«L'histoire prouve que mon père avait raison», confie à Arab News le fils d'el-Sadate

Le président égyptien assassiné, Anouar el-Sadate (Photo, AN).
Le président égyptien assassiné, Anouar el-Sadate (Photo, AN).
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Publié le Mercredi 06 octobre 2021

«L'histoire prouve que mon père avait raison», confie à Arab News le fils d'el-Sadate

  • Gamal el-Sadate évoque dans une interview exclusive l'héritage politique de son père, les valeurs qu'il a apprises de lui et les souvenirs qu'il garde du jour de son assassinat
  • Deux ans avant son assassinat, à l’occasion d’une initiative inédite de la part d'un dirigeant arabe, Anouar el-Sadate s’était rendu en Israël pour y négocier un accord de paix permanent

LE CAIRE: Le Caire, le 6 octobre 1981. Des extrémistes islamistes abattent le président égyptien, Anouar el-Sadate. Ce jour-là, il assistait à une parade militaire pour célébrer la guerre de 19773 contre Israël. C'est à 14h40 qu’Anouar el-Sadate est décédé des suites d'un «traumatisme nerveux intense et d'une hémorragie interne au niveau de la cage thoracique» après avoir été transporté d'urgence à l'hôpital militaire de Maadi.

Deux ans plus tôt, M. El-Sadate était devenu le premier dirigeant arabe à faire la paix avec Israël. Cette décision soulèvera un tollé auprès de nombreux Égyptiens et entraînera de violentes manifestations contre l’homme. Mais le processus de paix se poursuivra sans Sadate et, en 1982, l'Égypte nouera officiellement des relations diplomatiques avec Israël.

À l'approche du 40e anniversaire de l'assassinat d'Anouar el-Sadate, Gamal el-Sadate, son fils et président d'Etisalat Misr, accorde une interview exclusive à Arab News pour évoquer l'héritage politique de son père, les valeurs qu'il a apprises de lui et les souvenirs qu'il garde de ce jour funeste.

«Le 6 octobre 1981, j'étais en voyage aux États-Unis avec des amis», nous confie Gamal el-Sadate. «Je venais d'arriver en Floride pour une partie de pêche qui n'a jamais eu lieu. C'était la première fois que je n'assistais pas au défilé.»

Revenons au Caire. Un groupe d'officiers en uniformes militaires dirigé par un lieutenant de l'armée égyptienne du nom de Khaled al-Islambouli fait halte devant la tribune de la parade. À coups de feu et de grenades, ils assaillent les représentants du gouvernement égyptien.

Anouar el-Sadate est touché par quatre balles. Il meurt deux heures plus tard, comme dix autres personnes.

Le président égyptien, Anouar el-Sadate, lors d'une visite privée à Paris, le 11 février 1981 (Photo, AFP).

«Ce matin-là, un appel du directeur du centre de villégiature me réveille. Il me prévient qu’une fusillade a eu lieu lors du défilé et que mon père est blessé», raconte Gamal el-Sadate.

«J'ai essayé d'appeler Le Caire, sans succès. J'ai alors allumé la télévision. Le journal annonçait qu'Anouar el-Sadate était dans un état stable malgré la balle qui l'avait blessé au bras. J’ai continué à appeler Le Caire et j’ai réussi à joindre ma mère [Jihane el-Sadate]. “Ton père est mort”, m’a-t-elle dit.»

Au moment de l'attaque meurtrière, Jihane el-Sadate se trouvait dans les tribunes du défilé militaire, à quelques mètres de son mari.

Gamal el-Sadate garde en mémoire les événements qui ont suivi son retour au Caire. Il se souvient que l'autopsie de son père n'avait pas encore été réalisée. On pensait à l'époque que l'assassinat d'Anouar el-Sadate était probablement un coup monté de l'intérieur.

Gamal el-Sadate se souvient de s’être rendu tout droit à la résidence de sa famille. Mais un obstacle l'y attendait. «Je reçois un appel du Dr Fouad Mohideen, Premier ministre à cette époque, qui me dit: “Nous souhaitons procéder à une autopsie car une balle est coincée quelque part. Nous devons nous en assurer car certains pensent que des gardes du corps de ton père seraient à l'origine de son assassinat”.»

