France-Liban: Bernard Emié, l’homme clé du dossier libanais à l’Élysée

Bernard Emié serait, selon certains, à l’origine de la nomination du nouveau Premier ministre, Moustapha Adib (Photo, AFP)
Bernard Emié serait, selon certains, à l’origine de la nomination du nouveau Premier ministre, Moustapha Adib (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 09 septembre 2020

France-Liban: Bernard Emié, l’homme clé du dossier libanais à l’Élysée

  • Le dossier libanais a deux volets: gouvernement et réformes d’une part, et discussions sur la stratégie de défense et les possibles modifications du système politique de l’autre 
  • Bernard Emié mène l’orchestre français pour surmonter les obstacles en alliant diplomatie et pressions douces pour convaincre ses interlocuteurs

PARIS : La visite marathon du président français, Emmanuel Macron, à Beyrouth (du 31 août au 2 septembre, la deuxième en trois semaines) s’est conclue par l’adoption d’une feuille de route ficelée par la France. Elle a pour objectif de permettre la formation d’un « gouvernement de mission » et la mise en œuvre des réformes indispensables pour renflouer une économie libanaise ruinée. Elle doit également sauver les apparences d’un système politique épuisé par la corruption, et de l’ancrage du pays dans un axe régional conduit par l’Iran. 

Dès sa première visite, le 6 août dernier (deux jours après la catastrophe survenue dans le port de Beyrouth), le président français avait multiplié les mises en garde à la classe politique libanaise, en la menaçant de possibles sanctions si elle ne coopérait pas pour faciliter la sortie de l’impasse. Cela a abouti à la nomination de l’ambassadeur Moustapha Adib comme nouveau Premier ministre, juste à la veille du déplacement présidentiel français. 

Mais accepter la nomination d’un chef du gouvernement n’est que le début d’un processus qui devrait inclure la désignation de ministres « intègres et qualifiés » pour entamer une série de réformes et pour négocier avec le FMI la tenue, en octobre prochain, d’une conférence internationale politico-économique à même de faire le point sur l’avancement et assurer l’apport d’argent attendu par les Libanais.

Un dossier complexe
Selon l’Élysée, ce dossier libanais si complexe va se traiter en deux étapes : la première est liée à la constitution du gouvernement et au lancement des réformes ; la deuxième, concerne les discussions sur la stratégie de défense (il faut lire : l’armement et le positionnement du Hezbollah) et les possibles modifications du système politique. 

Pour accomplir la tâche herculéenne de Jupiter (l’un de surnoms du président français) et assurer le succès de l’initiative de Macron, le diplomate Bernard Emié, directeur général de la Sécurité extérieure (DGSE) en charge du dossier libanais pour l’Élysée depuis le début de 2018, agit avec une équipe restreinte. 

Emié, ancien ambassadeur à Beyrouth (entre 2004 et 2007, lors de la période critique marquée par l’assassinat de Rafic Hariri) est l’un des meilleurs spécialistes des dossiers du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord au Quai d’Orsay. Cette qualité aurait été décisive pour que le locataire de l’Élysée, élu en 2017, le choisisse comme directeur de la DGSE. 

Homme de terrain
Emié, homme de terrain d’Amman à Alger en passant par le complexe dossier syrien et la lutte contre le terrorisme, est bien armé pour déchiffrer les énigmes libanaises. Compte tenu de son expérience, il connaît personnellement la plupart des neuf responsables politiques réunis autour de Macron au palais des Pins. De plus, c’est sa direction qui maintient les fils du dialogue avec le Hezbollah. 

C’est donc lui qui mène l’orchestre français pour surmonter les obstacles en alliant diplomatie et pressions « douces » pour convaincre ses interlocuteurs. On lui attribue la constitution de l’alliance quadripartite post-14 mars 2005 (entre Berri, Joumblatt, Hariri et le Hezbollah) et le choix de Najib Mikati pour diriger le gouvernement après les élections législatives de 2005. Avec ce profil et ce riche passé libanais, il est, selon certains, à l’origine de la nomination du nouveau Premier ministre, Moustapha Adib (ancien directeur de cabinet du même Mikati, ancien étudiant à Montpellier et marié à une française, proche d’un actuel fonctionnaire de l’Élysée).

