Explosion à Beyrouth: des manifestants en colère après la suspension de l'enquête

Des militants et des proches des victimes de l'explosion du port de Beyrouth lèvent des pancartes alors qu'ils manifestent le 29 septembre 2021 devant le palais de justice (Photo, AFP)
Des militants et des proches des victimes de l'explosion du port de Beyrouth lèvent des pancartes alors qu'ils manifestent le 29 septembre 2021 devant le palais de justice (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 29 septembre 2021

Explosion à Beyrouth: des manifestants en colère après la suspension de l'enquête

Des militants et des proches des victimes de l'explosion du port de Beyrouth lèvent des pancartes alors qu'ils manifestent le 29 septembre 2021 devant le palais de justice (Photo, AFP)
  • Mercredi, quelques manifestants ont pénétré dans le palais de justice et y ont accroché une pancarte arborant les photos des victimes, avec la mention «Vous ne nous tuerez pas deux fois»
  • «La France regrette la suspension de l'enquête», a affirmé le porte-parole du Quai d'Orsay

BEYROUTH: Des centaines de Libanais, dont des proches des victimes de l'explosion gigantesque au port de Beyrouth en 2020, ont manifesté mercredi devant le palais de justice pour dénoncer les pressions politiques exercées sur l'enquête, suspendue une nouvelle fois.  

Lundi, le juge Tareq Bitar, chargé de l'enquête, a dû suspendre son investigation après une plainte déposée contre lui par un ex-ministre, Nohad al-Machnouk, qui est soupçonné d'implication dans le drame et réclame le dessaisissement du juge.   

L'explosion, survenue le 4 août 2020 et causée par le stockage sans mesures de précaution d'énormes quantités de nitrate d'ammonium, a fait au moins 214 morts, plus de 6 500 blessés et dévasté plusieurs quartiers de la capitale.  

Pointées du doigt pour négligence criminelle, les autorités ont rejeté toute investigation internationale, avant de dessaisir en février un premier juge chargé de l'enquête, à la suite de l'inculpation de hauts responsables.  

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Devant le bâtiment, des manifestants qui brandissaient des drapeaux libanais, ont condamné les pressions exercées sur le juge Bitar (Photo, AFP)

« De nouveau trahis »   

Mercredi, quelques manifestants ont pénétré dans le palais de justice et y ont accroché une pancarte arborant les photos des victimes, avec la mention « Vous ne nous tuerez pas deux fois ».  

Devant le bâtiment, d'autres, qui brandissaient des drapeaux libanais, ont condamné les pressions exercées sur le juge Bitar.  

« Le peuple protège la justice », pouvait-on lire sur une pancarte tenue par les manifestants.  

« Nous souffrons depuis 13 mois de l'ingérence des politiques et des chefs communautaires dans le processus de l'enquête », a déploré Rima al-Zahed, dont le frère, employé au port, a péri dans l'explosion.   

« Quand j'ai appris que l'enquête avait été suspendue, j'ai senti que nous étions de nouveau trahis, qu'ils nous tuaient une deuxième fois », a-t-elle ajouté, en allusion aux dirigeants locaux.  

Le prédécesseur du juge Bitar, Fadi Sawan, avait déjà été écarté en février après l'inculpation de hauts responsables.  

Depuis qu'il a hérité de l'affaire, M. Bitar a convoqué l'ex-Premier ministre Hassan Diab et quatre ex-ministres dont trois députés, y compris M. Machnouk, mais le Parlement a refusé de lever leur immunité.  

Le 26 août, l'enquêteur a émis un mandat d'amener à l'encontre de M. Diab après son refus de se présenter à un interrogatoire, et le 16 septembre, il a émis un autre mandat d'arrêt contre un ex-ministre pour le même motif.  

Mais le juge Bitar risque aujourd'hui de connaître le même sort que son prédécesseur.  

La plainte déposée par M. Machnouk réclame son dessaisissement sur la base d'un article constitutionnel stipulant que la poursuite de ministres et responsables relève uniquement de la Haute cour de justice.  

L'enquête restera ainsi suspendue jusqu'à ce que la cour d'appel de Beyrouth se prononce sur la demande de M. Machnouk.  

Dans une interview accordée lundi à une télévision locale, le Premier ministre Najib Mikati a dit espérer que la cour rejetterait la suspension car le Liban « ne peut faire face au dessaisissement d'un autre juge ».   

Mais il a aussi accusé le juge Bitar de « violer la Constitution » dans les poursuites engagées contre certains responsables.  

Depuis quelques semaines, M. Bitar est au cœur d'une campagne de dénigrement et aurait été indirectement menacé par un haut responsable du mouvement chiite Hezbollah, selon des médias locaux.  

« Il est interdit de menacer le juge », s'est emporté mercredi William Noun, frère d'un des pompiers mort dans l'explosion alors qu'il tentait d'éteindre l'incendie à l'origine de l'énorme déflagration.   

