Afghanistan: technologie contre guérilla, l'armée afghane peut-elle contrer l'élan taliban?

Des combattants talibans en Afghanistan. Photo d'archives AFP
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Publié le Mercredi 04 août 2021

Afghanistan: technologie contre guérilla, l'armée afghane peut-elle contrer l'élan taliban?

  • Malgré un avantage de moyens, la faible résistance des forces afghanes à l'avancée-éclair des talibans en Afghanistan depuis mai suscite l'inquiétude sur leur capacité à empêcher à terme les insurgés de s'emparer du pouvoir
  • A première vue, le combat semble pourtant inégal: d'un côté une armée que Washington et ses alliés ont formée et dotée de matériel moderne à coups de milliards de dollars, de l'autre une guérilla plus modestement équipée

KABOUL : Malgré un avantage de moyens, la faible résistance des forces afghanes à l'avancée-éclair des talibans en Afghanistan depuis mai suscite l'inquiétude sur leur capacité à empêcher à terme les insurgés de s'emparer du pouvoir.

A première vue, le combat semble pourtant inégal: d'un côté une armée que Washington et ses alliés ont formée et dotée de matériel moderne à coups de milliards de dollars, de l'autre une guérilla plus modestement équipée.

Aux avions, hélicoptères, drones, véhicules blindés ou lunettes de vision nocturne de l'armée afghane, les insurgés, sans aviation ni véritable arsenal antiaérien, opposent des fantassins en baskets, essentiellement armés de fusils d'assaut Kalachnikov et de lance-roquettes, en plus du matériel occidental récupéré au cours des combats.

Face aux 300.000 hommes des forces afghanes de sécurité - armée et police - les talibans alignent entre 55.000 et 85.000 combattants, selon les experts de l'ONU. Pourtant, comme dans toutes les guerres dites "asymétriques" - opposant deux forces inégales - comme l'est le conflit afghan, la réalité est plus compliquée que les apparences.

"La méthode de combat" des talibans "est moins lourde en terme de logistique", explique Jonathan Schroden, expert en contre-terrorisme au centre de réflexion CNA, basé aux États-Unis.

Elle est aussi moins gourmande financièrement et son coût supportable pour les insurgés qui, selon les experts de l'ONU, ont tiré l'an dernier entre 300 millions et 1,5 milliard de dollars (254 millions et 1,27 milliard d'euros) des taxes levées dans les territoires sous leur contrôle, mais aussi du trafic de drogue - l'Afghanistan est le premier producteur mondial d'opium et d'héroïne - et d'autres activités criminelles.

 

Les forces spéciales afghanes, des unités d'élite déjà à bout de souffle

Formées par les États-Unis et dotées d'un équipement dernier cri, les forces spéciales afghanes sont reconnues pour leur expertise. Mais sollicitées de toutes parts et en partie privées du soutien aérien américain, elles sont au bord de la rupture.

Les talibans mènent depuis trois mois une offensive tous azimuts à la faveur du retrait définitif des forces étrangères, presque achevé. Ils ont pris le contrôle de vastes territoires ruraux et menacent de grandes villes.

L'avancée des talibans a surpris par son ampleur et sa rapidité. Les troupes régulières afghanes n'ont le plus souvent opposé qu'une faible résistance aux insurgés, contraignant les forces spéciales à combler le vide. Mais selon le général Haibatullah Alizai, 35 ans, le chef des forces spéciales afghanes, la baisse du soutien aérien américain a rendu leur tâche encore plus ardue.

"C'est plus compliqué désormais. Nous nous battons dans beaucoup d'endroits, sur différentes lignes de front, et cela devient difficile. Mais nous n'avons pas d'autre choix: c'est notre pays", déclare-t-il à l'AFP. En juin, une unité d'élite d'une vingtaine d'éléments a été prise en embuscade dans la province de Faryab (nord). Après avoir vainement attendu des renforts, elle a été massacrée par les talibans.

Le nombre total de membres des forces spéciales est classifié. Mais selon deux sources sécuritaires, il serait de 40.000 dans l'armée, 8.000 dans la police et 8.000 au sein des services de renseignements (NDS). Avec leurs lunettes de vision nocturne, leurs fusils d'assaut américains et autres armes modernes, ces unités ont donné du fil à retordre aux talibans à leur apparition en 2008.