Tous ces éléments représentent une valeur ajoutée à l’itinéraire de ce grand diplomate et commis de l’État qu’est Bernard Emié. Son travail ne se limite pas aux contacts réguliers avec les politiciens libanais et les acteurs de la scène libanaise, il englobe aussi l’environnement régional et international de la question libanaise. 

Un comité restreint
Emié ne travaille pas en solitaire, il est épaulé par un comité restreint, notamment par Emmanuel Bonne, le principal conseiller diplomatique de Macron et ancien ambassadeur de France au Liban (présent au moment de l’élection de Michel Aoun à la présidence, le 31 octobre 2016) qui connaît bien le dossier libanais.

Il est également actif sur la scène internationale en ce qui concerne le dossier du nucléaire iranien et l’apaisement des tensions entre Téhéran et Washington. 

Dans cette équipe on compte aussi Aurélien Lechevallier, qui était le numéro 2 de l'ambassade de France au Liban, et qui est aujourd’hui le conseiller diplomatique adjoint de Macron. Il est en charge du dossier de démarcation des frontières entre le Liban et Israël. Enfin, Patrick Durel complète l’équipe. Il est le conseiller du président français pour les affaires du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.


 


Syrie: premier convoi d'aide à Soueida après des violences qui ont fait plus de 1.100 morts

L'annonce du cessez-le-feu par Damas est intervenue quelques heures après une déclaration de Washington affirmant avoir négocié une trêve entre la Syrie et Israël qui affirme vouloir protéger les druzes. (AFP)
L'annonce du cessez-le-feu par Damas est intervenue quelques heures après une déclaration de Washington affirmant avoir négocié une trêve entre la Syrie et Israël qui affirme vouloir protéger les druzes. (AFP)
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  • Un premier convoi d'aide humanitaire est entré dans la ville sinistrée, privée d'eau et d'électricité et où les vivres commençaient à manquer
  • La morgue de l'hôpital gouvernemental de Soueida est pleine et des corps jonchent le sol à l'extérieur de l'établissement, a constaté dimanche un photographe de l’AFP

SOUEIDA: Un premier convoi d'aide humanitaire est entré dimanche dans la ville dévastée de Soueida dans le sud de la Syrie, où un cessez-le-feu est entré en vigueur après une semaine d'affrontements intercommunautaires qui ont fait plus de 1.100 morts selon une ONG.

Ces violences, qui interviennent après des massacres de centaines de membres de la communauté alaouite en mars sur le littoral, fragilisent encore plus le pouvoir islamiste d'Ahmad al-Chareh qui s'est pourtant engagé à protéger les minorités, dans un pays meurtri par près de 14 ans de guerre civile.

Les affrontements ont éclaté le 13 juillet entre des groupes druzes et des bédouins sunnites, aux relations tendues depuis des décennies, avant l'intervention des forces de sécurité et de combattants de tribus arabes venus d'autres régions syriennes qui ont pris le parti des bédouins selon des ONG et des témoins.

Des journalistes de l'AFP présents en périphérie de Soueida et dans cette ville de quelque 150.000 habitants ont fait état d'une journée calme.

Un premier convoi d'aide humanitaire est entré dans la ville sinistrée, privée d'eau et d'électricité et où les vivres commençaient à manquer.

Le convoi comprenait 32 véhicules chargés de vivres, de matériel médical, de carburant et de sacs mortuaires, selon les propos rapportés à l'AFP par Omar al-Maliki, porte-parole du Croissant-Rouge syrien.

La morgue de l'hôpital gouvernemental de Soueida est pleine et des corps jonchent le sol à l'extérieur de l'établissement, a constaté dimanche un photographe de l’AFP.

"Désescalade durable" ? 

Les autorités avaient annoncé dans la nuit la fin des combats dans la ville à majorité druze, précisant que celle-ci avait été évacuée par les combattants tribaux.

