«L'histoire prouve que mon père avait raison», confie à Arab News le fils d'el-Sadate

Le président égyptien assassiné, Anouar el-Sadate (Photo, AN).
Le président égyptien assassiné, Anouar el-Sadate (Photo, AN).
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Publié le Mercredi 06 octobre 2021

«L'histoire prouve que mon père avait raison», confie à Arab News le fils d'el-Sadate

  • Gamal el-Sadate évoque dans une interview exclusive l'héritage politique de son père, les valeurs qu'il a apprises de lui et les souvenirs qu'il garde du jour de son assassinat
  • Deux ans avant son assassinat, à l’occasion d’une initiative inédite de la part d'un dirigeant arabe, Anouar el-Sadate s’était rendu en Israël pour y négocier un accord de paix permanent

LE CAIRE: Le Caire, le 6 octobre 1981. Des extrémistes islamistes abattent le président égyptien, Anouar el-Sadate. Ce jour-là, il assistait à une parade militaire pour célébrer la guerre de 19773 contre Israël. C'est à 14h40 qu’Anouar el-Sadate est décédé des suites d'un «traumatisme nerveux intense et d'une hémorragie interne au niveau de la cage thoracique» après avoir été transporté d'urgence à l'hôpital militaire de Maadi.

Deux ans plus tôt, M. El-Sadate était devenu le premier dirigeant arabe à faire la paix avec Israël. Cette décision soulèvera un tollé auprès de nombreux Égyptiens et entraînera de violentes manifestations contre l’homme. Mais le processus de paix se poursuivra sans Sadate et, en 1982, l'Égypte nouera officiellement des relations diplomatiques avec Israël.

À l'approche du 40e anniversaire de l'assassinat d'Anouar el-Sadate, Gamal el-Sadate, son fils et président d'Etisalat Misr, accorde une interview exclusive à Arab News pour évoquer l'héritage politique de son père, les valeurs qu'il a apprises de lui et les souvenirs qu'il garde de ce jour funeste.

«Le 6 octobre 1981, j'étais en voyage aux États-Unis avec des amis», nous confie Gamal el-Sadate. «Je venais d'arriver en Floride pour une partie de pêche qui n'a jamais eu lieu. C'était la première fois que je n'assistais pas au défilé.»

Revenons au Caire. Un groupe d'officiers en uniformes militaires dirigé par un lieutenant de l'armée égyptienne du nom de Khaled al-Islambouli fait halte devant la tribune de la parade. À coups de feu et de grenades, ils assaillent les représentants du gouvernement égyptien.

Anouar el-Sadate est touché par quatre balles. Il meurt deux heures plus tard, comme dix autres personnes.

Le président égyptien, Anouar el-Sadate, lors d'une visite privée à Paris, le 11 février 1981 (Photo, AFP).

«Ce matin-là, un appel du directeur du centre de villégiature me réveille. Il me prévient qu’une fusillade a eu lieu lors du défilé et que mon père est blessé», raconte Gamal el-Sadate.

«J'ai essayé d'appeler Le Caire, sans succès. J'ai alors allumé la télévision. Le journal annonçait qu'Anouar el-Sadate était dans un état stable malgré la balle qui l'avait blessé au bras. J’ai continué à appeler Le Caire et j’ai réussi à joindre ma mère [Jihane el-Sadate]. “Ton père est mort”, m’a-t-elle dit.»

Au moment de l'attaque meurtrière, Jihane el-Sadate se trouvait dans les tribunes du défilé militaire, à quelques mètres de son mari.

Gamal el-Sadate garde en mémoire les événements qui ont suivi son retour au Caire. Il se souvient que l'autopsie de son père n'avait pas encore été réalisée. On pensait à l'époque que l'assassinat d'Anouar el-Sadate était probablement un coup monté de l'intérieur.

Gamal el-Sadate se souvient de s’être rendu tout droit à la résidence de sa famille. Mais un obstacle l'y attendait. «Je reçois un appel du Dr Fouad Mohideen, Premier ministre à cette époque, qui me dit: “Nous souhaitons procéder à une autopsie car une balle est coincée quelque part. Nous devons nous en assurer car certains pensent que des gardes du corps de ton père seraient à l'origine de son assassinat”.»

Gamal el-Sadate répond qu'il souhaite être présent lors de l'autopsie.

