Explosion de Beyrouth : Les familles des victimes protestent après la suspension du juge

Des militants et des proches des victimes de l'explosion du port de Beyrouth portant des pancartes alors qu'ils manifestent le 29 septembre 2021 devant le palais de justice de Beyrouth, pour protester contre la suspension de l'enquête sur l'explosion du port du 4 août 2020. (Photo, AFP)
Des militants et des proches des victimes de l'explosion du port de Beyrouth portant des pancartes alors qu'ils manifestent le 29 septembre 2021 devant le palais de justice de Beyrouth, pour protester contre la suspension de l'enquête sur l'explosion du port du 4 août 2020. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 30 septembre 2021

Explosion de Beyrouth : Les familles des victimes protestent après la suspension du juge

  • Les manifestants ont exprimé leur soutien au juge Bitar, dont les citations à comparaître visant de hauts responsables ont fait de lui une cible de menaces et de critiques
  • Une déclaration des familles a été lue devant le Palais de Justice critiquant la menace du Hezbollah contre le juge chargé de l’enquête

BEYROUTH : Les proches des personnes tuées dans l'explosion du port de Beyrouth l'année dernière ont protesté mercredi contre la suspension de l’enquête sur cette tragédie.

L'explosion a tué plus de 200 personnes, blessé des milliers et ravagé la capitale.

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Des militants et des proches des victimes de l'explosion du port de Beyrouth portant des pancartes alors qu'ils manifestent le 29 septembre 2021 devant le palais de justice de Beyrouth, pour protester contre la suspension de l'enquête sur l'explosion du port du 4 août 2020. (Photo, AFP)

 

Tarek Bitar, le juge chargé de l'enquête, a dû suspendre son investigation lundi, après ce que les familles et les groupes de défense des droits de l’homme ont déclaré être un autre cas flagrant d'obstruction politique.

Brandissant des portraits de leurs proches et des pancartes appelant à la justice, les manifestants ont exprimé leur soutien à Bitar, dont les citations à comparaître visant de hauts responsables ont fait de lui une cible de menaces et de critiques.

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Les manifestants étaient encerclés par les forces de sécurité, mais ils ont été rejoints par des militants de la société civile, des droits de l’homme, des organisations sociales et humanitaires, notamment des médecins, des ingénieurs et des étudiants universitaires. (Photo, AFP)

 

Le député Nohad Machnouk, ancien ministre de l'Intérieur, a demandé le renvoi de Bitar de l'affaire.

Machnouk a déposé un recours contre le juge la semaine dernière. Machnouk est l'un des hauts responsables soupçonnés de négligence, une accusation portée par Bitar.

Bitar a suspendu son enquête et toutes les procédures liées à l'affaire, dans l'attente d'une décision de la Cour d'appel de Beyrouth d'accepter ou de rejeter l'appel déposé par Machnouk.

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D'autres slogans étaient de nature plus politique, comme « l’Iran dehors » et «Oui à la neutralité et oui à une conférence internationale pour le Liban». (Photo, AFP)

 

Les manifestants en sanglots ont exigé de savoir qui a tué leurs enfants. Une mère a déclaré à Arab News : «J'espère qu'ils ne feront pas de nous des criminels qui poursuivront les coupables. Nous ne sommes pas des hors-la-loi. Nous voulons la vérité de la justice, alors laissez le juge Bitar faire son travail parce que nous lui faisons confiance. Il ne faut pas nous pousser à prendre les choses en main».

Un groupe d'avocats est entré dans le palais de justice et a accroché une banderole géante à un balcon donnant sur le hall.

La banderole présentait des photos des victimes de l'explosion et la phrase suivante : «Ne les tuez pas deux fois».

Les avocats ont scandé des slogans demandant un verdict juste et exigeant que la Cour d'appel de Beyrouth rejette la plainte de Machnouk.

D'autres slogans de banderole se lisent comme suit : «Dernière chance pour la justice au Liban», «Le Liban est pris en otage et il est assiégé» et «Nous n'oublierons jamais».

D'autres slogans étaient de nature plus politique, comme « l’Iran dehors » et «Oui à la neutralité et oui à une conférence internationale pour le Liban».

Les manifestants étaient encerclés par les forces de sécurité, mais ils ont été rejoints par des militants de la société civile, des droits de l’homme, des organisations sociales et humanitaires, notamment des médecins, des ingénieurs et des étudiants universitaires.

Ils ont condamné «les pratiques anormales, les pressions et les menaces flagrantes exercées par des partis au pouvoir».

Les manifestants ont exigé une «protection internationale» pour le Liban parce qu'il est «assiégé par une autorité et des politiciens corrompus qui ont détruit et volé le Liban et sont toujours au pouvoir et qui se protègent maintenant mutuellement».

Ils ont déclaré qu'il n'y a «aucun espoir de sauver le Liban de la corruption, du crime et du vol à la lumière de ce système au pouvoir et au moment où la situation du peuple libanais va de pire en pire».

Le délai pour Bitar afin d’exprimer son opinion sur le cas de Machnouk et le signaler au tribunal était fixé pour jeudi à midi.

Le président Michel Aoun a tweeté que toute condamnation ou acquittement était déterminé par la décision finale du tribunal, et non par l'enquête.

«L'enquête n'est pas le pouvoir judiciaire», a-t-il signalé. «Si l'enquête s'est trompée, il y a trois phases de correction : l'ouverture de l’enquête, l'appel et la cassation. Par conséquent, les enquêtes doivent se poursuivre afin que les coupables soient condamnés et que les innocents soient acquittés».

Une déclaration des familles a été lue devant le Palais de Justice. Elle a critiqué la menace du Hezbollah contre Bitar.

«Cette affaire nous a rapprochés et le principal suspect est celui qui menace le juge à l'intérieur du palais de justice», a-t-elle ajouté.

Ce mercredi, le ministère français des Affaires étrangères a exprimé ses regrets quant à la suspension de l'enquête.

«Le peuple libanais a le droit de connaître la vérité sur l'explosion du port de Beyrouth et la justice libanaise doit travailler en toute transparence», a-t-il précisé.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a souligné la nécessité pour les autorités libanaises de mener «une enquête rapide, indépendante, impartiale, approfondie et transparente sur l'explosion qui a secoué le port en août 2020».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
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  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
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  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
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  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com