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Le 15 septembre, plus de 140 ONG locales et internationales ainsi que des survivants et des proches des victimes de l'explosion ont lancé un appel à l'ONU pour une enquête internationale (Photo, AFP)

« Droit de savoir »  

La suspension de l'enquête a suscité l'ire d'organisations de défense des droits humains et des proches des victimes de l'explosion ainsi que les condamnations de Paris et du Conseil de sécurité de l'ONU.  

« La France regrette la suspension de l'enquête », a affirmé mercredi le porte-parole du Quai d'Orsay.   

« La justice libanaise doit travailler en toute transparence, à l'abri de toute interférence politique », a-t-il ajouté. « Les Libanaises et les Libanais ont le droit de savoir ».   

Lundi à New York, le Conseil de sécurité de l'ONU a de nouveau souligné la nécessité d'une enquête  « rapide, indépendante et impartiale ».  

Le 15 septembre, plus de 140 ONG locales et internationales ainsi que des survivants et des proches des victimes de l'explosion ont lancé un appel à l'ONU pour une enquête internationale, dénonçant « l'obstruction éhontée des autorités ». 


Gaza: le plan israélien de distribution d'aide «contraire aux principes humanitaires» selon une ONG norvégienne

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  • Le projet du gouvernement israélien de distribuer de l'aide humanitaire à Gaza dans des centres contrôlés par l'armée est "fondamentalement contraire aux principes humanitaires", a déclaré le secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés
  • Israël accuse le Hamas de détourner l'aide humanitaire, et justifie son blocus de la bande de Gaza par la nécessité de faire pression sur le mouvement pour qu'il libère les otages

OSLO: Le projet du gouvernement israélien de distribuer de l'aide humanitaire à Gaza dans des centres contrôlés par l'armée est "fondamentalement contraire aux principes humanitaires", a déclaré lundi à l'AFP le secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC).

"Nous ne pouvons pas et ne voulons pas faire quelque chose qui est fondamentalement contraire aux principes humanitaires", a dit Jan Egeland à l'AFP.

"Les agences des Nations unies et tous les autres groupes humanitaires internationaux ont dit non à cette idée émanant du cabinet israélien et de l'armée israélienne", a-t-il ajouté.

Le cabinet de sécurité israélien estime qu'il y a "actuellement suffisamment de nourriture" dans la bande de Gaza et a consenti à la "possibilité d'une distribution humanitaire" si cela venait à être "nécessaire", a indiqué lundi une source officielle israélienne.

Israël accuse le Hamas de détourner l'aide humanitaire, et justifie son blocus de la bande de Gaza par la nécessité de faire pression sur le mouvement pour qu'il libère les otages.

Selon le responsable de l'ONG norvégienne, le gouvernement israélien "veut militariser, manipuler et politiser l'aide en ne l'autorisant que dans quelques centres dans le sud, un système où les gens seront contrôlés et où il sera impossible d'agir".

Cela "obligera les gens à se déplacer pour obtenir de l'aide, ce qui prolongera la famine parmi la population civile. Nous ne prendrons donc pas part à cela", a ajouté M. Egeland.

"Si l'une des parties tente de contrôler, de manipuler et de rationner l'aide destinée aux civils de l'autre camp, cela va à l'encontre de toutes nos valeurs", a-t-il encore ajouté.

De son côté, le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), a souligné que le "plan qui nous est présenté signifie que de vastes zones de Gaza (...) resteront privées d'approvisionnement".

Les organisations d'aide internationale, de même que les Palestiniens de Gaza, témoignent depuis des semaines d'une situation humanitaire dramatique, notamment en raisons des pénuries de biens de première nécessité.

Le Programme alimentaire mondial (PAM), un des principaux fournisseurs de nourriture dans la bande de Gaza, a annoncé le 25 avril y avoir "épuisé tous ses stocks".


Jordanie: une touriste belge et son fils morts dans des inondations 

Cette photo prise le 10 novembre 2018 à Wadi Musa, près de Petra, dans l'ouest de la Jordanie, montre des travailleurs opérant une excavatrice après les crues soudaines qui ont tué plusieurs personnes dans la région. (AFP)
Cette photo prise le 10 novembre 2018 à Wadi Musa, près de Petra, dans l'ouest de la Jordanie, montre des travailleurs opérant une excavatrice après les crues soudaines qui ont tué plusieurs personnes dans la région. (AFP)
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  • Les équipes de secours ont retrouvé "les corps d'une femme et de son fils, tous deux de nationalité belge, qui avaient disparu après des inondations dans la région de Choubak, à environ 200 km au sud d'Amman"
  • "Les corps retrouvés après plusieurs heures de recherches dans des conditions météorologiques difficiles ont été évacués", a-t-il ajouté sans autre précision

AMMAN: Une touriste belge et son fils, disparus pendant plusieurs heures, ont péri dans des inondations dans le sud de la Jordanie, ont annoncé lundi les autorités, au lendemain de l'évacuation du site antique de Pétra après des crues.