«L'autopsie a révélé que mon père s'est levé au moment où la fusillade a commencé et qu'il a reçu des balles dans le bras et la cuisse. Elles n'ont pas été fatales», explique-t-il.

«Cependant, une autre balle tirée à partir de l'un des camions du cortège par un fusil d'assaut AK-74 a rebondi sur le comptoir situé devant mon père. Elle est montée vers le haut et a pénétré sa poitrine. La balle a traversé son cœur et s'est logée dans son cou.»

«Cette constatation a dissipé les soupçons selon lesquels le meurtre de mon père était un complot interne. Ses agents de sécurité ne portaient que des armes de poing.»

 

Deux ans avant son assassinat, à l’occasion d’une initiative inédite de la part d'un dirigeant arabe, Anouar el-Sadate s’était rendu en Israël pour y négocier un accord de paix permanent au terme du conflit qui sévissait depuis plusieurs décennies.

Sa réunion avec le Premier ministre israélien d’alors, Menahem Begin, et le discours qu’il a prononcé devant le Parlement israélien ont soulevé une vague d'indignation dans la plupart des pays arabes. En revanche, la communauté internationale a réagi de manière différente: Sadate et Begin se sont vu décerner le prix Nobel de la paix en 1978.

Gamal el-Sadate nous confie: «Avant sa visite à Jérusalem, mon père s'est rendu en Syrie, où il a rencontré le président [Hafez] al-Assad pour lui proposer de l'accompagner. Le président Al-Assad était un grand ami de mon père. Cependant, sa réponse a été: “Non, je ne vous accompagnerai pas.” Mon père lui a dit: “Je vous prie de me donner la permission de parler en votre nom. Si j'échoue, j'en porterai le blâme. Si je réussis, nous aurons tous les deux réussi.” Mais Al-Assad a répliqué: “Non, je ne vous autoriserai pas non plus à prendre cette initiative.” Mon père est donc parti mécontent: à l'époque, cette proposition ne présentait aucun inconvénient pour la Syrie.»

Gamal el-Sadate poursuit: «Pour mon père, l'armée a joué son rôle jusqu'au bout; son rôle s'arrêtait là. La solution devait être politique. Il fallait recourir à la diplomatie. […] Il n'avait pas d'autre choix. [Il ne pouvait pas être] le dirigeant qui ne se souciait que de sa popularité et qui répétait inlassablement: “Je les balancerai [les Israéliens] dans la mer.” Il ne voulait pas bénéficier du soutien de tous les pays sans en profiter pour agir. En effet, personne ne pouvait balancer [les Israéliens] dans la mer, puisque les États-Unis et l'Union soviétique veillaient à leur sécurité.»

 

Malgré les critiques formulées par des alliés régionaux de l'Égypte, Sadate a poursuivi ses efforts de paix en concertation avec Begin. C'est ainsi que, au mois de septembre 1978, les deux dirigeants se sont retrouvés aux États-Unis, où ils ont négocié un accord à Camp David, dans le Maryland, avec le président Jimmy Carter. En effet, les accords de Camp David, les premiers à définir la paix entre l'État d'Israël et un pays arabe voisin, ont jeté les bases des relations diplomatiques et commerciales entre les deux pays.

Les efforts de paix ont été accueillis avec méfiance et hostilité dans le monde arabe. Outre les sanctions politiques, économiques et diplomatiques qui lui ont été imposées, l'Égypte a été exclue de la Ligue arabe, dont le siège a été temporairement transféré du Caire à la capitale tunisienne, Tunis.

À l'heure actuelle, outre l’Égypte, cinq pays arabes entretiennent des relations diplomatiques avec Israël: la Jordanie, les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Soudan et le Maroc.

Au lendemain de la guerre de  973 avec Israël, M. El-Sadate a été dépeint comme «le héros de la traversée», ce qui lui a valu un statut et une popularité remarquables. (Getty Images)

«Lorsque mon père a succédé à Gamal Abdel Nasser, il a proposé à plusieurs reprises de conclure la paix avec Israël, mais ces propositions n'ont jamais été prises au sérieux», affirme Gamal el-Sadate.

«On a fait abstraction de ses appels et il a fini par comprendre que le monde ne se pliait qu'au pouvoir. C'est la guerre d'Octobre qui a prouvé que l'Égypte ne fermerait pas les yeux sur l'occupation israélienne de son territoire.»

