Les menaces ne fonctionnent pas sur les talibans, selon le représentant pakistanais à l'ONU

La feuille de route de Munir Akram pour répondre aux défis en Afghanistan comprend une opération de secours immédiate pour faire face à la grave crise humanitaire dans le pays. (Photo, AN)
La feuille de route de Munir Akram pour répondre aux défis en Afghanistan comprend une opération de secours immédiate pour faire face à la grave crise humanitaire dans le pays. (Photo, AN)
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Publié le Mardi 21 septembre 2021

Les menaces ne fonctionnent pas sur les talibans, selon le représentant pakistanais à l'ONU

  • Dans une interview exclusive, Munir Akram affirme qu’il faut s’engager auprès des nouveaux dirigeants afghans et les convaincre des avantages d'une société ouverte
  • Il prévient que le fait de créer un « climat de peur » ne fera qu'alimenter une crise des réfugiés d'une ampleur que la communauté internationale cherche désespérément à éviter

NEW YORK : Alors que les pays s'efforcent de trouver des moyens pour faire face à la crise en Afghanistan, un haut diplomate pakistanais a averti lundi que les menaces et la coercition ne sont pas compatibles avec la mentalité afghane et ne constituent pas une stratégie efficace.

Pour que le pays « revienne à la normale », Munir Akram, représentant permanent du Pakistan auprès des Nations unies, a appelé à s’engager auprès des talibans afin de leur montrer les « avantages de la modernité, de la technologie, de l'éducation et des valeurs d'une société ouverte ».

La situation en Afghanistan devrait dominer les discussions de haut niveau lors de la 76ème session de l'Assemblée générale des Nations unies, qui a débuté le 14 septembre et qui se poursuit jusqu'à la fin du mois.

Dans un entretien exclusif et étendu accordé à Arab News à la veille de la réunion annuelle de l'Assemblée générale des Nations unies, qui réunit cette semaine les dirigeants du monde entier, Akram a exhorté la communauté internationale à éviter toute « attitude de coercition et de menaces, de tentative de pression financière pour obtenir un certain comportement de la part des talibans».

Il a plutôt appelé à une meilleure compréhension des complexités de l'Afghanistan, de sa culture, des croyances et du caractère de son peuple.

Interrogée sur la façon dont les autorités américaines entendaient défendre les droits des femmes et des filles en Afghanistan maintenant que les troupes américaines se sont retirées du pays et que leur influence a été réduite, Linda Thomas-Greenfield, l’homologue américaine d'Akram, a répondu : « Je dirais le contraire. Nous sommes l'un des plus grands contributeurs d'aide humanitaire en Afghanistan et cela nous confère un levier considérable. »

Il est de plus en plus important de comprendre la situation réelle en Afghanistan alors que le monde est témoin des retombées de la crise qui touche non seulement les pays voisins comme le Pakistan et l'Iran, mais aussi l'Europe et même les États-Unis.

Le Pakistan accueille des réfugiés afghans depuis plus de 40 ans, depuis que l'invasion soviétique a poussé des millions de personnes à franchir la frontière. Les rapports étroits entre les deux pays remontent à des centaines d'années au cours desquelles les mariages et les migrations ont créé « une affinité naturelle » entre deux peuples qui partagent des identités ethniques et tribales similaires.

« L'Afghanistan est un État multiethnique », a déclaré Akram. « À moins qu'il n'y ait la paix au sein de toutes les sections de l'Afghanistan, il y aura toujours une forme de conflit. Et s'il y a un conflit ou une crise humanitaire, il est probable qu'il y aura davantage d'afflux de réfugiés (submergeant) non seulement le Pakistan et l'Iran en tant que pays voisins, mais aussi l'Europe et peut-être même les États-Unis. »

