Accords commerciaux du Golfe: une vision commune et un engagement pour plus d’intégration

Le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, est accueilli par le sultan d’Oman, Haïtham ben Tariq, à son arrivée à l’aéroport de Mascate, la capitale omanaise, le 6 décembre 2021. (Photo, AFP)
Le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, est accueilli par le sultan d’Oman, Haïtham ben Tariq, à son arrivée à l’aéroport de Mascate, la capitale omanaise, le 6 décembre 2021. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 09 décembre 2021

Accords commerciaux du Golfe: une vision commune et un engagement pour plus d’intégration

Le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, est accueilli par le sultan d’Oman, Haïtham ben Tariq, à son arrivée à l’aéroport de Mascate, la capitale omanaise, le 6 décembre 2021. (Photo, AFP)
  • Les entreprises saoudiennes ont conclu des contrats d’une valeur de 10 milliards de dollars avec des partenaires du sultanat
  • Comme l’Arabie saoudite, Oman a mis en place une stratégie pour construire une économie post-pétrolière dotée d’une base fiscale solide

DUBAÏ: La conclusion de nouveaux accords d’investissement d’une valeur de 30 milliards de dollars (26,6 millions d’euros) entre l’Arabie saoudite et Oman est sans aucun doute une évolution positive pour le renforcement de la coopération entre les pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG).  

Mais pourquoi Oman et pourquoi maintenant? 

D’un point de vue géopolitique, la conclusion de ces accords est importante, car le Royaume utilise désormais son immense poids économique pour soutenir ses petits voisins, à commencer par l’Irak au nord et désormais Oman au sud-est. 

Il est largement admis que la pérennité sociale et politique future de la région passe par la stabilité économique. La plupart des voisins de l’Arabie saoudite sont des pays producteurs de pétrole, et la diversification de leurs économies ne fait que commencer. Les investissements sont considérés comme un moyen efficace d’aider ces pays à réduire leur dépendance à l’or noir et à créer davantage d’emplois dans d’autres secteurs. Cependant, pour que les investissements saoudiens aient une quelconque signification positive à long terme, ils doivent s’aligner sur les objectifs nationaux et stratégiques des deux pays. 

Comme l’Arabie saoudite, Oman a son propre programme de réformes, connu sous le nom de «Oman Vision 2040», qui vise à faire du sultanat une puissance économique dotée d’une base fiscale et économique durable. Ce dont Oman a besoin pour que cette vision audacieuse devienne une réalité, c’est d’un accès au capital financier nécessaire pour développer son économie. 

Compte tenu du vieillissement de ses puits et réservoirs, l’industrie pétrolière d’Oman aura besoin d’investissements massifs pour maintenir sa capacité de production actuelle. Le sultanat est clairement conscient que le pétrole ne sera pas sa seule source de recettes à l’avenir. Son budget 2021 a été élaboré sur la base d’un pétrole coûtant à peine 45 dollars (environ 40 euros) le baril. 

Afin d’aider Oman à réaliser son potentiel de l’après-pétrole, les entreprises saoudiennes ont conclu une série d’accords portant sur le commerce et les infrastructures avec leurs homologues omanais. Ces accords permettront non seulement d’augmenter les investissements directs étrangers dans le sultanat, mais aussi de renforcer sa diversification économique. 

1
Dans le cadre de la visite du prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, des entreprises saoudiennes et omanaises ont signé 13 protocoles d’accord relatifs à des travaux communs dans les secteurs économiques. (Photo, SPA) 

En ce qui concerne plus particulièrement les investissements dans le secteur de l’énergie, le premier contrat prévoit de reproduire ce que l’Arabie saoudite fait à Neom, sa nouvelle ville intelligente ultramoderne située sur la côte ouest de la mer Rouge. Le fournisseur d’énergie omanais OQ Group a signé trois de ces contrats. Le premier a été conclu avec les sociétés saoudiennes Acwa Power et Air Products dans les domaines de la pétrochimie, des énergies renouvelables et de l’hydrogène vert. 

Grâce à cet accord, le Royaume étend son plan d’hydrogène vert jusqu’à Oman, ce qui accroîtra l’offre globale d’hydrogène en provenance du CCG. L’hydrogène est devenu un concurrent viable pour la transition énergétique, qui permet de s’éloigner des combustibles fossiles nuisibles à l’environnement. Oman est idéalement situé pour fournir de l’hydrogène aux marchés du sud-est et de l’est de l’Asie, tandis que Neom est mieux placé pour l’expédier vers les marchés européens. 

Le deuxième accord énergétique, relatif au stockage du pétrole, a été conclu avec Saudi Aramco. Le troisième porte lui sur le développement du projet de complexe pétrochimique de Duqm à Oman, avec Sabic. 