Gamal el-Sadate réfute toutefois la théorie qui veut que l'Égypte n’ait pas remporté la guerre de 1973.

 

«Les Israéliens ont franchi le côté ouest du canal de Suez, c'est vrai», concède-t-il. «Ils ont essayé de prendre le contrôle due la région de Suez, mais ils n'y sont pas parvenus, puisque c'était une ville civile. En outre, ils n’ont pas réussi à avancer davantage vers l'Ouest en raison des réserves égyptiennes qui bloquaient le chemin vers l'Ouest.»

«Mon père a compris très tôt [la nécessité de] conclure un accord de paix. Il était conscient que les conflits ne pouvaient pas être résolus par la guerre. Il souhaitait que d'autres pays arabes se joignent à l'Égypte pour signer l'accord de Camp David. L'histoire a montré que cette vision était pertinente. Les pays arabes entreprennent des relations solides avec Israël car ils ont fini par comprendre que la politique et le dialogue constituaient la seule solution», analyse Gamal el-Sadate.

Ce dernier rappelle par ailleurs la générosité dont son père a fait preuve à l'égard du chah d'Iran à la fin de sa vie, qui illustre les principes auxquels il était attaché. Leur amitié remonte aux années 1970. Pendant la guerre de 1973 avec Israël, Mohammed Reza Pahlavi s'est rangé aux côtés de l'Égypte et a soutenu ce pays en y envoyant de l'aide médicale et des médecins.

Le cercueil du président égyptien Anouar el-Sadate est transporté sur un affût de canon lors de ses funérailles, le 10 octobre 1981, au Caire. (Photo, AFP)

Renversé par la révolution islamique en 1979, le chah se rend au Maroc, dans les Bahamas, au Mexique, aux États-Unis et au Panama. Puis, le 24 mars 1980, il trouve refuge en Égypte, où il est accueilli par le président Sadate.

«Mon père ne souhaitait pas se faire d’ennemis et ne voulait pas faire de peine aux autres. Mais il ne pouvait pas ignorer [le fait] que cet homme avait soutenu l'Égypte; ce n’est pas mon père qu'il a soutenu, mais l'Égypte, au moment où elle avait besoin d'aide», précise Gamal el-Sadate.

Pour lui, Anouar el-Sadate ne fut pas seulement le président de l'Égypte dont le nom est gravé dans l'histoire: il se souvient aussi de son père comme une personne aimable et modeste.

«Je ne suis pas objectif – je suis son fils, après tout –, mais ce que je dis est vrai», affirme-t-il. «Anouar el-Sadate avait les pieds sur terre. Il a mené une vie rude et marquée par la pauvreté. Il aimait la vie et avait compris qu'elle présentait d'autres dimensions que celles de l'argent et de la politique.»

En effet, la vie personnelle d'Anouar el-Sadate reflète tout simplement l'histoire tumultueuse de l'Égypte au XXe siècle. Né dans une famille de paysans qui vivait dans le delta du Nil, il a rejoint l'armée égyptienne. Il a défendu les intérêts des puissances de l'Axe lors de la Seconde Guerre mondiale et a participé aux campagnes contre les Britanniques, qui l'ont incarcéré.

Anouar el-Sadate était l'un des principaux officiers libres qui ont renversé le roi Farouk lors de la révolution égyptienne de 1952, et un confident d’Abdel Nasser, dont il a été le vice-président à deux reprises et auquel il a succédé à la tête du pays en 1970.

«Mon père était une personne pratiquante et humble», confie Gamal el-Sadate à Arab News. «Il m'a appris, ainsi qu'à mes frères et sœurs, à aimer notre pays et à respecter toujours les gens sans tenir compte de leur rang ou de leur station. Il priait avec les pauvres pour me montrer que nous sommes tous égaux.»

Jihane el-Sadate a consacré une grande partie de sa vie à la défense de la justice sociale et à l'émancipation des femmes en Égypte, jusqu'à ce qu’elle meure d'un cancer, à l'âge de 88 ans, au mois de juillet dernier. Avant de devenir une figure publique internationale, Mme El-Sadate a joué un rôle de premier plan dans la campagne qui visait à réformer la loi égyptienne sur le statut des femmes, qui accorde désormais aux femmes le droit de divorcer et de conserver la garde de leurs enfants.