« Il n'est pas très clair s'ils seront accueillis. Il a été dit que (d'autres pays) sont prêts à prendre un grand nombre d'Afghans qui ont travaillé avec les États-Unis et l'OTAN au cours des 20 dernières années, mais qu'en est-il du reste du peuple afghan ? Les personnes qui ont vraiment besoin d'aide, qui sont vraiment démunies, qui ont vraiment faim et qui sont pauvres ? Nous ne devons pas les oublier. »

La feuille de route d'Akram pour répondre aux défis en Afghanistan comprend une opération de secours immédiate afin de faire face à la grave crise humanitaire dans le pays. Les niveaux de pauvreté et de faim ont augmenté depuis que les talibans ont pris le pouvoir le mois dernier et que l'aide étrangère a diminué, faisant craindre un exode massif. Selon les Nations unies, 18 millions d'Afghans, soit la moitié de la population, souffrent d'insécurité alimentaire.

Lors d'une conférence des Nations unies organisée la semaine dernière pour galvaniser l’aide internationale, les donateurs se sont engagés à verser plus de 1,1 milliard de dollars à l'Afghanistan.

Akram a qualifié cela de « positif » et a ajouté : « J'espère que ces promesses seront tenues le plus rapidement possible. »

Toute paix durable en Afghanistan nécessitera également la formation d'un gouvernement inclusif à Kaboul. Cependant, l'autorité qui a suivi la prise du pouvoir exclut les femmes et les minorités, ce qui alimente les craintes d'un retour aux attitudes et pratiques talibanes dures du passé.

Vendredi dernier, le Conseil de sécurité des Nations unies a approuvé à l'unanimité une résolution appelant les dirigeants talibans à mettre en place un gouvernement inclusif qui garantit la « participation pleine, égale et significative des femmes » et respecte les droits de l'homme.

Akram estime que le gouvernement intérimaire actuel n'est qu'une « première étape », que les pourparlers se poursuivent entre Afghans et que la volonté des talibans de mettre en place un gouvernement inclusif « est toujours présente ». Il a également mis en garde contre le risque de ne pas prendre en compte ce qu'il appelle les « réalités du terrain ».

« Les talibans ont mené une guerre de 20 ans qu'ils ont remportée, ils souhaiteront donc avoir une représentation adéquate », a-t-il déclaré. « Mais cela devrait également inclure d'autres groupes afin que la paix règne dans tout l'Afghanistan ».

Deborah Lyons, représentante spéciale du Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres pour l'Afghanistan, a mis en garde contre la détérioration de la situation humanitaire. Elle a appelé à un « modus vivendi », ou accord de compromis, pour éviter une rupture totale en permettant à l'argent de continuer à affluer dans le pays.

Certains membres du nouveau gouvernement figurent sur la liste des sanctions du Conseil de sécurité, et sont donc soumis à des restrictions économiques, commerciales et diplomatiques.

Akram a déclaré que les talibans attendent du Conseil de sécurité qu'il entame le processus de levée de ces sanctions. Cela fait partie de l'accord que le groupe a conclu avec Washington en février, en échange duquel il s'est engagé à ne pas attaquer les forces américaines ou de l'OTAN pendant leur retrait d'Afghanistan.

Au cours des semaines qui ont suivi la prise de pouvoir par les talibans, les informations en provenance de Kaboul faisaient état de la multiplication de graves violations des droits de l'homme. Selon Human Rights Watch, les nouvelles autorités ont perquisitionné les domiciles de journalistes et de militants, apparemment à la recherche de personnes qui les auraient critiqués. En outre, des restrictions ont été imposées à l'éducation des filles et au droit des femmes de travailler.

Akram a reconnu ces préoccupations mais a mis en garde contre le danger de la circulation de ce qu'il a qualifié de « fake news ». Il a notamment évoqué des informations signalant la répression d'une manifestation de femmes afghanes, affirmant que le fait même qu'une telle manifestation ait été autorisée révèle un changement dans le comportement des talibans.

Le représentant a déclaré qu'il comprenait pourquoi certains Afghans craignaient pour leur sécurité personnelle et que les autorités pakistanaises avaient pris des dispositions pour que 12 000 Afghans et ressortissants étrangers qui se sentaient menacés puissent quitter le pays.

