Les mesures prises par le président plongent la Tunisie dans l'inconnu

Des appels à manifester avaient circulé ces derniers jours sur les réseaux sociaux émanant de groupes non identifiés, réclamant entre autres un changement de la Constitution et une période transitoire laissant une large place à l'armée, tout en maintenant M. Saied à la tête de l'Etat. (Photo, AFP)
Des appels à manifester avaient circulé ces derniers jours sur les réseaux sociaux émanant de groupes non identifiés, réclamant entre autres un changement de la Constitution et une période transitoire laissant une large place à l'armée, tout en maintenant M. Saied à la tête de l'Etat. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 27 juillet 2021

Les mesures prises par le président plongent la Tunisie dans l'inconnu

  • M. Saied, lui, a averti: «celui qui tire une seule balle, nos forces lui répondront avec une pluie de balles»
  • Le président, également chef de l'armée, annonce en soirée le limogeage de M. Mechichi avec qui il était également en conflit, et la suspension des activités du Parlement

TUNIS: La décision du président tunisien Kais Saied de suspendre les travaux du Parlement pour 30 jours et de s'octroyer le pouvoir exécutif plonge le pays dans l'inconnu, soulignent des experts, pour qui la poursuite de la démocratisation dépendra de la durée de ces mesures exceptionnelles.


Qu'est-ce qui a déclenché ces décisions?

M. Saied, un indépendant élu en 2019 alors qu'il n'avait pas d'expérience du pouvoir, est engagé depuis six mois dans un bras de fer avec Ennahdha, formation d'inspiration islamiste et principal parti parlementaire, et la crise perdure en l'absence de dialogue.


Dimanche, des manifestations ont éclaté dans de nombreuses villes de Tunisie contre le gouvernement de Hichem Mechichi, soutenu par Ennahdha, principalement contre sa gestion de la crise du Covid après la nouvelle flambée des cas.


Le président, également chef de l'armée, annonce en soirée le limogeage de M. Mechichi avec qui il était également en conflit, et la suspension des activités du Parlement.  


Des appels à manifester avaient circulé ces derniers jours sur les réseaux sociaux émanant de groupes non identifiés, réclamant entre autres un changement de la Constitution et une période transitoire laissant une large place à l'armée, tout en maintenant M. Saied à la tête de l'Etat.


Au delà de ces groupes, qui ont mobilisé quelques milliers de personnes, l'hostilité de l'opinion publique a été plus largement exacerbée par une mauvaise gestion de la crise sanitaire. 


Le contraste entre les photos de M. Mechichi réunissant ses ministres dans un hôtel de luxe sur la côte tunisienne, au mépris des restrictions sanitaires, et la détresse de soignants craignant la rupture de stocks d'oxygène, a cristallisé le mécontentement.


La crise sanitaire se greffe sur une profonde crise sociale, la Tunisie n'ayant pas mené depuis sa révolution en 2011 les réformes nécessaires pour adapter son modèle économique et permettre une vie digne à chacun.


Le pays, lourdement endetté, qui négocie actuellement un quatrième plan d'aide en dix ans auprès du Fonds monétaire international, a subi de plein fouet la chute du tourisme, qui représente 14% du PIB.


Si le président conservait une certaine popularité, des protestataires lui reprochaient le manque d'actes concrets face à la crise.

Est-ce un coup d'Etat?
Ennahdha, qui tire son pouvoir de son assise parlementaire, a qualifié la suspension de l'Assemblée de "coup d'Etat contre la démocratie".


Kais Saied, lui, assure qu'il applique l'article 80 de la Constitution, qui prévoit en cas de "péril imminent" la possibilité de prendre des "mesures" nécessaires, dont la nature n'est pas précisée. 


"Les décisions de M. Saied ne sont pas constitutionnelles", estime le politologue Selim Kharrat. "L'article 80 prévoit de laisser le Parlement en session ouverte, or il a fait le contraire".


Pour Fadil Aliriza, rédacteur en chef du site d'information Meshkal, "il y a une concentration du pouvoir" dans les mains du président, mais "reste à savoir si c'est temporaire ou si cela va durer".


Ces mesures s'appliquent pour 30 jours, à l'issue desquels la Cour constitutionnelle est chargée de trancher sur leur éventuelle reconduction.


Mais depuis l'adoption de la Constitution en 2014, les calculs politiques des partis ont empêché la mise sur pied de cette institution, laissant le pays dépourvu de contrepouvoir.

Quelles conséquences?
Pour M. Kharrat, "il est trop tôt pour dire si cela peut constituer un électrochoc positif, et il y a un vrai risque de dérive vers une forme de régime autocratique".


M. Saied s'est appuyé sur l'armée.


La puissante centrale syndicale UGTT a implicitement soutenu sa démarche, tout en appelant à poursuivre le processus démocratique lancé en 2011.