On la voyait souvent sur les photographies aux côtés de son mari lors de visites officielles à l'étranger et dans des contextes plus intimes, à la maison avec sa famille.

Jihane el-Sadate a poursuivi ses études et a obtenu une maîtrise et un doctorat en littérature comparée. Par la suite, elle a notamment donné des conférences au Caire et aux États-Unis.

«À l'époque de Sadate comme après sa disparition, Jihane el-Sadate était une figure publique», souligne son fils. «C’était une femme de caractère. À la mort de mon père, elle a refusé de rester les bras croisés à la maison. Elle a poursuivi sa carrière et a obtenu un doctorat en littérature arabe. Elle s'est rendue aux États-Unis, où elle a enseigné en tant que professeure invitée.»

«Elle défendait les droits des femmes dans notre partie du monde. Elle a poursuivi cette mission jusqu’à une période très récente, avant de décider de passer plus de temps avec sa famille.»

Jihane el-Sadate n'avait que 46 ans lorsque son mari a été assassiné. Le reste de sa vie, elle a tenté de préserver son héritage en faveur de la paix en donnant des conférences aux quatre coins du monde.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


Cisjordanie: l'armée israélienne dit avoir tué un Palestinien qui lançait un engin explosif

L'armée israélienne a annoncé dimanche avoir tué un Palestinien qui, selon elle, lançait un engin explosif vers ses soldats lors d'un raid mené près de Naplouse, en Cisjordanie occupée, où l'Autorité palestinienne a indiqué qu'un homme de 19 ans avait succombé à des tirs israéliens. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé dimanche avoir tué un Palestinien qui, selon elle, lançait un engin explosif vers ses soldats lors d'un raid mené près de Naplouse, en Cisjordanie occupée, où l'Autorité palestinienne a indiqué qu'un homme de 19 ans avait succombé à des tirs israéliens. (AFP)
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  • "Au cours d’une opération (...) dans la région de Naplouse, un terroriste a lancé un engin explosif en direction des forces. Les forces ont riposté par des tirs et ont neutralisé le terroriste"
  • Le  ministère de la Santé palestinien a pour sa part annoncé que dans la nuit, "Hassan Ahmed Jamil Moussa (19 ans) a(vait) été tué par les tirs des forces d'occupation [Israël, NDLR] dans le camp d’Al-Askar", situé à l'est de Naplouse

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé dimanche avoir tué un Palestinien qui, selon elle, lançait un engin explosif vers ses soldats lors d'un raid mené près de Naplouse, en Cisjordanie occupée, où l'Autorité palestinienne a indiqué qu'un homme de 19 ans avait succombé à des tirs israéliens.

"Au cours d’une opération (...) dans la région de Naplouse, un terroriste a lancé un engin explosif en direction des forces. Les forces ont riposté par des tirs et ont neutralisé le terroriste", a indique un communiqué de l'armée israélienne.

Le  ministère de la Santé palestinien a pour sa part annoncé que dans la nuit, "Hassan Ahmed Jamil Moussa (19 ans) a(vait) été tué par les tirs des forces d'occupation [Israël, NDLR] dans le camp d’Al-Askar", situé à l'est de Naplouse.

Le jeune homme a été touché "par les balles des forces d'occupation lors de l'invasion du camp vers minuit la nuit dernière", a déclaré Majed Abu Kishk, le président du comité des services de ce camp de réfugiés.

"Il a été détenu par les forces d’occupation et, lorsqu’il a été remis aux services d'ambulance palestiniens, il était déjà décédé", a-t-il ajouté.

Les violences ont explosé en Cisjordanie depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sud d'Israël. Elles n'ont pas cessé, loin de là, avec la trêve fragile en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre.

Au moins 1.006 Palestiniens, combattants et civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 43 Israéliens, civils et soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.


