Entre Israël et Ramallah, des petits pas à défaut de paix

Le leader palestinien Mahmoud palestinien a récemment rencontré des ministres israéliens à Ramallah (Photo, AFP).
Le leader palestinien Mahmoud palestinien a récemment rencontré des ministres israéliens à Ramallah (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 05 octobre 2021

Entre Israël et Ramallah, des petits pas à défaut de paix

  • Des ministres israéliens sont récemment allés en Cisjordanie occupée rencontrer Mahmoud Abbas, une première en près d'une décennie
  • Aujourd'hui, près de 80% des Palestiniens souhaitent la démission de Mahmoud Abbas, selon un baromètre récent du Centre de recherche palestinien sur la politique et les sondages

JERUSALEM: Changement de ton entre Israël et Ramallah? Des ministres israéliens sont récemment allés en Cisjordanie occupée rencontrer Mahmoud Abbas, une première en près d'une décennie visant à "améliorer" la vie des Palestiniens sans toutefois aborder la question épineuse de la paix.

Benjamin Netanyahu et Mahmoud Abbas s'étaient ignorés. Mais depuis l'arrivée en juin d'un gouvernement de coalition ayant mis fin à 12 ans de règne de M. Netanyahu, trois ministres israéliens se sont rendus au siège de l'Autorité palestinienne, à Ramallah, à commencer par celui de la Défense Benny Gantz fin août.

Et dimanche soir, les ministres de la Santé Nitzan Horowitz et de la Coopération régionale Issawi Freij lui ont emboîté le pas, pour "établir des ponts et de la confiance" entre les deux camps, a fait valoir la présidence palestinienne.

"Nous avons une mission commune: maintenir l'espoir d'une paix fondée sur une solution à deux Etats", a renchéri M. Horowitz, chef de la formation de gauche Meretz, membre d'une coalition hétéroclite réunissant la droite, le centre, la gauche et même un parti arabe.

Un ultimatum ?

Pourquoi un tel dialogue maintenant? "Mahmoud Abbas tente de tirer profit du contexte diplomatique", estime l'analyste israélien Uzi Rabi, directeur du centre de recherche Moshe Dayan sur le Moyen-Orient à l'université de Tel-Aviv.

Un contexte qui tient selon lui à trois éléments: une administration Biden qui est plus sensible aux Palestiniens que celle de Trump, des membres de la coalition en Israël qui cherchent à sauvegarder la solution à deux Etats et un président palestinien peu populaire mais qui se présente comme la seule option viable face aux islamistes du Hamas.

Aujourd'hui, près de 80% des Palestiniens souhaitent la démission de Mahmoud Abbas, selon un baromètre récent du Centre de recherche palestinien sur la politique et les sondages (PCPSR), évoquant un taux "sans précédent", plaçant le Hamas devant le Fatah de M. Abbas en cas d'élections. 

Si Mahmoud Abbas rencontre des ministres israéliens, cela ne l'empêche pas de tancer l'Etat hébreu à qui il a donné "un an" lors d'un discours récent à l'ONU pour se "retirer des Territoires palestiniens occupés", menaçant dans le cas contraire de ne plus reconnaître Israël.

Plus de 675.000 colons vivent en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, territoires occupés depuis 1967. Personne ne s'attend à voir Israël se retirer de ces territoires d'ici un an, et ce délai a plutôt été interprété comme une façon pour Mahmoud Abbas, 86 ans, d'agiter le risque d'une Autorité palestinienne sans lui. 

"Il a suggéré que si rien n'était fait, la situation pourrait s'avérer chaotique" après son départ, souligne M. Rabi, d'où le besoin pour Israël de maintenir une Autorité palestinienne et d'améliorer le sort économique des Palestiniens pour stabiliser les Territoires.  

Le chef de la diplomatie israélienne Yaïr Lapid a lui récemment déposé un plan pour soutenir l'Autorité palestinienne face au Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza et considéré comme une organisation "terroriste" par Israël. Le but est d'"améliorer" les conditions de vie des Palestiniens et "créer de meilleures conditions pour de futurs pourparlers".

