Nucléaire iranien: Washington accuse Téhéran d'être responsable de l'impasse

Les pourparlers, qui avaient repris en début de semaine à Vienne, devraient reprendre en milieu de semaine prochaine pour permettre de faire le point sur les propositions iraniennes, selon des sources diplomatiques. (Photo, AFP)
Les pourparlers, qui avaient repris en début de semaine à Vienne, devraient reprendre en milieu de semaine prochaine pour permettre de faire le point sur les propositions iraniennes, selon des sources diplomatiques. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 04 décembre 2021

Nucléaire iranien: Washington accuse Téhéran d'être responsable de l'impasse

  • «Le nouveau gouvernement iranien n'est pas venu à Vienne avec des propositions constructives», déclare la Maison Blanche
  • «Téhéran revient sur la quasi-totalité des compromis qui avaient été difficilement trouvés», déplorent les diplomates européens

Les Etats-Unis ont accusé vendredi Téhéran d'être responsable de l'impasse dans les négociations de Vienne sur le programme nucléaire iranien, rejoignant les Européens qui ont fait part de leur "déception et préoccupation" face aux exigences de la République islamique.

Ces pourparlers, qui avaient repris en début de semaine, marquent une pause à partir de vendredi et devraient reprendre en milieu de semaine prochaine pour permettre de faire le point sur les propositions iraniennes, selon des sources diplomatiques.

"Le nouveau gouvernement iranien n'est pas venu à Vienne avec des propositions constructives", a déclaré vendredi la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki.

"Nous espérons toujours une approche diplomatique, c'est toujours la meilleure option", a-t-elle ajouté. Mais "l'approche de l'Iran cette semaine n'a pas été, malheureusement, de tenter de résoudre les problèmes en suspens".

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a lui prévenu que si Téhéran continuait à développer son programme nucléaire en faisant traîner les négociations, "nous nous tournerons vers d'autres options".

"L'Iran ne semble pas sérieux sur ce qu'il doit faire pour revenir au respect de l'accord, c'est pourquoi nous avons mis fin à ce cycle de discussions à Vienne", a-t-il ajouté.

"L'Iran a des décisions très importantes à prendre dans les prochains jours", a-t-il conclu.

Selon des diplomates européens, les délégations retournent ce week-end dans leurs capitales respectives et les pourparlers reprendront en milieu de semaine prochaine "pour voir si ces divergences peuvent être surmontées ou non", si cet "écart peut être comblé dans un temps réaliste".

"Téhéran revient sur la quasi-totalité des compromis qui avaient été difficilement trouvés" au cours du premier cycle de négociations entre avril et juin, ont déploré des hauts diplomates de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni (E3), dénonçant une "marche arrière".

Malgré ces commentaires sévères, les diplomates européens se disent "pleinement engagés dans la recherche d'une solution diplomatique". "Le temps presse", insistent-ils.

L'enjeu est de taille: il s'agit de sauver l'accord international de 2015 censé empêcher la République islamique de se doter de la bombe atomique. Conclu entre l'Iran et six grandes puissances (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Allemagne, Royaume-Uni), il s'est délité à la suite du retrait unilatéral des Etats-Unis en 2018 et du rétablissement des sanctions.

En riposte, Téhéran s'est affranchi de la plupart des limites qu'il avait imposées à son programme nucléaire.

Les discussions de Vienne visent à faire revenir dans le giron Washington, qui y participe de manière indirecte. Les différentes parties s'étaient quittées en juin avec l'espoir d'une conclusion imminente, mais l'arrivée au pouvoir en Iran du président ultraconservateur Ebrahim Raïssi a changé la donne.

L'accord, connu sous son acronyme anglais JCPOA, offrait à Téhéran la levée d'une partie des sanctions étouffant son économie en échange d'une réduction drastique de son programme nucléaire, placé sous strict contrôle de l'ONU.

Côté iranien, on indique avoir fait deux propositions, l'une sur "la levée des sanctions", l'autre "concernant les activités nucléaires".