La FINUL affirme avoir essuyé des tirs israéliens dans le sud du Liban

Une photographie prise depuis Israël montre une tour de guet de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) du côté libanais de la frontière séparant le nord d'Israël du sud du Liban, le 16 novembre 2025. (AFP)
Une photographie prise depuis Israël montre une tour de guet de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) du côté libanais de la frontière séparant le nord d'Israël du sud du Liban, le 16 novembre 2025. (AFP)
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  • Une source officielle établit un lien entre les tirs et la révélation par la FINUL de la construction par Israël d'un mur à l'intérieur du territoire libanais
  • L'armée libanaise a déclaré dans un communiqué que les violations israéliennes de sa souveraineté provoquaient l'instabilité dans le pays et empêchaient ses propres forces de se déployer dans le sud

BEYROUTH: La force de maintien de la paix de l'ONU au Liban a réitéré son appel à l'armée israélienne pour qu'elle cesse tout acte d'agression ou d'attaque contre ou à proximité de ses soldats.

Ces forces travaillent pour soutenir les efforts de restauration de la stabilité, un objectif qu'Israël et le Liban prétendent poursuivre, a déclaré la force de maintien de la paix.

Cet appel a été lancé après que les forces israéliennes ont tiré dimanche sur des soldats de la FINUL près d'une position occupée par Israël en territoire libanais.

La FINUL a qualifié l'incident de "grave violation de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies".

FAIT RAPIDE
L'armée libanaise a déclaré dans un communiqué que les violations israéliennes de sa souveraineté provoquaient l'instabilité dans le pays et empêchaient ses propres forces de se déployer dans le sud.

La FINUL a confirmé dans un communiqué qu'un char Merkava de l'armée israélienne "a tiré à la mitrailleuse lourde sur des soldats de la paix de la FINUL qui se trouvaient à environ 5 mètres d'une position établie par Israël à l'intérieur du territoire libanais. Les soldats étaient à pied et ont dû se mettre à l'abri dans la zone".

La FINUL a indiqué que "par ses canaux de communication, les soldats de la paix ont demandé à l'armée israélienne de cesser le feu. Ils ont pu partir en toute sécurité après 30 minutes, lorsque le char Merkava s'est retiré vers une position tenue par l'armée israélienne. Heureusement, personne n'a été blessé".

Le porte-parole de l'armée israélienne, Avichai Adraee, a déclaré sur son compte X que deux individus suspects avaient été observés près de Hamamis, dans le sud du Liban.

Il a ajouté que les forces israéliennes avaient procédé à des tirs de sommation pour les dissuader, et que les individus avaient quitté la zone sans être blessés.

Après avoir examiné l'incident, Adraee a déclaré qu'il était clair que les deux individus étaient des soldats de la FINUL qui effectuaient une patrouille dans la région.

Ils ont été identifiés comme suspects en raison des mauvaises conditions météorologiques. L'incident fait actuellement l'objet d'une enquête, a déclaré Israël.

Adraee a également affirmé qu'il n'y avait pas eu de tirs intentionnels contre les soldats de la FINUL, et que la question était traitée par les canaux officiels de coordination militaire.

L'incident au cours duquel des Israéliens ont tiré sur des soldats de la paix s'est produit moins de 48 heures après que la FINUL a révélé un important développement israélien sur le territoire libanais.

Vendredi, la force internationale a confirmé que l'armée israélienne avait construit des murs en territoire libanais, à proximité de la ligne bleue délimitée par les Nations unies.

En octobre, les forces de la FINUL ont inspecté un mur de béton en forme de T construit par l'armée israélienne au sud-ouest de la ville frontalière libanaise de Yaroun.

L'inspection a révélé que le mur s'étendait au-delà de la Ligne bleue, rendant plus de 4 000 mètres carrés de terres libanaises inaccessibles au peuple libanais.

En novembre, les forces de maintien de la paix ont constaté la construction d'autres murs en forme de T dans la région.

L'enquête a indiqué qu'une section du mur au sud-est de Yaroun s'étendait au-delà de la Ligne bleue, ce qui a conduit à des appels au retrait d'Israël.

Le commandement de l'armée libanaise a qualifié les tirs contre les soldats de la paix de "violation de la souveraineté libanaise, qui est condamnée".

Les attaques israéliennes déstabilisent le Liban et entravent le déploiement de l'armée dans le sud.

Le commandement de l'armée libanaise a publié une déclaration dans laquelle il confirme qu'il collabore avec des pays amis pour remédier aux violations persistantes commises par Israël.

Ces actions requièrent une attention immédiate, car elles sont le signe d'une grave escalade.