Gamal el-Sadate répond qu'il souhaite être présent lors de l'autopsie.

«L'autopsie a révélé que mon père s'est levé au moment où la fusillade a commencé et qu'il a reçu des balles dans le bras et la cuisse. Elles n'ont pas été fatales», explique-t-il.

«Cependant, une autre balle tirée à partir de l'un des camions du cortège par un fusil d'assaut AK-74 a rebondi sur le comptoir situé devant mon père. Elle est montée vers le haut et a pénétré sa poitrine. La balle a traversé son cœur et s'est logée dans son cou.»

«Cette constatation a dissipé les soupçons selon lesquels le meurtre de mon père était un complot interne. Ses agents de sécurité ne portaient que des armes de poing.»

 

Deux ans avant son assassinat, à l’occasion d’une initiative inédite de la part d'un dirigeant arabe, Anouar el-Sadate s’était rendu en Israël pour y négocier un accord de paix permanent au terme du conflit qui sévissait depuis plusieurs décennies.

Sa réunion avec le Premier ministre israélien d’alors, Menahem Begin, et le discours qu’il a prononcé devant le Parlement israélien ont soulevé une vague d'indignation dans la plupart des pays arabes. En revanche, la communauté internationale a réagi de manière différente: Sadate et Begin se sont vu décerner le prix Nobel de la paix en 1978.

Gamal el-Sadate nous confie: «Avant sa visite à Jérusalem, mon père s'est rendu en Syrie, où il a rencontré le président [Hafez] al-Assad pour lui proposer de l'accompagner. Le président Al-Assad était un grand ami de mon père. Cependant, sa réponse a été: “Non, je ne vous accompagnerai pas.” Mon père lui a dit: “Je vous prie de me donner la permission de parler en votre nom. Si j'échoue, j'en porterai le blâme. Si je réussis, nous aurons tous les deux réussi.” Mais Al-Assad a répliqué: “Non, je ne vous autoriserai pas non plus à prendre cette initiative.” Mon père est donc parti mécontent: à l'époque, cette proposition ne présentait aucun inconvénient pour la Syrie.»

Gamal el-Sadate poursuit: «Pour mon père, l'armée a joué son rôle jusqu'au bout; son rôle s'arrêtait là. La solution devait être politique. Il fallait recourir à la diplomatie. […] Il n'avait pas d'autre choix. [Il ne pouvait pas être] le dirigeant qui ne se souciait que de sa popularité et qui répétait inlassablement: “Je les balancerai [les Israéliens] dans la mer.” Il ne voulait pas bénéficier du soutien de tous les pays sans en profiter pour agir. En effet, personne ne pouvait balancer [les Israéliens] dans la mer, puisque les États-Unis et l'Union soviétique veillaient à leur sécurité.»

 

Malgré les critiques formulées par des alliés régionaux de l'Égypte, Sadate a poursuivi ses efforts de paix en concertation avec Begin. C'est ainsi que, au mois de septembre 1978, les deux dirigeants se sont retrouvés aux États-Unis, où ils ont négocié un accord à Camp David, dans le Maryland, avec le président Jimmy Carter. En effet, les accords de Camp David, les premiers à définir la paix entre l'État d'Israël et un pays arabe voisin, ont jeté les bases des relations diplomatiques et commerciales entre les deux pays.

Les efforts de paix ont été accueillis avec méfiance et hostilité dans le monde arabe. Outre les sanctions politiques, économiques et diplomatiques qui lui ont été imposées, l'Égypte a été exclue de la Ligue arabe, dont le siège a été temporairement transféré du Caire à la capitale tunisienne, Tunis.

À l'heure actuelle, outre l’Égypte, cinq pays arabes entretiennent des relations diplomatiques avec Israël: la Jordanie, les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Soudan et le Maroc.

Au lendemain de la guerre de  973 avec Israël, M. El-Sadate a été dépeint comme «le héros de la traversée», ce qui lui a valu un statut et une popularité remarquables. (Getty Images)

«Lorsque mon père a succédé à Gamal Abdel Nasser, il a proposé à plusieurs reprises de conclure la paix avec Israël, mais ces propositions n'ont jamais été prises au sérieux», affirme Gamal el-Sadate.