«Aucun processus de paix»

"Les Israéliens veulent une Autorité palestinienne faible, mais présente. Ils veulent parler de questions humanitaires mais ne veulent pas aller plus loin, ils ne veulent pas entendre parler de droits ou de libertés politiques", estime l'analyste palestinienne Diana Buttu.

"Il n'y a aucun processus de paix en cours avec les Palestiniens et il n'y en aura pas", avait d'ailleurs affirmé début septembre une source proche du Premier ministre israélien Naftali Bennett, considéré comme un partisan de la solution à "un Etat", un grand Israël dans lequel les Palestiniens auraient le même niveau de vie que les Israéliens.

"Abbas pense qu'en rencontrant les partis israéliens (...) il créera une impulsion pour faire pression sur Bennett" et créer une "dynamique" favorable à la reprise de pourparlers de paix dans les limbes depuis 2014, estime l'analyste palestinien Khalil Shaheen. 

Mais cette stratégie pourrait s'avérer "inefficace", souligne-t-il, car les ministres israéliens rencontrés par M. Abbas ont davantage intérêt à la "survie" de leur propre gouvernement de coalition qu'à des pourparlers de paix.

"Le gouvernement israélien s'est entendu pour éviter les sujets controversés comme la question palestinienne qui pourrait le faire trébucher en une minute", renchérit M. Rabi. 


Le prince Faisal copréside le comité saoudo-tunisien chargé de renforcer la coopération politique

Un mémorandum d'entente pour la coopération en matière de formation diplomatique a été signé entre les académies des deux pays. (SPA)
Un mémorandum d'entente pour la coopération en matière de formation diplomatique a été signé entre les académies des deux pays. (SPA)
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  • Signature d'un protocole d'accord entre l'Institut d'études diplomatiques Prince Saud Al Faisal et l'Académie diplomatique de Tunisie
  • Le Prince Faisal bin Farhan a rencontré le Président tunisien Kais Saied au Palais de Carthage

LONDRES: Le prince Faisal bin Farhan, ministre saoudien des Affaires étrangères, a coprésidé la quatrième session du Comité de suivi et de consultation politique saoudo-tunisien avec son homologue tunisien, Mohamed Ali Al-Nafti, mardi à Tunis, la capitale du pays.

La réunion a porté sur les relations et les questions communes entre Riyad et Tunis, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Les deux parties ont souligné la nécessité d'une collaboration et d'une coordination continues sur les principales questions régionales et internationales afin de promouvoir des solutions pacifiques et de renforcer la sécurité, la stabilité et la prospérité.

Un protocole d'accord pour la coopération en matière de formation diplomatique a été signé entre l'Institut d'études diplomatiques Prince Saud Al Faisal et l'Académie diplomatique de Tunisie par Abdulaziz Ali Al-Sager, l'ambassadeur saoudien en Tunisie, et Riadh Dridi, le directeur général de l'Académie.

Mardi, le prince Fayçal a rencontré le président tunisien Kais Saied au palais de Carthage. La discussion a porté sur les relations bilatérales et la coopération entre les deux pays, ainsi que sur leurs efforts conjoints pour renforcer la sécurité et la stabilité régionales, selon SPA.


Condamnation saoudienne et arabe de l'attaque «criminelle» d'Israël à Doha

Cette image extraite d'une vidéo de l'AFPTV montre un homme regardant la fumée qui s'élève après des explosions dans la capitale du Qatar, Doha, le 9 septembre 2025. (AFP)
Cette image extraite d'une vidéo de l'AFPTV montre un homme regardant la fumée qui s'élève après des explosions dans la capitale du Qatar, Doha, le 9 septembre 2025. (AFP)
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  • Le prince Mohammed ben Salmane s'est entretenu avec l'émir du Qatar, réaffirmant la "pleine solidarité" du royaume
  • Les ministères des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, du Qatar et de la Jordanie condamnent également l'attaque "flagrante et lâche"

RIYAD: L'Arabie saoudite a fermement condamné mardi ce qu'elle a qualifié d'"agression israélienne brutale" contre le Qatar après une attaque contre la capitale Doha, qui, selon Israël, était une frappe visant des responsables du Hamas dans la ville.