Une source politique officielle a déclaré à Arab News que l'attaque contre la FINUL était très probablement un message israélien en réponse à la divulgation par la FINUL des activités de l'armée israélienne autour de ses positions au Liban.

L'armée libanaise, déployée au sud du fleuve Litani, n'a pas le contrôle total de l'ensemble de la région frontalière en raison de l'occupation israélienne des points stratégiques de cette zone.

La divulgation par la FINUL des activités israéliennes a suscité le mécontentement d'Israël. Il est possible que l'armée libanaise ait eu connaissance de ces événements et en ait informé la FINUL, qui a ensuite révélé l'information.

La FINUL souligne systématiquement les infractions israéliennes à l'accord de cessez-le-feu dans toutes ses déclarations et lors des réunions de son mécanisme.

Bien qu'Israël nie avoir construit le mur, le président libanais Joseph Aoun a demandé vendredi soir au ministère des affaires étrangères de charger la mission permanente du Liban auprès des Nations unies de déposer une plainte urgente auprès du Conseil de sécurité.

M. Aoun a demandé que la plainte inclue les rapports de l'ONU qui contredisent le démenti d'Israël concernant la construction d'un mur et qui confirment la notification de la FINUL à Israël au sujet de son retrait.

Le Liban affirme que la présence et les activités continues d'Israël sur le territoire libanais violent la résolution 1701 des Nations unies et la souveraineté du pays.


Plus de la moitié de la population soudanaise a besoin d'aide humanitaire (ONG)

Des responsables soudanais inspectent des camions chargés d'aide humanitaire à Port-Soudan lors du lancement d'un convoi humanitaire à destination de la ville d'Al-Dabba, dans le nord du pays. (AFP)
Des responsables soudanais inspectent des camions chargés d'aide humanitaire à Port-Soudan lors du lancement d'un convoi humanitaire à destination de la ville d'Al-Dabba, dans le nord du pays. (AFP)
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  • Plus de 30 millions de Soudanais — la moitié de la population — ont besoin d’aide humanitaire alors que les violences et exactions se multiplient, notamment après la chute d’El-Facher
  • Le DRC dénonce l’inaction internationale face à une crise majeure ayant causé des millions de déplacés et des atrocités documentées à grande échelle

LE CAIRE: La secrétaire générale du Conseil danois pour les réfugiés (DRC), Charlotte Slente, a indiqué après une visite sur le terrain que plus de la moitié de la population soudanaise avait besoin d'aide humanitaire, alors que la guerre opposant l'armée aux paramilitaires fait rage.

"Plus de 30 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire. Cela représente la moitié de la population du Soudan", a déclaré Mme Slente dans un entretien téléphonique cette semaine avec l'AFP, de retour d'un déplacement à la frontière du Tchad avec le Darfour (ouest), une zone qui a vu affluer ces derniers mois des réfugiés soudanais fuyant la guerre.

La population du Soudan était estimée à 50 millions d'habitants en 2024, selon la Banque mondiale.

En s'emparant le 26 octobre de la ville d'El-Facher après 18 mois de siège, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont parachevé leur contrôle sur le Darfour, vaste région en proie à de multiples exactions ces dernières semaines.

Le Soudan est le théâtre de "violations de toutes les lois humanitaires internationales, telles que massacres et violences sexuelles", a alerté Mme Slente.

Le Tchad accueille un million et demi de réfugiés soudanais, dont la plupart vivent dans des camps situés le long de la frontière entre les deux pays.

La directrice de l'ONG a dénoncé une "inaction de la communauté internationale, qui s'est contentée de publier des communiqués". "L'impact des déclarations sur les besoins humanitaires sur le terrain est très limité, et elles n'ont certainement pas réussi à mettre fin à la violence", a-t-elle déploré.

Après la prise d'El-Facher, les combats se sont intensifiés dans la région de Kordofan, à l'est du Darfour, où les informations faisant état d'atrocités contre des civils se multiplient.

"Il semble que ce conflit ne retienne l'attention internationale que maintenant, en raison des atrocités et des effusions de sang massives qui ont eu lieu à El-Facher, à tel point qu'elles sont visibles depuis l'espace" grâce aux images satellites, a déclaré Mme Slente.

Déclenchée en avril 2023, la guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et plongé le pays dans la plus grande crise humanitaire au monde, selon l'ONU.