Qui sont les dirigeants talibans?

Une assemblée réunissant des dirigeants talibans à Kaboul présidée par Sirajuddin Haqqani, le chef du réseau Haqqani et ci-devant principal organisateur des attentats commis par les talibans, devenu ministre de l'Education dans le nouveau gouvernement de Kaboul. (Photo, AFP)
Une assemblée réunissant des dirigeants talibans à Kaboul présidée par Sirajuddin Haqqani, le chef du réseau Haqqani et ci-devant principal organisateur des attentats commis par les talibans, devenu ministre de l'Education dans le nouveau gouvernement de Kaboul. (Photo, AFP)
La délégation talibane durant les pourparlers de paix de Doha entre le mouvement et l'ex-gouvernement de Ghani. (Photos, AFP)
La délégation talibane durant les pourparlers de paix de Doha entre le mouvement et l'ex-gouvernement de Ghani. (Photos, AFP)
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Publié le Mardi 31 août 2021

Qui sont les dirigeants talibans?

  • La direction du mouvement extrémiste a toujours été entourée de mystère, y compris lorsqu’il dirigeait le pays entre 1996 et 2001
  • Comme nombre de moudjahidines afghans, les chefs de guerre sont nés avec après l'invasion soviétique en 1979 qui a bouleversé le pays

Kaboul : La direction des talibans, qui se préparent à former un gouvernement en Afghanistan dès que les troupes américaines et étrangères en seront parties mardi, a toujours été entourée de mystère, y compris lorsque le mouvement dirigeait le pays entre 1996 et 2001.

Voici une brève présentation des principaux dirigeants du groupe islamiste, qui a reconquis le pouvoir le 15 août, 20 ans après en avoir été chassé par une coalition menée par les États-Unis.

Hibatullah Akhundzada, le leader suprême

 

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Le mollah Hibatullah Akhundzada a été nommé à la tête des talibans en mai 2016, quelques jours après la mort de son prédécesseur, Mansour, tué par une frappe de drone américain au Pakistan. 

Avant sa nomination, Akhundzada était relativement inconnu, plus impliqué dans les questions judiciaires et religieuses que dans les manœuvres militaires.

Une fois arrivé au pouvoir, Akhundzada a rapidement obtenu la loyauté de l’Égyptien Ayman al-Zawahiri, le chef d'Al-Qaïda, qui l'a qualifié d'"émir des croyants", renforçant ainsi sa crédibilité dans l'univers jihadiste.

Fils d'un théologien, originaire de Kandahar, cœur du pays pachtoune dans le Sud de l'Afghanistan et berceau des talibans, cet érudit jouissait déjà d'une grande influence au sein de l'insurrection, dont il dirigeait le système judiciaire. Son rôle à la tête du mouvement serait davantage symbolique qu'opérationnel, selon plusieurs analystes.

Akhundzada a dû avant tout unifier les talibans, une mission complexe tant ceux-ci s'étaient fracturés dans une violente lutte pour le pouvoir après la mort de Mansour et la révélation qu'ils avaient caché pendant des années celle du fondateur du mouvement, le mollah Omar.

Il a réussi à maintenir la cohésion du groupe et reste plutôt discret. Il ne diffuse que de rares messages annuels lors des fêtes islamiques.

Après avoir longtemps gardé le silence sur l'endroit où il se trouvait, son mouvement a indiqué dimanche qu'il vivait "depuis le début" à Kandahar et qu'il apparaîtrait "bientôt en public".

Le mollah Baradar, le cofondateur

 

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Abdul Ghani Baradar, né dans la province d'Uruzgan et qui a grandi à Kandahar, est le cofondateur des talibans avec le mollah Omar, décédé en 2013 mais dont la mort avait été cachée deux années durant.

Comme nombre d'Afghans, sa vie a été bouleversée par l'invasion soviétique en 1979, qui en a fait un moudjahid. On pense qu'il a combattu aux côtés du mollah Omar, qui était borgne.