Mais il a dénoncé ce qu'il a décrit comme des tentatives de créer « un climat de peur » qui pourrait pousser les Afghans à fuir leur pays à un moment où il a besoin d'eux pour « rester et construire ».

« Créer un climat de peur (conduira) aux résultats mêmes que nous craignons, à savoir un afflux de réfugiés », a-t-il ajouté.

De nombreuses personnes craignent également que l'Afghanistan ne redevienne un refuge pour les terroristes. Akram a répondu à cette crainte en considérant les leçons qu'il estime avoir été tirées au cours des 20 dernières années.

« Ce que nous aurions dû faire contre Al-Qaida, c'était d'utiliser un pic pour les trouver et les extraire de là où ils se trouvaient », a-t-il déclaré. « Au lieu de cela, nous avons utilisé un marteau. Nous sommes allés envahir l'Afghanistan et l'Irak, et avons tué des centaines de milliers de personnes.

« Quand vous bombardez des gens et tuez leurs enfants, vous recrutez des gens pour le terrorisme. Voilà ce qui s'est passé. »

En conséquence, a-t-il ajouté, la menace du terrorisme s'est étendue et est devenue beaucoup plus complexe.

« Elle ne se limite plus à l'Afghanistan, elle est présente au Yémen, en Syrie, dans le Sahara occidental et dans le monde entier », a déclaré Akram.

« En même temps, à cause de l'assimilation des terroristes aux musulmans, l'islamophobie a augmenté et aujourd'hui vous avez des organisations terroristes qui ciblent les musulmans. Nous devons donc tirer les leçons de ces erreurs. »

Compte tenu de tout cela, Akram a exhorté la communauté internationale à adopter une stratégie globale et coordonnée et à œuvrer avec les talibans pour lutter contre toutes les formes de terrorisme.

« Si nous adoptons des stratégies concurrentielles, "je ne peux faire face qu'à ma menace terroriste mais pas à la vôtre", je pense que nous perdrons », a-t-il ajouté.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Madagascar: le président contesté écarte toute démission

Le président malgache, Andry Rajoelina, a écarté lundi soir toute démission en appelant à "respecter la Constitution", dans sa première prise de parole depuis un lieu inconnu, après le ralliement ce weekend des militaires à la contestation qui agite le pays. (AFP)
Le président malgache, Andry Rajoelina, a écarté lundi soir toute démission en appelant à "respecter la Constitution", dans sa première prise de parole depuis un lieu inconnu, après le ralliement ce weekend des militaires à la contestation qui agite le pays. (AFP)
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  • Elu en 2018, puis réélu en 2023 pour un mandat de cinq ans lors d'un scrutin boycotté par l'opposition, M. Rajoelina n'a pu faire diffuser son allocution par la télévision publique TVM après l'arrivée d'un "groupe de soldats armés" au siège de la chaîne
  • D'après RFI, il a embarqué dimanche "à bord d'un avion militaire français pour La Réunion, avant de partir vers une autre destination avec sa famille"

ANTANANARIVO: Le président malgache, Andry Rajoelina, a écarté lundi soir toute démission en appelant à "respecter la Constitution", dans sa première prise de parole depuis un lieu inconnu, après le ralliement ce weekend des militaires à la contestation qui agite le pays.

Lors de ce direct diffusé sur les réseaux sociaux mais pas à la télévision publique malgache, M. Rajoelina s'est dit dans un "lieu sûr" après une "tentative de meurtre", sans plus de précisions sur sa localisation.

Est-il encore dans le pays, ou parti à l'étranger, comme l'a indiqué lundi la radio française RFI? Cette incertitude nourrit la confusion sur cette île très pauvre de l'Océan indien où de nouvelles scènes de joie ont eu lieu lundi dans la capitale Antananarivo entre militaires et des milliers de manifestants appelant à son départ.