"Désormais, l'autre partie doit examiner ces documents et se préparer pour négocier avec l'Iran sur la base des textes soumis", a déclaré le négociateur en chef de l'Iran, Ali Bagheri.

Avant de repartir pour Téhéran, M. Bagheri a évoqué les "objections" formulées par les Européens. "Je leur ai dit que c'était normal car nous n'allions pas présenter des documents et suggestions qui correspondent à leurs points de vue", a-t-il expliqué sur l'agence officielle Irna.

Il a également réaffirmé "la volonté sérieuse" de son pays de parvenir à un accord.

Le chef de la diplomatie iranienne Hossein Amir-Abdollahian a pour sa part qualifié "le processus de bon mais globalement lent", lors d'un entretien téléphonique avec son homologue européen Josep Borrell. Et il a souhaité "un changement dans l'approche de certaines parties qui doivent abandonner leurs propos menaçants".

Selon un des diplomates européens, "les propositions de Téhéran ne peuvent pas fournir de base à la négociation, il n'est pas possible d'avancer" sur ce terrain-là.

Devant le palais Cobourg, là même où avait été conclu ce texte historique, l'ambassadeur chinois s'est voulu moins pessimiste, évoquant "des discussions substantielles".

"L'ensemble des parties ont accepté de faire une courte pause pour prendre des instructions. C'est naturel et nécessaire, et nous espérons que cela donnera un nouvel élan aux négociations", a déclaré Wang Qun aux journalistes.

Le président français a toutefois estimé, au cours d'une visite à Dubaï, qu'il ne fallait "pas exclure" que cette session "ne se rouvre pas rapidement".

Emmanuel Macron a par ailleurs appelé à engager une "dynamique plus large" avec les pays de la région.


Tunisie: l'ambassadeur UE convoqué par le président Saied pour «non respect des règles du travail diplomatique» 

Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
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  • Le président Saied a exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques"
  • L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents

TUNISIE: Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés.

Le président Saied a également exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques".

Lundi, M. Perrone avait reçu Noureddine Taboubi, chef du principal syndicat tunisien UGTT -- qui a récemment menacé de déclencher une grève générale pour obtenir des hausses salariales -- et avait salué "le rôle important" de l'organisation "en faveur du dialogue social et du développement économique" en Tunisie, selon un communiqué de la délégation européenne à Tunis.

L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents.

Le diplomate européen avait "réaffirmé sa volonté de poursuivre le dialogue avec l'UGTT et de continuer à soutenir la Tunisie sur les plans social et économique, dans divers secteurs", selon la même source. De son côté, le secrétaire général de l'UGTT avait appelé à renforcer et développer la coopération entre la Tunisie et l'Union européenne.

La semaine passée, M. Taboubi a présidé une réunion de l'UGTT où il a apporté son soutien à différents mouvements de grève en cours dans le secteur privé pour réclamer des augmentations de salaires. Il a salué le succès d'une grève générale ayant eu lieu dans la grande ville de Sfax (centre-est) et menacé d'organiser prochainement une grande grève au niveau national.

"L'organisation se dirige vers une grève générale pour défendre les acquis matériels et sociaux des travailleurs face aux difficultés quotidiennes".

M. Taboubi a dénoncé "une baisse du pouvoir d'achat" des Tunisiens face à "des conditions de vie précaires sur le plan des transports, de la santé et de la maladie", défendant "leur droit syndical à se défendre" afin d'obtenir "un salaire décent qui leur fait défaut actuellement".

Le salaire minimum en Tunisie est d'environ 520 dinars (150 euros) pour 48 heures par semaine. Le taux d'inflation reste très élevé notamment pour les produits alimentaires. Il est récemment revenu à environ 5% après avoir atteint un pic de 10% en 2023.