Mais à part le limogeage de deux ministres dont celui de la Défense, la présidence n'a pas encore concrétisé les changements annoncés, dont la nomination d'un nouveau Premier ministre, ni détaillé de feuille de route pour sortir de la crise.


"Il faudra voir si M. Saied entame des négociations, ou s'il poursuit sur des décisions unilatérales", souligne M. Kharrat.


"Il y a un objectif de restaurer l'efficience de l'Etat, mais il faudra s'assurer d'impliquer un large nombre d'acteurs", renchérit l'analyste d'International Crisis Group Michael Ayari. "On est dans l'inconnu, avec un risque de dérives y compris sanglantes".


Des locaux d'Ennahdha ont été mis à sac dans plusieurs villes par des partisans de M. Saied dimanche soir. Et devant le Parlement lundi à Tunis, les deux camps ont échangé des jets de projectiles.


"Ennahdha a essayé de mobiliser ses partisans, mais ils savent qu'ils n'ont pas intérêt à pousser vers la violence: cela a souvent eu un effet contreproductif", souligne M. Aliriza.


M. Saied, lui, a averti: "celui qui tire une seule balle, nos forces lui répondront avec une pluie de balles".


Israël dit «  avancer » dans les préparatifs de son opération militaire sur Rafah

Poussés par les combats et les destructions dans le reste de la bande de Gaza, plus d'un million de Palestiniens ont trouvé refuge à Rafah - ville de quelque 250.000 habitants - et s'entassent dans des tentes et des bâtiments publics. (AFP).
Poussés par les combats et les destructions dans le reste de la bande de Gaza, plus d'un million de Palestiniens ont trouvé refuge à Rafah - ville de quelque 250.000 habitants - et s'entassent dans des tentes et des bâtiments publics. (AFP).
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  • "Israël avance vers son opération ciblant le Hamas à Rafah", a déclaré mercredi un porte-parole du gouvernement, David Mencer
  • Depuis le début de l'offensive terrestre dans le territoire palestinien, le 27 octobre, "au moins 18 ou 19 des 24 bataillons" du Hamas ont été défaits, a-t-il poursuivi

JERUSALEM: Le gouvernement israélien dit "avancer" dans les préparatifs de son opération militaire prévue sur Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où selon lui quatre bataillons de combattants du mouvement islamiste palestinien Hamas sont regroupés.

"Israël avance vers son opération ciblant le Hamas à Rafah", a déclaré mercredi un porte-parole du gouvernement, David Mencer, lors d'un point presse. "Les quatre bataillons qui restent à Rafah ne peuvent pas échapper à Israël, ils seront attaqués".

M. Mencer a ajouté que "deux brigades de réservistes" avaient été mobilisées pour des "missions défensives et tactiques dans Gaza".

Depuis le début de l'offensive terrestre dans le territoire palestinien, le 27 octobre, "au moins 18 ou 19 des 24 bataillons" du Hamas ont été défaits, a-t-il poursuivi.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré à plusieurs reprises qu'Israël entendait mener un assaut contre Rafah, ville où sont réfugiés des centaines de milliers de Gazaouis, déplacés par la guerre.

M. Netanyahu insiste sur le fait que l'anéantissement des derniers bataillons du Hamas à Rafah est cruciale dans la poursuite des objectifs de la guerre contre le Hamas, mouvement islamiste qui a pris le pouvoir dans le territoire côtier depuis 2007.

Poussés par les combats et les destructions dans le reste de la bande de Gaza, plus d'un million de Palestiniens ont trouvé refuge à Rafah - ville de quelque 250.000 habitants - et s'entassent dans des tentes et des bâtiments publics.

Mais les ONG et un nombre croissant de pays - et même l'allié historique américain - s'opposent à cette opération, craignant qu'elle ne fasse de nombreuses victimes civiles.

Le Hamas de son côté a répété sa demande de cessez-le-feu permanent dans la bande de Gaza, ce qui à ce stade de la guerre est inacceptable pour M. Netanyahu et son gouvernement qui ont juré d'"anéantir" le mouvement.

"Au moins 26.000 terroristes ont été tués, appréhendés, ou blessés dans les combats", a avancé M. Mencer.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

En riposte, Israël a promis d'anéantir le Hamas et lancé une offensive massive qui a fait jusqu'à présent 34.262 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.


L'armée israélienne annonce mener une offensive sur le sud du Liban

Cette photo prise depuis une position israélienne le long de la frontière avec le sud du Liban montre de la fumée s'échappant du village libanais d'Odaisseh lors du bombardement israélien le 22 avril 2024. (Photo, AFP)
Cette photo prise depuis une position israélienne le long de la frontière avec le sud du Liban montre de la fumée s'échappant du village libanais d'Odaisseh lors du bombardement israélien le 22 avril 2024. (Photo, AFP)
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  • "Des troupes sont déployées en nombre à la frontière et les forces armées mènent actuellement des actions offensives dans tout le sud du Liban", a indiqué le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant
  • Un porte-parole de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a indiqué à l'AFP que celle-ci "n'avait détecté aucun franchissement terrestre" de la frontière mercredi

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé mercredi mener une "action offensive" sur le sud du Liban, où elle affirme que son aviation et son artillerie ont frappé 40 cibles du Hezbollah libanais et tué la moitié de ses commandants dans ce secteur.