"Il n'y a qu'une seule issue pour résoudre ces problèmes, c'est de respecter la Constitution en vigueur dans le pays", a affirmé le président de 51 ans, rejetant de fait les appels à la démission du mouvement de contestation né le 25 septembre.

Elu en 2018, puis réélu en 2023 pour un mandat de cinq ans lors d'un scrutin boycotté par l'opposition, M. Rajoelina n'a pu faire diffuser son allocution par la télévision publique TVM après l'arrivée d'un "groupe de soldats armés" au siège de la chaîne.

D'après RFI, il a embarqué dimanche "à bord d'un avion militaire français pour La Réunion, avant de partir vers une autre destination avec sa famille". "Je ne confirme rien aujourd'hui", a répondu à ce sujet depuis l'Egypte le président français, Emmanuel Macron, disant sa "grande préoccupation" pour Madagascar.

Des remises de peine ont été accordées lundi par décret présidentiel à une série de personnes parmi lesquelles le Franco-Malgache Paul Maillot Rafanoharana, emprisonné depuis 2021 pour tentative de coup d'Etat, et point de crispation entre les deux pays.

Ce weekend, une unité militaire, le Capsat, qui avait joué un rôle majeur dans le coup d'État en 2009 qui a porté au pouvoir M. Rajoelina, à la suite déjà d'une mobilisation populaire, a appelé les forces de sécurité à "refuser de tirer" sur les manifestants, avant de rejoindre ces derniers dans le centre de la capitale.

"Plus de dinosaures" 

"C'est tout bizarre, vu qu'on était habitués à toujours être pourchassés et bombardés par des gaz lacrymogènes", a témoigné auprès de l'AFP Finaritra Manitra Andrianamelasoa, 24 ans. Cet étudiant en droit figurait parmi les milliers de manifestants ayant rejoint lundi la place du 13-mai dans une ambiance de fête.

Marchant au rythme d'une fanfare, le cortège a enflé à mesure qu'il approchait de ce lieu symbolique de l'histoire politique malgache, baptisé en hommage aux tués d'un soulèvement populaire en 1972 ayant conduit au départ du premier président.

"Au tout début, ce qu'on demandait, c'était l'électricité, la liberté de s'exprimer, mais on attend actuellement sa démission", a asséné Steven Mandimbiarivong Rasolonjanahary, 19 ans, un autre étudiant en droit.

"On attend sa démission mais le connaissant, je ne crois pas qu'il va dire ça", pronostiquait avec succès Rotsinasandratra Lucas Hantamalala, étudiante de 20 ans. "Plus de dinosaures politiques s'il vous plaît, on en a assez vus", exhorte-t-elle.

Des soldats ont accompagné samedi dans le centre-ville de la capitale malgache des milliers de manifestants, les rejoignant à nouveau dimanche pour un rassemblement en hommage aux personnes tuées au cours des plus de deux semaines de manifestations.

Départ du président du Sénat 

Le mouvement de contestation, qui dénonçait au départ les coupures incessantes d'eau et d'électricité, s'est mué depuis en une contestation plus large du président Rajoelina et de son clan.

Le Conseil sécurité de l'Union africaine "rejette catégoriquement toute tentative de changement anticonstitutionnel du gouvernement dans le pays", a-t-il averti lundi dans un communiqué qui "exhorte toutes les unités des forces armées malgaches à "s'abstenir de toute ingérence dans les affaires politiques".

Les manifestants ont obtenu ce weekend le départ du décrié président du Sénat Richard Ravalomanana, ancien commandant de gendarmerie.

Surnommé "Général Bomba" pour son recours généreux aux grenades lacrymogènes lors de la crise de 2009, Richard Ravalomanana était accusé par les contestataires d'être un des principaux acteurs de la répression des manifestations ces dernières semaines.

Quant au troisième homme vilipendé par la rue, l'homme d'affaires et proche du chef de l'Etat Maminiaina Ravatomanga, il a fui dimanche matin à l'île Maurice voisine, comme l'a confirmé le gouvernement mauricien.