«Jamais perdu une bataille»

"Les opérations spéciales en Afghanistan ont été façonnées à notre image", explique Todd Helmus, analyste au centre de réflexion américain Rand Corporation. Les membres des forces spéciales "sont très bons", "très bien entraînés".

Leur formation est bien plus complète que celle des forces régulières, souvent rudimentaire. Ils apprennent à évoluer ensemble, s'exercent aux techniques des tireurs d'élite et aux assauts aéroportés, et participent à des exercices à balles réelles.

"Ces courageux soldats n'ont jamais perdu une bataille. Et ils n'en perdront jamais aucune", assurait en 2017 le général John Nicholson, alors commandant des forces américaines en Afghanistan, quand les forces spéciales ont participé à l'opération qui a coûté la vie à Abdul Hasib, chef de la branche afghane du groupe État islamique.

Mais des analystes estiment que les forces spéciales ont toujours été trop dépendantes de l'assistance internationale, que ce soit pour la collecte de renseignements ou la logistique, et se retrouvent fragilisées par le départ des troupes étrangères.

"Nous assistons à l'échec de cette politique. Il est maintenant admis qu'évidemment nous devons entraîner ces unités pour qu'elles sachent combattre seules, de manière à ne plus avoir besoin de nous", constate M. Helmus.

Selon le général Alizai, la formation et l'entraînement des forces spéciales ne sont cependant plus aujourd'hui assurés par les Américains mais par les Afghans eux-mêmes.

Avec le retrait des forces de l'Otan, les unités d'élite sont la dernière ligne de défense du pouvoir afghan. "Les seules choses qui entravent les progrès des talibans aujourd'hui, ce sont les forces spéciales et l'armée de l'air", confirme à l'AFP Vanda Felbab-Brown, analyste à l'institut américain Brookings.

«Plus de sacrifices»

Les forces spéciales "sont utilisées à toutes les sauces et parachutées d'une crise à l'autre, étouffant le feu sans pouvoir l'éteindre", ajoute-t-elle. Ces unités ont notamment été déployées en juillet à Qala-i-Naw (ouest), première capitale provinciale attaquée par les talibans depuis que le retrait définitif des troupes étrangères a commencé au début mai.

Elles ont aussi été utilisées pour défendre Kandahar (sud) et Hérat (ouest), les deuxième et troisième plus grandes villes afghanes. Mais elles se sont souvent retrouvées livrées à elles-mêmes. Parmi les soldats tués à Faryab - une vidéo publiée ultérieurement laisse à penser qu'ils ont été abattus par les talibans après s'être rendus -, figurait le major Sohrab Azimi, une étoile montante de l'armée afghane.

Sa mort a suscité l'émotion sur les réseaux sociaux. Son père, Zahir Azimi, un général à la retraite, a accusé la hiérarchie militaire de n'avoir pas soutenu l'unité de son fils. "Dans ce cas, les forces spéciales ont simplement été abandonnées par l'armée régulière", qui les a juste laissées "se faire massacrer", estime Mme Felbab-Brown.

Certains craignent que ce genre d'épisode ne se répète. Mais le général Alizai reste convaincu que ses hommes vont tenir. "Chaque jour nous perdons des gens remarquables, de grands hommes, de très bons officiers, sous-officiers et soldats", dit-il. Mais "cela ne va démoraliser personne (...) Nous sommes prêts à accepter plus de sacrifices".       

«Armure sur un présentoir»

En face, les forces afghanes engloutissent chaque année cinq à six milliards de dollars, versés entièrement par des bailleurs étrangers, principalement les États-Unis. Un fardeau potentiellement insupportable si l'aide internationale se tarit.

Brian Michael Jenkins, analyste du centre de réflexion américain Rand Corporation, compare l'armée afghane à une armure sur un présentoir: "C'est une armure en acier, un casque, des gants, un plastron, mais elle est vide et s'appuie sur un bâton (...) Si vous donnez un coup de pied, tout s'écroule".