Un porte-parole du Conseil syrien des tribus et clans a confirmé à la chaîne Al-Jazeera que les combattants avaient quitté la ville "en réponse à l'appel de la présidence et aux termes de l'accord" de cessez-le-feu.

Samedi, des combattants tribaux étaient entrés dans la partie ouest de la ville, où un correspondant de l'AFP a vu des dizaines de maisons et de voitures brûlées et des hommes armés mettre le feu à des magasins après les avoir pillés.

Sur les murs de maisons de la ville, dans un quartier qui a connu de violents affrontements, les assaillants ont laissé leurs marques: "Porcs de druzes", "Nous venons vous égorger", affirment des graffitis, selon un photographe de l'AFP.

L'émissaire spécial des Etats-Unis pour la Syrie, Tom Barrack, a affirmé sur X que le prochain pas vers "une désescalade durable est un échange complet d'otages et de détenus, dont la logistique est en cours".

L'annonce du cessez-le-feu par Damas est intervenue quelques heures après une déclaration de Washington affirmant avoir négocié une trêve entre la Syrie et Israël qui affirme vouloir protéger les druzes.

Cet accord a permis le déploiement des forces gouvernementales dans la province --mais pas dans la ville même de Soueida-- ce que refusait jusqu’alors Israël.

Israël, qui abrite une minorité druze, avait bombardé des positions gouvernementales à Soueida et à Damas plus tôt dans la semaine, pour contraindre les forces gouvernementales de se retirer de la région.

128.000 déplacés 

Les violences ont fait plus de 1.100 morts en une semaine, selon un nouveau bilan fourni par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Selon l'OSDH, ce bilan inclut 427 combattants et 298 civils druzes, dont 194 "exécutés sommairement par des membres des ministères de la Défense et de l'Intérieur". Dans l'autre camp, 354 membres des forces gouvernementales et 21 bédouins sunnites ont été tués. Par ailleurs, quinze membre des forces gouvernementales ont été tués dans des frappes israéliennes, d'après l'ONG.

Près de 128.000 personnes ont été déplacées par les violences, d'après l'Organisation internationale pour les migrations.

Des affrontements avaient opposé en avril des combattants druzes aux forces de sécurité près de Damas et à Soueida, faisant plus de 100 morts.

En mars, des massacres avaient fait plus de 1.700 morts, essentiellement des membres de la communauté alaouite dont est issu l'ex-président Bachar al-Assad, après des affrontements dans l'ouest du pays, selon un bilan de l'OSDH.

Présente principalement à Soueida, la communauté druze de Syrie comptait avant la guerre civile quelque 700.000 personnes. Cette minorité est aussi implantée au Liban et en Israël.


L'Égypte dévoile un complot lié aux Frères musulmans visant des installations sécuritaires et économiques

La police et les forces de sécurité égyptiennes montent la garde devant l'hôtel Bella Vista, dans la station balnéaire égyptienne de Hurghada, sur la mer Rouge, le 9 janvier 2016. (AFP)
La police et les forces de sécurité égyptiennes montent la garde devant l'hôtel Bella Vista, dans la station balnéaire égyptienne de Hurghada, sur la mer Rouge, le 9 janvier 2016. (AFP)
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  • Le ministère égyptien de l'Intérieur a déclaré que Hasm avait comploté pour pousser l'un de ses membres fugitifs à infiltrer le pays afin de cibler des installations sécuritaires et économiques.
  • Les éléments qui ont planifié ces attaques étaient liés au mouvement Hasm, affilié aux Frères musulmans, organisation interdite.

LE CAIRE : Le ministère égyptien de l'Intérieur a déclaré dimanche avoir déjoué un complot de la branche armée du groupe des Frères musulmans visant à attaquer des installations sécuritaires et économiques.

Selon un communiqué de presse du ministère égyptien de l'Intérieur, les éléments qui ont planifié ces attaques étaient liés au mouvement Hasm, affilié aux Frères musulmans, organisation interdite.

Le ministère a déclaré disposer d'informations selon lesquelles le groupe militant prévoyait de relancer ses activités en Égypte et de mener des opérations hostiles. Hasm avait prévu d'inciter l'un de ses membres en fuite à infiltrer le pays via un État frontalier afin de mener « des opérations hostiles visant des installations sécuritaires et économiques en Égypte », a-t-il ajouté. 