Au moins 22 personnes ont été tuées au début des manifestations et plus d'une centaine blessées, d'après un bilan des Nations unies.

Madagascar, île à la population très démunie, a une longue histoire de soulèvements populaires suivis par la mise en place de gouvernements militaires de transition.

Au moins 80% des 32 millions d'habitants de Madagascar vivent avec moins de 15.000 ariary par jour (2,80 euros), le seuil de pauvreté de la Banque mondiale.


Au sommet sur Gaza, Trump proclame un «jour formidable pour le Moyen-Orient»

Donald Trump a proclamé lundi un "jour formidable pour le Moyen-Orient" lors d'un sommet sur Gaza en Egypte et a cosigné une déclaration visant à cimenter le cessez-le-feu dans le territoire palestinien, après un échange d'otages et de détenus entre Israël et le Hamas. (AFP)
Donald Trump a proclamé lundi un "jour formidable pour le Moyen-Orient" lors d'un sommet sur Gaza en Egypte et a cosigné une déclaration visant à cimenter le cessez-le-feu dans le territoire palestinien, après un échange d'otages et de détenus entre Israël et le Hamas. (AFP)
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  • A l'origine du plan sur un cessez-le-feu à Gaza, M. Trump a coprésidé le sommet à Charm el-Cheikh avec le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, en présence de nombreux dirigeants internationaux
  • M. Trump a accueilli les dirigeants sur un tapis rouge, souriant et serrant la main de chacun. Derrière une inscription géante "PEACE 2025", il a levé plusieurs fois le pouce devant les caméras

CHARM EL-CHEIKH: Donald Trump a proclamé lundi un "jour formidable pour le Moyen-Orient" lors d'un sommet sur Gaza en Egypte et a cosigné une déclaration visant à cimenter le cessez-le-feu dans le territoire palestinien, après un échange d'otages et de détenus entre Israël et le Hamas.

Plus tôt, lors d'une visite éclair à Jérusalem, le président américain a annoncé devant le Parlement israélien la fin d'un "long cauchemar" pour Israël et les Palestiniens. "Ce n'est pas seulement la fin d'une guerre, c'est la fin d'une ère de terreur et de mort", a-t-il dit, appelant les Palestiniens à "se détourner pour toujours de la voie du terrorisme".

Au quatrième jour du cessez-le-feu dans la bande de Gaza dévastée par deux ans de guerre, le mouvement islamiste Hamas a libéré les 20 derniers otages vivants qu'il retenait, en échange de 1.968 prisonniers palestiniens relâchés par Israël.

Sur la place des Otages à Tel-Aviv, des scènes de liesse ont accueilli la libération des otages enlevés le 7 octobre 2023 lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël, qui a déclenché la guerre.

"C'est superbe et bouleversant que cela arrive enfin" a déclaré Shelly Bar Nir, 34 ans. "Nos otages rentrent enfin chez eux."

"Ma vie, tu es ma vie... tu es un héros", s'exclame Einav Zangauker en serrant dans ses bras son fils Matan, tout sourire, après sa libération, selon une vidéo diffusée par l'armée israélienne.

A Ramallah, en Cisjordanie occupée, une explosion de joie a accompagné l'arrivée des cars transportant des prisonniers palestiniens libérés. "C'est une renaissance", a dit Mahdi Ramadan après sa libération. D'autres bus ont gagné la bande de Gaza, accueillis par des milliers de personnes agitant le drapeau palestinien et celui du Hamas.

"PEACE 2025" 

A l'origine du plan sur un cessez-le-feu à Gaza, M. Trump a coprésidé le sommet à Charm el-Cheikh avec le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, en présence de nombreux dirigeants internationaux, mais sans le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, ni le Hamas.