«On a fait abstraction de ses appels et il a fini par comprendre que le monde ne se pliait qu'au pouvoir. C'est la guerre d'Octobre qui a prouvé que l'Égypte ne fermerait pas les yeux sur l'occupation israélienne de son territoire.»

Gamal el-Sadate réfute toutefois la théorie qui veut que l'Égypte n’ait pas remporté la guerre de 1973.

 

«Les Israéliens ont franchi le côté ouest du canal de Suez, c'est vrai», concède-t-il. «Ils ont essayé de prendre le contrôle due la région de Suez, mais ils n'y sont pas parvenus, puisque c'était une ville civile. En outre, ils n’ont pas réussi à avancer davantage vers l'Ouest en raison des réserves égyptiennes qui bloquaient le chemin vers l'Ouest.»

«Mon père a compris très tôt [la nécessité de] conclure un accord de paix. Il était conscient que les conflits ne pouvaient pas être résolus par la guerre. Il souhaitait que d'autres pays arabes se joignent à l'Égypte pour signer l'accord de Camp David. L'histoire a montré que cette vision était pertinente. Les pays arabes entreprennent des relations solides avec Israël car ils ont fini par comprendre que la politique et le dialogue constituaient la seule solution», analyse Gamal el-Sadate.

Ce dernier rappelle par ailleurs la générosité dont son père a fait preuve à l'égard du chah d'Iran à la fin de sa vie, qui illustre les principes auxquels il était attaché. Leur amitié remonte aux années 1970. Pendant la guerre de 1973 avec Israël, Mohammed Reza Pahlavi s'est rangé aux côtés de l'Égypte et a soutenu ce pays en y envoyant de l'aide médicale et des médecins.

Le cercueil du président égyptien Anouar el-Sadate est transporté sur un affût de canon lors de ses funérailles, le 10 octobre 1981, au Caire. (Photo, AFP)

Renversé par la révolution islamique en 1979, le chah se rend au Maroc, dans les Bahamas, au Mexique, aux États-Unis et au Panama. Puis, le 24 mars 1980, il trouve refuge en Égypte, où il est accueilli par le président Sadate.

«Mon père ne souhaitait pas se faire d’ennemis et ne voulait pas faire de peine aux autres. Mais il ne pouvait pas ignorer [le fait] que cet homme avait soutenu l'Égypte; ce n’est pas mon père qu'il a soutenu, mais l'Égypte, au moment où elle avait besoin d'aide», précise Gamal el-Sadate.

Pour lui, Anouar el-Sadate ne fut pas seulement le président de l'Égypte dont le nom est gravé dans l'histoire: il se souvient aussi de son père comme une personne aimable et modeste.

«Je ne suis pas objectif – je suis son fils, après tout –, mais ce que je dis est vrai», affirme-t-il. «Anouar el-Sadate avait les pieds sur terre. Il a mené une vie rude et marquée par la pauvreté. Il aimait la vie et avait compris qu'elle présentait d'autres dimensions que celles de l'argent et de la politique.»

En effet, la vie personnelle d'Anouar el-Sadate reflète tout simplement l'histoire tumultueuse de l'Égypte au XXe siècle. Né dans une famille de paysans qui vivait dans le delta du Nil, il a rejoint l'armée égyptienne. Il a défendu les intérêts des puissances de l'Axe lors de la Seconde Guerre mondiale et a participé aux campagnes contre les Britanniques, qui l'ont incarcéré.

Anouar el-Sadate était l'un des principaux officiers libres qui ont renversé le roi Farouk lors de la révolution égyptienne de 1952, et un confident d’Abdel Nasser, dont il a été le vice-président à deux reprises et auquel il a succédé à la tête du pays en 1970.

«Mon père était une personne pratiquante et humble», confie Gamal el-Sadate à Arab News. «Il m'a appris, ainsi qu'à mes frères et sœurs, à aimer notre pays et à respecter toujours les gens sans tenir compte de leur rang ou de leur station. Il priait avec les pauvres pour me montrer que nous sommes tous égaux.»