Le communiqué indique que les services de sécurité nationale égyptiens ont pu identifier les dirigeants de Hasm à l'origine du complot. Il rapporte également que certains membres de Hasm ont été pris pour cible lors d'une opération de sécurité dans le quartier de Boulaq, au Caire.

Il précise que lorsque les forces de sécurité ont fait une descente dans leur repaire, les suspects ont commencé à tirer au hasard sur les forces et dans les environs du bâtiment, ce qui a incité les forces à riposter.

Les échanges de tirs ont causé la mort de deux militants et d'un citoyen qui traversait la zone par hasard et qui a succombé à ses blessures suite aux tirs aveugles des militants.

Un policier a également été blessé alors qu'il tentait de secourir le citoyen.

Le ministère a révélé que cela coïncidait avec la dernière vidéo du mouvement diffusée sur les réseaux sociaux, montrant ses membres s'entraînant dans une zone désertique d'un pays voisin, tout en menaçant de mener des attaques terroristes en Égypte. 

Le groupe est considéré comme une entité terroriste tant au Royaume-Uni qu'aux États-Unis.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le pape appelle à mettre fin de manière immédiate à la « barbarie » de la guerre à Gaza

Le pape Léon XIV salue la foule après la prière de l'Angélus sur la Piazza della Libertà (place de la Liberté), devant le Palazzo Apostolico (palais apostolique) dans la résidence papale d'été de Castel Gandolfo, à 40 km au sud-est de Rome, le 20 juillet 2025.  (Photo par Alberto PIZZOLI / AFP)
Le pape Léon XIV salue la foule après la prière de l'Angélus sur la Piazza della Libertà (place de la Liberté), devant le Palazzo Apostolico (palais apostolique) dans la résidence papale d'été de Castel Gandolfo, à 40 km au sud-est de Rome, le 20 juillet 2025. (Photo par Alberto PIZZOLI / AFP)
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  • « Je demande une fois de plus la fin immédiate de cette barbarie et une résolution pacifique du conflit »,quelques jours après une frappe israélienne meurtrière contre une église catholique. a déclaré le pape à la fin de la prière de l'Angélus
  • « Cet acte, malheureusement, s'ajoute aux attaques militaires en cours contre les populations civiles et les lieux de culte de Gaza », a rappelé le pape.

CASTEL GANDOLFO, ITALIE : Le pape a appelé dimanche à mettre fin à la « barbarie » de la guerre à Gaza et à « l'usage aveugle de la force », quelques jours après une frappe israélienne meurtrière contre une église catholique.

« Je demande une fois de plus la fin immédiate de cette barbarie et une résolution pacifique du conflit », a déclaré le pape à la fin de la prière de l'Angélus, après la mort de trois personnes jeudi dans l'unique église catholique de la bande de Gaza.

« Cet acte, malheureusement, s'ajoute aux attaques militaires en cours contre les populations civiles et les lieux de culte de Gaza », a rappelé le pape.

« J'en appelle à la communauté internationale pour qu'elle respecte les lois humanitaires, l'obligation de protéger les civils, ainsi que l'interdiction des punitions collectives, de l'usage indiscriminé de la force et du déplacement forcé des populations », a-t-il ajouté.

Jeudi, le patriarcat latin de Jérusalem a annoncé la mort de trois personnes dans une frappe israélienne sur la seule église catholique de la bande de Gaza, refuge de cette petite communauté depuis le début de la guerre, il y a 21 mois.

Vendredi, le pape a reçu un appel téléphonique du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, auprès duquel il a « réaffirmé l'urgence de protéger les lieux de culte, ainsi que tous les fidèles et toutes les personnes en Palestine et en Israël », selon un communiqué du Vatican.

Le même jour, M. Netanyahu a exprimé ses « profonds regrets » concernant cette frappe, reconnaissant une « erreur » et annonçant qu'Israël allait mener une « enquête sur cet incident ».

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a qualifié d'« inadmissible » le bombardement de cette église « placée sous la protection historique de la France ».