Tous deux auraient fondé les talibans durant la guerre civile afghane du début des années 1990, quand des chefs de guerre mettaient le pays à feu et à sang.

En 2001, après l'intervention américaine et la chute du régime taliban, il aurait fait partie d'un petit groupe d'insurgés prêts à un accord dans lequel ils reconnaissaient la nouvelle administration de Kaboul. Mais les États-Unis ont rejeté cette initiative, ouvrant un nouveau chapitre de vingt années de guerre.

Baradar était le chef militaire des talibans quand il a été arrêté en 2010 à Karachi, au Pakistan. Il a été libéré en 2018, sous la pression de Washington.

Écouté et respecté des différentes factions talibanes, il a ensuite été nommé chef de leur bureau politique, basé au Qatar.

Il a conduit les négociations de Doha avec les Américains menant au retrait des forces étrangères d'Afghanistan, puis aux pourparlers de paix avec le gouvernement afghan, qui n'ont rien donné.

Il est rentré en Afghanistan, à Kandahar, deux jours après la prise du pouvoir par les talibans, puis est allé à Kaboul.

Sirajuddin Haqqani, le chef du réseau Haqqani

 

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Fils d'un célèbre commandant du jihad anti-soviétique, Jalaluddin Haqqani, Sirajuddin est à la fois l'un des trois chefs adjoints des talibans et le chef du puissant réseau éponyme.

Le réseau Haqqani, fondé par son père, est qualifié de terroriste par Washington, qui l'a toujours considéré comme l'une des plus dangereuses factions combattant les troupes américaines et de l'Otan ces deux dernières décennies en Afghanistan.

Le réseau est connu pour son recours à des kamikazes. On lui a attribué certaines des attaques les plus violentes perpétrées en Afghanistan ces dernières années.

Il a aussi été accusé d'avoir assassiné certains hauts responsables afghans et d'avoir retenu en otage des Occidentaux, avant de les libérer contre rançon ou des prisonniers, comme le soldat américain Bowe Bergdahl, relâché en 2014 en échange de cinq détenus afghans de la prison de Guantanamo.

Connus pour leur indépendance, leur habileté au combat et leur sens des affaires, les Haqqani sont en charge des opérations talibanes dans les zones montagneuses de l'Est afghan. Ils auraient une forte influence sur les décisions du mouvement.

Le mollah Yaqoub, l'héritier

Fils du mollah Omar, Yaqoub est le chef de la puissante commission militaire des talibans qui décidait des orientations stratégiques dans la guerre contre le gouvernement afghan.

Son ascendance et ses liens avec son père, qui faisait l'objet d'un véritable culte en tant que chef des talibans, en font une figure unificatrice au sein d'un mouvement large et diverse.

Les spéculations sur son rôle exact dans le mouvement sont toutefois persistantes. Certains analystes estiment que sa nomination à la tête de cette commission en 2020 n'était que purement symbolique.

Les «étudiants en religion»

KABOUL : Quinze jours après avoir pris le contrôle de Kaboul à l'issue d'une offensive militaire éclair, les talibans ont célébré dans la nuit de lundi à mardi le retrait des dernières troupes américaines qui étaient présentes depuis vingt ans en Afghanistan.

Le mouvement islamiste radical, qui avait déjà gouverné le pays de 1996 à 2001 en imposant une interprétation radicale de la charia, a promis cette fois-ci la paix et un gouvernement "inclusif". 

Retour sur les événements marquants de l'histoire du mouvement taliban fondé en 1994 : 

Etudiants en religion

En 1994, le mouvement des talibans ("étudiants en religion") apparaît en Afghanistan dans un pays dévasté par la guerre contre les Soviétiques (1979-89) et confronté à une lutte fratricide entre moudjahidines depuis la chute en 1992 du régime communiste à Kaboul.