Jihane el-Sadate a consacré une grande partie de sa vie à la défense de la justice sociale et à l'émancipation des femmes en Égypte, jusqu'à ce qu’elle meure d'un cancer, à l'âge de 88 ans, au mois de juillet dernier. Avant de devenir une figure publique internationale, Mme El-Sadate a joué un rôle de premier plan dans la campagne qui visait à réformer la loi égyptienne sur le statut des femmes, qui accorde désormais aux femmes le droit de divorcer et de conserver la garde de leurs enfants.

On la voyait souvent sur les photographies aux côtés de son mari lors de visites officielles à l'étranger et dans des contextes plus intimes, à la maison avec sa famille.

Jihane el-Sadate a poursuivi ses études et a obtenu une maîtrise et un doctorat en littérature comparée. Par la suite, elle a notamment donné des conférences au Caire et aux États-Unis.

«À l'époque de Sadate comme après sa disparition, Jihane el-Sadate était une figure publique», souligne son fils. «C’était une femme de caractère. À la mort de mon père, elle a refusé de rester les bras croisés à la maison. Elle a poursuivi sa carrière et a obtenu un doctorat en littérature arabe. Elle s'est rendue aux États-Unis, où elle a enseigné en tant que professeure invitée.»

«Elle défendait les droits des femmes dans notre partie du monde. Elle a poursuivi cette mission jusqu’à une période très récente, avant de décider de passer plus de temps avec sa famille.»

Jihane el-Sadate n'avait que 46 ans lorsque son mari a été assassiné. Le reste de sa vie, elle a tenté de préserver son héritage en faveur de la paix en donnant des conférences aux quatre coins du monde.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


Soudan: le chef de l'armée qualifie la proposition de trêve envoyée par l'émissaire américain de «la pire» jusqu'ici

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  • Dans une vidéo diffusée dimanche, il a également rejeté la dernière proposition de trêve soumise par l’émissaire américain Massad Boulos, la qualifiant de « pire » proposition reçue jusqu’ici
  • Le Conseil de souveraineté, présidé par Burhane, s’est pour sa part dit disposé à coopérer avec les États-Unis et l’Arabie saoudite pour relancer un processus de paix

PORT-SOUDAN: Le chef de l’armée soudanaise, Abdel Fattah al-Burhane, a affirmé dimanche que le groupe médiateur appelé le « Quad » — composé des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de l’Égypte — ne pouvait jouer un rôle neutre dans les efforts visant à mettre fin au conflit entre l’armée et les Forces de soutien rapide (FSR).

Dans une vidéo diffusée dimanche, il a également rejeté la dernière proposition de trêve soumise par l’émissaire américain Massad Boulos, la qualifiant de « pire » proposition reçue jusqu’ici. Selon lui, elle ne tient pas compte des réalités du terrain et ne garantit pas une cessation durable des hostilités.

Le conflit, qui a fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de millions de personnes depuis avril 2023, reste au cœur des préoccupations internationales. Washington s’est récemment dit déterminé à mettre fin aux « atrocités » commises au Soudan, à la suite d’un appel du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane en faveur d’un engagement américain plus fort.

Le Conseil de souveraineté, présidé par Burhane, s’est pour sa part dit disposé à coopérer avec les États-Unis et l’Arabie saoudite pour relancer un processus de paix.

En septembre, le Quad avait proposé un plan comprenant une trêve de trois mois et l’exclusion tant du gouvernement actuel que des FSR de la transition post-conflit, une clause rejetée par l’armée. Début novembre, les paramilitaires avaient annoncé accepter une trêve humanitaire après avoir pris El-Fasher, dernier bastion de l’armée au Darfour, où l’ONU a signalé de graves violations.

Désormais maîtres de la quasi-totalité de la région, les FSR ont intensifié leurs offensives dans le voisin Kordofan, riche en pétrole.