Dans une déclaration, le ministère des Affaires étrangères a dénoncé l'attaque comme "une violation flagrante du droit international et de la Charte des Nations Unies" et a averti qu'elle déstabiliserait davantage la région, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Le Royaume a mis en garde contre les conséquences désastreuses résultant de la persistance d'Israël dans ses violations criminelles et de sa violation flagrante des principes du droit international et de toutes les normes internationales.

L'Arabie saoudite a appelé la communauté internationale à condamner cette agression odieuse et à mettre fin aux violations israéliennes qui portent atteinte à la sécurité et à la stabilité de la région.

Le prince héritier Mohammed bin Salman s'est entretenu au téléphone avec l'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, réaffirmant la "pleine solidarité" du Royaume avec le Qatar après "l'attaque israélienne flagrante contre l'État du Qatar, qui constitue un acte criminel et une violation flagrante des lois et des normes internationales", a rapporté SPA.

Il s'est engagé à mettre "toutes les capacités" à la disposition du Qatar pour soutenir toute mesure prise pour protéger sa sécurité et sa souveraineté.

Les Émirats arabes unis ont également dénoncé l'attaque, le ministre des affaires étrangères, Sheikh Abdullah bin Zayed Al-Nahyan, la qualifiant de violation "flagrante et lâche" de la souveraineté du Qatar et du droit international.

Il a réaffirmé l'entière solidarité des Émirats arabes unis avec Doha, a demandé instamment l'arrêt immédiat de l'escalade militaire et a averti que les actions israéliennes incontrôlées risquaient d'entraîner la région dans une instabilité dangereuse, avec de graves conséquences pour la sécurité mondiale, a rapporté l'agence de presse des Émirats arabes unis (Emirates News Agency).

Le ministère qatari des affaires étrangères a déclaré qu'il ne "tolérerait pas ce comportement israélien imprudent, l'altération permanente de la sécurité régionale et toute action visant la sécurité et la souveraineté du Qatar".

Le ministère jordanien des affaires étrangères et des expatriés a également condamné fermement le bombardement israélien de Doha, le qualifiant de "violation flagrante du droit international et de la charte des Nations unies, et d'attaque flagrante contre la souveraineté et la sécurité du Qatar".

Le porte-parole du ministère, Fuad Majali, a déclaré que l'attaque risquait de pousser la région vers "davantage de violence et de conflit" tout en menaçant la stabilité régionale et internationale, a rapporté l'agence de presse jordanienne.

M. Majali a réaffirmé le "soutien total et la solidarité de la Jordanie avec le Qatar frère" et a exhorté la communauté internationale à contraindre Israël à mettre fin à son escalade et à adhérer au droit international et aux normes humanitaires.

Le roi Abdallah, lors d'un appel avec l'émir Al-Thani, a condamné l'attaque et a déclaré que "la sécurité du Qatar est la sécurité de la Jordanie".

L'Égypte a déclaré que l'attaque constituait un "dangereux précédent et rejetait toute évolution", ajoutant que l'escalade "sapait les efforts mondiaux en faveur d'une désescalade dans la région".

Le Conseil de coopération du Golfe et la Ligue musulmane mondiale ont également condamné l'attentat.


Liban: l'armée achèvera de désarmer le Hezbollah près de la frontière avec Israël d'ici trois mois

L’armée libanaise doit achever le désarmement du Hezbollah dans la partie du sud du pays proche de la frontière avec Israël d'ici trois mois, a déclaré mardi à l'AFP le ministre des Affaires étrangères du Liban, Youssef Raggi. (AFP)
L’armée libanaise doit achever le désarmement du Hezbollah dans la partie du sud du pays proche de la frontière avec Israël d'ici trois mois, a déclaré mardi à l'AFP le ministre des Affaires étrangères du Liban, Youssef Raggi. (AFP)
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  • En août, le gouvernement avait demandé à l’armée de préparer un plan de désarmement d’ici la fin de l’année
  • Le chef de l'armée Rodolphe Haykal l’a présenté le 5 septembre en Conseil des ministres, mais le texte ne respecte pas pleinement l'échéance fixée par l'exécutif

BEYROUTH: L’armée libanaise doit achever le désarmement du Hezbollah dans la partie du sud du pays proche de la frontière avec Israël d'ici trois mois, a déclaré mardi à l'AFP le ministre des Affaires étrangères du Liban, Youssef Raggi.