Formés dans des madrassas (écoles coraniques) au Pakistan voisin où ces islamistes sunnites ont trouvé refuge durant le conflit avec les Soviétiques, les talibans ont alors à leur tête le mystérieux mollah Mohammad Omar, décédé en 2003. Le mollah Akhtar Mansour lui succèdera et sera tué en 2016 au Pakistan. Les talibans sont aujourd'hui dirigés par Haibatullah Akhundzada, alors que le mollah Abdul Ghani Baradar, co-fondateur du mouvement, dirige l'aile politique.

Comme la majorité de la population afghane, ils sont essentiellement Pachtounes, l'ethnie qui a dominé le pays quasi-continuellement depuis deux siècles.

Ascension fulgurante

Promettant de rétablir l'ordre et la justice, les talibans connaissent une ascension fulgurante, avec le soutien du Pakistan et l'approbation tacite des Etats-Unis.

En octobre 1994, ils prennent presque sans combat Kandahar, l'ancienne capitale royale.

Dotés d'un arsenal militaire et d'un important trésor de guerre qui leur permet d'acheter les commandants locaux, ils enchaînent les conquêtes territoriales jusqu'à Kaboul dont ils s'emparent le 27 septembre 1996.

Ils chassent le président Burhanuddin Rabbani et exécutent en public l'ex-président communiste Najibullah.

Le commandant Ahmed Shah Massoud, héros de la résistance antisoviétique, se replie dans la vallée du Panchir, au nord de Kaboul, où il organise l'opposition armée. Il sera assassiné par le réseau islamiste Al-Qaïda le 9 septembre 2001.

Régime de terreur

Au pouvoir, les talibans imposent la loi islamique la plus stricte, interdisant jeux, musique, photographies, télévision... Les femmes n'ont plus le droit de travailler et les écoles pour filles sont fermées.

Mains des voleurs coupées, meurtriers exécutés en public, homosexuels écrasés sous un mur de briques, femmes adultères lapidées à mort: leurs châtiments sont dénoncés et le dynamitage en mars 2001 des bouddhas géants de Bamiyan provoque un tollé international.

Le siège du pouvoir se déplace à Kandahar où le mollah Omar vit reclus dans une maison construite par le chef d'Al-Qaïda Oussama ben Laden.

Le territoire des talibans (qui contrôleront jusqu'à 90% de l'Afghanistan) devient un sanctuaire pour les jihadistes du monde entier qui s'y entraînent, notamment Al-Qaïda.

Capitulation

Après les attentats du 11-Septembre aux Etats-Unis, perpétrés par Al-Qaïda, Washington et ses alliés de l'Otan lancent le 7 octobre 2001 une vaste opération militaire suite au refus du régime taliban de livrer ben Laden.

Le 6 décembre, le régime capitule. Ses chefs s'enfuient avec ceux d'Al-Qaïda, dans le Sud et l'Est du pays mais aussi au Pakistan.

Rébellion sanglante

Attentats et embuscades se multiplient contre les forces armées occidentales.

La Mission de combat de la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS) de l'Otan, terminée fin 2014, est remplacée par celle de formation, conseil et assistance, baptisée Resolute Support. Les forces de sécurité afghanes combattent seules contre les talibans et autres groupes insurgés, soutenues par l'aviation américaine.

En juillet 2015, le Pakistan accueille les premiers pourparlers directs, soutenus par Washington et Pékin, entre Kaboul et les talibans. Le dialogue tourne court.

Parallèlement, la branche afghane du groupe Etat islamique, rivale des talibans, est créée et revendique une série d'attentats sanglants.

Accord historique

Mi-2018, Américains et talibans entament de discrètes négociations à Doha, plusieurs fois interrompues après des attaques contre des troupes américaines.

Le 29 février 2020, Washington signe un accord historique avec les talibans, prévoyant le retrait des soldats étrangers en échange de garanties sécuritaires et de l'ouverture de négociations entre les insurgés et Kaboul.