Désormais largement privée du soutien aérien américain, l'armée afghane dispose ainsi de sa propre aviation, arme potentiellement décisive contre les talibans.

Mais elle manque de personnel pour sa maintenance, assurée principalement par des sous-traitants américains, également sur le départ. D'où la possibilité qu'avions et hélicoptères soient cloués au sol d'ici quelques mois, estimait en janvier un rapport militaire américain.

Conscient du risque, le général Kenneth McKenzie, chef du Commandement central de l'armée américaine (Centcom) qui supervise les activités militaires américaines dans la région, a assuré le 25 juillet que Washington continuerait "à fournir un soutien logistique important aux forces afghanes", après le 31 août, date-butoir annoncée de la fin du retrait des troupes américaines.

L'armée américaine continuera notamment à assurer la maintenance des avions afghans, en Afghanistan "mais aussi dans les bases du Centcom", a-t-il ajouté. Il a également promis de poursuivre les frappes aériennes contre les talibans, sans toutefois préciser durant combien de temps.

«Sentiment d'abandon»

Les analystes, toutefois, ne prévoient pas tous un effondrement rapide de l'armée afghane.

De nombreuses zones conquises récemment par les talibans n'étaient pas sous le contrôle effectif des autorités, soulignent-ils, et la retraite rapide de l'armée afghane vers les villes pourrait lui permettre de consolider la défense des zones urbaines.

Pas sûr en outre, selon eux, que la tactique des insurgés, qui ont commencé à attaquer quelques grandes villes, soit aussi efficace face à des lignes de défense urbaines renforcées que dans les zones rurales.

Le moral des troupes, dans chacun des deux camps, pourrait s'avérer décisif. 

Or l'offensive-éclair des talibans, qui ont montré jusqu'ici une forte cohésion, a eu un impact psychologique désastreux sur une armée afghane minée depuis longtemps par la corruption, un commandement peu compétent et des pertes importantes.

"Même si le gouvernement avait prévu d'abandonner certains districts" aux mains des talibans, "les dégâts qu'a causé au moral des forces de sécurité et de la nation la vue de districts tombant comme des dominos ne doivent pas être sous-estimés", a récemment écrit Kate Clark de l'Afghanistan Analysts Network (AAN).

"Le sentiment profond d'abandon" causé par le départ soudain et rapide des forces américaines pourrait aussi conduire certains militaires afghans démoralisés à s'interroger sur leur propre survie, estime M. Jenkins.

"+Comment vais-je sortir de tout cela? Est-ce au mieux de mon intérêt d'être le dernier à m'interposer entre les talibans et le palais (présidentiel) à Kaboul?+", vont se demander ces soldats, pense-t-il.


Vote attendu du Conseil de sécurité de l'ONU pour autoriser une force internationale à Gaza

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se prononcer lundi sur le soutien au plan de paix de Donald Trump à Gaza, en particulier le déploiement d'une force internationale, sous la pression des Etats-Unis qui mettent en garde contre le risque d'une reprise de la guerre. (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se prononcer lundi sur le soutien au plan de paix de Donald Trump à Gaza, en particulier le déploiement d'une force internationale, sous la pression des Etats-Unis qui mettent en garde contre le risque d'une reprise de la guerre. (AFP)
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  • Le projet de résolution américaine, plusieurs fois modifié lors de négociations sensibles, "endosse" le plan de Donald Trump ayant permis la mise en place, le 10 octobre, d'un cessez-le-feu fragile entre Israël et le Hamas
  • Le texte, vu par l'AFP, "autorise" la mise en place d'une "force de stabilisation internationale" (ISF) chargée notamment de l'appui à la sécurisation des frontières en coopération avec Israël et l'Egypte, de la démilitarisation de Gaza

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se prononcer lundi sur le soutien au plan de paix de Donald Trump à Gaza, en particulier le déploiement d'une force internationale, sous la pression des Etats-Unis qui mettent en garde contre le risque d'une reprise de la guerre.

Le projet de résolution américaine, plusieurs fois modifié lors de négociations sensibles, "endosse" le plan de Donald Trump ayant permis la mise en place, le 10 octobre, d'un cessez-le-feu fragile entre Israël et le Hamas dans le territoire palestinien ravagé par deux années de guerre provoquée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien du 7 octobre 2023.

