux Turning Point a-t-il été mis sous ENQUÊTE par le +Dérangé+ Jack Smith et l'administration Biden Corrompue et Incompétente ?", s'interroge Donald Trump dans un message sur Truth.

"Ils ont essayé de forcer Charlie, ainsi que de nombreuses autres personnes et mouvements, à cesser leurs activités. Ils ont instrumentalisé le ministère de la Justice contre les opposants politiques de Joe Biden, y compris MOI!", s'offusque-t-il encore.

Jack Smith, lui-même visé par une enquête administrative depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, avait été nommé procureur spécial en 2022.

Il avait lancé des poursuites fédérales contre Donald Trump, pour tentatives illégales d'inverser les résultats de l'élection de 2020 et rétention de documents classifiés après son départ de la Maison Blanche.

Les poursuites avaient été abandonnées après la réélection de Trump, en vertu de la tradition consistant à ne pas poursuivre un président en exercice. Jack Smith avait ensuite démissionné du ministère de la Justice.

Sans jamais le citer nommément, le président Trump s'en prend également sur le réseau Truth à Juan Merchan, qui a présidé le procès Stormy Daniels. Le président avait été reconnu coupable de 34 chefs d'accusation, pour des paiements cachés de 130.000 dollars à l'ex-star du X.

Donald Trump exprime le souhait que le juge "corrompu" paie "un jour un prix très élevé pour ses actions illégales".

Depuis l'assassinat de Charlie Kirk, le camp républicain redouble de véhémence contre les démocrates et organisations progressistes, accusés de promouvoir la violence politique.

"La gauche radicale a causé des dégâts énormes au pays", a affirmé le président républicain mardi, avant son départ au Royaume-Uni. "Mais nous y remédions".

Selon le Washington Post, un élu républicain du Wisconsin a déposé une proposition de loi visant à bloquer les fonds fédéraux aux organisations employant des personnes "qui tolèrent et célèbrent la violence politique".

Le New York Times précise pour sa part que sont notamment dans le viseur l'Open Society Foundation du milliardaire George Soros ainsi que la Ford Foundation, qui toutes deux financent des organisations de gauche.