Retrait américain et offensive talibane

Le 8 juillet 2021, le président américain Joe Biden déclare que le retrait de ses forces, entamé en mai, sera "achevé le 31 août".

Les talibans, à l'offensive depuis mai, arrivent le 15 août aux portes de Kaboul, après avoir pris le contrôle de quasiment tout le pays sans rencontrer de grande résistance. Le gouvernement afghan promet une transition pacifique.

Le 29 août, les talibans annoncent que leur chef suprême Hibatullah Akhundzada se trouve dans la ville de Kandahar et qu'il apparaîtra "bientôt en public".

Dans la nuit du 30 au 31 août, le dernier avion de transport militaire américain décolle de l'aéroport de Kaboul. "Nous avons fait l'histoire", se réjouit Anas Haqqani, un responsable du mouvement islamiste. "Les vingt années d'occupation de l'Afghanistan par les Etats-Unis et l'Otan se sont achevées ce soir".


Gaza: une commission de l'ONU accuse Israël de «génocide»

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  • La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien,
  • "La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport

GENEVE: Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre et d'autres responsables israéliens.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien, a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

"La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport.

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate" de la commission, a réagi son ministère des Affaires étrangères.

Sa publication intervient près de deux ans après le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. Depuis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a juré de détruire le mouvement islamiste qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza.

La commission d'enquête a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

"Intention de détruire" 

"Il est clair qu'il existe une intention de détruire les Palestiniens à Gaza par des actes répondant aux critères énoncés dans la Convention sur le génocide", a relevé dans un communiqué Mme Pillay, qui fut présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda et juge à la Cour pénale internationale (CPI).

Les plus hauts dirigeants israéliens "ont orchestré une campagne génocidaire", a ajouté la Sud-Africaine de 83 ans, ancienne Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme.

La commission n'est pas une instance juridique mais ses rapports peuvent accroître la pression diplomatique et servent à recueillir des preuves que les tribunaux peuvent utiliser.

La commission a conclu un accord de coopération avec la Cour pénale internationale (CPI) avec laquelle "nous avons partagé des milliers d'informations", a expliqué Mme Pillay à l'AFP.

"La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à la campagne génocidaire lancée par Israël contre le peuple palestinien à Gaza. Lorsque des signes et des preuves manifestes de génocide apparaissent, l'absence d'action pour y mettre fin équivaut à une complicité", a souligné Mme Pillay.

La campagne de représailles militaires dans le territoire palestinien a fait près de 65.000 morts, selon des données du ministère de la Santé de la bande de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, données jugées fiables par l'ONU.

Depuis le début de la guerre, Israël a été accusé à plusieurs reprises de commettre un génocide à Gaza, par diverses ONG, des experts indépendants de l'ONU, et jusque devant la justice internationale, à l'initiative de l'Afrique du Sud.

Les autorités israéliennes ont toujours vigoureusement rejeté ces accusations.

L'ONU n'a pas qualifié la situation de génocide, mais le chef des opérations humanitaires a exhorté à la mi-mai les dirigeants mondiaux à "agir pour empêcher un génocide".

A La Haye, la Cour internationale de justice (CIJ) avait sommé Israël dès janvier 2024 de prévenir tout acte de génocide. Quatre mois après, le procureur de la CPI avait demandé que des mandats d'arrêt soient délivrés à l'encontre de MM. Netanyahu et Gallant, soupçonnés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

La CPI est depuis dans le collimateur de Washington qui a pris des mesures contre des magistrats ayant autorisé la Cour à émettre ces mandats d'arrêt, notamment l'interdiction d'entrée sur le sol américain et le gel des avoirs détenus aux États-Unis.


Rubio promet un soutien "indéfectible" à Israël, avant une visite à Doha

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
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  • En visite à Jérusalem, le secrétaire d’État Marco Rubio a réaffirmé le soutien « indéfectible » des États-Unis à Israël dans sa guerre contre le Hamas à Gaza
  • Alors que les offensives israéliennes se poursuivent, causant de lourdes pertes civiles à Gaza, les critiques internationales s’intensifient

Jérusalem: Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a promis lundi à Jérusalem le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, à la veille d'un déplacement à Doha.