L'armée israélienne annonce le lancement d'une «vaste opération» dans le nord de la Cisjordanie

L'armée israélienne a annoncé mercredi le lancement d'une "vaste opération" contre des groupes armés palestiniens dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé mercredi le lancement d'une "vaste opération" contre des groupes armés palestiniens dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
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  • "Pendant la nuit (de mardi à mercredi), les forces [israéliennes] ont commencé à opérer dans le cadre d'une vaste opération antiterroriste dans la région du nord" de la Cisjordanie, indique un communiqué militaire israélien
  • Les forces israéliennes, "ne permettront pas au terrorisme de s'[y] implanter", ajoute l'armée israélienne

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé mercredi le lancement d'une "vaste opération" contre des groupes armés palestiniens dans le nord de la Cisjordanie occupée.

"Pendant la nuit (de mardi à mercredi), les forces [israéliennes] ont commencé à opérer dans le cadre d'une vaste opération antiterroriste dans la région du nord" de la Cisjordanie, indique un communiqué militaire israélien.

Les forces israéliennes, "ne permettront pas au terrorisme de s'[y] implanter", ajoute l'armée israélienne.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a indiqué qu'il ne s'agissait pas d'un déploiement dans le cadre de son "opération antiterroriste" lancée en janvier 2025 et visant principalement les camps de réfugiés palestiniens de la région, mais d'une "nouvelle opération".

Elle n'a pas fourni plus de détails dans l'immédiat.

Les violences ont explosé en Cisjordanie depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sud d'Israël.

Depuis le 7-Octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels de nombreux combattants, mais aussi beaucoup de civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 43 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Les violences n'ont pas cessé en Cisjordanie depuis l'entrée en vigueur de la trêve à Gaza le 10 octobre.

Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) a recensé en octobre un pic des "attaques de colons ayant causé des victimes, des dommages matériels ou les deux" en près de deux décennies de collecte de données dans ce territoire palestinien.

Le 10 novembre, un Israélien a été tué et trois autres ont été blessés lors d'une attaque au couteau menée par deux Palestiniens rapidement abattus par des soldats près de Bethléem, dans le sud de la Cisjordanie.


Le Conseil de sécurité de l'ONU en Syrie et au Liban la semaine prochaine

 Le Conseil de sécurité de l'ONU se rendra la semaine prochaine en Syrie et au Liban, a indiqué mardi la mission slovène qui présidera le Conseil en décembre. (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU se rendra la semaine prochaine en Syrie et au Liban, a indiqué mardi la mission slovène qui présidera le Conseil en décembre. (AFP)
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  • Alors que l'ONU tente de se réimplanter en Syrie, le Conseil a récemment levé ses sanctions contre le nouveau dirigeant du pays, l'appelant à mettre en oeuvre une transition inclusive
  • Le 5 décembre, le Conseil sera ensuite à Beyrouth, avant de se rendre le lendemain à la rencontre des Casques bleus de la force de maintien de la paix de l'ONU au sud du Liban (Finul), qui doit quitter le pays fin 2027

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU se rendra la semaine prochaine en Syrie et au Liban, a indiqué mardi la mission slovène qui présidera le Conseil en décembre.

Quelques jours avant le premier anniversaire de la chute de l'ancien président syrien Bachar al-Assad, les ambassadeurs des quinze Etats membres doivent se rendre le 4 décembre à Damas où ils devraient rencontrer notamment les nouvelles autorités, dont le président par intérim Ahmad al-Chareh, et des représentants de la société civile, a précisé la mission à des journalistes.

Alors que l'ONU tente de se réimplanter en Syrie, le Conseil a récemment levé ses sanctions contre le nouveau dirigeant du pays, l'appelant à mettre en oeuvre une transition inclusive.

Le 5 décembre, le Conseil sera ensuite à Beyrouth, avant de se rendre le lendemain à la rencontre des Casques bleus de la force de maintien de la paix de l'ONU au sud du Liban (Finul), qui doit quitter le pays fin 2027 après avoir fait tampon entre Israël et le Liban depuis mars 1978.

Ce déplacement intervient alors qu'Israël a poursuivi ses frappes au Liban malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 pour mettre fin à un conflit avec le mouvement libanais Hezbollah, un allié du groupe islamiste palestinien Hamas.