Les équipes de secours ont retrouvé "les corps d'une femme et de son fils, tous deux de nationalité belge, qui avaient disparu après des inondations dans la région de Choubak, à environ 200 km au sud d'Amman", selon un communiqué de la Direction de la sûreté générale.

"Les corps retrouvés après plusieurs heures de recherches dans des conditions météorologiques difficiles ont été évacués", a-t-il ajouté sans autre précision.

Selon des déclarations du gouverneur de Maan, Hassan al-Jabour, rapportées par la chaîne de télévision officielle Al-Mamlaka, la Belge et ses trois enfants faisaient partie d'un groupe de touristes comprenant également 14 Tchèques en "voyage d'aventure" dimanche, sans guide.

Les autorités ont réussi à évacuer la majorité du groupe mais la Belge et ses trois enfants ont disparu, a-t-il ajouté. Les équipes de secours ont trouvé deux des enfants en "bonne santé".

La veille, les autorités jordaniennes ont évacué près de 1.800 touristes de Pétra, dans le sud du pays, après des crues dans la région, de plus en plus sujette aux pluies intenses et tempêtes. Aucune victime n'a été signalée après que des inondations ont touché le site antique, selon un responsable.

L'autorité météorologique a diffusé une vidéo montrant de violentes crues s'abattant sur le site antique tandis que des visiteurs se rassemblaient à l'entrée de la Khazneh, l'un de ses édifices les plus emblématiques, en attendant leur évacuation.

Classé au patrimoine mondial de l'Unesco, le site de Pétra est célèbre pour ses temples monumentaux taillés dans la roche rose. Il a été désignée en 2007 comme l'une des sept merveilles du monde à l'issue d'un vote en ligne.


Attaque contre une boîte de nuit à Damas, une femme tuée selon une ONG

Des personnes passent devant l'entrée fermée de la boîte de nuit al-Karawan, qui a été attaquée par des hommes armés pendant la nuit, dans la rue Saadallah al-Jabri de Damas, le 5 mai 2025. (AFP)
Des personnes passent devant l'entrée fermée de la boîte de nuit al-Karawan, qui a été attaquée par des hommes armés pendant la nuit, dans la rue Saadallah al-Jabri de Damas, le 5 mai 2025. (AFP)
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  • La boîte de nuit était fermée lundi matin sur ordre des forces de sécurité, selon un gardien d’un bâtiment voisin
  • Un habitant de la rue où se trouve le cabaret a déclaré qu’une voiture transportant des membres des forces de sécurité était garée à l'angle de la rue depuis plusieurs jours et surveillait les lieux

DAMAS:  Des inconnus ont tiré à l'arme automatique lundi avant l'aube dans une boîte de nuit en plein centre de Damas, tuant une femme, la deuxième attaque du genre en une semaine, selon un témoin et une ONG.

Les motivations des assaillants n'étaient pas connues dans l'immédiat. Et les autorités n'ont pas répondu aux sollicitations de l'AFP.

Après l'arrivée au pouvoir en décembre d'Ahmad al-Chareh, qui a dirigé la coalition de rebelles islamistes radicaux ayant renversé Bachar al-Assad, experts et intellectuels ont dit craindre une islamisation de la société syrienne. La communauté internationale a appelé les nouvelles autorités à respecter les libertés.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "des hommes armés non identifiés ont attaqué à l’arme automatique le cabaret al-Karouane dans le quartier Hijaz, tuant une danseuse et blessant plusieurs personnes".

"J’ai entendu des coups de feu à l’aube et je n'ai osé entrer dans la boîte qu'une fois les tirs terminés", a dit à l'AFP un témoin s'exprimant sous le couvert de l'anonymat. "J’ai vu le corps d’une femme, des traces de sang au sol, une scène de chaos."

La boîte de nuit était fermée lundi matin sur ordre des forces de sécurité, selon un gardien d’un bâtiment voisin.

Un habitant de la rue où se trouve le cabaret a déclaré qu’une voiture transportant des membres des forces de sécurité était garée à l'angle de la rue depuis plusieurs jours et surveillait les lieux.

L’attaque est survenue quelques heures après la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo, filmée par une caméra de surveillance, montrant un groupe armé attaquer une autre boîte de nuit dans le centre de Damas il y a quelques jours.

Dans la vidéo, authentifiée par l’AFP, on voit des hommes armés s’approcher de la boîte de nuit, puis frapper à coups de crosse les clients paniqués, hommes et femmes, en pleine fuite. Une femme y apparaît trébuchant à deux reprises sous les coups.

Le ministère de l’Intérieur a annoncé, selon la chaîne syrienne Al-Ekhbariya dimanche, l’arrestation des assaillants.

La vidéo "montre un groupe de militaires attaquant des civils dans un quartier de Damas. Les auteurs de l’agression ont été identifiés, arrêtés et remis à la justice", a indiqué le ministère.

"Toute agression à l'encontre des citoyens ou des infrastructures publiques sera punie par la justice", a-t-il souligné.