Durant la visite de M. Rubio, l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza assiégée et affamée, la Défense civile locale faisant état d'au moins 49 morts, dont des enfants.

Lancée en riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, cette offensive a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste a pris le pouvoir en 2007.

Le déplacement de M. Rubio a coïncidé avec un sommet arabo-islamique à Doha, quelques jours après une attaque israélienne inédite le 9 septembre au Qatar contre des chefs du Hamas.

"Les habitants de Gaza méritent un avenir meilleur, mais cet avenir meilleur ne pourra commencer que lorsque le Hamas sera éliminé", a déclaré M. Rubio après une rencontre à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Vous pouvez compter sur notre soutien indéfectible et notre engagement à voir cela se concrétiser", a-t-il ajouté.

M. Rubio se rend mardi au Qatar, en route pour Londres, afin de "réaffirmer le soutien total des Etats-Unis à la sécurité et la souveraineté du Qatar après l'attaque israélienne", selon le département d'Etat.

La frappe aérienne au Qatar, un médiateur entre Israël et le Hamas, a contrarié le président Donald Trump.

"Le Qatar a été un très grand allié. Israël et tous les autres, nous devons faire attention. Quand nous attaquons des gens, nous devons être prudents", a-t-il dit dimanche.

Malgré cette critique, M. Netanyahu a estimé que M. Trump était "le plus grand ami" qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche.

- "Animaux barbares" -

Au sommet de Doha, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, s'en est prix à Israël, l'accusant de "vouloir faire échouer les négociations" en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une libération des otages enlevés durant l'attaque du 7-Octobre.

Un communiqué final du sommet a appelé "tous les Etats à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël", alors que les six monarchies du Golfe ont appelé les Etats-Unis à "user de leur influence" pour contenir Israël.

A Jérusalem, M. Rubio s'est montré pessimiste quant à la possibilité d'une solution "diplomatique" à Gaza, qualifiant le Hamas d'"animaux barbares".

"Même si nous souhaitons vivement qu'il existe un moyen pacifique et diplomatique pour mettre fin (à la guerre) -et nous continuerons à explorer cette voie-, nous devons également nous préparer à la possibilité que cela ne se produise pas", a-t-il dit.

M. Rubio a aussi affiché la solidarité des Etats-Unis avec Israël avant un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite le 22 septembre à l'ONU, destiné à promouvoir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, au côté d'Israël.

Une initiative largement symbolique dans la mesure où Israël s'oppose fermement à la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Les Etats-Unis sont également hostiles à cette démarche, qui selon M. Rubio, a "enhardi" le Hamas.

En soirée, le secrétaire d'Etat a rencontré à Jérusalem des familles d'otages, selon un responsable du département d'Etat. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée israélienne.

- "Un corps sans âme" -

Dans le territoire palestinien, la Défense civile a indiqué que plus de la moitié des 49 Palestiniens tués l'avaient été à Gaza-ville, où l'armée a intensifié ses attaques avec l'objectif de s'en emparer.

Compte-tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée israélienne, qui présente Gaza-ville comme l'un des derniers bastions du Hamas dans le territoire palestinien, y a détruit plusieurs tours d'habitation en accusant le Hamas de s'y cacher.

Les Palestiniens continuent de fuir, en grand nombre, la ville et ses environs, qui comptaient un million d'habitants selon l'ONU.

"Je me sens comme un corps sans âme", dit Susan Annan, une Palestinienne qui habitait dans l'une de tours détruites. "Nous avons quitté notre maison avec seulement nos vêtements. Nous n'avons rien pu emporter."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire. L'ONU y a déclaré la famine, ce que Israël dément.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.