La stratégie de Saudi Aramco consiste à étendre le stockage au-delà du détroit d’Ormuz. Le contournement de cette voie navigable étroite contribuera à réduire la menace que font peser sur le transport maritime divers blocages ainsi que la piraterie, facteurs qui risquent d’avoir des répercussions sur les cours mondiaux du pétrole. 

Concernant l’accord conclu avec Sabic, Duqm attire davantage l’attention maintenant que la raffinerie commune Koweït-Oman est presque achevée. Cela permettra à l’entreprise saoudienne d’avoir un meilleur accès aux matières premières, tout en utilisant des produits omanais. Cela entraînera la création d’emplois, un nouveau pôle pétrochimique à Duqm et un précieux transfert de connaissances. 

 

1
Le sultan d’Oman remet l’Ordre civil d’Oman de première classe au prince héritier saoudien, en reconnaissance des liens fraternels, des excellentes relations et de la coopération constructive avec le Royaume. (Photo, SPA) 

Le secteur de l’énergie n’est pas le seul à avoir bénéficié de ces accords. L’industrie du tourisme à Oman peut également s’attendre à un flot de nouveaux investissements. Le groupe Omran a ainsi signé un mémorandum d’accord avec la société saoudienne Dar al-Arkan Real Estate Development Company pour le développement de la plage Yetti à Oman. 

Le groupe Omran est réputé pour la création d’actifs touristiques durables et authentiques et de communautés et destinations axées sur le style de vie, conçus pour stimuler la croissance économique et contribuer à la diversification de l’économie. 

Le groupe logistique Asyad, basé à Oman, a également conclu un contrat avec Saudi Bahri, une entreprise de transport et de logistique, tandis que Minerals Development Oman a conclu un contrat avec l’entreprise saoudienne Maaden Phosphate Co. afin de renforcer la coopération dans le secteur minier. 

Les deux pays ont les moyens et la volonté d’investir pour l’avenir. Les cours du pétrole sont élevés, ce qui leur donne les ressources nécessaires pour réaliser leurs  stratégies nationales communes. Si tout se déroule comme prévu, Oman pourrait être en mesure d’atteindre ses objectifs nationaux bien avant 2040. Il pourrait ainsi rejoindre le club 2030. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Droits de douane: l'UE veut négocier mais s'impatiente face à Trump

La décision du président américain, annoncée dans une lettre rendue publique samedi, a jeté un froid alors que les négociations commerciales étaient toujours en cours entre Bruxelles et Washington, avant la date butoir du 1er août. (AFP)
La décision du président américain, annoncée dans une lettre rendue publique samedi, a jeté un froid alors que les négociations commerciales étaient toujours en cours entre Bruxelles et Washington, avant la date butoir du 1er août. (AFP)
Short Url
  • "J'ai l'intention de m'entretenir à nouveau avec mes homologues américains dans le courant de la journée, car je ne peux pas m'imaginer en rester là sans effort véritable"
  • "Nous devons nous préparer à toutes les éventualités, y compris, si nécessaire, à des contre-mesures proportionnées et bien calibrées pour rétablir l'équilibre de notre relation transatlantique" a dit Maros Sefcovic

BRUXELLES: L'Union européenne espère toujours obtenir un accord avec les Etats-Unis après les nouvelles menaces de Donald Trump d'imposer le 1er août des droits de douane de 30%, mais la patience s'amenuise, ont indiqué lundi le négociateur en chef de l'UE et des ministres européens du Commerce.

"J'ai l'intention de m'entretenir à nouveau avec mes homologues américains dans le courant de la journée, car je ne peux pas m'imaginer en rester là sans effort véritable", a déclaré le commissaire européen chargé du Commerce Maros Sefcovic.

Mais, a-t-il ajouté, "nous devons nous préparer à toutes les éventualités, y compris, si nécessaire, à des contre-mesures proportionnées et bien calibrées pour rétablir l'équilibre de notre relation transatlantique".

La décision du président américain, annoncée dans une lettre rendue publique samedi, a jeté un froid alors que les négociations commerciales étaient toujours en cours entre Bruxelles et Washington, avant la date butoir du 1er août.

"Changer de méthode" 

"L'incertitude actuelle causée par des droits de douane injustifiés ne peut pas durer indéfiniment", a souligné M. Sefcovic.

"Évidemment, la situation depuis samedi doit nous amener à changer de méthode", a renchéri lundi à Bruxelles le ministre français chargé du Commerce extérieur Laurent Saint-Martin, avant une réunion des ministres de l'UE. Et il ne faut avoir "aucun tabou", a-t-il martelé, y compris en annonçant dès lundi de premières représailles.