"Des troupes sont déployées en nombre à la frontière et les forces armées mènent actuellement des actions offensives dans tout le sud du Liban", a indiqué le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant dans un communiqué.

"La moitié des commandants du Hezbollah dans le sud du Liban ont été éliminés, l'autre moitié se cache et laisse le champ libre aux opérations" militaires israéliennes.

Un porte-parole de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a indiqué à l'AFP que celle-ci "n'avait détecté aucun franchissement terrestre" de la frontière mercredi.

Le mouvement libanais pro-iranien n'a pas réagi dans l'immédiat aux déclarations israéliennes.

Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas le 7 octobre, le Hezbollah mène des attaques quasi-quotidiennes contre Israël pour soutenir le mouvement islamiste palestinien, son allié.

L'armée israélienne riposte en bombardant de plus en plus en profondeur le territoire libanais et en menant des attaques ciblées contre des responsables du Hezbollah.

"Il y a peu de temps, les avions de combat et l'artillerie israélienne ont frappé environ 40 cibles terroristes du Hezbollah" autour d'Aïta el-Chaab dans le sud du Liban, y compris des sites de stockage d'armes, a affirmé plus tôt l'armée israélienne dans un communiqué.

Le Hezbollah "a mis en place des dizaines de moyens et d'infrastructures terroristes dans la région" pour attaquer Israël, a-t-elle ajouté.

L'agence officielle libanaise ANI a fait état de son côté de 13 frappes israéliennes près d'Aïta el-Chaab.

"Des avions militaires israéliens ont effectué plus de 13 frappes aériennes ciblant la périphérie des villes d'Aïta el-Chaab, Ramya, Jabal Balat et Khallet Warda", a déclaré l'agence.

Le Hezbollah avait annoncé mardi avoir tiré des dizaines de roquettes sur le nord d'Israël, en représailles à la mort de deux civils dans le sud du Liban dans une frappe imputée à Israël.

Ces violences entre Hezbollah et Israël ont fait depuis le 7 octobre 380 morts du côté libanais, en majorité des combattants du mouvement libanais ainsi que 72 civils, selon un décompte de l'AFP.

Dans le nord d'Israël, onze soldats et huit civils ont été tués d'après l'armée.

 

 


L'Égypte nie avoir discuté avec Israël d’une offensive à Rafah

Un vendeur de pain pousse son chariot devant les décombres d’un bâtiment effondré à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 avril 2024. (AFP)
Un vendeur de pain pousse son chariot devant les décombres d’un bâtiment effondré à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 avril 2024. (AFP)
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  • Diaa Rashwan, chef du service d’information de l’État égyptien, a réfuté ce qui a été affirmé dans l’un des principaux journaux américains
  • L’Égypte s’est opposée à plusieurs reprises au déplacement des Palestiniens de Gaza et met en garde contre toute opération militaire à Rafah

LE CAIRE: L’Égypte nie avoir tenu des discussions avec Israël au sujet d’une offensive dans la ville palestinienne de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Diaa Rashwan, chef du service d’information de l’État égyptien, a réfuté ce qui a été affirmé dans l’un des principaux journaux américains, selon lequel l’Égypte a discuté avec Israël de ses projets d’offensive à Rafah.

M. Rashwan a réaffirmé l’opposition totale de l’Égypte à cette opération, position annoncée à plusieurs reprises par les responsables politiques du pays, qui estiment que cette opération conduira à de nouveaux massacres, à des pertes humaines massives et à une destruction généralisée.

Il a ajouté que les avertissements répétés de l’Égypte sont parvenus à la partie israélienne par tous les moyens depuis qu’Israël a proposé de mener une opération militaire à Rafah. Ces avertissements mentionnent les pertes attendues et les répercussions négatives sur la stabilité de l’ensemble de la région.

Alors qu’Israël envisage de mener cette opération à laquelle l’Égypte, la plupart des pays du monde et leurs institutions internationales s’opposent, les efforts de l’Égypte depuis le début de l’agression israélienne se focalisent sur la conclusion d’un accord de cessez-le-feu et sur l’échange de prisonniers et de détenus, a précisé M. Rashwan.

Ce dernier a indiqué que l’Égypte cherchait à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, en particulier dans le nord et dans la ville de Gaza, ainsi que l’évacuation des blessés et des malades pour qu’ils soient soignés en dehors de cette région.

L’Égypte s’est opposée à plusieurs reprises au déplacement des Palestiniens de Gaza et met en garde contre toute opération militaire à Rafah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com