Une délégation du Hamas discute au Caire de la trêve à Gaza

Une délégation du Hamas discute au Caire de la trêve à Gaza
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  • Menée par le négociateur en chef du Hamas, Khalil al-Hayya, la délégation est arrivée samedi dans la capitale égyptienne pour des entretiens dimanche avec Hassan Rashad
  • Sur place, le Hamas "a réaffirmé son engagement à mettre en œuvre la première phase de l'accord (de cessez-le-feu), soulignant l'importance de mettre un terme aux violations israéliennes"

LE CAIRE: Une délégation du Hamas s'est engagée dimanche au Caire à respecter la "première phase" de l'accord de trêve dans la bande de Gaza lors d'un entretien avec le chef des services de renseignement égyptiens, a indiqué le mouvement islamiste palestinien.

Menée par le négociateur en chef du Hamas, Khalil al-Hayya, la délégation est arrivée samedi dans la capitale égyptienne pour des entretiens dimanche avec Hassan Rashad, avaient indiqué à l'AFP deux responsables du mouvement, précisant que la deuxième phase de la trêve devait également être abordée.

Sur place, le Hamas "a réaffirmé son engagement à mettre en œuvre la première phase de l'accord (de cessez-le-feu), soulignant l'importance de mettre un terme aux violations israéliennes (...) et la nécessité d'un mécanisme clair et précis, sous l'égide et le contrôle des médiateurs, permettant de leur signaler immédiatement toute violation", a affirmé le mouvement dans un communiqué.

Ces derniers jours, Israël et le Hamas se sont accusés mutuellement de violer la trêve entrée en vigueur le 10 octobre sous pression américaine après deux ans de guerre déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement contre Israël le 7 octobre 2023.

Samedi, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé des cibles" du Hamas, faisant 21 morts selon la Défense civile locale, en réponse selon elle à l'attaque d'un "terroriste armé" contre ses soldats.

L'accord de trêve a permis dans sa première phase le retour des vingt derniers otages vivants du 7-Octobre, en échange de la libération de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens, et le retour de 25 corps d'otages, sur 28 que le Hamas s'est engagé à rendre.

La deuxième phase prévoit notamment la mise en place d'une autorité transitoire pour administrer Gaza et le déploiement d'une force internationale pour assurer la sécurité du territoire et désarmer le Hamas et les autres factions armées sur place.

Le Hamas, écarté de tout rôle dans la gouvernance future du territoire selon le plan Trump adopté par le Conseil de sécurité de l'ONU, refuse pour l'heure de désarmer.

"La nature de la deuxième phase de l'accord" a fait l'objet de discussions au Caire, a indiqué le mouvement, ajoutant avoir aussi évoqué le sort de "combattants" à Rafah (sud) avec lesquels les communications sont "interrompues".

Selon plusieurs médias, jusqu'à 200 combattants du Hamas seraient coincés dans des tunnels de Gaza sous une partie du territoire où s'est redéployée l'armée israélienne dans le cadre de l'accord.


Israël tue le chef militaire du Hezbollah dans une frappe sur la banlieue de Beyrouth

Israël a tué dimanche le chef militaire du Hezbollah lors d'une frappe sur la banlieue sud de Beyrouth dimanche qui a visé un immeuble d'un quartier densément peuplé, faisant cinq morts selon les autorités libanaises. (AFP)
Israël a tué dimanche le chef militaire du Hezbollah lors d'une frappe sur la banlieue sud de Beyrouth dimanche qui a visé un immeuble d'un quartier densément peuplé, faisant cinq morts selon les autorités libanaises. (AFP)
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  • Israël tue le chef militaire du Hezbollah dans une frappe sur la banlieue de Beyrouth
  • L'armée israélienne a affirmé avoir tué Haitham Ali Tabatabai dans une cinquième frappe sur la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah

BEYROUTH: Israël a tué dimanche le chef militaire du Hezbollah lors d'une frappe sur la banlieue sud de Beyrouth dimanche qui a visé un immeuble d'un quartier densément peuplé, faisant cinq morts selon les autorités libanaises.