"Nous voulons un accord, mais il y a un vieux dicton qui dit: +si tu veux la paix, tu dois te préparer à la guerre+", a déclaré de son côté le ministre danois des Affaires étrangères, Lars Lokke Rasmussen, dont le pays assure actuellement la présidence tournante de l'UE.

La présidente de la Commission européenne - qui négocie au nom des Etats membres de l'UE -, Ursula von der Leyen, a choisi pour le moment de temporiser, sous pression notamment de pays, comme l'Allemagne, dont les ventes vers les Etats-Unis représentent la part la plus importante du total des exportations de l'UE.

Elle a annoncé dimanche que l'Union européenne n'allait pas riposter pour l'instant aux droits de douane américains sur l'acier et l'aluminium, dans l'espoir d'obtenir un accord qui s'avérerait moins douloureux.

"Nous avons toujours été très clairs sur le fait que nous préférons une solution négociée. Cela reste le cas et nous utiliserons le temps dont nous disposons maintenant jusqu'au 1er août", a déclaré Mme von der Leyen.

Des diplomates ont néanmoins souligné qu'un paquet de mesures de représailles supplémentaires serait présenté aux ministres lundi, mesures qui pourraient être mises en oeuvre si Donald Trump optait effectivement pour des taxes de 30% sur les importations en provenance de l'Union européenne.

100 milliards d'euros

L'UE a déjà menacé en mai d'imposer des droits de douane sur des produits américains d'une valeur d'environ 100 milliards d'euros comprenant des automobiles et des avions, si les négociations échouaient - quand bien même un diplomate a laissé entendre que la liste finale avait été réduite à une valeur de 72 milliards.

Les pays européens essayent de rester unis dans cette affaire, bien que leurs économies ne soient pas exposées de la même façon aux foudres douanières du président américain.

Emmanuel Macron a exhorté samedi la Commission européenne à "défendre résolument les intérêts européens" et à "accélérer la préparation de contre-mesures crédibles".

Le chancelier allemand Friedrich Merz s'est dit dimanche d'accord avec le président français, précisant avoir discuté avec lui, avec Mme von der Leyen et Donald Trump ces derniers jours. Il assure vouloir s'impliquer "intensivement" pour tenter d'arriver à une solution.

La Première ministre italienne Giorgia Meloni a quant à elle mis en garde dimanche contre la perspective d'une "guerre commerciale" au sein du monde occidental.

"L'Europe dispose de la puissance économique et financière nécessaire pour affirmer sa position et parvenir à un accord équitable et de bon sens. L'Italie fera sa part. Comme toujours", a-t-elle dit dans un communiqué, tandis que son opposition l'accuse de manquer de fermeté face à Washington.

Depuis son retour à la présidence des Etats-Unis en janvier, Donald Trump a imposé des droits de douane fluctuants et généralisés à ses alliés et ses concurrents, perturbant les marchés financiers et alimentant les craintes d'un ralentissement économique mondial.


Les expatriés du CCG peuvent désormais investir directement sur le marché principal saoudien

Les mises à jour devraient renforcer l'attrait du marché des capitaux saoudien pour les investisseurs locaux et internationaux. Fichier/Reuters
Les mises à jour devraient renforcer l'attrait du marché des capitaux saoudien pour les investisseurs locaux et internationaux. Fichier/Reuters
Short Url
  • Cette mesure favorise l'ouverture du marché à l'échelle internationale.
  • Le projet a été soumis à la consultation publique pendant 30 jours.

RIYADH : Les résidents des pays du Conseil de coopération du Golfe, y compris les expatriés, peuvent désormais, pour la première fois, investir directement sur le principal marché boursier d'Arabie saoudite, en vertu d'une nouvelle réglementation annoncée par l'Autorité du marché des capitaux.

La réforme, dévoilée par le président de la CMA, Mohammed El-Kuwaiz, supprime les restrictions antérieures qui limitaient l'accès aux accords de swap ou obligeaient les investisseurs à passer par des intermédiaires agréés. Elle s'applique aux résidents actuels et anciens d'Arabie saoudite ou d'autres États du CCG, selon une annonce officielle.

Ces initiatives s'alignent sur les objectifs de diversification économique du Royaume dans le cadre de Vision 2030, qui vise à approfondir les marchés de capitaux et à attirer les capitaux mondiaux. En rationalisant les ouvertures de compte et en élargissant l'accès, la CMA vise à améliorer la liquidité, la transparence et la confiance des investisseurs.  