Le Hezbollah pro-iranien est sorti très affaibli d'une guerre avec Israël à laquelle un cessez-le-feu a mis fin le 27 novembre 2024 mais refuse de remettre ses armes, accusant le gouvernement libanais de faire le jeu d'Israël et des Etats-Unis.

En août, le gouvernement avait demandé à l’armée de préparer un plan de désarmement d’ici la fin de l’année. Le chef de l'armée Rodolphe Haykal l’a présenté le 5 septembre en Conseil des ministres, mais le texte ne respecte pas pleinement l'échéance fixée par l'exécutif.

M. Raggi a précisé que le plan présenté par l'armée et qui vise à assurer le monopole des armes par l’Etat sur l'ensemble du Liban, comportait cinq phases.

La première stipule que "le désarmement sera achevé au sud du fleuve Litani", à une trentaine de kilomètres de la frontière israélienne, d'ici "trois mois", soit fin novembre 2025, selon le ministre.

À cette date, "il ne restera plus ni dépôts, ni armes, ni transferts d’armes, ni combattants, ni présence armée" dans la zone située au sud du fleuve Litani, a-t-il ajouté.

Parallèlement, la mise en œuvre de cette première étape s'accompagnera de "mesures de sécurité" sur l'ensemble du territoire, a poursuivi M. Raggi.

Selon lui, l'armée "renforcera et multipliera les postes de contrôle, interdira le transport et le port d'armes (…) sans toutefois effectuer de perquisitions ou d'arrestations, et sans saisir les armes stockées. Mais au moins, le transfert d’armes d’une région à une autre ne sera plus autorisé".

"Plus de temps" 

Le chef de la diplomatie a ajouté que les quatre autres étapes concerneront progressivement les autres régions du Liban, "mais sans échéances précises".

La zone frontalière a longtemps constitué un bastion du Hezbollah, qui y avait notamment creusé des tunnels pour ses combattants et ses armes. En juin déjà, le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, avait déclaré que l'armée libanaise avait démantelé "plus de 500 positions militaires et dépôts d'armes" dans le sud du pays.

Vendredi, le gouvernement libanais a salué le plan présenté par le commandant en chef de l’armée. Le ministre de l’Information, Paul Morcos, avait expliqué que "l’armée libanaise allait entamer la mise en œuvre du plan mais dans la limite des moyens disponibles, qui sont restreints sur les plans logistique, matériel et humain".

M. Raggi a confirmé mardi que "le commandant chef de l’armée nous a dit qu’il n’y avait pas les moyens humains, matériels et techniques pour tout faire dans le délai fixé par le gouvernement, et qu’il lui fallait plus de temps".

"Pression diplomatique" 

En août, le gouvernement avait également approuvé les objectifs d’une proposition américaine faite par l’émissaire Tom Barrack, détaillant un calendrier et des modalités de désarmement, et prévoyant aussi le retrait israélien de cinq positions encore occupées dans le sud.

Le gouvernement libanais reproche à Israël de ne pas avoir respecté la feuille de route apportée par l'émissaire américain.

Mais selon M. Raggi, "le monopole des armes n’est pas liée à la proposition de M. Barrack mais découle de la Constitution".

Le ministre a par ailleurs demandé qu’"Israël cesse ses attaques et se retire du sud", affirmant que le Liban exerçait un "pression diplomatique" en ce sens.

Conformément à l'accord de cessez-le-feu, surveillé par les Etats-Unis, la France et l'ONU, le Hezbollah devait retirer ses forces et démanteler toute infrastructure militaire au sud du Litani.

Israël, qui devait de son côté retirer ses troupes du Liban, s'est maintenu dans cinq positions frontalières et mène régulièrement des frappes sur le territoire libanais, disant viser le Hezbollah, très affaibli par la guerre.