M. Trump a accueilli les dirigeants sur un tapis rouge, souriant et serrant la main de chacun. Derrière une inscription géante "PEACE 2025", il a levé plusieurs fois le pouce devant les caméras.

Avec les dirigeants d'Egypte, du Qatar et de Turquie, il a ensuite signé une déclaration sur Gaza dans laquelle ils engagent à "poursuivre une vision de paix" au Moyen-Orient. Ce document, publié en fin de journée par la Maison Blanche, s'en tient néanmoins à des termes vagues sur le besoin de parvenir à une "paix durable" entre Israël et ses voisins, dont les Palestiniens.

Donald Trump a, dans l'avion de retour à Washington, évacué la question de la solution à deux Etats. "Je ne parle pas d'un seul Etat, de double Etat ou de deux Etats. Nous parlons de la reconstruction de Gaza."

Avant de partir d'Egype, le président américain a assuré avoir "réussi ensemble ce que tout le monde pensait impossible. Enfin, nous avons la paix au Moyen-Orient."

M. Sissi a, lui, annoncé que son pays allait accueillir une conférence sur la reconstruction de Gaza, sans donner de date.

Dans la journée, 20 otages ont été remis en deux phases au Comité international de la Croix-Rouge (CICR), dont les voitures ont pris la direction d'Israël sous l'œil de combattants armés du Hamas.

La majorité des 251 personnes enlevées lors de l'attaque du 7-Octobre avaient été libérées lors de deux précédentes trêves à Gaza.

"Libération totale" 

L'attaque du Hamas a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données officielles.

En riposte, Israël a lancé une offensive qui a ravagé la bande de Gaza, provoqué un désastre humanitaire et fait 67.869 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas.

"Il est temps de laisser entrer l'aide humanitaire à grande échelle, notamment par l'intermédiaire de l'Unrwa", a réagi lundi le directeur général de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, dans un communiqué.

La première phase du plan américain prévoit outre le cessez-le-feu et un retrait israélien de certains secteurs de Gaza, le retour dans les 72 heures des 47 derniers otages retenus à Gaza, dont 27 sont morts.

Mais l'armée israélienne a annoncé la remise de seulement quatre corps d'otages via le CICR lundi: "Le Hamas est tenu de respecter l'accord et de prendre les mesures nécessaires pour le retour de tous les otages décédés".

Le Hamas a salué "la libération des prisonniers palestiniens des prisons de l'occupation" comme "un succès national sur le chemin de la libération totale".

Le plan Trump prévoit dans une phase ultérieure le désarmement du Hamas et son exclusion de la gouvernance du territoire, où le mouvement a pris le pouvoir en 2007.

Le mouvement islamiste ne s'est pas prononcé sur son désarmement et exige un retrait total israélien de la bande de Gaza. L'armée israélienne contrôle aujourd'hui 53% du territoire.

Un responsable du Hamas a dit prévoir une deuxième phase "difficile" des négociations.

 

 


Le traité sur la pollution plastique n'est pas mort, affirme la cheffe de l'environnement de l'ONU

Un homme marche sur un pont près de la vallée de Vjosa, récemment désignée comme site de l'UNESCO, à Tepelene, en Albanie. (Reuters)
Un homme marche sur un pont près de la vallée de Vjosa, récemment désignée comme site de l'UNESCO, à Tepelene, en Albanie. (Reuters)
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  • Malgré l’échec de deux cycles de négociations et la démission du président du comité, la cheffe du PNUE Inger Andersen reste optimiste : un traité mondial contre la pollution plastique est encore possible
  • Alors que la production de plastique pourrait tripler d’ici 2060, les négociations patinent entre pays favorables à une réduction de la production et ceux qui préfèrent miser sur la gestion des déchets

GENEVE: Un traité mondial historique sur la lutte contre la pollution plastique reste à portée de main, assure la cheffe de l'agence de l'ONU pour l'environnement, malgré l'échec cuisant de deux rounds de négociations successifs et la démission soudaine du président du comité des négociations cette semaine.