Dans un message publié sur X, M. El-Kuwaiz a déclaré que cette mesure "favorise l'ouverture du marché à l'échelle internationale, tout en établissant une relation d'investissement à long terme avec des segments plus larges d'investisseurs dans le monde entier, dans le cadre d'un environnement réglementaire plus souple et plus attrayant".

Dans une déclaration séparée, la CMA a déclaré que les mises à jour "amélioreraient l'attractivité du marché des capitaux saoudien pour les investisseurs locaux et internationaux, augmenteraient le niveau de protection des investisseurs et renforceraient la confiance des participants au marché".

Les amendements ont été approuvés suite à la publication par la CMA du projet le 20 novembre 2024, intitulé "Faciliter les procédures d'ouverture et de fonctionnement des comptes d'investissement pour diverses catégories d'investisseurs".

Le projet a été ouvert à la consultation publique pendant 30 jours calendaires via la Plateforme électronique unifiée pour la consultation du public et des entités gouvernementales, affiliée au Centre national de la compétitivité, et le site web de la CMA.

L'expansion des investisseurs du CCG fait partie d'une révision réglementaire plus large dévoilée par la CMA la semaine dernière pour moderniser le paysage des fonds d'investissement en Arabie saoudite.

Les réformes clés comprennent l'élargissement des canaux de distribution, permettant aux unités de fonds d'investissement d'être distribuées par le biais de plateformes numériques agréées et d'entreprises fintech approuvées par la Banque centrale saoudienne.

Des mesures de gouvernance plus strictes ont également été introduites, y compris de nouvelles garanties pour les transitions des gestionnaires de fonds, qui nécessitent l'approbation de la CMA et une période de transfert de 60 jours pour protéger les investisseurs.

Les FPI cotées sur le marché parallèle disposent désormais d'une plus grande flexibilité, puisqu'elles peuvent investir dans des projets de développement sans limites strictes d'allocation d'actifs, ce qui peut potentiellement améliorer les rendements.

Les derniers changements réglementaires représentent une autre étape stratégique pour accroître la liquidité, attirer les capitaux étrangers et positionner la bourse saoudienne comme un marché monétaire de premier plan dans la région.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Medef appelle les Européens à faire front commun face aux droits de douane américains

Le président du Mouvement des entreprises de France (MEDEF), Patrick Martin, répond aux questions des journalistes après une réunion avec le Premier ministre français à l'Hôtel de Matignon à Paris, le 24 juin 2025, à la suite de l'échec de la conférence sur les retraites. (Photo : Alain JOCARD / AFP)
Le président du Mouvement des entreprises de France (MEDEF), Patrick Martin, répond aux questions des journalistes après une réunion avec le Premier ministre français à l'Hôtel de Matignon à Paris, le 24 juin 2025, à la suite de l'échec de la conférence sur les retraites. (Photo : Alain JOCARD / AFP)
Short Url
  • Le patronat français appelle à l'unité de l'Europe face à l'annonce par le président américain Donald Trump de droits de douane de 30 % sur les produits issus de l'Union européenne,
  • Le locataire de la Maison Blanche a annoncé l'imposition de droits de douane de 30 % pour les produits de l'UE et du Mexique importés aux États-Unis, une nouvelle surenchère en pleine négociation qui sème l'inquiétude en Europe.

PARIS : Le patronat français appelle à l'unité de l'Europe face à l'annonce par le président américain Donald Trump de droits de douane de 30 % sur les produits issus de l'Union européenne, qui entreront en vigueur dès le 1er août.

« Dans cette période, l'unité de l'Europe est plus que jamais essentielle », a réagi samedi soir le président du premier syndicat patronal dans une déclaration à l'AFP, soulignant que « le Medef s'y emploie avec ses homologues européens ».

Samedi, le locataire de la Maison Blanche a annoncé l'imposition de droits de douane de 30 % pour les produits de l'UE et du Mexique importés aux États-Unis, une nouvelle surenchère en pleine négociation qui sème l'inquiétude en Europe.

Cette annonce a aussitôt suscité de vives réactions en Europe, où des secteurs essentiels de l'économie du continent pourraient être touchés, comme l'automobile, l'industrie pharmaceutique, l'aéronautique ou encore le secteur viticole.

« Nous avons encore trois semaines pour négocier et éviter que nos économies, de part et d'autre de l'Atlantique, subissent les contrecoups d'une décision irrationnelle », a estimé Patrick Martin.

« Une absence d'accord conduirait inévitablement à des mesures de rétorsion légitimes de la part de l'Europe », a-t-il ajouté, précisant que le Medef serait « extrêmement » vigilant « pour la sauvegarde de nos intérêts économiques et la pérennité de nos filières les plus exposées au marché américain ».