Le texte, vu par l'AFP, "autorise" la mise en place d'une "force de stabilisation internationale" (ISF) chargée notamment de l'appui à la sécurisation des frontières en coopération avec Israël et l'Egypte, de la démilitarisation de Gaza, du désarmement "des groupes armés non étatiques", de la protection des civils, et de la formation d'une police palestinienne. La composition de cette force n'est pas évoquée.

Il donne également mandat jusqu'au 31 décembre 2027 à un "Comité de la paix", organe de "gouvernance de transition" à Gaza jusqu'à la réforme de l'Autorité palestinienne. Selon le plan en 20 points annexé à la résolution, ce comité doit être présidé par Donald Trump.

Contrairement aux premières versions du texte, le projet qui doit être soumis au vote lundi à 17H00 (22H00 GMT) évoque l'éventualité d'un Etat palestinien.

Après la réforme de l'Autorité palestinienne et l'avancée de la reconstruction de Gaza, "les conditions pourraient finalement être en place pour un chemin crédible vers une autodétermination palestinienne et un statut d'Etat", dit ainsi le texte.

Un avenir clairement rejeté par Israël. "Notre opposition à un Etat palestinien sur quelque territoire que ce soit n'a pas changé", a insisté dimanche le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Objections russes 

La Russie, qui a fait circuler un texte concurrent, a justifié cette initiative notamment par le fait que la résolution américaine n'allait pas assez loin sur ce point, affirmant quant à elle un "engagement indéfectible" en faveur de la solution à deux Etats.

Le texte russe, également consulté par l'AFP, n'autorise ni la création d'un Comité de la paix ni le déploiement d'une force à ce stade, demandant au secrétaire général de l'ONU de proposer des "options" en la matière.

Face à ce qu'ils ont qualifié de "tentatives de semer la discorde", les Etats-Unis ont redoublé d'efforts ces derniers jours pour pousser le Conseil à donner son feu vert.

"Tout refus de soutenir cette résolution est un vote en faveur de la poursuite du règne des terroristes du Hamas ou en faveur de la reprise de la guerre avec Israël, condamnant la région et sa population à un conflit perpétuel", a insisté vendredi l'ambassadeur américain à l'ONU Mike Waltz dans un texte publié dans le Washington Post.

Les Américains ont également mis en avant l'ampleur du soutien pour ce texte, publiant une déclaration commune avec le Qatar, l'Egypte, les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite, l'Indonésie, le Pakistan, la Jordanie et la Turquie.

Plusieurs sources diplomatiques ont estimé auprès de l'AFP que, malgré les critiques affichées de la Russie, qui a un droit de veto, et les réticences d'autres Etats membres, qui s'inquiètent d'un manque de clarté dans les mandats du Comité de la paix et de l'ISF, il serait surprenant que le texte américain soit rejeté.

"Les Russes savent que, même si beaucoup de membres du Conseil vont jouer le jeu des Américains, ils partagent des inquiétudes sur le contenu du texte américain et la façon dont Washington a tenté d'accélérer" son adoption, commente Richard Gowan, de l'International Crisis Group, doutant d'un veto russe à une résolution soutenue par les pays arabes.

"Il est plus probable que la Chine et la Russie s'abstiennent, expriment leur scepticisme sur le plan, puis regardent les Etats-Unis se débattre pour le mettre en oeuvre", ajoute-t-il auprès de l'AFP.

 


Gaza: les Etats-Unis font pression pour l'adoption de leur résolution à l'ONU lundi

Une Palestinienne marche sous une pluie battante devant des bâtiments détruits par les frappes israéliennes dans le quartier de Sheikh Radwan, à Gaza. (AP)
Une Palestinienne marche sous une pluie battante devant des bâtiments détruits par les frappes israéliennes dans le quartier de Sheikh Radwan, à Gaza. (AP)
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  • Les États-Unis poussent pour l’adoption par le Conseil de sécurité de leur résolution soutenant le plan de paix de Donald Trump pour Gaza
  • Malgré des réticences de certains membres et un texte concurrent présenté par la Russie, Washington met en avant un large soutien arabe et occidental et avertit qu’un rejet ouvrirait la voie à la poursuite du conflit

NATIONS UNIES: Les Etats-Unis ont mis la pression vendredi pour convaincre de la nécessité d'adopter leur projet de résolution endossant le plan de paix de Donald Trump pour Gaza, qui sera mis au vote du Conseil de sécurité de l'ONU lundi.