Dans un entretien exclusif accordé à l'AFP, la directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), Inger Andersen, estime que les pays ne feront pas marche arrière, malgré leurs profondes divergences sur la lutte contre ce problème croissant, notamment dans les océans.

Un grand bloc de pays souhaite des mesures audacieuses, comme la réduction de la production de plastique, tandis qu'un groupe plus restreint de pays producteurs de pétrole souhaite se concentrer davantage sur la gestion des déchets.

Les négociations censées se terminer en 2024 en Corée du Sud se sont soldées par un échec, et les efforts repris à Genève en août ont également échoué.

Beaucoup de pays ont exprimé leur colère et leur frustration face à l'échec des discussions, mais ont affirmé souhaiter de nouvelles négociations, dans la foulée de six cycles déjà tenus en trois ans sous l'égide du PNUE.

"Le résultat était-il glorieux ? Non. Mais était-ce la fin ? Non", martèle Mme Andersen.

"Nous sommes repartis avec une plus grande lucidité. Et personne n'a quitté la table. Personne n'est reparti en disant: +C'est trop désespéré, on abandonne+. Personne. Et tout cela me donne du courage", assure l'économiste danoise.

Le problème de la pollution plastique est si omniprésent que des microplastiques ont été retrouvés sur les plus hauts sommets, dans les fosses océaniques les plus profondes et dispersés dans presque toutes les parties du corps humain.

Le sujet est d'autant plus urgent que la planète a produit plus de plastique depuis 2000 que durant les 50 années précédentes. Et la tendance s'accélère: si rien n'est fait, la production actuelle, de quelque 450 millions de tonnes par an, devrait tripler d'ici 2060, selon les prévisions de l'OCDE. Moins de 10% est recyclé.

- "Tout à fait faisable" -

À l'heure actuelle, aucun calendrier n'a été fixé pour la tenue de nouvelles négociations, et aucun pays n'a proposé officiellement de les accueillir. Mais Mme Andersen est "absolument" convaincue qu'un accord est à portée de main.

"C'est tout à fait faisable. Il faut juste persévérer", avance-t-elle. "Nous sommes si proches".

Selon elle, l'état d'esprit général est le suivant: "Nous sommes toujours en négociation. Nous ne nous éloignons pas. Nous avons nos lignes rouges, mais nous comprenons mieux celles des autres. Et nous voulons tous" un accord.

La Norvège et le Kenya ont organisé une réunion très suivie lors de l'Assemblée générale des Nations unies à New York le mois dernier, souligne Mme Andersen.

La COP30, qui se tiendra au Brésil en novembre, offrira une nouvelle occasion de sonder les esprits avant l'Assemblée des Nations unies pour l'environnement à Nairobi en décembre.

Mais Luis Vayas Valdivieso, ambassadeur d'Équateur en Grande-Bretagne et président du comité des trois derniers des six cycles de négociations, a jeté l'éponge en annonçant cette semaine sa démission.

"Il a essayé d'écouter attentivement toutes les parties et de proposer des textes", rappelle la cheffe du PNUE, manifestant une "profonde gratitude (...) car il a travaillé d'arrache-pied et a tout donné".

- "Grave allégation" -

Le journal britannique The Guardian a rapporté mardi que des employés du PNUE avaient tenu une réunion secrète la veille à Genève, afin de convaincre des membres de la société civile de faire pression sur M. Vayas pour qu'il démissionne.

"Il s'agit d'une allégation extrêmement grave", a réagi Mme Andersen. "Je n'étais pas au courant et, de toute évidence, je n'avais demandé à personne de faire une telle chose".

Elle a précisé que ce dossier avait été transmis au Bureau des services de contrôle interne des Nations unies.

Quant à la question de savoir si un nouveau président pourrait insuffler un nouvel élan, elle a déclaré : "Comme toujours, lorsqu'il y a un changement, l'ambiance change légèrement", mais, souligne-t-elle "les enjeux resteront les mêmes".