Les chantiers de Kaïs Saïed

Dans cette photo d'archive prise le 26 juillet 2021, les forces militaires tunisiennes gardent la zone autour du bâtiment du parlement dans la capitale Tunis, à la suite de manifestations en réaction à une décision du président la nuit précédente de suspendre le parlement du pays d'Afrique du Nord et de limoger le Premier ministre. FETHI BELAID / AFP
Dans cette photo d'archive prise le 26 juillet 2021, les forces militaires tunisiennes gardent la zone autour du bâtiment du parlement dans la capitale Tunis, à la suite de manifestations en réaction à une décision du président la nuit précédente de suspendre le parlement du pays d'Afrique du Nord et de limoger le Premier ministre. FETHI BELAID / AFP
Short Url
Publié le Jeudi 05 août 2021

Les chantiers de Kaïs Saïed

  • Parer au plus urgent tout en maintenant le cap qu’il a fixé: telle est la démarche du président tunisien
  • Le chef de l’État tunisien a passé le plus clair de son temps à prendre les dispositions qu’imposait le coup de force du 25 juillet et à en gérer les conséquences

TUNIS: Parer au plus urgent tout en maintenant le cap qu’il a fixé: telle est la démarche du président tunisien depuis son coup de force du 25 juillet 2021.

Pas de répit. Depuis qu’il a décidé de mettre entre parenthèses un pan central de l’édifice politique du pays – avec le gel des prérogatives de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), la levée de l’immunité des députés et le limogeage du chef du gouvernement, Hichem Mechichi –, le président Kaïs Saïed n’a pas pris un seul jour de repos. Il ne pouvait tout simplement pas se le permettre, absorbé qu’il était par quatre chantiers aussi importants les uns que les autres.

Le chef de l’État tunisien a passé le plus clair de son temps à prendre les dispositions qu’imposait le coup de force du 25 juillet et à en gérer les conséquences. Il s’agissait avant tout de reprendre le contrôle de différents rouages essentiels de l’État, au premier rang desquels le ministère de l’Intérieur, dont tout le monde sait qu’il a été infiltré par le mouvement Ennahdha.

Purge

À cet effet, la première initiative de M. Kaïs Saïed a consisté à nommer, dès le 26 juillet, un homme de confiance à la tête de ce département: le colonel-major Khaled Yahyaoui, premier conseiller, directeur général de la sûreté du chef de l'État et des personnalités officielles.

Ce dernier, à peine installé dans ses nouvelles fonctions, a limogé Lazhar Longo, directeur général des services spéciaux (renseignements). Ce personnage clé du ministère de l’Intérieur avait été écarté une première fois le 5 janvier dernier par un homme de confiance du président Saïed, Taoufik Charfeddine, qui était à la tête de ce département. Mais Hichem Mechichi l’avait aussitôt rétabli à son poste tout en limogeant son bourreau.

La purge engagée par l’hôte du palais de Carthage s’est poursuivie, touchant d’autres départements – en particulier la présidence du gouvernement: dès le 26 juillet, le secrétaire général, Walid Dhahbi, le chef de cabinet du chef du gouvernement, Moez Lidinellah Mokaddem, les huit conseillers de M. Mechichi ainsi que neuf chargés de mission ont été remerciés et se sont vu refuser l’accès à la Kasbah.

Offensive

Le président de l’ARP, Rached Ghannouchi, a lancé dès les premières heures du 26 juillet une véritable offensive en Tunisie et à l’étranger destinée à fédérer des voix contre les mesures de Kaïs Saïed; sur ce terrain également, ce dernier n’a pas tardé à riposter.

Le président tunisien a en effet contre-attaqué: il a d’abord reçu les représentants de grandes organisations nationales et de la société civile afin de leur exposer ce qui motivait son initiative et de les gagner à sa cause. Il a au moins réussi à être entendu du syndicat ouvrier historique, l’UGTT (Union générale tunisienne du travail).

Le bras de fer avec le chef du mouvement Ennahdha a également eu lieu sur le terrain diplomatique et, là encore, le président a marqué des points. Malgré les efforts qu’il a déployés, M. Ghannouchi n’est pas parvenu à obtenir que les grandes puissances – dont les États-Unis – qualifient les décisions du 25 juillet de «coup d’État». De surcroît, M. Saïed a acquis le soutien total d’importants pays arabes opposés à l’islam politique, en l’occurrence de l’Arabie saoudite, de l’Égypte, du Maroc et de l’Algérie; leurs ministres des Affaires étrangères se sont succédé à Tunis au cours des derniers jours.

Covid-19

La gestion de l’après-25 juillet n’a pas empêché le chef de l’État de consacrer une partie de son temps à deux autres dossiers: la pandémie de Covid-19 et l’amélioration des conditions de vie des Tunisiens.

Après avoir récemment retiré au gouvernement Mechichi la conduite de la stratégie de lutte contre la Covid-19, le chef de l’État l’a confiée aux militaires. Voilà qui va sans doute contribuer à accélérer la campagne de vaccination, d’autant que près de six millions de doses de vaccin offerts par des pays amis (l’Italie, l’Allemagne, les États-Unis, l’Autriche, la France, entre autres) viennent d’arriver.

Soucieux d’améliorer un tant soit peu le quotidien de ses concitoyens en cette période de crise économique, Kaïs Saïed a mis à contribution les banques, les commerçants et les grandes surfaces et leur a demandé de consentir à une baisse des taux d’intérêts et des prix.

Combat

Mais le président a déjà commencé à préparer son prochain combat: la lutte contre la corruption, grâce à laquelle il entend mettre hors-jeu une bonne partie de la classe dirigeante.

À cet effet, il a fait mettre en résidence surveillée deux personnages essentiels du système judiciaire tunisien: Taieb Rached, premier président de la Cour de cassation, suspecté d’enrichissement illicite et qui fait l’objet d’une procédure disciplinaire du Conseil supérieur de la magistrature, et Béchir Akremi, procureur de la république auprès du Tribunal de première instance de Tunis 1, soupçonné d’avoir manipulé et caché des dossiers relatifs à des terroristes, parmi lesquels ceux qui concernent les assassinats, en 2013, de Chokri Belaïd et Mohamed Brahimi, deux figures de l’opposition.

Enfin, en prélude à cette prochaine bataille, le chef de l’État a surpris ses adversaires en prenant une décision qui les a pris de court: la fermeture, pendant deux jours, de l’ensemble des ministères, des administrations, des entreprises et des autres organismes publics – probablement pour éviter la destruction de preuves.

Il porte l'espoir des Tunisiens
Par Jalel Mestiri -
En Tunisie, le président Saied a réussi à séduire l'armée
Par AFP -

Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
Short Url
  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Short Url
  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
Short Url
  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.