La semaine dernière, les Américains ont officiellement entamé des négociations au sein du Conseil sur un projet de texte qui "endosse" le plan du président américain ayant permis la mise en place, le 10 octobre, d'un cessez-le-feu fragile dans le territoire palestinien ravagé par deux années de guerre provoquée par une attaque sanglante du mouvement islamiste Hamas. Le texte autorise notamment le déploiement d'une "force de stabilisation internationale" (ISF).

Face aux réserves de certains membres et à la proposition d'un texte concurrent de la Russie, ils ont mis en garde vendredi contre les risques d'un rejet de leur texte et affiché le soutien de plusieurs pays arabes et musulmans.

"Les Etats-Unis, le Qatar, l'Egypte, les Emirats arabes unis, le royaume d'Arabie saoudite, l'Indonésie, le Pakistan, la Jordanie et la Turquie expriment leur soutien conjoint" au projet de résolution américaine autorisant notamment une force internationale dans le territoire palestinien, et espèrent son adoption "rapide", disent-ils dans une déclaration commune.

Ce plan offre "un chemin viable vers la paix et la stabilité, non seulement pour les Israéliens et les Palestiniens, mais pour toute la région", ont-ils insisté.

Le Royaume-Uni a également apporté vendredi son soutien public au texte américain.

Et le Conseil se prononcera lundi à 17H00 (22H00 GMT) sur le texte, ont indiqué vendredi soir plusieurs sources diplomatiques à l'AFP.

Le projet de résolution américain, plusieurs fois modifié, prévoit de donner un mandat jusqu'à fin décembre 2027 à un "comité de la paix" censé être présidé par Donald Trump, organe de "gouvernance de transition" pour administrer Gaza.

Il "autorise" également le déploiement de l'ISF qui pourra utiliser "toutes les mesures nécessaires pour mener son mandat dans le respect du droit international": appui à la sécurisation des frontières en coopération notamment avec Israël et l'Egypte, démilitarisation de Gaza, désarmement "des groupes armés non étatiques", protection des civils, formation d'une police palestinienne...

- Conflit perpétuel" -

La décision de programmer le vote intervient alors que la Russie a fait circuler aux membres du Conseil un projet de résolution concurrente qui n'autorise ni la création d'un "comité de la paix", ni le déploiement immédiat d'une force internationale à Gaza, selon le texte vu vendredi par l'AFP.

Ce texte demande simplement au secrétaire général de l'ONU "d'identifier des options pour appliquer les dispositions" du plan de paix et présenter "rapidement" des "options de déploiement d'une force" à Gaza.

"Nous voulons souligner que notre document ne contredit pas l'initiative américaine", a assuré vendredi dans un communiqué la mission russe à l'ONU.

La "logique" du texte russe est de permettre au Conseil "de définir des modalités claires de déploiement d'un contingent de maintien de la paix et d'établir une administration à Gaza tout en s'assurant que ces modalités sont en accord" avec les normes internationales, a-t-elle ajouté.

Alors que des échanges publics de ce type lors de négociations du Conseil sont plutôt rares, l'ambassadeur américain à l'ONU Mike Waltz a également publié un texte vendredi dans le Washington Post.

"Tout refus de soutenir cette résolution (le texte américain, ndlr) est un vote en faveur de la poursuite du règne des terroristes du Hamas ou en faveur de la reprise de la guerre avec Israël, condamnant la région et sa population à un conflit perpétuel", a-t-il déclaré.

La guerre a été déclenchée par l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas en Israël, qui a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de chiffres officiels.

Plus de 69.185 Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza par la campagne militaire israélienne de représailles, essentiellement des civils, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas et dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".