C'est le plus haut responsable du Hezbollah à être tué depuis la fin il y a près d'an de la guerre meurtrière qui a opposé le mouvement pro-iranien à Israël et dont il est sorti décapité.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué Haitham Ali Tabatabai dans une cinquième frappe sur la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, depuis l'entrée en vigueur du cessez-le feu. Un peu plus tard, en soirée, le mouvement islamiste a confirmé que "le grand dirigeant" Tabatabai a été tué "à la suite d'une agression israélienne".

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a assuré qu'Israël "ne permettra pas au Hezbollah de reconstruire son pouvoir" et appelé le gouvernement libanais à "respecter son engagement à désarmer le Hezbollah" à la suite de cette attaque qui intervient une semaine avant la visite du pape Léon XIV au Liban.

Tabatabai, présenté par l'armée israélienne comme "le plus important commandant du Hezbollah", avait été promu chef militaire du Hezbollah après la mort des principaux responsables militaires du mouvement durant la guerre avec Israël.

"Comme un éclair" 

Dans le quartier qui a été visé, la frappe a touché les troisième et quatrième étages d'un immeuble de neuf étages, et laissé plusieurs voitures calcinées à son pied, a constaté un journaliste de l'AFP.

Il a vu les secouristes évacuer un corps enveloppé dans un sac blanc et au moins six blessés, dont trois femmes, de l'immeuble au rez-de-chaussée duquel s'alignent une pâtisserie, un magasin de jouets et une boutique d'électroménagers.

"Je rendais visite à ma mère et j'étais sur le balcon", a raconté à l'AFP un homme qui se trouvait dans un immeuble faisant face au bâtiment touché. "Il y a eu comme un éclair, puis j'ai percuté la balustrade et tout le verre s'est brisé", a ajouté ce quadragénaire en état de choc, qui n'a pas voulu dire son nom.

Cinq personnes ont été tuées et 28 blessées, selon le ministère libanais de la Santé.

Benjamin Netanyahu, qui avait juré de "faire tout le nécessaire" pour empêcher un renforcement du mouvement pro-iranien, "a ordonné l'attaque sur recommandation du ministre de la Défense et du chef d'état-major", selon ses services.

Le président libanais Joseph Aoun a, lui, appelé la communauté internationale à "intervenir sérieusement et avec force pour mettre fin aux attaques contre le Liban" menées par Israël, soulignant que le Liban respectait de son côté le cessez-le-feu.

Yémen et Syrie 

Israël a récemment intensifié ses frappes dans les bastions du Hezbollah au sud et à l'est du Liban, où il affirme viser le mouvement chiite qu'il accuse de violer le cessez-le-feu en se réarmant et réactivant ses infrastructures.

Le Hezbollah avait lancé les hostilités en ouvrant un front contre Israël au début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque du Hamas sur le sol israélien du 7 octobre 2023. Un cessez-le-feu est en vigueur dans le territoire palestinien depuis le 10 octobre.

"Nous continuerons à agir avec force pour prévenir toute menace contre les habitants du nord et l'Etat d'Israël. Quiconque lèvera la main contre Israël verra sa main coupée", a martelé le ministre israélien de la Défense, Israël Katz.

Le nom de Tabatabai, né en 1968 selon le communiqué du Hezbollah, était inconnu du grand public au Liban.

Il était, avant de prendre ses fonctions, "responsable du dossier du Yémen" au sein du Hezbollah, qui soutient les rebelles houthis, selon une source proche de la formation pro-iranienne.

Il avait également occupé des fonctions en Syrie où la formation soutenait militairement le pouvoir de Bachar al-Assad, selon les Etats-Unis qui l'avaient placé sur leur liste des personnes liées au terrorisme.

Le Hezbollah est sorti affaibli du conflit avec Israël, qui a culminé en deux mois de guerre ouverte avant la trêve, et assure depuis respecter le cessez-le-feu.

Pour leur part, les autorités libanaises accusent régulièrement Israël de violer l'accord de cessez-le-feu conclu sous médiation américaine, en poursuivant ses frappes et en continuant d'occuper cinq points stratégiques du sud du territoire libanais.

Les Etats-Unis font dans le même temps pression sur le gouvernement libanais pour qu'il oblige le Hezbollah à rendre ses armes, ce que le groupe a jusqu'à présent refusé de faire.